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3,8

sur 200 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Claudie Hunzinger, née le 9 avril 1940 à Colmar dans le Haut-Rhin, est artiste et écrivain. Elle place l'écriture au centre de son travail.
C'est quand voulant anticiper l'endroit où je rangerai La Survivance dans ma bibliothèque passablement surchargée que j'ai retrouvé un autre ouvrage de Claudie Hunziger, Bambois la vie verte. Une édition de 1973, date de sa sortie, qui m'a ramené quarante ans en arrière ! Mais le plus beau était à venir car les deux livres entrent eux-mêmes en résonance, le second reprenant l'histoire du premier quatre décades plus tard. C'est ce genre d'incident qui rend la vie des amoureux de la lecture, plus belle encore.
Bambois, la vie verte n'était pas un roman mais plutôt un récit ou un journal retraçant le parcours d'un jeune couple parti s'installer dans une ferme des Vosges pour y élever des moutons et se lancer dans le tissage. Un texte très écolo et représentatif de cette époque où de jeunes citadins partaient dans le Larzac vivre leurs rêves de hippies.
La Survivance qui vient de paraître, s'inscrit dans la même démarche, sauf que nos héros Jenny et Sils ne sont plus un couple de jeunots, mais des adultes d'une soixantaine d'années, obligés de se séparer de leur logement et de leur librairie en faillite. Acculés, mais habitués toute leur vie à la dèche, ils trouvent refuge dans une baraque en ruines perdue dans le massif du Brézouard dans les Vosges. Ni eau ni électricité, à peine un chemin pour y accéder, ils s'y installent secrètement car si le terrain leur appartient, il n'est pas permis d'y habiter.
Avec Avanie l'ânesse (dans Bambois elle se nommait Utopie) et Betty la chienne, ils vont construire une mini-communauté post-soixante-huitarde, « Nous sommes nés pour ne rien posséder », constituée de deux êtres humains exclusivement. Refaire le toit quasi inexistant à leur arrivée, couper du bois en prévision de l'hiver particulièrement rude à cette altitude dans cette région, planter un petit potager, le retour à la terre n'est pas une sinécure.
Si les corps souffrent, l'âge ne facilitant pas les choses, l'esprit reste vif et vaillant, entretenu par ces piles de livres qui constituent l'essentiel de leur avoir et envahissant leur demeure. le soir, épuisés du travail manuel de la journée (elle surtout !), s'éclairant à la bougie ils lisent et se lisent des extraits des bouquins qui sont leur principale raison de vivre.
Nos deux ermites ne se contentent pas de regarder pousser leurs carottes ou d'étudier le comportement d'une harde de cerfs, ce qui nous donne de belles pages à lire néanmoins, mais ils sont très cultivés et leurs discussions savantes autour des pigments utilisés par le peintre Grünewald ou la pensée de Maître Eckhart nous laissent un peu sur le bord du chemin parfois.
Claudie Hunzinger réussit un bien beau livre, sans intrigue haletante, sans révélations fracassantes, sans bruit finalement, mais qui nous parle de l'essentiel, la liberté qui rime souvent avec difficulté, la vie simple qui n'exempte pas des peines, la nature à laquelle nous sommes tous redevables même ceux qui ne l'ont pas encore compris et enfin, pour ceux qui connaissent ce secret si riche de joies, les livres et leurs univers sans limite.
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Jenny et Sils, couple de libraires bohèmes d'une soixantaine d'années, doivent fermer boutique et rendre les clés de leur appartement. Avec leur ânesse Avanie et leur chienne Betty, ils trouvent refuge dans leur grange en ruine des Vosges. La Survivance narre cette expérience hors du commun.

Dans ce deuxième roman, Claudie Hunzinger s'inspire de sa propre expérience à Bambois, ferme montagnarde où elle s'est installée avec son mari en 1964. Elle imagine un couple de personnages attachants, mais pas forcément très doués, ce qui les amène à se retrouver dans des situations parfois catastrophiques mais qui sonnent juste. Elle compose aussi un hymne aux livres, qui constituent l'un des rares trésors qui restent à Sils et à Jenny, qui en demeurent deux amoureux inconditionnels. le texte aborde d'ailleurs en filigrane une foule de sujets de société et nous incite à nous questionner sur ce qui demeure essentiel. Où trouver refuge et que garder quand on a tout perdu, ou presque ?

Un bref roman empreint de réalisme et d'émotion.
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La survivance, c'est une grange un peu à l'abandon située dans le Parc des ballons des Vosges où retournent vivre Jenny et Sils, deux libraires obligés de se séparer de leur commerce et de leur domicile. Une grange dans laquelle ils avaient déjà brièvement vécu quarante ans plus tôt. Commence pour eux une vie d'ermites, environnés par la nature, leurs animaux (une chienne, une ânesse)… et les livres.

La survivance est un roman très bien écrit, duquel transpire l'amour des livres, ceux que l'on achète dans un commerce physique, pas dans un truc en ligne. Les références à des auteurs ou des livres y abondent. C'est aussi l'histoire d'une très belle relation entre deux personnes, à la fois indépendantes et attachées l'une à l'autre. C'est le récit d'une vie à l'écart, une vie sans confort, dépendante des conditions climatiques (parfois rudes dans ces contrées). Mais une vie proche de la nature, marquée par quelques rencontres furtives, plus d'ailleurs avec les cerfs qu'avec les êtres humains. le rythme de l'histoire est certes un peu lent, et j'aurais aimé en savoir encore un peu plus sur ces deux personnages, leurs histoires, leurs sentiments, en lieu et place par exemple de certains passages sur l'art qui m'ont semblé un peu longuets…mais ce roman relativement atypique possède toutefois une atmosphère particulière, apaisante, sereine, qui rend sa lecture plutôt agréable.
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Ce livre est tout en nuance et plein de couleur, comme les saisons. Comme la vie… Emplit de solitude, de mélancolie, de joie, d'amour, tout cela vécu en pleine nature. Sils et Jenny font l'introspection de leur vie, ils parlent des livres qu'ils ont aimés et qu'ils ont emmenés avec eux, ainsi que d'art. Et de la mort aussi… Ils vivent en symbiose avec la nature et les animaux qui viennent chercher refuge autour de leur métairie, notamment les cerfs. Jusqu'à l'après…
Il y a toujours beaucoup de sous-entendus dans les livres de Claudie Hunzinger. Je n'y suis pas encore tout-à-fait habituée. Je ne sais pas si je comprends toujours où elle veut en venir.
Mais je recommande vivement ce livre, car il interpelle le lecteur sur bien des sujets de façon magistrale, notamment le couple.
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Jenny et Sils sont deux amoureux de la littérature contraints à l'exil après la faillite de leur librairie. Ils se réfugient avec leur ânesse Avanie dans une vieille bicoque dans la montagne et se préparent à affronter l'hiver. Dépourvus de tout bien matériel, ils se plongent en eux-mêmes, réinterrogent leur existence et font corps avec la nature environnante, la meute de cerfs qui rôdent, les baies et fruits qui servent à leur subsistance. Et toujours autour d'eux, des livres, en piles, en cartons, fidèles compagnons, vestiges de la culture passée, porteurs de l'humanité dont ils se sont coupés… Un livre âpre, sauvage, percutant.
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Je m'étonne toujours en lisant un livre inconnu d'y découvrir encore et encore des choses nouvelles, des méthodes, des récits, des approches toujours diférentes. Chez Claude Hunzinger j'ai découvert un amour démesuré de la nature, de la vie, des choses, des animaux et bien sur des gens. Malgré les viscissitudes de la vie, ce couple de "soixante-huitards" retournant au lieu de leurs premiers amours, une maison "la survivance" et y font leur dernier lieu de vie (enfin peut être ?).
C'est alors le récit en quinconce, d'hier - la jeunesse - d'aujourd'hui - disons une plus grande maturité. Leurs échecs, l'abandon de la société, étaient peut être inscrits dans leur "mode de vie". Intellos, rebelles, libraires donc férus et malaxés de culture ils partent dans les Vosges, un coin plus que perdu en montagne, "La survivance" sera t -elle leur nouvelle vie, ou leur mort programmée. Il y fait froid, mais leur amour-tendresse est présent, il y fait solitude, mais les cerfs ces solitaires des grands espaces leur tiennent compagnie. Jenny devient l'intello pratique et efficace et Sils, le réveur et le chercheur appliqué, un peu fou aussi.
J'ai admiré le talent de Claude Hunzinger, qui transforme l'humain en élément de la nature et en fait son indissociable élément, - notamment quand elle ou il communique avec la compagnie des cerfs, et les protège. J'ai aimé sa façon de personnaliser les objets et les éléments ils ont presque parole donnée. Et c'est toute cette poésie, cet amour de la nature, ces découvertes, toute cette culture des livres qui vous donne envie de relire la Vie...
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Jenny et Sils, libraires soixantenaires mis à la retraite d'office par la crise du livre, prennent une décision qui ne leur ressemble pas : eux, les intellectuels dotés de deux mains gauches et d'un sens pratiques défaillants se réfugient dans une masure délabrée des Vosges, en pleine nature sauvage, pour vivre en quasi autarcie. En seule compagnie d'un âne, d'un chien et des restes de leurs librairies, ils réinventent une vie de solitude, occupée par les réparations de la maison, l'entretien du potager, l'observation des cerfs et bien sûr la lecture, qui reste leur référence centrale : pour allumer le feu, leur réflexe reste de retrouver London dans les cartons de livres empilés... Un périple intellectuel, dans lequel la solitude voulue enrichit la narratrice d'un autre rapport à la nature, d'un amour apaisé et approfondi pour son compagnon, et sans doute d'un respect accru pour le monde.
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Jenny et Sils sont libraires.
Suite à des difficultés financières, ils doivent quitter leur librairie et leur domicile.
Ils vont alors habiter une maison en ruine qui leur appartient mais qui est dans les montagnes.
Tout est à faire et ils doivent s'improviser réparateurs, maçons, plombiers,...
Ils ont quelques économies et elles leur servent à acheter le strict nécessaire pour se nourrir.
Peu à peu la maison devient habitable (je n'ai pas dit confortable !) et ils s'habituent à cette solitude.
Leur passion, c'est la littérature, et heureusement ils ont apporté des caisses de livres de leur ancienne librairie.
Les mois vont s'écouler là à lire, parler de littérature, observer les cerfs, et s'habituer à vivre hors du monde...


A la lecture de ce livre, impossible de ne pas penser à "Une lointaine Arcadie" de Jean-Marie Chevrier.
Même thème (fermeture de librairie, retour à la nature), même désir de s'affranchir de la société et de vivre seul(s) en compagnie des livres.
Ce thème est poussé à bout dans ce roman car la moindre visite et la moindre sortie leur paraissent incongrues.
C'est le rêve "soixante-huitard" de vivre en dehors de la société de consommation qui se matérialise.

Pour ma part j'ai trouvé ce roman original et bien écrit mais la citadine que je suis ne s'est absolument pas identifiée aux héros.
Vivre avec des livres, d'accord (d'ailleurs c'est ce que je fais tous les jours dans mon travail...), mais cet idéal spartiate et uniquement intellectuel de vie en vase clos m'a empêchée d'être aussi enthousiaste que les autres blogueurs.
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Claudie Hunzinger possède une écriture inspirante et poétique qu'elle met au service des rudesses et des finesses des paysages du massif vosgien. Un beau roman sur l'érémitisme et la nécessité de lire encore et toujours dans ce monde.
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Je me souviens avoir lu, dans les années 70, "Bambois ou la vie verte" de Claudie Hunzinger. Dans ce roman largement inspiré par sa propre vie elle racontait le retour à la terre d'un jeune couple dans une ferme isolée des Vosges, la Survivance. A cette époque, beaucoup rêvaient d'élever des moutons et de tissage. Elle et son mari l'avaient fait.

Dans son dernier livre, La Survivance, elle imagine le retour de Jenny et Sils dans cette ferme qu'ils auraient quitté 40 ans plus tôt, mais l'époque est toute autre et la motivation est bien différente. Les difficultés financières de leur librairie les ont jetés à la rue. Ils n'ont pas d'autre choix que de s'installer dans cette maison, certes en ruine, mais qui leur appartient.
Les deux livres entrent en résonance, à travers de nombreuses citations.

Jenny et Sils s'installent donc, à 60 ans, à 1000 mètres d'altitude, en pleine forêt, avec pour seule richesse, une chienne, une ânesse et quelques cartons de livres, dans l'isolement et le dénuement le plus total. Mais ils ne baissent pas les bras, ils se battent. Ils font corps avec la nature et réapprennent à vivre en allant à l'essentiel.
Jenny se consacre à son potager et à l'observation de la nature, tandis que Sils se lance à la quête des pigments avec lesquels Grünwald a peint son retable, disparu lors d'un incendie imaginaire du musée de Colmar.
Car nos deux ermites ne sont pas seulement des écolos, mais des érudits qui se passionnent pour la peinture de Grünwald, discutent de la pensée de Maître Eckhart et la lecture est leur raison de vivre.

Ce roman est truffé de références littéraires, l'écriture est poétique et sensible et ce livre dégage une grande énergie.
Lien : http://leslivresdechris.blog..
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