Rivière
Je pleure dans un conte
Allongée face au ciel
Et de mes yeux
Coule une rivière
Blanche
Poissonneuse
Profonde.
Je pleure un visage
Une bouche
Qui m’échappent.
Une bouche qui n’a pas
Tout dit
Une bouche qui n’a
Rien dit.
Tout ce qui
Nous empoigne en silence
Je le pleure
(maladresses de mon amour et obscurité).
Je pleure dans un conte
Je suis une petite bête
Reprenant son apparence
De femme
Pour que de mes yeux
Coule une rivière
Pour que quelqu’un
Pêche au bord
De mon très grand chagrin.
Brume
Si vous croisez
Un homme égaré dans sa brume
Ne l’accostez pas
De vos bras formidables
Ni ne sifflez trop fort
Comme un garçon livreur.
Il se peut
Que durablement
Il erre sous son chapeau
Et les petits feux
Du bord des routes
N’attireront que lucioles.
Il passera dans vos rêves
La nuit :
Long train noir contre le ciel jaune
(jamais vous ne saurez où il se rend).
Parlez-lui
Dans le secret et
Tout en pensée
Dessinez sur sa joue
Votre jolie bouche.
Un homme égaré
Dans sa brume
Généralement ça veut dire
« caillou hibou bijou…genou »