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Critique de Presence


Ce tome regroupe les 5 épisodes de la minisérie parus en 2011/2012, écrits par Gregg Hurwitz et illustré par Szymon Kudranski, ainsi que l'épisode "Joker's asylum : Penguin" écrit par Jason Aaron, et illustré par Jason Pearson (2008), et unze présentation en 2 pages du personnage (extraite des bonus de la série "Countdown to final crisis").

Douleur & préjudice - À la naissance, Oswald Cobblepot avait déjà un appendice nasal hors du commun, à tel point que son père découvrant son visage l'a laissé choir par terre. de nos jours, il est connu sous le sobriquet de Pingouin (Penguin). Il dirige un restaurant Iceberg Lounge, ainsi que des opérations criminelles. À ce moment de son existence, il est plus particulièrement intéressé par l'acquisition frauduleuse d'un énorme rubis monté en pendentif, puis d'une paire de boucles d'oreilles assorties. Cet intérêt est lié à la situation d'Esther Cobblepot (sa mère) et au fait qu'il souhaite lui faire plaisir. Il se remémore les souvenirs les plus marquants de son enfance, sa relation avec sa mère, l'ostracisation imposée par ses camarades, la relation entre son père et sa mère. Lors d'une de ses visites régulières au zoo, il aide Cassandra, une jeune aveugle, à se débarrasser de jeunes garçons tournant en dérision son infirmité. C'est le début d'une belle amitié (et plus si affinités).

Premier avertissement : prévoyez une source lumineuse puissante pour lire cette bande dessinée. Szymon Kudranski s'est fait connaître en dessinant les aventures du nouveau Spawn (Jim Dawning) à partir de Liens de sang. Il réalise ses illustrations à l'infographie. Il aime beaucoup le noir, et son coloriste (John Kalisz) réalise des camaïeux également assez sombres. le style de Kudranski peut être un peu énervant de temps à autre car il affectionne particulièrement les personnages sur fond totalement noir. Malgré tout ses compositions de page permettent toujours au lecteur de savoir où se déroule la scène et chaque décor est spécifique avec des particularités propres. Pour ces décors, il a recours à l'infographie de différentes manières : soit pour insérer une photographie retouchée en arrière plan, soit pour inclure un motif géométrique sur un sol ou un mur, soit pour rendre flou l'arrière plan comme si le réglage était prévu uniquement pour le premier plan.

Kudranski n'est pas un adepte du photoréalisme à tout prix, il compose chaque case pour y mettre certains éléments réalistes, mais sans risque de surcharge visuelle pour le lecteur. Par contre, le recours à des teintes sombres donne l'impression au lecteur de devoir lutter pour distinguer les formes dans certaines cases. Au final, Kudranski donne une apparence crédible à chaque personnage, optant pour les rendre tous réalistes, en minimisant tous les éléments propres aux superhéros. Les combats sont brutaux et les gadgets technologiques sont à la fois inventifs, tout en restant assez maîtrisés pour s'inscrire dans une réalité pas trop éloignée de celle du lecteur, et pas trop infantile.

Deuxième avertissement, Hurwitz dépeint le Pingouin comme un vrai criminel endurci (et un peu troublé mentalement) qui dirige ses opérations sans entraves morales. Il expose les fondamentaux du personnage pour un lectorat plutôt adulte. Il suffit de savoir par exemple que les relations entre Oswald et maman Cobblepot ne sont pas très saines. Sans tomber dans l'inceste, Hurwitz indique sans montrer qu'Oswald n'a pas très bien digéré son Oedipe. Il développe également le fait qu'Oswald était la risée de ses camarades et leur souffre-douleur du fait de son apparence particulière. Hurwitz sait raconter cet aspect sans tomber dans les clichés inhérents à un enfant qui se fait maltraiter par ses camarades. Il montre les 2 aspects d'Oswald Cobblepot : le parfait gentleman, et l'homme d'affaires cruel qui a un don inné pour faire souffrir ceux qui sont sur son chemin. Ce dernier point donne lieu à des scènes éprouvantes dans lesquelles Cobblepot explique à la personne en face de lui comment il s'est remboursé de l'affront qu'il a subi, comment tout ce qui était cher à la personne a servi à payer. Hurwitz insère également quelques rares pointes d'humour noir, et quelques dialogues sarcastiques (une popstar qui fait le nécessaire pour que "plus jamais d'autres oreilles ne souffrent comme les siennes").

D'un autre coté, Hurwitz sacrifie à quelques codes propres à ce genre de récit. La minimisation des aspects superhéros (malgré 2 apparitions de Batman) lui permet de renforcer les aspects les plus sinistres et dérangés de la personnalité d'Oswald Cobblepot, sans que jamais sa silhouette ou ses parapluies ne lui fassent perdre de crédibilité, ne le renvoient dans le rôle du supercriminel coloré, aux gadgets idiots. de l'autre, cela signifie que ce récit devient plus un polar dans lequel quelques clichés deviennent inévitables, tels une police à l'inefficacité catastrophique, ou des meurtres à gogo sans que les criminels ne soient inquiétés. C'est la raison pour laquelle je ne mettrais que 4 étoiles à cette histoire.

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Joker's asylum : Penguin - Afin d'augmenter le nombre de pages et d'arrondir le prix, DC Comics a rajouté une histoire de tonton Joker qui explique que les filles se moquaient d'Oswald au lycée et qu'il ne fait pas bon froisser ou irriter Oswald maintenant qu'il est un adulte capable de se défendre et de rendre les coups vicieusement et au centuple.

Il s'agit en fait d'exactement la même trame que celle d'Hurwitz (moins la figure de la mère). Jason Aaron a écrit un scénario ramassé et rapide autour d'une histoire où le caractère dérangé du Pingouin transparaît pleinement. Les illustrations de Jason Pearson sont incroyables d'expressivité et de moquerie, avec une exagération à la Kyle Baker irrésistible. 5 étoiles pour une histoire rapide pétrie d'humour noir et de méchanceté.

Pour l'anecdote, il est amusant de voir que DC Comics a réuni dans un même recueil la minisérie de 2011 (post-Flashpoint), et une histoire d'avant ce point de rupture dans la continuité de DC Comics (sans parler de la double page de présentation du Pingouin, inutile et obsolète).
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