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Critique de cedratier


« La maison du désir ». France Huser (185 pages, Points Seuil).
Je ne savais rien de France Huser, mais le titre m'a accroché. Critique d'art, écrivain, c'est son premier roman, écrit en 1982. Enfin, ce n'est pas à proprement parler un roman, quoiqu'en dise l'épithète accrochée sur la page de garde, puisqu'il s'agit de considérations, de petites scènes, d'anecdotes, de sensations, parfois trois lignes, parfois trois pages, centrées essentiellement sur la question du désir, et sans guère d'autres liens entre elles que le même personnage féminin comme fil conducteur et narratrice. Et finalement, de ces petites touches, quelque chose se dégage d'un portrait d'une femme, d'un joli portrait d'une femme, à la fois sensible et directe, totalement détachée d'une morale conventionnelle, mais curieuse de ses propres désirs, et qui les vit. Ce n'est pas non plus un roman érotique, c'est un texte qui frôle, qui suggère, qui évoque, qui fait aussi rêver un peu. Quand la quatrième de couverture parle de perversité (tout comme Bernard Pivot, si satisfait et imbu de lui lors d'une « Apostrophe », dont on peut voir la vidéo sur la toile), c'est une vision aussi idiote que racoleuse ; le livre vaut largement mieux que ce genre de qualificatif.
On ne peut donc guère raconter « l'histoire » de cette jeune femme qui a plus ou moins trois amants, car il n'y a guère d'histoire. On peut par contre suivre ses mots, les apprécier, puisque c'est vraiment très bien écrit, souvent avec humour, toujours avec élégance et finesse. Des phrases comme celle-ci : « Ces histoires que la mer écrit sur le sable quand elle se retire », nous rappelle que c'est bien le regard qu'on pose sur les choses qui construit les mots pour en parler ; et donc qu'écrire, c'est d'abord voir d'une manière particulière. Et le regard de France Huser est d'une belle sensibilité.
« La maison du désir » est aussi, peut-être, un texte inscrit dans son époque, donc daté, dans le sens où il évoque la légèreté et l'insouciance d'une période d'avant le VIH, où rien ne semblait pouvoir freiner l'exploration des désirs, ni pudibonderies sociales devenues aujourd'hui si pesantes ni problèmes prophylactiques. Mais il n'est pas que question de désirs sexuels, il est aussi question de sensualité, de la nature (« Une fièvre m'envahissait ; j'étais amoureuse de la forêt comme d'un garçon rencontré pour deux danses à un bal »), des fruits (ah ce superbe texte sur la pomme qu'on croque), ou de l'émotion bouleversée d'une petite fille de cinq ans qui comprend tout à coup que le serviteur tunisien qui s'occupait d'elle vient de mourir.
Un bon roman, et j'en lirai certainement d'autres de France Huser.
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