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Qui a dit que les bandes dessinées étaient pour les enfants et qu'elles n'apprenaient rien aux lecteurs ? Pas moi, mais j'ai les noms des grincheux et grincheuses qui me regardent de travers parce que je lis des bédés, mangas et comics.

Cette petite bédé de vulgarisation s'attaque à un sujet énorme qu'est le féminisme. Après une intro de plusieurs pages sans dessins, on entre ensuite dans le vif du sujet avec les droits des femmes sous toutes ses coutures.

Il est impossible de parler de tout en 80 pages, mais l'essentiel est dit et il ne tient qu'à nous d'aller s'instruire plus en lisant d'autres ouvrages, dont une liste, non exhaustive, se trouve en fin d'ouvrage.

Impossible de résumer cette bédé, mais elle m'a appris des choses, notamment qu'il existait plein de féminismes différents. On n'y pense pas toujours, mais de même que les revendications d'un ouvrier bossant dans la métallurgie ne seront pas celles d'un ouvrier bossant dans la maçonnerie, il y a plusieurs féminismes.

Ben oui, mes revendications en tant que femme Blanche hétéro ne seront pas les mêmes que celle d'une femme Noire, d'une musulmane, d'une lesbienne. Dans les revendications, les féministes oublient parfois les intersectionnalités où se retrouvent d'autres profils que les leurs.

Mais on ne parle pas que de féminisme… Les auteurs abordent aussi la sexualité et les violences conjugales. Ainsi que l'avortement et les viols.

Les slogans m'ont bien plu, car ils sont limpides : La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune / le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours / Ne me libère pas, je m'en charge.

J'ai apprécié aussi apprendre que les femmes avaient plus de droits au Moyen-Âge qu'à la fin du dix-huitième siècle, en termes de propriété privée, mais aussi professionnel… Qui l'eut cru ? L'eusses-tu cru ? Moi, non…

Anybref, cette petite bédé est instructive, elle vous envoie au lit moins bête qu'avant et elle fait réfléchir. Mon petit cerveau a bien turbiné après cette lecture.

Mon bémol ? C'est trop court, même si je comprends qu'il est impossible de synthétiser toues les différentes formes du féminisme dans cette bédé de vulgarisation. le sujet est trop vaste et l'Histoire aussi.

Une lecture intéressante, instructive, une mise en page intelligente, où il est impossible de se perdre ou de se noyer dans toutes les infos. On ingurgite beaucoup, mais ça passe tout seul.

Une bédé à découvrir !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Dans le Féminisme, Anne-Charlotte Husson au texte et Thomas Mathieu au dessin retracent, sous forme de BD, les grandes étapes du mouvement féministe et en explicitent les grandes idées générales. Cet album est édité chez Le Lombard dans La petite Bédéthèque des savoirs ; dans cette collection, un spécialiste et un dessinateur collaborent pour faire comprendre le monde en bande dessinée en explorant tous les domaines du savoir ; ici nous avons le concours d'une universitaire spécialisée dans l'analyse du discours lié au genre et au féminisme.

Il ne s'agit donc pas d'une fiction ou d'une illustration, mais d'une approche qui se veut didactique et vulgarisatrice à la fois.
L'avant-propos est signé par David Vandermeulen ; il remonte aux origines bibliques et antiques de la misogynie et compare rapidement les grands textes fondateurs de notre culture occidentale avec ceux des autres cultures indo-européennes et orientales et illustre par des exemples précis la manière dont les grands mythes lui donnent une justification morale.
Une fois ce constat énoncé, il pose quelques jalons depuis les débuts de la contestation féminine du XVème siècle jusqu'à notre époque puis rend compte du lent combat des femmes, fait d'avancées et de pertes d'acquis, entre fausse bienveillance et inégalités notoires de traitement avec les hommes. Il revient brièvement sur les combats actuels et présente l'idée d'Anne-Charlotte Husson de construire cet album autour de sept slogans célèbres et particulièrement parlants.

Au début de la BD, la scénariste et le dessinateur se mettent en scène pour introduire la notion plurielle de féminisme, entre constat, causes et moyens de lutter ; dans la suite de l'album, Anne-Charlotte Husson sera souvent représentée à son bureau s'adressant manifestement à Thomas Mathieu en train de dessiner mais qui ne se dessine plus. Ensemble, ils remontent le temps et mettent en texte et images quelques grandes figures du féminisme : Olympe de Gouges, Gisèle Halimi, Simone Veil, Simone de Beauvoir, Benoîte Groult, Pauli Murray pour n'en citer que quelques unes… Outre ces noms connus, une planche présente le féminisme dans sa diversité internationale. Tout un chapitre est consacré au féminisme noir et à ses cheffes de file ; des personnalités moins connues sont aussi évoquées.
Certaines planches reprennent des illustrations existantes, tableaux, gravures, photos, films, publicités, clips, articles de journaux, faits divers… ; d'autres regroupent des statistiques, des données ou des fiches récapitulatives. Personnellement, j'ai apprécié la mise en lumière d'épisodes moins connus et peu commentés de notre histoire.
Les slogans mis en avant sont les suivants : « la femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune », « le privé est politique », « on ne naît pas femme, on le devient », « white woman listen ! », « nos désirs font désordre », « le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours », « ne me libère pas, je m'en charge ! ».
L'album ressemble un peu à un cahier de prises de notes ; l'écriture est cursive, appliquée, comme celle d'un(e) étudiant(e) soigneux(se) et organisé(e) ; les dessins sont colorés, très simplifiés mais expressifs ; l'ensemble est dynamique, clair malgré une impression de foisonnement. Plusieurs lectures permettent de repérer les petits plus, les touches humoristiques, les inversions des rôles, etc. ; c'est un album à lire, à regarder, à feuilleter, sans se lasser.

Cette BD cible avec beaucoup de clarté les principales approches du mouvement féministe ; elle donne des repères historiques et des noms importants ; elle remet en perspective des évènements en les évoquant à la lumière de la situation des femmes au moment où ils se sont produits ; elle s'ouvre sur l'avenir et sur la parole des jeunes femmes d'aujourd'hui. le volume se termine par des notes, des numéros de téléphone et adresses utiles et un glossaire.
En moins d'une centaine de pages, cette BD ne peut pas être considérée comme un ouvrage de référence, ni comme un simple résumé. Anne-Charlotte Husson et Thomas Matthieu donnent des pistes, des clés d'entrée, comme une invitation à aller plus loin. Les deux auteurs livrent des conseils bibliographiques pour approfondir les thèmes qu'ils ont survolés dans ce livre.
À mettre entre toutes les mains dès l'adolescence.
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Ce mois de mars met à l'honneur la femme ou plutôt le droit des femmes. Ici pas de pub shopping pour des fringues ou moult crèmes anti-rides, mais une immersion dans la petite et grande Histoire pour tenter de comprendre l'origine du mouvement, mais aussi son combat. C'est grâce au Femini-books créé par Opalyne, axé sur le féminisme et la littérature, que j'ai choisi de vous présenter aujourd'hui la BD le féminisme. Instructif, ludique et dense, cet ouvrage petit par sa forme et non par ces idées, retrace avec humour et saveur ce courant à travers sept slogans qui ont marqué et contribué à la cause. Le projet, visible depuis Facebook et Twitter, permet ainsi à chaque blogeur et youtubeur de s'exprimer sur le sujet à travers le support littéraire de leur choix. Je vous invite donc à lire le joli article du blog Isabeau Bellevue qui porte sur le livre Mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir et demain place au blog Fictionista pour De l'insulte...aux femmes de Laurence Rosier. Mesdames Et messieurs, dîtes adieu aux clichés !

Dans un avant-propos très intéressant, de l'origine de la misogynie à la contestation et les combats passés et actuels, j'en retiens une profonde discrimination envers les femmes, et ce, depuis la nuit des temps. Ou comment la mythologie a façonné le rôle de chacun pour maintenir une domination masculine apparentée au naturel. Dingue ! Mais ce qui me chagrine le plus, c'est une prise de conscience léthargique du monde moderne. Déséquilibre flagrant, les actions tardent à se montrer au profit des préjugés toujours présents.

Bande dessinée explicative DES féminismes, le mouvement apparaît plus complexe qu'il n'y paraît. Il n'y a pas un féminisme, mais bien plusieurs comme le démontre ces planches. Une chose est sûre, il y a bel et bien une seule cause : la revalorisation des femmes et de son statut. 

Autour d'un parti-pris ingénieux, Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu se sont pencher sur les slogans qui ont nourris le combat féminisme pour d'expliquer son évolution. de Olympe de Gouges à Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir, en passant par Kimberlé Crenshaw, les deux compères partent sur les traces de ces grandes figures qui ont apporté et apportent encore aujourd'hui leur pierre à l'édifice et ainsi contribué à l'émancipation des femmes.

"Nos désirs font désordre"
En parcourant ce petit livre, j'ai notamment beaucoup aimé le développement sur le désir, donc de la différence faite entre le sexe et le genre. Débat très actuel de nos jours... Je savais que Freud pensait que tout venait de la sexualité, mais j'ignorais que pour lui, n'existais de libido que masculine. Donc que les femmes combleraient un manque originel de pénis... Mais bien sûr, suis-je bête, le monde tourne autour d'un énorme pénis dont les femmes ont été privé. Pauvre de nous ! C'est lors de la libération sexuelle et la seconde vague féministe que la sexualité devient un sujet majeur. Alors que le genre et la sexualité sont deux unités distinctes, "le sexe n'est pas le tout de l'identité...et les êtres humains ne devraient pas être déterminés par leur biologie."

"On ne naît pas femme, on le devient"
Simone de Beauvoir, le deuxième sexe, tome 2
Voilà certainement un de mes slogans préférés. Si celui-ci est autant célèbre, c'est qu'il touche un point important de notre société et des clichés qui vont avec. En abordant avec intelligence le conditionnement dès le plus jeune âge des filles ET des garçons, Simone de Beauvoir dénonce les inégalités inhérentes à leur sexe et à leur genre. Comment ça se traduit ? Nous apprenons à nous comporter en hommes et en femmes à travers les exemples sociaux, et ce, depuis l'enfance. Je vais prendre un exemple personnel. Lorsque j'étais enfant, ma couleur préférée était le bleu, mais dans mon esprit cela était impossible puisqu'il le bleu était réservé aux garçons... Ce qu'on appelle la socialisation de genre devient alors "un apprentissage des gestes, des réflexes qui nous semblent naturels tellement on y est habitué(e)s." Et le pire, est que cet apprentissage continue même à l'âge adulte à travers certains magazines féminins, publicités... Alors que faire ? Il ne tient qu'à nous de changer les choses en apprenant aux futures générations les nouveaux modes de comportements pour affiner le sens critique et moral. Education !

Une lecture très enrichissante, qui a le bon goût de ne jamais juger les différentes opinions, mais justement à les considérer. J'ai adoré les dessins et les textes très frais, les documentations ainsi que le format. de plus, les deux auteurs guident les plus curieux vers une bibliographie sélective, qu'elle soit graphiste ou non. le féminisme a malheureusement encore de beaux jours devant lui. J'aimerais tant qu'il n'y ait plus de combats entre les sexes. Plus de revendications. Hier, les femmes ont gagnées la bataille pour l'avortement, mais qu'en est-il aujourd'hui ? Tant qu'il y aura des personnes intolérantes ou mal intentionnées qui combattront contre l'idée que le corps et l'esprit ne sont la propriété qu'à elles seules, il y aura des féministes. Que vous soyez femme ou homme, féministe n'est pas un gros mot, mais une promesse de lutte contre toutes formes de dominations.

Au-delà du sujet, je recommande vraiment cette collection qui oeuvre pour comprendre le monde en bande dessinée.

Merci encore à Opalyne pour cette formidable initiative !
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Très bon, comme c'est toujours le cas dans cette collection. C'est très instructif et une excellente base pour un travail sur ce sujet. Je trouve le chapitrage très intéressant avec comme point de départ une personnalité ou une citation pour ensuite s'attaquer à un des nombreux points que comporte le féminisme. Deux coups de coeur dans cette BD, Olympe de Gouges qui revient plusieurs fois avec sa tête coupée et les trois gouttes de sang qui l'accompagne et alors en tant que belge le gag autour du roi Baudouin avec l'avortement qui est très bien fait. le seul petit bémol que j'ai trouvé c'est dans la lecture de certaines pages où le sens normal de lecture est modifié ce qui n'est pas graphiquement toujours claire.
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Ce petit essai est brillant, mais pas prise de tête. Avec une mise en page foisonnante et dynamique, il explique le féminisme - ou plutôt, comme c'est expliqué dès le début, "les féminismes" - de manière claire, sourcée et très juste.

En navigant entre différentes époques et différentes cultures, en passant par des figures du (des) féminisme(s) telles Olympe de Gouges, Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir ou Kimberlé Crenshaw, ce petit livre nous apprend beaucoup, l'air de rien avec ses couleurs de livre pour enfant et son texte écrit à la main.
Les femmes anonymes sont mises à l'honneur, avec des statistiques et anecdotes édifiantes, et des témoignages poignants en fin d'ouvrage.

Pour ma part j'ai été bouleversée par le chapitre sur le "féminisme noir", ou plus précisément "l'intersectionnalité", soit l'endroit où les femmes noires ne se sentent ni reconnues ni représentées, le croisement entre deux combats dont elles se sentent finalement un peu exclues : la lutte contre le racisme (portée par des hommes noirs) et le féminisme (souvent représenté par des femmes blanches). Passionnant.

Alors bien sûr on pourrait souhaiter aller plus au fond des choses, mais en 87 pas c'était beaucoup demander. Et ces dîtes pages regorgent de références et ressources pour prolonger ce sujet complexe.
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Il s'agit d'une bande dessinée de 71 pages, en couleurs. Elle est initialement parue en 2016, écrite par Anne-Charlotte Husson, dessinée et mise en couleurs par Thomas Mathieu. Elle fait partie de la collection intitulée La petite bédéthèque des savoirs, éditée par Le Lombard. Cette collection s'est fixé comme but d'explorer le champ des sciences humaines et de la non-fiction. Elle regroupe donc des bandes dessinées didactiques, associant un spécialiste à un dessinateur professionnel, en proscrivant la forme du récit de fiction. Il s'agit donc d'une entreprise de vulgarisation sous une forme qui se veut ludique.

Cette bande dessinée se présente sous une forme assez petite, 13,9cm*19,6cm. Elle s'ouvre avec un solide avant-propos de David Vandermeulen de 10 pages, plus deux pages de notes. Il commence par évoquer la place de la femme telle qu'elle apparaît dans des textes antiques, avec l'exemple de Pandore (qui répand sur le monde des maux tels que la vieillesse, le travail, la maladie, la folie, le vice et la passion) et d'Ève qui porte aussi une lourde responsabilité dans la souffrance de l'humanité. Puis il cite la place de la femme dans des ouvrages comme l'Illiade et l'Odyssée, le Yi-King et le Mahâbhârata. Il passe ensuite au proto féminisme qui apparaît au quinzième siècle avec Christine de Pizan, puis au dix-septième siècle avec Marie de Gournay, pour arriver à Benoîte Groult. Il évoque la lente évolution de la place de la femme dans la société, les différentes formes de féminisme, l'attente exprimée de nombreuses lectrices et lecteurs concernant cet ouvrage à l'annonce de sa mise en chantier, et la construction même de l'ouvrage.

La bande dessinée commence par les 2 auteurs se mettant en scène dans une discussion, constatant qu'il n'est pas possible de réduire le féminisme en une définition simple. Anne-Charlotte Husson indique qu'il y a accord sur un constat : l'existence d'une dévalorisation sociale, politique, économique et symbolique des femmes. Par contre il y a des divergences sur la cause de cette dévalorisation et sur les moyens de lutter contre. Les auteurs ont donc choisi d'explorer le féminisme à partir de citations ou de slogans, ouvrant autant de chapitres différents. (1) Olympe de Gouges (1748-1793) - La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. (2) Slogan : le privé est politique. (3) Simone de Beauvoir (1908-1986) - On ne naît pas femme, on le devient. (4) Slogan : white woman listen! (5) Slogan : nos désirs font désordre. (6) Benoîte Groult (1920-2016) - le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours. (7) Slogan : ne me libère pas, je m'en charge !

Dans son avant-propos, David Vandermeulen braque la lumière sur la place implicite de la femme dans la société telle que formulée par de nombreux textes antiques, fondateurs de différentes civilisations de par le monde. Il cite ensuite des exemples de femmes ayant contesté les visions patriarcales, condescendantes et franchement insultantes d'hommes célèbres depuis le Moyen-Âge jusqu'au dix-neuvième siècle. Ainsi il établit une vision historique des discriminations faites aux femmes, tout en rappelant qu'elles avaient obtenu plus de droits au Moyen-Âge qu'à la fin du dix-huitième siècle, en termes de propriété privée, mais aussi professionnel (par exemple des femmes médecins au treizième siècle). Paradoxalement la Révolution Française met la gente féminine sous le coup de la législation conçue et rédigée par des hommes, diminuant leurs libertés. Son exposé l'amène jusqu'au développement du féminisme dans sa pluralité, la réalité des violences faites aux femmes aujourd'hui et le choix de la structure de l'ouvrage. Cette introduction s'avère très instructive, piochant des faits établis au travers les siècles dressant le tableau de sociétés construites et régimentées par les hommes, dans lesquelles les femmes ont dû conquérir leurs droits par la lutte. le lecteur apprécie également que cet avant-propos constitue une solide introduction à la bande dessinée, sans redite, sans redondance avec la suite.

L'avant-propos annonce clairement l'impossibilité de synthétiser les différentes formes du féminisme dans un ouvrage de vulgarisation. Les auteurs commencent en expliquant qu'effectivement, ils ne peuvent pas couvrir des siècles de féminisme, ce qui ne les empêchent pas de conserver l'objectif de faire oeuvre de vulgarisation. Afin de structurer son propos, Anne-Charlotte Husson part de citations, ordonnées par ordre chronologique, et fixant le thème de chaque chapitre. Elle explore ainsi le féminisme au travers de ces thèmes partant d'une féministe historique, ou d'un mouvement particulier. le lecteur constate que cette structure offre une grande lisibilité à un discours rigoureux et dense. Par exemple, le chapitre s'ouvrant avec la citation d'Olympe de Gouges s'articule sur l'évolution de la place de la femme dans la politique et dans les organes politiques, pour finir par une frise chronologique de l'année d'accès des femmes au droit de vote par pays, complété par la liste des 22 gouvernements dirigés par des femmes en 2015.

Anne-Charlotte Husson arrive à combiner un fil directeur par thème, et la mention de nombreuses femmes, et de nombreux faits sans donner l'impression le noyer le lecteur. Ce n'est pas si évident que ça quand en l'espace de 7 pages pour le chapitre Nos désirs font désordre, elle mentionne aussi bien le film Certains l'aiment chaud, que la conception restrictive de la sexualité des femmes (limitée à la procréation avant la deuxième vague du féminisme), la nature de l'hystérie (en passant par l'invention du premier vibromasseur), les théories freudiennes sur la sexualité féminine (la libido ne pouvant être que masculine, chez l'homme comme chez la femme), la réalité de l'invisibilisation de la sexualité féminine, le développement de la théorie Queer (initiée par Monique Wittig, reprise par Judith Buter), l'hégémonie du regard masculin (à commencer par la vision de la sexualité dans les films pornographiques, y compris celle des lesbiennes) et le mouvement LGBTQI (en insistant sur le fait que les êtres humains ne devraient pas être déterminés par leur biologie). Au cours de ce chapitre, comme les autres, le lecteur s'est immergé à la fois dans l'évolution historique de la notion du désir féminin, à la fois dans la diversité des approches, jusqu'aux positions contemporaines, soit un réel tour de force, au vu de la richesse de chaque thème.

Comme souvent dans un exercice de vulgarisation, la partie graphique se retrouve entièrement inféodée au texte. Il en va de même ici. Thomas Mathieu avait déjà réalisé Les crocodiles (2014), un ouvrage sur le harcèlement de rue. Il doit relever le défi de mettre en images un exposé dense et copieux, en essayant de faire en sorte que les dessins apportent une information supplémentaire par rapport au texte. Pour Olympe de Gouges, il rend compte de son apparence, en particulier de sa robe, avec des dessins simplifiés. Pour chaque personnage historique, il réalise ainsi des dessins comprenant suffisamment de caractéristiques visuelles pour évoquer une époque (Napoléon, le sénat lorsque Simone Veil présente sa loi du 17 janvier 1975, l'esclavage et les lynchages aux États-Unis, etc.), pour des graphiques d'ordre ou de relation (la somme des problèmes partagés par les femmes sous la forme d'un Rubik's cube, le groupe des hommes qui profite de l'oppression des femmes sous forme d'un organigramme), la diversification des identités de genre et de sexualités sous forme d'un continuum. À chaque chapitre, le lecteur peut apprécier l'inventivité de l'artiste pour trouver des images qui viennent en appui du texte. Il repère même en page 42, une parodie du tableau le cri (1893-1917) d'Edvard Munch, pour rendre compte de l'impact émotionnel généré par les écrits de Simone de Beauvoir.

À plusieurs reprises, le lecteur se rend compte qu'il est difficile de vraiment parler de bande dessinée pour cet ouvrage. Il s'agit bien d'une suite de cases (même si elles n'ont pas de bordure) agencées de façon séquentielle sur la page. Dans le même temps, il est aussi possible de considérer l'ouvrage comme un texte illustré, la narration étant tout entièrement contenue dans le texte, les dessins illustrant chaque phrase, sans établir de suite. La frise chronologique en fin de premier chapitre est très basique (des drapeaux mis en regard des années), pas une infographie. le trombinoscope enfin du chapitre 3 associé des bustes de féministes aux régions du globe d'où elles sont originaires, cela permet de visualiser la diversité géographique des féminismes. Arrivé dans les 2 derniers chapitres, les dessins s'effacent derrière une série de chiffres statistiques sur la violence faite aux femmes, puis derrière des citations de plusieurs femmes relatives à leur condition et leur perception du féminisme. Cependant, malgré le recul des images, la lecture reste facile et agréable, plus vivante que dans un ouvrage universitaire.

Le lecteur ressort de cet ouvrage avec une vision protéiforme des féminismes, ancrée dans son évolution historique. Les auteurs ont atteint leur objectif de vulgarisation sans rien sacrifier de la complexité des féminismes. Ils en évoquent les différentes dimensions : pouvoir politique, discrimination systémique, construction du genre, intersectionnalité entre différentes discriminations, plaisir sexuel féminin, violences faites aux femmes, expressions. Ils terminent avec un choix de déclarations d'anonymes, appliquant le principe de rendre la parole aux femmes. Si le lecteur peut parfois regretter qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'une bande dessinée, il constate avec plaisir que le l'ouvrage se lit facilement malgré la densité de son propos. 5 étoiles pour un ouvrage de vulgarisation efficace et limpide, malgré la complexité de la problématique.
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J'aime beaucoup la collection "La Petite Bédéthèque des Savoirs" : elle est travaillée, instructive et vraiment percutante.
Dans ce onzième tome, Anne-Charlotte Husson dresse un historique et explique ce qu'est le féminisme dans sa complexité et sa multiplicité. Quant à Thomas Mathieu, il met tout cela en images avec vivacité et humour.

Ces deux-là ont fait un bon et beau travail. Leur ouvrage est construit intelligemment et j'ai vraiment bien accroché sur les dessins de Thomas Mathieu. C'est un tome dynamique, où les auteurs donnent des explications éclairantes et motivantes. C'est un ouvrage très lucide que beaucoup de gens devraient lire pour comprendre où en sont les droits des femmes et quels combats elles ont dû mener pour en arriver jusqu'ici. Tout en sachant qu'il reste encore beaucoup à faire !

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Cet ouvrage propose une bonne introduction au féminisme, à son histoire et ses débats récents en sept chapitres, centrés autour de sept slogans ou citations : « La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit également avoir le droit de monter à la tribune. » ; « le privé est politique » ; « On ne naît pas femme, on le devient. » ; « White woman listen » ; « Nos désirs font désordre » ; « le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours. » ; « Ne me libère pas, je m'en charge ! »
Le propos est clair et rigoureux, et définit des termes importants des débats actuels, comme intersectionnalité, féminicide, etc. Il aborde également certaines dissensions au sein du mouvement féministe (au sujet du voile ou de la transidentité par exemple). La bande dessinée comporte également de courts portraits de figures féministes contemporaines.
J'ai néanmoins relevé deux légères approximations : tout d'abord, Olympe de Gouges est présentée comme « « la deuxième femme guillotinée de la Révolution après Marie-Antoinette. Or Charlotte Corday les a précédées sur l'échafaud. de plus, dans le même chapitre, la citation suivante, « la femme et ses entrailles sont la propriété de l'homme », est présentée comme étant tirée du Code civil de 1804. Je ne l'y ai pas trouvée. Il semblerait que ce soit plutôt un commentaire contemporain du Code civil.

Malgré ces nuances, j'ai trouvé cette bande dessinée utile. Mais s'agit-il vraiment de bande dessinée ? Les dessins sont plutôt une illustration plaisante du discours d'Anne-Charlotte Husson, mais qui n'ajoute pas grand-chose au propos.
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Enfin un bon ouvrage de vulgarisation sur le féminisme : complet, simple, pédagogique et militant. A l'exception du « Comprendre le féminisme » de Marie-Hélène Bourcier chez Max Milo, il n'y a guère mieux. Ecrit par Anne-Charlotte Husson ( universitaire qui tient le blog « Genre ! ») en collaboration avec un dessinateur (ici Thomas Mathieu, auteur de la BD sur le sexisme ordinaire : « Les crocodiles »), principe de la collection « La petite Bédéthèque des savoirs », c'est un bon point de départ pour ceux qui ne connaissent trop rien à ce sujet essentiel et pour ceux qui veulent faire le point sur leurs connaissances. En moins de cent pages, ils nous décrivent les grandes étapes du mouvement féministe sans omettre les approches novatrices comme le queer (qui invite à repenser les liens entre genre, sexe et sexualité) et l'intersectionnalité (entre genre et « race »), assez méconnues en France.
Lien : http://www.canalb.fr/canniba..
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Grâce au confinement, nous avons l'occasion de découvrir de nombreux ouvrages et le féminisme en 7 slogans et citations en fait partie (offre terminée). Si c'est loin d'alléger ma pile à lire, j'admets toutefois être très contente d'avoir enfin pu découvrir cette petite bande dessinée qui m'intriguait depuis fort longtemps. Et, contrairement à ce que je pensais, elle n'est pas à destination des pré-ados, l'éditeur la conseillant à partir de quinze ans. Effectivement, c'est un propos assez dense pour des jeunes, mais passionnant.
Comme suggéré dans le titre, le livre se découpe en sept chapitres, chacun abordant des thèmes divers. Je vous les présent, sans entrer dans les détails, afin de vous démontrer l'intérêt de le féminisme. On commence avec une citation d'Olympe de Gouges : « La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ». Cette célèbre citation permet d'ouvrir l'ouvrage sur les bases du féminisme : l'égalité et l'émancipation des femmes ; nous sommes là dans la première vague du mouvement féministe. le deuxième chapitre est un slogan que vous avez peut-être déjà entendu, quoiqu'il soit moins connu : « le privé est politique ». Il y est question de viol, d'avortement… et donc notamment de la loi Veil. Vient ensuite le fameux « On ne naît pas femme, on le devient » de Simone de Beauvoir, chapitre au cours duquel sont expliquées les différences entre le sexe (biologique) et le genre (construction sociale). Ensuite, nous avons de nouveau un slogan, à savoir : « White woman listen! » (« Femme blanche, écoute! »), où est abordée la question de l'intersectionnalité. Il ne faut en effet pas oublié que les premières féministes étaient majoritairement des femmes blanches et, par conséquent, le mouvement s'est fondé sur leurs connaissances, leurs vécus… oubliant que les femmes racisées ne subissent pas les mêmes discrimination, et les reléguant à des personnes devant être sauvées (par les féministes blanches, donc). le « Black feminism » est abordé. Chose appréciable, d'ailleurs, c'est que Husson et Mathieu rappellent, dans cette BD, qu'il existe plusieurs mouvances et mouvements féministes (sans pour autant approfondir des masses le sujet mais, hé, c'est une BD de moins de cent pages!).
Rien qu'avec ça, il y a beaucoup de choses à dire et c'est super intéressant. Même si je suis sensibilisée à tout cela, comme il y a toujours des sujets qui m'intéressent plus que d'autres, j'ai découvert des noms, j'ai pu avoir des précisions sur les questions traitées.
Mais revenons-en aux rapidement chapitres car je n'ai pas terminé : le cinquième est un autre slogan, « Nos désirs font désordre » qui parle de la sexualité et du plaisir féminins. Une citation de Benoîte Groult ouvre le sixième chapitre : « le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours ». Vous devinez le sujet ? Eh oui, les violences faites aux femmes, qu'elles soient physiques, sexuelles, psychologiques, économiques… La BD se termine avec le slogan « Ne libère pas, je m'en charge! », qui laisse la parole à de jeunes féministes.
Le féminisme en 7 slogans et citations se lit très bien ; même si les cases ne sont pas délimitées, la mise en page est telle qu'il est impossible de se tromper d'ordre dans les bulles et cartouches. de plus, les sujets sont abordés avec un vocabulaire accessibles et les idées sont bien expliquées. Une chose appréciable également, ce sont les petites mises en garde faites au début de certains chapitres. Il est en effet parfois question de viol ou de violence et, grâce à cela, les lecteur·rices ne sont pas pris·es au dépourvu.

En bref, cette une bande dessinée bien faite, aux propos clairs et pertinents, et que je vous conseille vivement, tant pour découvrir que pour approfondir (un peu) vos connaissances.
Lien : https://malecturotheque.word..
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