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sur 1026 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous sommes à Paris, en 1957. Lorsque Raphaël reçoit Saffie suite à une petite annonce qu'il a publiée pour trouver une bonne à tout faire, c'est pour lui une évidence, elle sera la femme de sa vie, son épouse, la mère de ses enfants.
Il est troublé par cette jeune allemande, triste et détachée de tout. Elle évolue dans la vie en donnant l'impression de ne pas en faire partie, indifférente à ce qui l'entoure, le regard « sans reflet et sans mouvement ».
Elle accepte les conditions de travail, le salaire, le logement avant le mariage qu'il lui propose rapidement. Lorsque le premier enfant s'annonce, Saffie ne manifeste aucune joie, aucune émotion. La naissance du bébé la laisse aussi indifférente que ses premiers sourires.
Qu'est-il arrivé à Saffie dans le passé de si douloureux pour que la moindre émotion semble l'avoir irrémédiablement quittée ?
C'est Andras, un jeune luthier hongrois qui va percer le secret de Saffie.
A travers ses trois personnages, Nancy Huston nous entraîne dans l'aventure du XXe siècle, en chamboulant notre mémoire pour nous rappeler les crimes de notre temps, le nazisme bien sûr, les chambres à gaz, mais aussi la guerre d'Algérie, la torture instituée, le massacre du 17 octobre 1961, la haine, la révolte, la responsabilité de chacun, l'innocence perdue.

L'histoire de Saffie est douloureuse, son mal-être m'a mise mal à l'aise. Cette souffrance, jamais exprimée est bouleversante.

J'ai eu un grand plaisir à découvrir la plume de cette auteure, dont je ne connaissais jusqu'à présent que le nom.

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Ce qui frappe à la lecture de Nancy Huston c'est son amour pour ces personnages, "L'empreinte de l'Ange" en est le parfait exemple. 1957. La jeune Saffie quitte son pays l'Allemagne pour rejoindre Paris. Elle rencontre un jeune flutiste de grand talent Raphael Lepage. Pour le jeune homme c'est le coup de foudre. Raphael épouse Saffie et nos deux tourtereaux deviennent parents.Saffie malgré cette vie en apparence heureuse semble plus spectatrice qu'actrice. Un jour, Saffie rencontre Andras, cet homme va libérer bien des émotions chez la jeune femme.
En choisissant la guerre d'Algérie en toile de fond, Nancy Huston à travers cette histoire d'amour, c'est toute une époque qu'elle restitue avec minutie. le plaisir vient de la complexité de ces personnages, des thèmes abordés (la féminité, l'enfance, l'amour, la maternité, l'adultère, la liberté). C'est remarquablement écrit avec ce qu'il faut de justesse, de tendresse, une histoire d'amour bouleversante qui va droit au coeur. Huston est vraiment une auteure talentueuse.
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Un ange a-t-il vraiment tous les pouvoirs ?
Et Dieu ?
Lorsque des êtres cabossés se rencontrent, se choisissent, se reconnaissent, se partagent, s'imbriquent, se donnent l'un à l'autre, on croit vraiment que l'Amour est plus fort que tout.
Lorsque les souffrances du passé ressurgissent, que les camps opposés par L Histoire reprennent leur position, que la terreur du lendemain empêche toute espérance, la présence de l'ange bienveillant s'efface, la trêve se termine, la vie douloureuse reprend son cours.

L'empreinte de l'ange nous emmènent dans le temps et dans les espaces. de l'Algérie à Paris en passant par l'Allemagne et ses fantômes.
Elle nous plonge au coeur d'une vie ordinaire pourtant si extraordinaire.
Et notre coeur bat au côté des héros, pleure aux côtés des souffrants, espère aux côtés de ce petit être juste né qui porte tous les espoirs du monde.
Nancy Huston - dont c'était ma première lecture - met tout son coeur, toute sa plume talentueuse à nous faire aimer ses personnages, à nous attacher à leur histoire, à leurs sentiments.
On en oublie la pluie qui tombe, le confinement qui impatiente, le manque de l'être aimé, tout tournés vers ce coeur de Paris, vers cette boutique de facteur d'instruments, vers cet espace où tous les espoirs semblent permis.
C'est beau. C'est fort. C'est profondément émouvant.
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Nancy Huston est une romancière exigeante.

Elle veut du vrai et sait le mêler à des fictions lumineuses qui changent notre vision.
En effleurant le sujet du bout des doigts dans les premiers chapitres, la romancière confère profondeur et intensité aux personnages tout en alimentant le mystère jusqu'à la révélation qui fait voler en éclats les apparences.
Nancy Huston donne toute son ampleur à cette histoire bouleversante.

Roman d'amour, rôle de la femme, reliques et traumatismes inoubliables de la Guerre, la romancière qui ne pratique pas la langue de bois n'y va pas par quatre chemins. Elle dénonce la faiblesse de la France en apportant un éclairage sur la guerre d'Algérie. Elle parle de l'adultère qui permet de prendre sa liberté et qui va au-delà des convenances.

Avec talent, Nancy Huston mêle présent et passé pour mieux évoquer les abominations du passé vécues par un juif et une allemande. Souvenirs, haines, pertes, leur histoire d'amour tragique aura engendré la douleur en héritage.



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« La vie dans l'amour fou est une série de maintenant, étayée par un passé soigneusement censuré et par un avenir nébuleux. »

Il était une jeune allemande, Saffie, qui « semble avoir tout compris, à tout sujet, depuis toujours ». Elle arrive à Paris une dizaine d'années après la fin de la seconde guerre mondiale. Elle ne possède qu'une petite valise et des silences (énormes eux). Saffie c'est un simple « fétu de paille sur les eaux noires de la tourmente ». Elle trouve rapidement un emploi de bonne à tout faire chez M. Lepage, flûtiste renommé. Bonne à tout faire, son employeur va l'entendre comme il le souhaite car il n'est pas habitué à entendre les silences autres que ceux des portées. Rapidement mariés, ils ont un enfant Emil. Alors qu'elle apporte une flûte pour une banale réparation d'un Do récalcitrant, elle va pour la première fois depuis bien longtemps, voir les gens autour d'elle. Commence alors une double vie pour Saffie et Emil.

« Rive droite, rive gauche. le Hongrois, le Français. La passion, le confort. »

Avec lui elle découvre l'amour, les ravages de l'holocauste, la guerre d'Algérie, les différences. Dans ce quartier pauvre du Marais, « l'Allemande donne à boire à l'Algérien dans la cour du Hongrois, au milieu des riffs de jazz syncopés des Afro-Américains. » Elle comme lui sont des blessés de guerre, chacun dans un camp. Ce qui les rapproche aussi. « Ils ont enfin touché là à l'essence de leur amour, à son noyau secret et sacré. En l'autre, c'est l'ennemi qu'ils aiment. »

Mais Saffie parle peu, elle le dit si bien : « Nous les allemands, on a tous un mur de Berlin dans la tête. (...) Un mur entre ce qu'on peut dire et ce qu'on ne peut pas dire... Entre les question qu'on a le droit de poser... et les autres. » Il n'empêche elle retrouve Andras pendant des années car grâce à lui « l'atroce irréalité des choses est écartée. » Mais ce n'est pas ainsi qu'on guérit. Parce qu'il y a l'enfant, Emil qui vit entre deux hommes, on lui apprend la double vie... Parce qu'il y a le père d'Emil, l'époux de Saffie... Parce qu'il y a les démons d'Andras... Et parce que « le mur contre lequel on s'écrase après le tournant, c'est le mur de soi. »

« Nous ne savons guérir notre douleur, seulement la transmettre, la donner en héritage. Tiens chéri. »

J'ai aimé ce roman, car l'aventure d'Andras et de Saffie fait des liens avec d'autres moments dramatiques de notre histoire, et c'est bien amené. En outre l'écriture de Nancy Huston est très agréable. Je trouve qu'elle ne manque pas d'aplomb en apostrophant le lecteur, de manière parfois surprenante : « A chaque fois il pense avoir fait le tour et puis non, il y aura toujours quelqu'un pour venir lui raconter encore un autre drame, une autre horreur, c'est littéralement inépuisable. Quelle aubaine pour les romanciers, cet Hitler ! »

Elle a raison Saffie : « Oh ! J'en ai marre ! Toujours la guerre, la guerre, LA GUERRE ! »
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Ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la plume de Nancy Huston.
Elle nous embarque immédiatement dans un roman ayant pour toile de fond la guerre d'Algérie.
Son héroïne, Saffie, est "glaçante" dans ses gestes, ses silences, ses souvenirs, sa façon d'être et dans ses choix...
Nancy Huston réussit à créer un véritable malaise et une tension difficile à supporter alors qu'elle aborde des sujets qui d'habitude transpirent le bonheur.
(l'amour, l'attente d'un enfant, la vie à deux).
Pas vraiment d'espoir dans cette histoire qui finit aussi mal qu'elle a commencé. Juste un cri contre la guerre et ses horreurs.
Des bourreaux, des victimes dans chaque camps et toujours l'enfance comme symbole de l'innocence bafouée.
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C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai retrouvé la plume de Nancy Huston que j'avais tant aimé dans Ligne de faille et La virevolte. Car dès les premiers mots, les premières pages, la narration me happe et je file suivre les personnages si habilement esquissés par l'auteur.
Ici on découvre une jeune femme énigmatique, Saffie, une allemande débarquant au printemps de 1957 à Paris. Cherchant un emploi, elle se retrouve en tant que domestique au service du flûtiste de renom, Raphaël Lepage. Celui-ci tombe rapidement amoureux et lui ouvre bien plus que sa porte. C'est un petit couple qui se forme. Banal en somme sauf que Saffie ne se départ pas de son masque d'indifférence, de son désintérêt de tout et même des autres. Raphaël est pour elle un homme comme un autre à un détail près, il l'entretient dans un cocon douillet. Bientôt la jeune femme tombe enceinte et c'est un espoir pour Raphaël. Et si la maternité pouvait l'éveiller à la vie et aux sentiments les plus simples?
Rien ne se passe comme prévu car Saffie exècre d'avance le petit être qu'elle porte en elle. Si seulement il pouvait disparaitre...
Surgit dans sa vie, le salvateur luthier Andras, un juif hongrois qui répare l'instrument de son mari. Mais bien plus que la flute, il répare aussi les affects de Saffie et lui donne goût à la vie, aux promenades, aux discussions animées. Ainsi Raphaël est heureux, depuis qu'il joue, se déplace et gagne encore en prestige, sa femme elle aussi s'illumine. Est-ce un rêve? Comment se fait-il que cela se soit fait si naturellement? Et ce déclic, est-il vraiment de son ressort?
On suit les personnages avec un plaisir grandissant. Plus la situation s'installe (cette double vie qui convient à tous), plus la chute parait être inéluctable. Et qu'elle sera raide ! Car l'enfant (Emil), au départ non désiré du couple légitime, est un excellent prétexte pour sortir et se rendre chez Andras. Il grandit et se plait à ce manège avec ses deux papas : l'un qui le met mal à l'aise (Raphaël), l'autre qui lui fabrique des jouets et s'occupe de lui (Andras).

Il est terrible ce livre en cela qu'on se dit qu'une relation amoureuse ne peut contenir que deux personnes. L'irruption de la troisième est source de souci tout autant que de joie et de déraison. On se prépare à une confrontation, à un malsain déballage du linge sale en public... et l'issue nous surprend malgré tout. Qu'est-ce que j'ai pu détester la Saffie aux deux visages ! Profiteuse d'un confort qu'elle ne mérite pas, elle vit dans l'amour absolu de deux hommes, bientôt comblée par un enfant qui la vénère également. Et dans tout cela elle jongle avec habileté pour ne pas éveiller les soupçons de la concierge, ni choisir entre un homme plutôt que l'autre. L'infidélité me fera toujours bondir je crois, quel qu'en soit le motif. L'histoire de Saffie qui nous est dévoilée peu à peu ne trouve pas grâce à mes yeux pour la rendre plus humaine. Je la plains, elle et la censure qu'elle s'inflige sur son passé. Si seulement elle trouvait comment se donner exclusivement à un seul homme !
Mais pour le style de l'histoire, j'y ai trouvé du plaisir, car les personnages m'ont paru réalistes, la trame elle aussi est "tendance". Mais c'est bien les cinquante dernières pages qui m'ont le plus intéressé car enfin la tension se lève. C'est presque un soulagement que l'histoire ne reste pas dans ce huis-clos cantonné à trois personnages (avec comme "otage" privilégié l'enfant) !
Encore un très bon Huston dans ma bibliothèque ! Et dans la vôtre?
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Comme une histoire en poupées russes, l'empreinte de l'ange apporte de nombreuses couches de lectures. Une histoire de l'après-guerre avec l'impossible héritage des crimes des parents, l'abandon de soi et de la vie, le (les) coup de foudre amoureux et la passion, la maternité non désirée, la xénophobie et l'antisémitisme, l'adultère, la quatrième république, la guerre d'Algérie vécue à Paris, le FLN et l'OAS, le massacre du 17 octobre 1961 et les corps des algériens dans la Seine.

Beaucoup de facettes pour un livre et pourtant, tout s'y lie avec fluidité, la grande histoire rejoint la vie, tout se croise dans un tourbillon absolument maîtrisé.

Un livre d'une grande douceur et d'une dureté glaciale qui emporte et coupe le souffle.
Lien : https://www.noid.ch/lemprein..
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"Mai 1957. La France est en pleine effervescence...."
Premiers mots d'un prologue lus devant la boite à livres dans laquelle dans laquelle je venais de le dénicher... premiers mots en résonance avec les premiers souvenirs clairs du gamin que j'étais.
Mai 1957, j'atteignais l'âge de raison, l'âge de la fin de l'innocence, l'âge où chacun commence à comprendre.
Saffie est une jeune femme à la recherche d'un emploi. Elle se présente chez Raphaël Lepage qui cherche une femme à tout faire. Raphaël est un flûtiste professionnel souvent absent, pour cause de concerts. Très rapidement il se marient contre l'avis de la mère de Raphaël, qui hait les "boches"...Saffie est allemande...
1957, les allemands étaient encore pour beaucoup, des Boches..et les algériens contre lesquels le gouvernement envoyait les appelés, en renvoyaient certains dans de sinistres cercueils....
Les algériens vivant en France étaient parfois tués lors de "ratonnades" organisées dans certains quartiers.....Nombreux étaient ceux qui ne n'employaient pas le mot "algérien"...non le racisme était roi. Je m'en souviens.
Saffie s'ennuie dans son appartement parisien, sa belle-mère ne l'aime pas, Raphaël est souvent absent, et Emil, leur bébé n'arrive pas à ôter son mal-être. Elle semble étrangère au monde qui l'entoure, indifférente aux événements...Même les premiers gazouillis d'Emil n'arrivent pas à lui donner un bonheur perceptible....elle reste spectatrice d'un monde dans lequel tout lui semble étranger.
Mais le hasard s'en mêle....je vous laisse le découvrir. Raphaël lui confie une flûte à faire réparer "....mi-avril 1958. Or, ce jour-là, tout bascule."
Nancy Huston contemporaine de l'époque ne connaissait pas encore Paris, et pourtant elle a su dépeindre ses vieux quartiers aujourd'hui démolis, ses halles, ses artisans de fonds de cours, cette époque et ses actualités, cette atmosphère...une nostalgie qui m'a touché, une nostalgie si proche de la mienne.
Aucun de ses personnages n'est simple...chacun a sa part de mystère, de complexité, de violence que progressivement nous découvrirons.
Un bonheur de lecture que j'ai très rapidement partagé..le livre est définitivement parti entre les mains d'un ami...je lui ai demandé de le transmettre à d'autres lecteurs...connus ou inconnus.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Premier contact avec Nancy Houston, contact positif.
C'est une écriture fluide, directe et rythmée, une concision qui ne dessert pas la profondeur des personnages dont l'humanité affleure, douloureuse et fragile, à chaque page. L'histoire est aussi belle que bouleversante, dont l'auteur ne nous cache guère l'issue tragique, et sans doute le devinerions-nous rapidement : dès que Saffie et Andras se croisent, le dénouement ne peut être que terrible, et certaines pages m'ont fait hérisser le poil d'émotions.
Extrêmement sensible et touchant.
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