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Critique de daniel_dz


Varian est un garçon secret, tourmenté, torturé, tout en étant d'une intelligence brillance. Nous suivons son histoire depuis sa naissance jusqu'à son emprisonnement comme activiste dans un groupe qu'il a rejoint en partant à la recherche de son père disparu. Ambiance oppressante d'un roman d'anticipation, structure complexe, forme particulière, aspect « cérébral », je n'ai pas du tout accroché. Mais à coup sûr, pour les mêmes raisons, d'autres que moi trouveront ce texte génial.

Nancy Huston fait partie de mes chouchous. Presque tous les livres que j'ai lus de cet auteur m'ont plu et parfois même marqués. Presque tous. Mais pas celui-ci.

J'ai terminé sa lecture avec l'impression que Nancy Huston avait outrepassé son talent, comme si elle s'était focalisée sur un défi de réaliser une prouesse technique, laissant au second plan le plaisir de lecture (comme un pâtissier qui se focaliserait tant sur la beauté d'un gâteau qu'il en laisserait le goût au second plan).

Je me suis dans le passé intéressé à la Qualité et j'en ai retenu que la vraie Qualité est sans artifices et sans excès; on ne doit pas la remarquer. de ce point de vue, voici comment j'imagine un livre idéal (je parle d'une fiction ou d'un essai, pas d'un dictionnaire ou autre manuel technique). Avant tout, la lecture d'un livre idéal est un plaisir. L'écriture est fluide, le texte se lit linéairement, de la première à la dernière page. Il peut y avoir des flashbacks ou plusieurs récits en alternance, mais ces ruptures de rythmes sont naturelles, sans que le lecteur ne fronce les sourcils ni qu'il perde le fil. À la fin de la lecture, le plaisir perdure: on prend quelques minutes à sortir de l'univers du livre et à revenir à la réalité, ou bien on réalise l'habileté de l'auteur à construire son récit, on bien on réfléchit à des questions que le livre a suscitées. le livre idéal peut également se dévoiler petit-à-petit. Chaque nouvelle lecture peut faire apparaître l'un ou l'autre aspect qui aurait échappé à la lecture précédente. Mais néanmoins, chaque lecture est un plaisir.

« Le club des miracles relatifs » est structuré en sept parties et chaque partie en quatre chapitres. le premier de ces chapitres raconte l'arrestation, l'emprisonnement et l'interrogatoire de Varian, le deuxième décrit sa jeunesse, le troisième parle de femmes qu'il a rencontrées et le quatrième est relate ses relations avec des activistes et son procès. J'ai trouvé cette structure inutilement compliquée, difficile à suivre; je n'ai pas compris ce qu'elle apportait.

De plus, pour faire ressentir l'intelligence particulière de Varian, l'auteur a choisi de rendre ses dialogues ou ses pensées en composant son texte sans ponctuation, ou plus précisément en introduisant des espaces plus ou moins longs pour remplacer la ponctuation ou pour hacher le texte. C'est original et au début, j'ai trouvé ce procédé intéressant, même si les « hachures » coupaient le texte d'une manière que je trouvais artificielle et dérangeante. Après avoir subi ce procédé pendant des dizaines et des dizaines de pages, j'en suis sorti épuisé !

Enfin, le fait que ce récit ait une allure de roman d'anticipation contribue à donner à Varian l'aspect d'un être spécial, hors du monde, un peu androgyne. C'est un choix. Mais là aussi, je doute de son efficacité. J'ai trouvé qu'il déshumanisait le personnage, ce que Nancy Huston n'a peut-être pas voulu faire, finalement. Plusieurs fils s'entremêlent: la personnalité particulière de Varian, sa recherche de son père, sa relation avec des activistes. Chaque fil est intéressant, mais entremêlés, ils deviennent une pelote confuse.

Au moment où j'écris ce billet, je viens de terminer un roman d'Alessandro Baricco (j'en parlerai ici bientôt) et je serais curieux de voir comment il aurait, lui, écrit « Le club des miracles relatifs »…

Bref. Je continue à garder Nancy Huston parce qu'elle m'a donné à lire plusieurs textes qui se rapprochaient davantage de ma conception du livre idéal. Et je suis sûr qu'il s'en trouvera parmi vous certains pour m'expliquer ce que j'ai raté dans ce livre-ci !
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