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4,14

sur 2041 notes
Je ne tombe décidément que sur de très bons crus littéraires en ce moment !
"Lignes de faille" est en effet pour moi un coup de coeur, du fond comme de la forme !

A la base, je ne suis pas une grande adepte de Nancy Huston, je me souviens avoir lu un de ses romans il y a une quinzaine d'années, qui ne m'avais guère enthousiasmée. Mais, ayant croisé ce livre au détour d'une séance de "Babeliotage", et me rappelant combien ma mère aimait cette auteure, je me suis dit, allons-y !
Bien m'en a pris, car quel bon moment j'ai passé !

Pas un moment de rêverie calme et apaisée, non, le sujet m'a trop interpellée pour cela, j'étais choquée parfois, tant par le contexte historique, que par la conduite de ses protagonistes, mais tout est si bien écrit, si bien construit, les personnages sont si crédibles dans leur comportement...
Quel don de psychologue a Nancy Huston !!!!

La construction, à reculons, du récit, est parfaite, elle explique au fur et à mesure, le comment du pourquoi de la construction de la personnalité de l'enfant suivant. Chaque vécu de l'enfant aboutit à ce qu'il devient adulte, et donc à sa propre influence sur l'enfant dont il est le parent. tout s'intrique, s'explique, et le lecteur assiste, impuissant, à tous ses non-dits, qui, par ricochet, aboutissent à des enfants, traumatisés sans en avoir conscience.
On ne juge pas, comment pourrait-on, mais on devient soi-même plus conscient de l'importance de la parole dans la relation à l'enfant, de l'oralité essentielle qui permet à l'enfant de "digérer" tout événement, petit à petit, même les plus lourds, de ne pas commencer sa jeune vie en portant le poids des blessures de ses parents.

Une jolie leçon d'éducation, de pédagogie émotionnelle, à laquelle se trouve ajoutée une leçon d'histoire, de l'Histoire juive du XXème siècle, de la seconde guerre mondiale à la construction de l'Etat hébraïque.

Enfin, on y trouve aussi un point de vue à multi-voix sur l'identité juive, qu'est-ce qu'être juif, un fait du sang, ou une volonté propre, décidée?

Enfin, j'ai aimé le titre, tellement adapté au contenu du roman, ainsi que sa couverture, elle aussi très bien choisie, qui met en lumière le lien entre parents et enfants, la fragilité de ses personnages, la fragilité de ses liens, (les personnages sont en papier), et cette lumière diffuse...

Bref, une pure réussite!! Un livre que je relierai probablement d'ici quelques temps pour un approfondissement!


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" lignes de faille" de Nancy Huston est l'histoire d'une famille, quatre générations d'enfants nous racontent leurs vies de tous les jours avec leurs mots, souvent touchants, parfois cruels ou glaçants.
Des tranches de vie disséquées. Nancy Huston décortique avec finesse ses personnages.
Sol par exemple l'arrière petit fils est un enfant gâté, un " enfant -roi " il suit sur internet la guerre en Irak, en 2004 il a 6ans les scènes de torture ne lui font pas peur, il en jouie même.
Ses réflexions sont terribles.
Randall, lui fait parti de la troisième génération, il a 6ans en 1982, la guerre du Liban il ne connaît pas grand-chose, Randall aime Nouzha une petite palestinienne. Il vit à Haïfa, il est américain donc du côté d'Israel, le massacre de Sabra et Chatila va être la fin de leurs relations.
"Lignes de faille " est aussi un roman sur ces secrets de famille bien enfouis et qui ressurgissent du passé.
Un excellent roman sur le temps qui passe, une réflexion sur l'éducation familiale, sur le devenir de chacun face à une histoire commune.
Mon premier roman de Nancy Huston que je vous conseille.
Bonne lecture et bonne rentrée.
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Lignes de faille raconte à la première personne l'histoire de quatre générations, à travers le récit de quatre enfants : sol (2005), randall (1983), sadie (1962), Kristina / Erra (1945), témoins de la folie des hommes et que chaque destin aura des conséquences directes sur la génération suivante.
Chaque histoire s'imbriquant les unes dans les autres telle des poupées russes. Un roman vu à hauteur d'enfants sur la filiation pour comprendre le monde si compliqué des adultes, Huston déroule ces histoires de façon remarquable tant dans sa construction originale que dans l'écriture fluide et agréable.
L'auteur franco canadienne signe une nouvelle fois un roman d'une grande force, brillant, poignant, tout en nuance. Nancy Huston confirme toute son originalité et son intelligence avec ce roman dont on ne sort pas indemne.
Récompensé par les prix "Fémina" et "France Télévisions".
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Ligne de faille est un livre qui pourrait très bien se lire à reculons, en débutant par le dernier chapitre pour terminer par le premier, il serait tout aussi compréhensible, mais perdrait beaucoup de sa force. Dans ce roman, Nancy Huston évoque des instants de vie de quatre enfants de la même famille (deux garçons et deux filles) à des époques différentes en débutant par l'année 2004 pour terminer par l'année 1945.

L'auteur a choisi pour point fixe l'âge de six ans pour chacun de ses protagonistes, c'est l'âge qu'elle même avait quand sa propre mère a quitté le domicile familial...

La violence sournoise, insidieuse, glauque et quasi permanente de la première partie a bien failli avoir raison de mon envie de lire ce bouquin. Le comportement licencieux et morbide du petit garçon, Sol, m'a beaucoup troublé et dérangé, ainsi que son incroyable maturité. Nonobstant ce côté perturbant des premières pages, ce livre est remarquable.

Les chapitres suivants s'abordent plus sereinement car, même si le fond reste toujours sombre, les comportements des enfants sont plus faciles à comprendre et les ascendants du petit Sol nous délivrent vite du poids du premier chapitre.

Ce roman traite principalement de la filiation et des relations mère-enfant. Le thème du lien maternel est très fortement développé ainsi que celui de la guerre et des dégâts collatéraux sur les familles. J'ai beaucoup appris sur le "Lebensborn", association gérée par la SS dans le cadre de sa politique d’eugénisme.

Je vous conseille cette lecture qui est particulièrement marquante, mais aussi parce que l'écriture de Nancy Huston est vraiment, vraiment belle...
Lien : http://uneautrelecture.blogs..
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La force de ce texte m'a emportée de pages en pages sans que je puisse décrocher .
Nous voilà partis des années 2000 aux années 40, à travers les narrations de moments de vie d'enfants de 6 ans, tous de la même famille . Nous remontons le temps en suivant une filiation . Dans la première partie, un enfant de 6 ans nous parle de sa vie , de son père, de sa grand mère, et de son arrière grand mère , puis, nous découvrons le père à six ans qui nous parle de sa mère et de sa grand mère, et nous remontons ainsi jusqu'à l'enfance de kristina ou Erra en 1944/1945.
Tous ont un lien physique, une marque corporelle qui se perpétue, une tache de naissance... Chacun noue avec elle une histoire particulière et intime... Mais il semble que d'autres choses se perpétuent par eux à leur insu, choses indéfinissables et qui ne se parlent pas, secrets et émotions qui deviennent angoisses, peurs et silences.
Quand je suis arrivée à l'enfance d'Erra et à son traumatisme, enfant volée pour rejoindre un lebensborn avant d'être adoptée dans une famille allemande, puis placée dans une famille au Canada , j'ai eu envie de reprendre la lecture de ce livre mais à l'envers...
Recommencer ma lecture par la quatrième partie pour revenir doucement jusqu'à l'enfance du jeune petit américain... J'ai saisi la richesse extrême de la construction de ce livre. Des traces de filiations comme la tache de naissance ponctuent le fil du récit, d'autres permanences plus diffuses s'y promènent, sans doute à foison... Je ne les a pas toutes relevées, il faut le relire...
Je ne l'ai pas encore fait, mais voilà qu'en écrivant ce petit texte sur un de mes meilleurs moments de lecture de l'année je décide de m'y remettre...
http://sylvie-lectures.blogspot.com/2007/04/lignes-de-faille-nancy-huston.html
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Ce roman nous emmène des années 1940 aux années 2000.

De l'arrière grand-mère née en Allemagne, au petit Solomon, petit dieu adulé par sa mère.
Il nous entraîne avec lui dans ses pensées de gamin de 6 ans
Sol -soleil qui se croit tout puissant (on le lui laisse croire), a de drôles d'idées pour un enfant de cet âge , idées souvent morbides et bien souvent cruelles , et cette cruauté même qu'il imagine lui donne une étrange envie de se masturber.

On peut s'interroger !

Puis , nous allons survoler l'enfance de ses parents.

Leurs pensées, leurs réflexions parfois teintées d'humour, assez désopilantes, c'est frais et a le pouvoir de nous faire redevenir enfant nous mêmes.

Et, pour un instant, on se pose la question de savoir si l'on avait cette faculté de s'émerveiller et cette inventivité avec tellement d'idées qui fourmillent dans de si petites têtes.

Sans doute , mais on devait le garder pour soi de peur d'être incompris et rembarrer par les adultes, du moins pendant l'enfance qui fut la mienne.

Un pan de l'Histoire est soulevé au cours de cette marche à rebours vertigineuse, et nous montre la violence du monde.

" Quel que soit le dieu vers lequel on se tourne, quelle que soit l'époque où l'on vit, l'homme a toujours le dernier mot, et avec lui la barbarie".

Nancy Huston a eu l'art de me captiver.

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Petit coup de coeur pour moi sur ce livre! Prix Femina amplement mérité!

J'ai adoré entrer dans la tête de ces quatre enfants de 6-7 ans qui ont chacun engendré le précédent (sauf le premier, du coup, Solomon, enfant-roi des années 2000 et psychopathe en herbe), très différents les uns des autres, avec leurs névroses et leur sensibilité propres.
J'ai apprécié de pouvoir remonter le temps après les avoir connus adultes, afin de comprendre comment ils en sont arrivés là...
J'ai aimé chercher les indices pour appréhender le background de chacun, et finalement découvrir le fin mot des origines de cette famille dans l'Allemagne nazie de la fin de la guerre 39-45.

Magistralement écrit, parfaitement traité, très peu de maladresses de style (même si on est conscient du fait que de réels enfants de cet âge n'auraient pas nécessairement des pensées aussi profondes, et surtout pas la même manière de les exprimer), une prose jamais ennuyeuse...

Et le tout écrit en français par une auteure dont ce n'est pas la langue maternelle! Un coup de maître, bravo!
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Nancy Huston ébahit par la force évocatrice de sa prose.
Elle adopte l'art exigeant de la forme courte et tisse les fils d'une toile époustouflante.
Elle flirte tour à tour avec l'humour, la tendresse et la sensibilité pour disséquer chaque personnage de chaque génération avec une puissance romanesque qui surprend.

Un roman vibrionnant, une saga familiale poignante chargée des atrocités de la guerre et empreinte de l'idée que le passé ne se laisse jamais enterrer et rattrape inlassablement la mémoire collective ou individuelle.




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A quoi ça ressemble un arbre généalogique ? Un arbre, qu'un nom gravé sur un tronc devrait faire tenir droit ? Un arbre qui a la tête en bas ? Qui plie et ne rompt pas ? Des copeaux, un roseau, des échardes, un repère planté au plein visage ?...
C'est étrange les idées qu'on se fait des choses qui nous représentent qui devraient représenter un monde qui pour finir ne nous appartient pas. D'un tas de choses qui voudrait nous faire une idée et qui pour finir ne connaît pas nos pensées.
C'est étrange un arbre généalogique. Un passé dressé vers le ciel, des racines qui sortent d'un tronc, et puis le résultat qui devrait supporter tout ça.
Un monde inversé. L'avenir qui nourrit le passé. Qui a décidé de ça ? Poussé ici ou là ? Plein sud, plein nord, qui devient commode , qui sera bûche de bois ? Manche de pioche, barreau de bois, petit coffret ou chandelier sculpté du fond des bois ?
C'est en refermant les lignes de faille que je me suis demandé ça.
Parce que les morts devraient toujours toucher le ciel et que les vivants n'ont qu'à bien se tenir droit ? Sur la terre, comme au ciel, est ce qu'on voit les choses la tête en bas ?  
Le présent qui sort de ses racines, et l'avenir qui doit se charger de porter les fruits du passé ?
Un monde inversé. Un symbole inversé. le roi des Aulnes as tu emporté avec toi le passé ?
Quatre générations, quatre enfants. L'enfance..le présent et l'avenir.
On ne remonte pas le temps. On le prend par les racines de chacun. On peut l'arracher ou le replanter. En faire une soupe, ou bien le laisser au bord du chemin. le greffer, le cultiver. A chacun ses idées.
On ne partage pas ses racines mais on partage un présent : le. temps qu'il fait, le désordre du monde, des bombes qui tombent comme de la nuit, un jour qui se lève comme dans un rêve , une chanson comme de la neige, ou un secret qui en sommeil vous appelle.
« Le grand-père – le faux «  a-t-il raison de dire que ce qui pousse c'est ce qui est mort ?
Les cheveux , les ongles...Ce qui est vivant c'est ce qui pousse en dedans. Et l'enfant le sait bien, le devine, le vit, le sens : ce qui est vivant rejette ce qui est mort.
Je ne fais jamais de résumé des livres que j'ai rencontrés. Je n'arrive jamais à résumer un monde, comme je n'arriverai jamais à résumer les gens. Ce n'est pas à ma mesure, c'est trop grand.
Je donne parfois des pistes, je pose mes questions, je garde le goût, le souvenir, une émotion, un sentiment, une couleurs ,un parfum. Un album de souvenirs en somme. Une foule de souvenirs.
Les lignes de failles de Nancy Huston occuperont bien souvent la pensée de certaines de mes pages.
La généalogie...un arbre généalogique ...c'est un arbre sans tête, ou bien sans tronc ? ..Ce n'est pas humain en fait. Un avatar, une silhouette, un épouvantail, un pardessus accroché..
L'enfant dessine des bonhommes sans tronc, des têtes, des membres mais pas de tronc…Pourtant c'est sur les troncs que l'on grave les noms. Des noms qu'on enferme dans des coeurs. Et que la mousse des saisons recouvre parfois plus que de raison.
J'ai adoré la construction de ce roman, j'ai aimé la solitude de ces enfants. Leur intelligence, leurs dons, leur clairvoyance, leur force, leur regard. J'ai entendu leur silence, leur mots, leurs douleurs, les élans de leur choeur. Toutes ces failles que j'ai lu du bout des cils de lignes en lignes à fleur de mots. Tout ce qu'en quoi ils se ressemblent tellement, qu'ils se ressemblent si fort, comme les notes d'un même sang. Les lignes de failles ce sont les lignes de la vie, celle qui vous font signes dedans la peau. Des cicatrices qui signent là d'une très belle écriture.

Astrid Shriqui Garain
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Je regrette une chose, c'est de ne pas avoir voulu lire ce livre depuis longtemps! Un poignant regard d'enfant qui traverse le temps et l'espace, y passe l'histoire, y passe le monde en bouleversement du XXe siècle, y passe l'évolution de la technologie, de l'intelligence, y passe les secrets de famille, y passe l'éducation influencée par le temps...
Véritable coup de cœur!
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