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Nancy Huston fait dans ce livre le portrait d'une catégorie d'écrivains (du XXe siècle ou contemporains) qu'elle dénomme les "néantistes", pour leur prédilection marquée pour le néant et leur dégoût de la vie : Beckett, Cioran, Jean Amery, Charlotte Delbo, Imre Kertész, Thomas Bernhard, Milan Kundera, Elfriede Jelinek, pour les aînés, Michel Houellebecq, Sarah Kane, Christine Angot et Linda Lê pour les plus jeunes. Leur père spirituel à presque tous semble être Schopenhauer, l'auteur de "Le monde comme volonté et comme représentation" à qui elle consacre aussi un chapitre, brillant. C'est un livre très documenté et qui retrace avec le moins de préjugé possible les racines de ce mouvement littéraire dont les oeuvres sont largement considérée dans l'Europe d'aujourd'hui comme des chefs d'oeuvre, récompensés par maints prix littéraires dont 3 prix Nobel (Beckett, Kertész, Jelinek). Si elle condamne la complaisance de ces "mélanomanes" (= qui aiment le noir) dans la noirceur, leur génophobie (peur ou haine de l'engendrement), leur généralisation hâtive de leur cas personnel à l'ensemble de l'humanité, elle sait reconnaître la force de l'écriture de certains d'entre eux - mais c'est pour mieux souligner la faiblesse de leur pensée.
Dans un style clair et rigoureux, NH nous livre ici un livre tonique et lumineux qui éclaire d'une lumière chaude le paysage de notre littérature.
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Je me suis attaquée à un livre difficile mais écrit par un auteur que j'apprécie : une recherche sur une palette appropriée d'écrivains et de philosophe digne d'une thèse en faculté de Lettres et sciences humaines.

- Petite parenthèse : Michel Onfray a aussi traité du nihilisme en quelques pages dans son Antimanuel de philosophie et y joint un extrait du texte "Ecartèlement" de Cioran et il est très convaincant sur la portée de tels textes en nous donnant dans la biographie succinte d'Emil Cioran ces mots : "affiche une vision désespérée du monde en variant sur les mêmes thèmes : la chute, le désespoir, l'angoisse, le nihilisme, le dégoût, le suicide, la décomposition. Meurt dans son lit, octogénaire." (Eh oui, il ne s'est pas pendu !)

Cela dit, j'ai beaucoup aimé les commentaires de Nancy Huston sur les ouvrages de Samuel Beckett, Milan Kundera et Michel Houellebecq (qui revient sur la scène avec son dernier livre qui prend une teinte prophétique et sombre).

J'ai acheté le livre Avidité quand Elfriede Jelinek a obtenu le Nobel et j'avais trouvé la lecture désespérante et à la vue de ce qu'en dit Mme Huston, je comprends maintenant ma réaction.

A part Schopenhauer et Cioran étudiés en classe de philosophie et Christine Angot que je n'apprécie pas, les autres écrivains m'étaient inconnus, même Thomas Bernhard, et je n'ai aucune envie maintenant de les lire. le nihilisme pour moi, non merci ! Les actualités sont trop noires et j'aimerais voir un peu de ciel bleu !

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Cet essai m'a aidée à mettre des mots plus précis sur ce qui m'a toujours un peu gênée et repoussée chez certains auteurs nihilistes. Même si ils peuvent aussi me toucher. Cette manière de nous jeter à la face, avec orgueil et un sale petit plaisir puéril, le laid, l'horreur (sévices et traitements insoutenables, abjects, .. ) en nous tenant dans cette position de voyeurisme forcé, à la fois otage et impuissant. Je sais un peu mieux pourquoi je les évite et leur préfère d'autres lectures plus lumineuses où il reste toujours une place, même infime, pour une forme d'espoir.

Nancy Huston parvient de plus ici à tenir cette distance qui nous permet d'accéder à une empathie à l'égard de tous les auteurs qu'elle évoque, ce qui rend l'analyse d'autant plus intéressante.

Et cet état de fait, auquel je suis particulièrement sensible : les grands exhibitionnistes désespérés contemporains, qui nous farcissent à longueur de tirades senties à quel point l'existence est morne et qu'ils se noient dans leur spleen sont souvent des personnages qui n'ont jamais connu la misère sociale, économique, du corps ni vécu la guerre. Or on n'entend qu'eux et ils sont suivis, adulés, ce qui gonfle d'autant plus la voile de leurs egos surdimensionnés. Et ceux qui se trouvent dans une mouise bien réelle, on ne les entend pas, au pire les premiers s'en servent, leur marchent sur la tête pour se hisser toujours plus haut et habiller leurs saillies de leurs beaux sentiments d'indignés.

Cette citation résume ce constat à merveille : "Le désespoir est un privilège de classe, comme les cigares".

"Professeurs de désespoir" de Nancy Huston
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L'écrivaine partage avec nous -et déesse Suzie, la déesse féminine inexistante et tournée en ridicule par Thomas Bernard- ses réflexions sur le nihilisme et sur certains de ces écrivains qu'elle appelle les néantistes. (Thomas Bernard est justement l'un d'eux.) Nous aurons également à faire à Arthur Schopenhauer, Samuel Beckett, Emil Cioran, Milan Kundera, Jean Améry, Charlotte Delbo, Imre Kertész et Elfrid Jelinek. Ce qu'ils ont en commun? Essentiellement, une enfance bafouée qui les a écoeurés de l'humanité. Eux ne veulent rien avoir à faire avec les hommes. Et pourtant, pourtant, remarque l'auteure avec à-propos...ils ont écrit! Nous avons droit, d'ailleurs, à plusieurs extraits tous plus abjects les uns que les autres...car pour mettre à jour la puanteur des humains, les néantistes n'hésitent pas à verser dans la description des pires perversités. Et pour cela, s'étonne Nancy Huston, ils ont été honorés, on en a fait des génies de la littérature.Le lecteur aura justement droit à une réflexion perspicace sur le rôle de la littérature dans la société. C'est à lire, si vous avez le courage de «patauger dans la fange des extraits nihilistes». Heureusement, entre deux sombres extraits, Nancy Huston ose nous parler des bonheurs simples de la vie..que les néantistes ne reconnaissent pas, il va sans dire.
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Un essai qui a changé ma façon de lire... Une porte ouverte sur le libre arbitre !
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Une vulgarisation (rondement menée) d'analyses d'oeuvres littéraires qui ont pour point commun le pessimisme.
Nancy Huston tend à montrer (à travers de courtes mais significatives biographies) le réel désespoir individuel qui se cache bien souvent chez de grands auteurs (à diverses époques et de diverses nationalités) souvent inspirés par Shopenauer et décrivant un monde où tout espoir de bonheur semble vain.
Ce livre, en redonnant une dimension humaine à d'illustres écrivains (à sombres pensées) nous révèle que bien que certaines idées puissent être séduisantes, puissent toucher notre intellect car intelligement dites, brillantes, elles n'en restent pas moins le fait de personnes tristes, voire dépressives, que cachent une forte cérébralité et un talent pour la littérature.
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Houston s'étonne ici de la fascination européenne pour des penseurs / auteurs qu'elle qualifie de "négativistes" et analyse leur propos empreint de désespoir à la lumière de leur enfance. (Arthur Schopenhauer, Samuel Beckett, Emil Cioran, Thomas Bernhard, Milan Kundera, Elfriede Jelinek, Michel Houellebecq, Sarah Kane, Christine Angot, ...) La démarche est anarchique et discutable, mais le propos intéressant.
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Il faut lire jusqu'à la fin pour apprécier.
J'ai commencé à apprécier à partir de la page 345.
Courage donc.
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Essai visant à expliquer comment nous avons une littérature désespérée et désespérante : fin de la guerre où l'optimisme est impossible, mères abusives pour certains auteurs, enfance dans un pays totalitaire ...

Cet essai dénonce une dérive, un engouement malsain pour cette littérature prête à n'importe quoi, à attirer nos penchants malsains, littérature qui n'en a que le nom, et pourtant encensée par une critique complaisante.

Nancy Huston explique tout cela par le menu, reprend chaque auteur et son oeuvre, avec humour et brillance. Elle démontre qu'il n'y a aucun intérêt à se complaire dans le laid, ni à mépriser les autres. Livre paru en 2004 dont le message commence à être un peu d'actualité. La pose de ces auteurs est celle d'adolescents auto-centrés, inconscients, arrogants, pose qui libère de toute action puisque tout est vain. Rafraîchissant pour ceux qui veulent agir.


Lien : http://objectif-livre.over-b..
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J'aime bien, le livre et la femme, un peu simples, un peu gentils, mais j'aime bien cette démolition des professeurs de désespoir, des sombres, des poseurs pessimistes, des déclinistes, des vieux beaux ténébreux. Facile de faire le malin et le chant du cygne quuand on n'a ni famille ni enfants.
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