S'il est vrai que nous sommes faits par les histoires des autres et que nous nous construisons,
Nancy Huston a ici parfaitement développé ce propos !
C'est l'histoire d'un personnage – de roman ? – qui est circonscrit par toute une série d'autres personnages. Une histoire en creux, en quelque sorte. Un roman choral. Une suite d'interventions comme au tribunal, où chacun vient témoigner de ce qu'il sait de Cosmo, le comédien célèbre assassiné. Même le couteau qui l'a tué parle. Même la passerelle sur laquelle le comédien s'est essayé à inventer ses sketches. Même la baguette de pain...Même la romancière.
Et à qui s'adressent tous ces « gens » ? Au juge. Mais qui est le juge ? le lecteur ?
Un parti-pris très vivant, une mise en scène audacieuse.
Mise en scène est bien le mot approprié, car tout au long de cette lecture amusante et tragique à la fois, je m'imaginais au théâtre – il est vrai que je reviens du festival d'Avignon - .
Une focalisation multiple, donc, et très humaine, qui met le doigt sur beaucoup de thèmes quotidiens abordés avec justesse et passion : la maternité, le couple, l'amour, l'enfance et l'adolescence, le statut de comédien, l'homosexualité, l'art, la folie, et j'en passe.
Et la fin ! Non, je ne la dévoilerai pas. Très déroutante, en tout cas, et à la hauteur de la narration.
Bref, un roman très hustonien, très original, peut-être à certains moments répétitif, mais à retenir. A lire. A siroter. A...adorer ?