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Critique de le_Bison


Et si on faisait une Pause ? Voilà ce que lui sortit un soir Boris. Après 30 ans de bons et loyaux services, 30 années à lui mitonner sa lunch box, à lui repasser ses chemises, à lui chouchouter sa fille chérie, voilà que ce bon vieux Boris veut faire une Pause, un Interlude. Nul doute que cette Pause a vingt ans de moins avec des seins qui tiennent la forme.

Se retrouver seule la soixantaine approchante à en devenir folle. Hystérique même et follement dépressive à s'en faire interner quelques temps, histoire de se reposer, de retrouver ses moyens, et de pouvoir avancer de nouveau un pas devant l'autre. Boris, tranquille lui, à froufrouter avec sa nouvelle brune sans cheveux blancs, au cul plus ferme. Mais elle… Retour dans le Minnesota pour y rejoindre sa mère, dans une institution pour les encore plus vieux, derrière étape digne avant le mouroir. Là-bas est l'occasion de renouer des liens avec sa vieille mère, de repenser aux premiers émois sexuels (pendant que Boris doit réinventer certaines figures du Kâma-Sûtra avec son Interlude français), de revoir ces premières rencontres parce que Boris elle l'aime encore (malgré sa Pause française). Se reconstruire en faisant le point sur son passé et son présent, et lire sur la terrasse ombragée pendant que le saule pleureur chante sa mélopée à travers la brise du vent. Elle est poétesse, alors la lecture, ça l'émoustille (et pas qu'elle, d'ailleurs).

Elle donne des cours dans un collège à de très jeunes filles, à douze ans la poésie n'intéresse pas vraiment les gars. Une bouffée d'oxygène que de se confronter à cette jeunesse, fraiche et presqu'innocente. Mais n'est-ce pas également un moyen de retrouver la sienne aussi, de se redescendre un petit peu quelques années en arrière, et qu'en même temps de leur prodiguer des ateliers de poésie, n'en profite-t-elle pas pour imager des cours de la vie, au début de l'ère passionnelle, celle où les garçons commencent à rentrer dans le champ de vision de ces demoiselles.

Siri Hustvedt m'énerve à un point inimaginable. Et ça elle ne le sait pas encore. Mais déjà que j'admire en plus haut point son mari, grand maître incontesté de mes lectures et de ma vie passionnante de lecture et de lecteur passionné. Et voilà qu'elle aussi s'y met, à captiver mon attention, à aviver mon intérêt pour cette femme de soixante ans – et le pauvre Boris. Un couple uni avec autant de talent littéraire réuni, cela frôle l'indécence. le pire, c'est que « un été sans les hommes » est clairement destiné à un public féminin, et pourtant je suis happé par ses pensées ses souvenirs ses relations avec sa mère avec son Boris avec ses élèves. le pire, c'est que « un été sans les hommes » ne présente aucune scène lesbienne – la raison principale qui m'a valu d'ouvrir se livre en espérant y égarer ma main pas absolument indispensable pour tenir le format d'Actes Sud.

« Lire est une activité privée, souvent exercée derrière les portes fermées. Une jeune dame pourrait se retirer avec un livre, l'emporter dans son boudoir et là, étendue sur ses draps de soie, tandis qu'elle s'imbibe des passions et frissons manufacturés par la plume d'un écrivain polisson, l'une de ses mains, pas absolument indispensable pour tenir le petit volume, pourrait s'égarer. »

N'empêche que j'aimerai bien voir le cul de cette Pause, sacré Boris.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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