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sur 174 notes
Harriet Burden, artiste plasticienne vient de mourir. Elle a eu une carrière en dents de scie, et a toujours eu du mal à accéder à la notoriété ; après sa mort, elle fait l'objet d'une étude universitaire, qui a pour but de jeter un éclairage différent sur elle.
On assiste donc à une série de témoignages de gens qui l'ont connue, ses proches mais aussi d'autres artistes, galeristes, son psychiatre, qui alterne avec les nombreux carnets personnels de l'artiste.
Harriet que l'on a surnommée « Harry » (hum ! pas très féminin) est mal dans son corps, elle est très grande (1m 98), a une allure plutôt masculine. Elle étouffe dans la société car elle a toujours été dans l'ombre de son mari, Félix Lord, un marchand d'arts richissime de New-York qui lui a pignon sur rues, adulés par les critiques et le monde artistique de la ville. Il traîne sa femme dans des réceptions mondaines où elle s'ennuie.
La mort de son mari, va déclencher un immense et impérieux désir de sortir de l'ombre. Persuadée qu'une femme ne peut pas être reconnue autant qu'un homme quand elle est une artiste de talent, elle décide d'organiser trois expositions différentes avec ses propres oeuvres en les attribuant à trois hommes de personnalités différentes… " Je voulais voir dans quelle mesure mon art serait reçu différemment en fonction de la personnalité de chacun des masques."
Les noms qu'elle donne aux expositions sont intéressants : »Histoire de l'art occidental », « Chambres de suffocations », (ça s'impose !!!) et « Au dessous »
Mais tout ne se passera pas comme prévu, le troisième homme ne jouant pas le jeu, et essayant de s'approprier l'oeuvre…

Ce que j'en pense :

Harry est une personne fascinante, dans tous les sens du terme. Par sa silhouette d'abord, peu féminine, par son parcours, car après deux expositions, elle tombe dans l'oubli.
Tout en sachant que cette femme n'a jamais existé, qu'elle est une pure fiction de Siri Hustvedt, (je suis allée vérifier sur Internet tant le personnage semblait réel), par la puissance de sa réflexion, la description de son oeuvre, des petites maisons miniatures, qu'elle meuble et auxquelles elle fait raconter une histoire, jamais la même.
La création artistique est décrite avec minutie, instant par instant, de façon tellement forte qu'on a l'impression d'en faire partie, d'être une petite souris à côté qui voit l'oeuvre sortir du néant, s'étoffer, comme une statue de Michel-Ange, une peinture de Léonard de Vinci, dans un monde très contemporain.
C'est le premier roman de Siri Hustvedt que je lis et je suis impressionnée. J'ai eu beaucoup de mal à le lire, notamment les extraits des carnets personnels car elle observe tout chose en profondeur sur le plan psychanalytique, philosophique… donc il faut être déjà d'un certain niveau dans ces matières pour la suivre. J'ai mis du temps, mais je suis arrivée au bout et j'en suis assez fière, même si je suis certaine d'être passée à côté de certaines choses. Donc, c'est un livre que je relirai pour approfondir ce qui m'a échappé.
De la même façon, j'ai mis du temps à rédiger ma critique, car Harry me fascine et suscite de l'admiration par sa réflexion philosophico-psychanalytique, ce qui rend mon exercice assez périlleux. Un livre difficile, mais à lire, à découvrir car il faut cheminer avec l'auteure et avec l'artiste. On fait un bon voyage au pays des mots.
Allergique au vocabulaire de la psychanalyse ? Peut-être vaut-il mieux passer son chemin. de même, si le monde de l'art vous paraît étrange, élitiste, égocentrique ou surfait. Donc, un livre clivant, c'est le moins qu'on puisse dire.
Ce n'est pas un coup de coeur, mais je suis contente de l'avoir lu malgré la difficulté, et en survolant, je l'avoue, certains passages des carnets. A mon avis, elle aurait pu faire plus simple pour le confort du lecteur, mais Siri Hustvedt a mis la barre très haute car une femme doit se dépasser pour être reconnue.
Note : 7,8/10
lu dans le cadre challenge ABC
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Un roman fort, encore une fois, de Siri Hustvedt, fort et tourmenté, bien plus que tous ceux que j'ai pu lire d'elle, comme si elle y avait mis sa part plus sombre, sa part de femme révoltée; Un roman cynique, puissant, et tragique.
Difficile de dire que j'ai pris plaisir à la lecture, chaque reprise a été accompagnée d'un peu d'appréhension car ce n'est pas un roman agréable. Ce qui y est dit peut toucher, gratter un peu trop. Un peu comme les romans de Nancy Huston en fait. Mais, en insistant au début, on se retrouve finalement pris dans ces multiples narrations et regards portés sur Harry.
Harry, c'est Harriett, la veuve du célèbre collectionneur d'art Felix Lord. Elle était une femme dévouée, mère de deux enfants. Harry, c'était aussi une femme de grande taille, au physique atypique. Une femme brillante, intelligente et très cultivée, tout ça bien au-delà de la moyenne de ceux qui l'entouraient. Harry, enfin, ou surtout, était une artiste innovatrice, percutante, qui n'a jamais été reconnue en tant que telle.
A la mort de son mari, Harry a bien conscience d'être avant tout la femme de. La révolte monte peu à peu en elle, et elle met en place une farce pour se jouer des critiques et amateurs d'art en choisissant trois hommes, artistes en devenir, pour se faire passer pour elle et revendiquer son oeuvre et observe, amusée, puis impuissante, les critiques s'emballer pour ces créations qu'ils ne savent pas être les siennes.
Un peu comme un portrait de Picasso, Harry est présentée sous diverses facettes par son entourage, ce qui rend la lecture, ainsi que l'érudition de Siri Hustvedt (sous couvert de Harry) à la fois exigeante et fascinante.
Ce qu'écrit Hustvedt sur cette représentation de la femme est révoltant de vérité, j'ai eu une boule au ventre presque jusqu'à la fin qui m'a beaucoup touchée, et apaisée. Je pense avoir ressenti cette colère de l'autrice et l'aspect autobiographique qu'il y a derrière ce récit.
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L'histoire fictive de Harriet Burden, artiste américaine
Un sujet passionnant. La place de la femme dans l'art et surtout la perception de la création en fonction du sexe dans un monde dominé largement par les hommes
Un plaidoyer féministe volontairement compliqué , verbeux et éreintant
Un livre élitiste, un style complexe
Bref, il faut du courage pour suivre la compagne de Paul Auster
J'ai renoncé à la moitié du livre même si je comprends l'intention de Mme Hustvedt , personnage hautain , intellectuelle des beaux quartiers,qui prend un peu le lecteur de haut
En tout cas de bien trop haut moi modeste lecteur plébéien
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Etre artiste, mais naître femme, les parts de masculinité et de féminité en chacun, les jeux de masque…
C'est un portrait complexe de femme que Siri Hustvedt dresse, sans complaisance, avec une grande exigence, dans ce roman. Ou alors c'est le portrait d'une femme complexe…. Les deux, je crois. Il me semble qu'on est rarement allé aussi loin en littérature dans la mise en vie d'un être, dans la tentative de sa compréhension, comme s'il s'agissait réellement d'un être autonome qui échappe à son auteur.

Harriet Burden, Harry pour ses proches, et on devine déjà son ambiguïté, a été l'épouse d'un galeriste new-yorkais célèbre, mère de deux enfants, un talent d'artiste relégué aux oubliettes. Jusqu'à son défi, après la mort du mari : créer, et à travers trois hommes prête-nom, montrer par cette supercherie que l'oeuvre d'une femme n'a aucune chance de reconnaissance si elle n'est pas présentée comme masculine.

La lecture est exigeante. Harriet Burden a laissé des écrits, des journaux intimes utilisés par un chercheur qui lui consacre une étude. Ce sont ces extraits de journaux intimes, mais aussi des témoignages des enfants, amis, critiques d'art, qui dressent progressivement en un kaléidoscope vertigineux le portrait d'une personnalité riche et tourmentée. Grande belle femme élégante pour les uns, affabulatrice pour les autres, grosse et moche pour elle-même quand la vie se fait trop lourde et injuste, extraordinairement intellectuelle et cultivée, magicienne – de la magie ordinaire des mères-, amoureuse et sensuelle, révoltée, créatrice ! Créatrice dont l'oeuvre se révèle sous nos yeux subjugués en une explosion de couleurs magiques grâce au regard de Sweet Autumn Pinkney… Ce faisant, nous naviguons dans le milieu de l'art, pas franchement attirant, avec tout son côté factice et cruel, d'un New York d'avant et d'après le 11 septembre.

Avec une écriture ample et généreuse, d'une intelligence palpable, Madame Hustvedt emmène son lecteur à travers ce chant choral dans des réflexions profondes sur le processus de la création, sur le révisionnisme du souvenir qui modifie ou travestit le passé, ou bien encore sur les jeux de rôle dont on ne sort pas indemne, car cela ressemble à des pactes avec le diable. Harriet Burden crée, des prête-noms exposent, elle attend la fin de ces trois événements pour se déclarer, mais à passer ce qui ressemble à un pacte avec le diable, peut-elle avoir la certitude de ne pas se trouver victime du jeu de plus pervers que soi ? « Chambres de suffocation », « Boîte d'empathie », « le monde flamboyant », quels titres d'oeuvres, n'est-ce pas ?!

Siri Hustvedt crée, elle, un personnage troublant, émouvant, d'une telle authenticité qu'on le croirait vrai avec ses ombres, ses failles, ses facettes multiples, un personnage de créatrice à l'oeuvre dont le lecteur visualise ces surprenantes installations qui auraient dû lui apporter, enfin, cette reconnaissance tant attendue, pour elle, elle, Harriet Burden.
Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
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"Un monde flamboyant" est un roman autour de l'art contemporain , des femmes artistes et de leur difficulté à se faire une place dans ce monde , et un récit flamboyant pour le coup, de Siri Hustvedt , inventant autour de questions qui lui importent, liées à la philosophie, des personnages, tous, ce qui pourrait paraître banal pour une romancière mais ne l'est pas tant que ça :
Je m'explique : Enfin je vais essayer ! Tout d'abord je vous livre le résumé de l'éditeur : "Après sa disparition, une artiste plasticienne, Harriet Burden (dite "Harry"), méconnue de son vivant, fait l'objet d'une enquête menée par un professeur d'esthétique auprès de tous ceux qui, de près ou de loin, l'ont côtoyée de son vivant.Cet envoûtant thriller intellectuel qui a pour théâtre les milieux de l'art redistribue avec brio les thèmes chers à Siri Hustvedt dans son oeuvre de fiction comme dans ses essais, et constitue une inoubliable plongée dans les arcanes de la création comme de l'âme humaine, explorées ici par une romancière sans conteste au sommet de son art." le roman s'ouvre avec une préface qui fait partie intégrante du roman, c'est un des personnage du roman , dont on ne connait d'ailleurs pas l'identité sexuelle, celui ou celle qui écrit sur Harry ( Harriet Burden) après sa mort
Le roman sera donc constitué du travail de cette personne qui va chercher à recueillir le plus de textes et de témoignages possibles autour de cette artiste plasticienne.
On va passer des témoignages de ses enfants, de son compagnon, des artistes avec qui elle va monter en trois parties, une supercherie en exposant son travail en nom de trois artistes hommes, et des extraits de ses nombreux journaux intimes etc ...

Ce roman de 400 pages est incroyable ! Siri Hustvedt , invente y compris l'oeuvre plastique de son héroïne, (Bravo ! ) même si les références à Louise Bourgeois sont bien présentes, cette oeuvre est bien double : celle littéraire de Siri Hustvedt et presque plastique via l'écriture. Chapeau bas !


Le personnage principal est veuve de son riche marchand d'art qui l'a mise de côté en tant qu'artiste plasticienne durant toute leur vie commune...


Harry aura été mère attentive, femme polie , mais terriblement frustrée et mise de côté en tant qu'artiste.


J'allais oublier : tout ceci se déroule à New-york, je ne sais pas si l'autrice a déjà écrit sur des personnages non new-yorkais, ce n'est que le 3ème roman que je lis d'elle, mais elle-même est très New-yorkaise...

Ceci dit, la problématique de départ, existe un peu partout : Oui, il est plus difficile pour une artiste de faire voir et comprendre son travail , car et c'est là ce qui va être disséqué dans le roman, nous ne percevons pas les oeuvres d'art sans tenir compte de ce que nous savons de l'artiste, dont en premier lieu son sexe et genre.
Il y aura donc des pages et notes de bas de page ( fort intéressantes !) sur la notion de perception entre autres !


C'est un roman brillant, profondément intellectuel, dans le bon sens du terme, impossible de le lire sans réfléchir plus avant, sans chercher au-delà, sans lire sur certains termes évoqués...Ceci rend plus intelligente, peut-être ? je ne sais pas , mais j'aime bien cette stimulation !

Nous ne sommes dans l'émotion avant tout, qui m'est familière, mais justement cela m'intéresse de passer à un autre niveau, à une réflexion plus poussée , dans un récit choral, absolument fascinant et pas toujours " charmant"


Oui car l'histoire de Harry, va au -delà de la question des artistes-femmes et leur statut/s actuel/s dans le maelstrom qu'est le mélange entre milieu/ marché/ de l'art visuel et contemporain ! On pourrait très bien en France considérer le travail artistique décrit par l'autrice dans le roman comme de l'art singulier actuellement, me semble-t-il...
Mais elle veut elle, être vue, visible, reconnue, comprise ! Et c'est bien ça le pire, le plus âpre et difficile : Que le travail soit visible, c'est déjà bien compliqué, qu'il soit reconnu...Ouh là , mais compris ? .... !! Je ne suis pas certaine que ce soit toujours possible !
Il y a des pages écrites par des critiques d'art ( inventés oui bien sûr ! ) où je me suis dit que Siri Hustvedt avait dû bien s'amuser...
Que puis-je écrire pour vous donner envie de le lire? le personnage de Harry est fantastique ! On voudrait l'avoir connue... Elle est tellement pleine de vie, de variété, d'élans, de contradictions oui, mais aussi d'ouverture et ... Elle est tellement intéressante !
Oui elle choisira trois artistes hommes pour la représenter dans des galeries qui vont montrer son travail en leur nom , pour tenter bien naïvement de prouver ensuite que c'était le sien et que les succès sont siens : Mais enfin, pourquoi ne pas avoir signé de contrats ...? Toujours est-il qu'à part le second artiste qui lui est gay et métisse , donc opprimé aussi, les deux autres ne se comporteront pas bien avec elle, jusqu'au dernier qui sera immonde.
Et j'ai eu du mal avec cette partie, c'était pénible de la voir presque s'avilir en acceptant de se faire du mal.
J'ai aimé tout le reste... Les créations artistiques, la relation avec ses enfants, leurs écrits, son compagnon de la fin, ses emportements et sa porte ouverte, son originalité; les notes de bas de page , et tous les questionnements qui ont accompagné cette lecture bien féconde !


J'ai aimé Harry aussi , et ma curiosité envers Siri Hustvedt a été attisée , cette femme est si brillante , c'est une chance de pouvoir la lire !


Lien : https://lautremagda.hoibian...
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Je ressors mitigée de la lecture de ce gros roman.
J'ai adoré la forme : une compilation d'interview, d'articles, de confessions, de carnets de travail avec les annotations de l'enquêtrice, une historienne de l'art dressant le portrait d'une artiste fantasque. L'ensemble, nourri de notes de bas de pages, se réfère avec exigence aux pensées théoriques qui agitent l'art depuis les années 1950. le lecteur passe ainsi de Debord à Baudrillard, de Focillon à Wölfflin, en croisant Greenberg, Foucault pour les théoriciens et une foule d'artistes existants est conviée à ce grand rassemblement. J'ai aimé l'idée de ce portrait choral où les enfants, amants, camarades prennent la parole pour décrire une femme maître, courant après son ego, nourrissant ses oeuvres (dont on aimerait avoir plus d'analyses et de descriptions) de ses rancoeurs et de ses stratagèmes. Mais je dois dire que je n'adhère pas à la figure de l'artiste maudit maltraité par le système dans un New York chic et branché mondain du marché de l'art et il y a environ 80 pages de trop qui m'ont porté à l'agacement et à la saturation.
Bref à vous de voir !
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Je ne sais pas par où commencer tant ce roman ne m'a pas plu. Pour commencer en beauté, je vais parler des points positifs que peuvent offrir ce roman outre le fait qu'il ne fasse que 400 pages …

Le sujet est très intéressant. Il est vrai que les femmes ont longtemps été considérées comme inférieures aux hommes sur bien des points de vue. Dans l'art, la misogynie des galeristes (qui étaient souvent des hommes) a montré que les femmes ne « pouvaient » pas avoir autant de talent que les hommes. En littérature également un grand nombre d'auteures on dut utiliser des pseudonymes masculins pour arriver à se faire publier. *Petit aparté : ce qui est intéressant c'est que Yasmina Khadra qui est un homme a fait l'inverse dans notre société actuelle*
L'intérêt de ce roman est que le protagoniste, une artiste, femme d'un galeriste, a décidé à la mort de son mari de montrer son travail détournant le problème de sa condition. Elle va de façon très brillante utiliser des hommes pour mettre en avant ses oeuvres afin de tout réunir dans un travail qui regroupera cette façon de faire sous le nom de « masquage ». C'est donc à travers les thèmes de la transsexualité que l'on parcourt cette histoire.

Alors oui le sujet est très bien maîtrisé, cette auteure démontre de son talent autant dans son écriture impeccable que dans le travail d'investigation de cette artiste « Harriet Lord-Burden » qui a véritablement existée.

A première vu il semblerait que la lecture m'ait plu me diriez-vous. Mais (et c'est là que le bas-blesse), cette lecture est bien trop fastidieuse. Je n'abandonne jamais un livre peut importe le sujet, la longueur, l'ennui, mais je dois le reconnaître que j'ai failli faire une exception. La configuration de ce roman nous est présentée comme un documentaire sur la vie de cette artiste. On mêle ainsi les écrits de ses proches, à des passages de ses carnets aux interviews que l'auteure a pu donner. le ton est bien lourd à mon goût. On en vient à nous dégouter de cette artiste qui pourtant se positionne comme la victime de cette histoire. Avec un style hyper snobinard, on nous entraîne dans le milieu artistique de la fin du 20ème siècle. On passe de personnes en personnes qui ont connues l'artiste ou sa vie, mais sans prendre notre temps, sans réfléchir à ce qu'on nous dit. L'auteure nous livre un pavé qui devient de plus en plus indigeste en tournant les pages.

Cette lecture aurait pu garder sa légèreté sans perdre la force de ce sujet. Car quand on entre dans la psychologie des personnes, le roman prend une nouvelle dimension beaucoup plus intense!
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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Un grand roman, foisonnant et étonnant sur le destin d'Harriet Burden, surnommée Harry, femme artiste qui plutôt que d'être niée par ses pairs va choisir des "nègres" artistiques pour montrer son travail et construire son oeuvre. Encore une fois Siri Hustvedt nous raconte avec intelligence et brio ce monde de l'art déjà abordé dans "Ceux que j'aimais", les disparités entre les hommes et les femmes et leur rôle dans la société de l'époque. A travers une sorte d'enquête, regroupant témoignages de tiers et morceaux choisis des carnets d'Harry, le lecteur découvre petit à petit la vie d'Harriet Burden mère, femme de collectionneur et artiste elle-même. Voyage à travers la personnalité complexe et l'intimité psychologique d'une artiste prolifique et hors norme, ce roman décortique les méandres de la création et de son interaction avec les autres et les codes sociaux.

Cachée derrière trois de ses amis, Harry présente ses créations à travers eux pour éviter que son travail ne soit dévalorisé ou sous-estimé par le fait qu'elle soit une femme, c'est non pas une oeuvre mais trois qu'Harry devra construire pour coller à la personnalité de chacun d'eux. Contrairement à ce que le lecteur peut penser, elle n'est pas une victime mais plutôt une sorte de manipulatrice névrosée et lucide qui utilise ces trois hommes pour une reconnaissance par procuration de son travail. Mais Harriet saura-t-elle jamais si son talent est reconnu pour tel ou pas ? Si le fait que son oeuvre présentée sous couvert masculin implique une déformation de la perception faite de celle-ci ? Aurait-elle finalement eu plus de reconnaissance en se présentant elle-même et en donnant une dimension féminine à son travail ? Beaucoup de questions et de doutes finalement… Aura-t-elle eu raison de ne pas faire confiance à son propre talent ?

J'ai beaucoup aimé ce roman qui reste avec "Tout ce que j'aimais" et "Un été sans les hommes" l'un de mes préférés. J'ai aimé le portrait de cette femme et la façon dont l'auteur nous présente cette personnalité complexe et fragmentée à travers les écrits de ses amis, de ses enfants ou à travers ses propres carnets. Leur perception de cette femme, artiste ou mère, est tout au long du récit finement analysée, que ce soit la démarche créative d'Harriet ou son intimité de femme et de mère, l'analyse est travaillée et brillante. J'ai retrouvé tout ce que j'aime chez Siri Hustvedt : ses thèmes de prédilection comme la création, la psychologie, le monde de l'art, l'intimité du couple, la reconnaissance artistique ; la finesse de construction du récit et l'intensité narrative de ses romans précédents ; l'écriture précise et exigeante.

Un roman exigeant et dense, bouleversant et tendre qui nous raconte la vie d'une artiste à la personnalité forte et fragile à la fois.
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Et même si Harriet m'intéressait beaucoup et que j'aurais aimé connaître la fin de son histoire, je n'ai pas pu... Ma lecture était un trop dur labeur. L'écriture froide et sèche ne me convient pas... Tant pis.
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Harriet Burden, artiste américaine plasticienne, vit mal les critiques mitigées sur son oeuvre, la non-reconnaissance des collectionneurs. Mal dans son corps trop grand (elle mesure 1mètre 98), presque masculin, elle souffre de n'être que la femme du riche collectionneur Félix Lord.
Le monde de l'art est particulièrement sexiste et bon nombre de femmes se sont travesties pour faire entendre leur voix.
A la mort de Félix, Harry se sent encore plus furieuse et perdue, même si elle connaissait les frasques de son mari bisexuel.
Avec la fortune de son mari, elle s'installe à Brooklyn, héberge des artistes paumés, puis décide de valoriser son art sous des masques, des prêtes-noms.
" Je voulais voir dans quelle mesure mon art serait reçu différemment en fonction de la personnalité de chacun des masques."
Ainsi, elle serait l'auteur cachée de l'Histoire de l'art occidental d'Anton Tish, de Chambres de suffocation d'Eldridge et de Au-dessous de Rune.
" Elle avait voulu un récipient mâle à remplir d'art." Les expositions de ces artistes furent des succès mais Harry ne saura jamais si c'est parce qu'elle avait adopté une personnalité masculine ou si le succès est lié à l'artiste, même si c'est un homme inconnu ou un métisse homosexuel.
Si ls collaborations avec Anton et Eldridge se sont bien passées, il en va tout autrement avec Rune, un ancien ami de Félix qui cherche à s'approprier le succès. Harry devra écrire des chroniques sous le nom de pseudonyme pour tenter de reprendre la main sur son travail.
Femme, intellectuelle, elle voulait à la fois trouver ce qu'elle était vraiment et jouer une ruse à ces "types prétentieux du monde de l'art capable de faire ou de défaire les réputations."

Le récit de Siri Hustvedt, autre femme américaine, intellectuelle sous la coupe d'un mari célèbre plus médiatisé, se veut comme l'oeuvre de Burden, complexe et intrigant.
Non seulement, le roman est un mélange de plusieurs témoignages ( extraits des carnets de Burden, interviews des proches, témoignages des artistes prête-noms et de leur famille) mais il regorge aussi de références littéraires et artistiques.

Toutefois, Siri Hustvedt parvient sous cette complexité et cette érudition à façonner un personnage humain. Fille unique d'un père professeur et d'une mère juive, elle a très vite ressenti la soumission de sa mère sous le joug d'un mari dominant. Elle s'est ensuite reconnue dans son propre couple en cette femme soumise.
Le besoin de vengeance est donc un état profond chez cette artiste qui s'est toujours reconnue en Margaret Cavendish, duchesse de Newcastle ( 1623-1673).
" Il y a du travesti partout chez Cavendish. Comment, sinon, une lady pourrait-elle galoper dans le monde? Comment, sinon, pourrait-elle se faire entendre?"
Et la dernière oeuvre d' Harry sera le monde flamboyant, une "femme-maison" en mémoire de la duchesse.

Ce roman n'est pas facile d'accès mais il est riche de plusieurs visons intéressantes. On y trouve bien évidemment le monde de l'art avec son hypocrisie, son extravagance, le questionnement des artistes sur la valeur, la nature de leur art.
" Les grecs savaient que le masque, au théâtre, n'était pas un déguisement mais le moyen d'une révélation."
Lui est fortement lié par le sexisme de ce monde, le rôle de la femme.
" Pendant des années, me dit Harry, Félix l'avait interrompue en pleine phrase, et elle s'était tue."
Dépression, folie, questionnement d'identité nous font aussi aborder le rôle de la psychanalyse.
En intellectuelle américaine, l'auteur évoque brièvement la société américaine, son confort matérialiste bousculé par l'attentat du 11 septembre.
" Les humains sont les seuls animaux qui tuent pour des idées."
Le récit sur la fin de vie, la maladie est finalement remarquable et touchant.
" L'enfer, c'est ici, maintenant, et son nom est médecine."

Le récit mélange habilement l'aspect documentaire, le côté enquête pour comprendre le rôle de Rune, les récits romanesques qui nous font découvrir la vie de plusieurs personnages et constitue ainsi un roman complet et passionnant.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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