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Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782742775255
399 pages
Actes Sud (30/04/2008)
3.43/5   230 notes
Résumé :
De retour à New York après l'enterrement de leur père, dans le Minnesota, Erik Davidsen, psychiatre divorcé, et sa sœur, Inga, veuve dévastée et récente d'un écrivain célèbre, découvrent la lettre qu'une femme a jadis adressée au disparu et par laquelle ils apprennent que leur père aurait naguère été impliqué dans une mort mystérieuse. Dès lors, dans une Amérique toujours traumatisée par les événements du 11 Septembre survenus quatre ans plus tôt, tous les personnag... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
3,43

sur 230 notes
Secrets de famille américaine et introspection psychanalytique, un roman au déroulement lent, avec plus de réflexions que de suspense.

Perturbé par la mort de son père et par ses propres échecs amoureux, un psychiatre sombre dans une phase dépressive qu'il décrit comme une anhédonie (absence de plaisir). Même si la présence d'une jolie locataire nourrit ses fantasmes et qu'une collègue le réconforte, l'homme est constamment en train de s'analyser et est souvent douloureusement atteint par ce que lui racontent ses patients.

En parallèle, la lecture du journal de son père permet de remonter dans le temps, les générations précédentes avec les drames et la vie difficile des immigrants, mais aussi avec des zones grises, des interrogations sur le passé qu'il partage avec sa soeur.

Les différents fils de l'histoire apportent des idées intéressantes sur le fonctionnement de la mémoire et sur le rôle des rêves dans nos vies.

Une lecture intéressante, mais à laquelle il faut parfois s'accrocher pour poursuivre jusqu'au bout.

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Il y a ce que l'on voit de quelqu'un, et il y a tout ce qui le constitue, son passé, ses origines, son expérience de la vie et les tragédies qui y ont pris place, tout ces séismes qui constituent l'être intérieur. Erik Davidsen passe sans cesse de ce regard extérieur aux méandres de l'âme des personnes qui l'entourent.
Psychiatre fragilisé par son divorce et le décès de son père, ses entretiens avec ses patients le touchent, voire le perturbent. Lui, comme sa soeur harcelée par des journalistes voulant révéler un scandale touchant son mari défunt qui fut un écrivain célèbre, ou encore sa nièce, qui a vécu de près les attentats du 11 septembre, jusqu'à ces patients d'un rendez-vous à l'autre, tous changent imperceptiblement au contact des autres.
Avec adresse et subtilité, Siri Hustvedt arrive à tracer des liens, telle une toile d'araignée, entre divers personnages qui gravitent autour d'Erik et de sa soeur. Plongeant tour-à-tour dans les souvenirs du père vétéran de guerre et l'attirance amoureuse d'Erik pour sa nouvelle voisine, la belle et mystérieuse Miranda, nous évoluons sans cesse entre les différentes strates de la vie du narrateur et ses différentes facettes.
c'est un roman très vaste, comme souvent chez Siri Hustvedt, et en permanente évolution, comme une traversée dans les méandres de la psychologie.
J'ai adoré plonger dans ce roman riche et beau qui me redonne envie de lire Siri Hustvedt encore et encore.
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Erik Davidsen est un psychiatre, divorcé. Il vient de perdre son père. Dans les papiers de celui-ci, il trouve une allusion à une femme, qui est-elle ?

C'est un livre dense à l'écriture raffinée. J'ai bien aimé suivre l'histoire d'Erik avec sa voisine et sa fille. Mais il y a trop de fils à suivre, trop d'histoires : celle du père, de la soeur et de feu son mari, ainsi que d'autres à suivre à travers celles-ci. On suit chaque histoire séparément même si parfois elles se touchent, elles progressent lentement, elles sont très, trop détaillées. J'ai fini par m'ennuyer à force de changer de personnage et d'avoir l'impression de lire plusieurs fois la même chose.

La narrateur m'a agacé avec ses manières. A un passage évoquant un film, l'écriture m'a fait penser à son mari, monsieur Auster dans le livre des illusions dans un autre passage parlant aussi d'un film. (Et une amie m'a dit la même chose avant que je le lui dise dans un autre livre !)

En gros, une déception, je n'ai peut-être pas commencé par le bon. Les bonnes critiques de ses autres livres me donnent envie de réessayer avec Siri Hustvedt.
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Eric et Inga Davidsen viennent de perdre leur père, et en rangeant ses papiers ils découvrent une lettre dérangeante signée d'une femme dont ils n'ont jamais entendu parler et parlant d'une mort qu'il fallait garder secrète. Eric et Inga vont donc essayer de résoudre ce mystère.

Voilà la (très mince) trame de départ de ce roman de la mémoire et du deuil de Siri Hustvedt, The Sorrows of an American – les soucis et ou les peines d'un Américain – étrangement traduit par Élégie pour un Américain en français. Autant le titre originel nous orientait sur la complexité de ce que signifie être américain, avec l'importance de l'immigration, la façon de se fondre dans le creuset, de conserver ses racines tout en se sentant parfaitement américain (et cela évoque des résonances profondes en ce moment), autant le titre français affadit le propos. Élégie vient du grec élégos qui veut dire plainte et suggère une sorte de poésie douce et triste, enfermant ce livre fort dans une forme qui n'est pas la sienne et affadit son propos.

Le narrateur est Eric, psychiatre divorcé qui, au début du roman, vient de louer une partie de sa maison à une jeune femme d'origine jamaïcaine Miranda et à sa fille de cinq ans, Eglantine. Eric se sent immédiatement attiré par Miranda qui est harcelée par le père d'Eglantine : celui-ci prend sans cesse des photos, très intrusives, ce qui permet quelques développements angoissants fort bien construits ainsi que d'autres plus philosophiques sur la puissance de l'image dans la construction de notre vécu. Car au fond, c'est le vrai propos : comment se construire vraiment ? Comment se tenir debout quand on est confronté au deuil et à la mémoire, au secret de famille, aussi.

Ce roman est construit en strates qui s'imbriquent les unes dans les autres, qui se répondent et se complètent comme une gigantesque métaphore du travail qu'un individu doit accomplir pour se construire une image cohérente de lui-même : légendes familiales, non-dits destructeurs, traumatismes personnels ou nationaux comme celui du 11 septembre, deuils, présence des morts dans la vie des vivants, ambiguïtés sexuelles, comment s'y retrouver ?

La complexité de la vie se retrouve dans la façon très naturelle dont Siri Hustvedt mêle les histoires des différents personnages en incluant également dans son travail le journal de son propre père disparu.

Les passages du livre extraits des Mémoires de Lars Davidsen proviennent directement de ceux de mon père, avec quelques rares modifications éditoriales, notamment des noms propres.

Où se situe la fiction ? Où se trouve la réalité ? Dans ce livre les personnages s'expriment parfois dans des discussions si pointues que cela tient de l'exposé sur les neurosciences et la philosophie mais cela passe, tellement le moment est intégré à l'ensemble du texte. Les difficultés des patients d'Eric à concevoir la réalité de leur personnalité font écho à la fragilité de celui à qui ils confient leur mal-être. Au fond, qu'est-ce que la mémoire, et permet-elle de construire les fondements d'une existence ?

La mémoire ne prodigue ses cadeaux que si quelque chose, dans le présent, la stimule. Ce n'est pas un entrepôt d'images et de mots fixes, mais un réseau associatif dynamique dans le cerveau, jamais inactif et sujet à révision chaque fois que nous récupérons une image ou un mot du passé. Je savais que, du simple fait de son arrivée dans ma vie, Eglantine avait commencé à me ramener vers ces chambres de mon enfance qu'en dépit de mon analyse j'avais gardées fermées – ou plutôt entrouvertes juste assez pour apercevoir un trait de lumière ou respirer de temps à autre une odeur de moisi.

Tous les personnages du livre de Siri Hustvedt – j'ai de la peine à parler de roman – se débattent dans le même vivier, quel que soit leur âge. Ils sont tous hantés par la perte : Eric par la perte de son père mais aussi par celle de sa femme depuis leur divorce ; sa soeur Inga par celle de son père et plus encore par celle de son mari, écrivain célèbre autour duquel tourne des lettres écrites à une maîtresse dont le contenu intéresse beaucoup de monde ; sa nièce Sonia en deuil de son père et de tout ce qu'elle a vu le 11 septembre ; Miranda qui s'est construite autour de l'assassinat de son oncle homosexuel ; Lane le père d'Eglantine dont les parents sont morts dans un accident de voiture : ils sont à la recherche de la pièce manquante du puzzle de leur existence, celle qui en éclaircira le sens.

On cherche à donner un sens à sa vie mais tout est biaisé et l'auteur multiplie les notations fines sur la façon dont on se trompe sur les réactions des autres, déclenchant ainsi des réactions en chaîne terribles :

Derrière le regard de Lorelei, dans lequel j'avais lu de l'insécurité et Inga du mépris, se cachait un fouillis de rapports de classes, d'égalitarisme pionnier et de nature humaine pure et simple. En observant ma soeur, assise à table en face de moi, je remarquai qu'elle portait un chemisier blanc sans manches et un étroit pantalon bleu foncé, qui, malgré leur inoffensive simplicité, avaient cet éclat de qualité des vêtements coûteux qui m'avait toujours intrigué mais qui est néanmoins immédiatement perceptible. (…)

La moindre différence perçue, si minime soit-elle, peut devenir un argument de division – fortune, éducation, couleur de peau, religion, parti politique, style de coiffure, n'importe quoi. Les ennemis sont vivifiants. Malfaiteurs, fanatiques religieux, barbares. La haine est excitante et contagieuse, et elle élimine commodément l'ambiguïté. On n'a plus qu'à se défausser de ses saletés sur les autres.

Confondant, vous ne trouvez pas ?

Dans un final polyphonique absolument somptueux, Eric recolle les bribes de souvenirs en un patchwork d'une infinie délicatesse. Et si les soucis de cet Américain, cette élégie parfois douce, souvent angoissante construite avec entêtement et tendresse pour ses personnages nous mettait face à notre propre fragilité, à la reconstruction permanente de notre mémoire ?
Lien : http://nicole-giroud.fr
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Une écriture exigeante pour un public averti. La lecture de ce roman est assez éprouvante : le lecteur doit rester concentré si il ne veut pas effectuer une "sortie de route".
Siri Hustvedt livre un roman où l'analyse et la psychanalyse sont les mots clés : on y parle des ombres et des fantômes qui nourrissent les souvenirs et les inconscients personnels et collectifs.
Mon ressenti est mitigé. Certes, c'est de la vraie littérature, c'est du "costaud", mais je n'ai pas été emporté. Peut-être à cause de son côté trop cérébral.
Voici un extrait de la quatrième de couverture : "Conjuguant la mémoire de l'immigration et le thème du secret de famille, pointant les ambiguités de la transmission et la difficulté pour tout individu de réinventer sa vie, Siri Hustvedt écrit ici le roman compassionnel de l'inconscient d'une Amérique déchirée entre l'apparente infaillibilité de ses mythologies fondatrices et la profondeur des désarrois qui l'habitent aujourd'hui".
Je crois que tout est dit! Si vous avez compris, alors ce roman est fait pour vous. Sinon accrochez-vous. C'est ce que j'ai fait!
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Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
Les lieux anciens raniment les intempéries de notre passé. Les vents paisibles, les clames douloureux et les fortes tempêtes des émotions oubliées nous reviennent lorsque nous retournons là où elles sont nées.

(p. 212)
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… nous organisons les perceptions pour en faire des histoires avec un début, un milieu et une fin, du fait que nos fragments de souvenirs n’ont de cohérence qu’une fois qu’ils sont configurés à l’aide de mots. Le temps appartient au langage, à la syntaxe, à la conjugaison
(p. 69)
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Ça ne manque pas d'ironie, pourtant, parce que dans mon livre j'essaie de parler de la façon dont nous organisons les perceptions pour en faire des histoires avec un début, un milieu et une fin, du fait que nos fragments de souvenirs n'ont de cohérence qu'une fois qu'ils sont configurés à l'aide de mots. Le temps appartient au langage, à la syntaxe, à la conjugaison.
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La mémoire ne prodigue ses cadeaux que si quelque chose, dans le présent, la stimule. Ce n'est pas un entrepôt d'images et de mots fixes, mais un réseau associatif dynamique dans le cerveau, jamais inactif et sujet à révision chaque fois que nous récupérons une image ou un mot du passé.
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La moindre différence perçue, si minime soit-elle, peut devenir un argument de division - fortune, éducation, couleur de peau, religion, parti politique, style de coiffure, n'importe quoi. Les ennemis sont vivifiants. Malfaiteurs, fanatiques, religieux, barbares. La haine est excitante et contagieuse, et elle élimine commodément l'ambiguïté. On n'a plus qu'à se défausser de ses saletés sur les autres.
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Vidéo de Siri Hustvedt
Près de 15 000 amoureux du livre se sont retrouvés au Salon Fnac Livres qui s'est tenu en plein c?ur du Marais, pendant 3 jours, à la rencontre de plus d'une centaine d'auteurs incontournables de la rentrée littéraire, des grandes figures de la bande dessinée, de la littérature jeunesse, du cinéma... Guillaume Musso, Josiane Balasko, Fabrice Luchini, Siri Hustvedt, Jonathan Coe, Céline Alvarez, Juanjo Guarnido et bien d'autres... sans oublier Bérengère Cournut, lauréate du Prix du Roman Fnac pour son roman de pierre et d'os, paru aux éditions le Tripode.
« La France est certainement l'un des pays où la passion des lecteurs est la plus intense ». C'est par ces mots que Bret Easton Ellis, invité d'honneur du Salon Fnac Livres, a inauguré cette 4e édition.
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