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sur 15723 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le meilleur des mondes ou, une illusion de bonheur pour des hommes et des femmes emprisonnés docilement dans leurs « flacons », de la conception jusqu'à la mort. La seule condition pour jouir de cette illusion, est de ne pas sortir du « flacon ».
Prédestinés à une vie de bonheur plat, fade, sans recherche, sans combat, flottant dans leur bulle de bonheur mensonger, formaté, insipide. Civilisés, parqués en castes comme des outils, dénués du sens de l'initiative, de l'imagination, de l'art et de la beauté. Pas le temps d'éprouver des sentiments, le soma est là pour assommer le moindre soupçon de solitude ou d'irritabilité. Le soma, cette drogue distribuée comme des bonbons, c'est la stabilité, l'ordre, la paix. L'hypnopédie, ces messages insensés répétés inlassablement, des vérités indiscutables, des codes de conduite irréfutables. Des cerveaux lavés, formatés, des hommes et des femmes infantilisés, robotisés. Il n'y a plus de « moi ».

À côté de cela, il y a la réserve d'indiens sauvages. Sales, mais non pollués. Intacts, beaux et complets. Ils sont violents, risibles, incompréhensibles aux yeux des civilisés, mais leur nature est humaine. Ils sont libres, d'une liberté qui leur est propre, dictée par leur sensibilité, leurs rêves.

Leur bonheur peut être grandiose car il demande des efforts, des privations, de la réflexion, de l'autonomie. S'il n'y a plus d'obstacles à franchir, le bonheur n'a plus lieu d'être. Il ne peut y avoir de jour que s'il y a la nuit.

Un roman fort qui parle du bonheur. D'un bonheur véritable, bonheur passion chez des sauvages qui sont restés des hommes, en opposition à un bonheur factice, de pacotille, écoeurant, dégoulinant.

Une utopie dérangeante qui dénonce une société cherchant à éliminer tous les obstacles pour accéder à satisfaire le moindre désir, plutôt au nom de la stabilité qu'au nom du bonheur. Aldous Huxley est un formidable visionnaire, car même si notre société n'est pas à ce point repoussante, elle est bien trop souvent manipulée par la consommation, l'achat d'un semblant de bonheur, les messages télévisés abrutissants, les codes vestimentaires. Heureusement il reste les livres, la beauté gratuite, la possibilité d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte. On n'est pas obligé d'entrer dans le moule.
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Les utopies ou au contraire les dystopies ne sont pas les romans que je préfère. Malgré tout, j'ai beaucoup aimé "Le Meilleur des mondes", très original mais qui m'a bien plu !

Ce roman, qui connut un vive succès dès sa sortie, raconte une société "civilisée" où père et mère n'existent plus, donc où les enfants sont fabriqués et divisés, dès leur naissance, en sous-classes, allant des Alphas (+ ou -) jusqu'aux Epsilons. Chacun est donc destiné à accomplir la tâche qui lui est dûe et vit heureux dans le bonheur et la tranquillité...En outre, le "soma", une substance sans danger, est utilisé très souvent pour "rêver, s'évader, n'être plus conscient du monde qui nous entoure"; Dieu n'est plus prononcé, désormais remplacé par Notre Ford, le tout puissant de ce Nouveau monde, et les livres de Shakespeare sont inconnus...

Le livre prend toutefois des dimensions différentes à partir du moment où deux jeunes employés du bureau où l'on "fabrique" les bébés, Bernard Marx et Lenina Crowne, décident de voyager dans une Réserve sauvage. A partir de là, la rencontre avec un "sauvage", John, et sa mère, Linda, va changer le cours de l'histoire et John n'acceptera jamais les conditions de cette société civilisée.

C'est une magnifique lecture, très enrichissante, qui défend des idées visionnaires, et qui reprend, de façon implicite, la vie du temps de l'auteur (Lenina = Lenine; Bernard Marx = Karl Marx, et bien d'autres...).

A lire avec grand plaisir !!
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Bienvenue dans le meilleur des mondes ! Celui du bonheur universel où tout un chacun a été conditionné avant même qu'il ne naisse afin d'apprécier à sa juste valeur le monde civilisé qui l'accueille et le métier pour lequel il est prédestiné avant même de voir le jour. Pas de parents puisque tout le monde est fabriqué au Centre d'Incubation et de Conditionnement. Pas de famille, ce sont des problèmes en moins. Un métier que l'on aime, quel qu'il soit, c'est le pied.

Un p'tit coup de mou ? Aucun problème, prenez un soma, petit médicament qui vous plonge dans un sommeil paradisiaque.

C'est ça le meilleur des mondes, c'est la stabilité sociale. Ça vous fait pas rêver ?

Bon par contre, n'imaginez pas pouvoir penser par vous-même et inutile de vouloir être une personne à part entière. On ne peut pas tout avoir non plus, on fera donc l'impasse sur les libertés. Mais c'est pas grave puisque vous n'en êtes même pas conscients...

À part peut-être Bernard, mais lui c'est pas pareil, il a été raté à la conception (la rumeur dit qu'on lui aurait injecté de l'alcool dans son pseudo-sang quand il était encore dans un bocal...). Et maintenant, il se pose des questions alors qu'il ne devrait pas, il est mélancolique au lieu d'être heureux... comme si ça suffisait pas qu'il soit rejeté par ses compères... Bah oui, suivez un peu, il a été raté : il est différent (physiquement) de ses collègues Alphas.

Ah c'est vrai, je ne vous ai pas encore parlé des différentes castes. Alors même que vous êtes encore un oeuf, la caste à laquelle vous appartiendrez vous a été déjà assignée. Aurez-vous la chance d'être un Alpha, l'élite de la société, grand, beau, fort et intelligent ? Ou un Béta ? Un Gamma ? Un Delta ? Ou encore un Epsilon, petit, laid, bête, voué à accomplir les plus basses besognes ? Aucune importance, de toute façon vous serez satisfait de votre rôle à jouer dans cette société "à peine" sous contrôle...

Mais revenons à nos moutons. Bernard donc. Il se demande quel genre de personne il serait s'il n'était pas conditionné. Une fille lui plaît, il l'emmène alors en vacances, au Nouveau-Mexique, visiter une réserve de Sauvages.

Et c'est là que John entre en jeu. Ce Sauvage que Bernard ramène à Londres y découvre le monde que sa mère lui parlait tant. le monde idéal quoi, mais il va vite déchanter. Rejeté par les Sauvages à cause de la couleur de sa peau trop pâle, objet de curiosité par les Civilisés parce qu'il a une mère, John ne sait pas où est sa place...

Il y aurait encore plein choses à vous expliquer, notamment en ce qui concerne l'organisation et le fonctionnement de cette société. Mais ce serait tout vous gâcher alors je n'ai plus qu'à vous conseiller de lire ce bouquin (si ce n'est déjà fait).

Pas de personnage principal mais plutôt des personnages principaux : un Alpha raté, une Alpha parfaite et un Sauvage érudit. On les voit tous les trois évoluer dans une société soit disant utopiste, qui les prive du libre-arbitre en échange d'une vie harmonieuse et heureuse, sans guerres et sans conflits. Pour certains, l'issue était inévitable mais il y a avant cela une prise de conscience à laquelle on est flatté d'assister. On reconnaît en eux des personnalités qui ont réellement existé, comme Lénine, Marx, Darwin ou Napoléon. À travers eux, l'auteur aborde et mélange des sujets divers : l'eugénisme, le totalitarisme, l'organisation du travail (fordisme ?), la surconsommation, l'influence des médias.

Le système de cette société est très bien dépeint : les différentes étapes de la fécondation (on assiste d'ailleurs dès le départ à une visite guidée du Centre), "l'élevage" des enfants, le conditionnement et la propagande, les spécificités des différentes castes, la stabilité sociale, etc. J'aurais aimé avoir davantage de détails sur les loisirs proposés, je n'ai effectivement pas réussi à me représenter les courts de Paume-Escalator par exemple, ou encore le vibromassage par le vide. Mais en dehors de ça, on comprend très bien comment fonctionne la société dans son ensemble.

Côté intrigue, j'y ai relevé quelques longueurs. Mais il faut dire que je ne suis pas en grande forme en ce moment, ça y a certainement joué.

Au même titre que "1984" et "Fahrenheit 451", il me fallait lire un jour ce classique dystopique que quasiment tout le monde a déjà lu autour de moi. Voilà qui est chose faite. Ce roman d'anticipation donne la chair de poule, parce que pas si fictionnel que ça sur certains points (société qui nous pousse à la consommation et influence des médias notamment). Publié dans l'entre-deux-guerres, en 1932, on se rend compte de l'avant-gardisme de ce récit qui fait froid dans le dos malgré l'absence de guerres, de maladies et de religions, le bonheur universel et le côté "bien-pensant" des dirigeants.
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Attention, je vous préviens. Outre la longueur, cette critique comporte pas mal d'interrogations...
Qu'est-ce que l'auteur a voulu nous dépeindre avec son le Meilleur des Mondes ? Un monde idyllique dans lequel il croyait ou au contraire, un monde plus qu'effrayant dont il percevait les prémices ?
Ce livre a été écrit en 1931 et a connu un succès international. ça, c'est pour la situation dans le temps. Nous sommes en 2019 et nous pouvons nous apercevoir qu'Aldous Huxley était un visionnaire.

Outre les avancées technologiques qui y paraissent, comme les machines volantes ultra rapides (elles arriverons bientôt), les cinémas insufflant des odeurs (il y a déjà des magasins qui les proposent), son monde est décrit comme étant le meilleur. Pourquoi ?
Il n'y a pas cette fameuse recherche du bonheur dont on nous bassine comme quelque chose de vital et d'incontournable pour se sentir bien, parce que le bonheur est présent partout et pour tous. Mais comment ont-ils réussi ?

Les gens sont quadrillés dans des fonctions déterminées avant leur naissance. Ils sortent en éprouvette et sont conditionnés dès leur plus jeune âge, par des expériences forcées et répétitives, pour devenir des êtres parfaits dans le travail qui leur a été désigné. Ils ne se plaignent donc jamais et ne ressentent aucune frustration. N'ayant ni père ni mère, la filiation et l'appartenance à une famille sont totalement inexistantes.

Après le travail, des activités ludiques sont mises à leur disposition, ils n'ont que l'embarras du choix. Si par mégarde, un petit sentiment, non, une sensation de gêne, de colère apparaît, vite ! Une pilule, le soma ! qui les emmène au septième ciel. Ils ne connaissent pas la maladie ni la vieillesse. Ni les choses usées. On jette. A quoi sert de réparer ? On prend du neuf.
Ce bonheur-là, en voudriez-vous ?

L'homme n'a plus aucune conscience. Il est un rouage d'une machine bien huilée. Mais qui sert à qui ? Il n'a plus son libre arbitre, n'a plus besoin de faire des choix, ne fait plus d'erreur et n'a donc rien à assumer. Il n'est plus honteux, ni coléreux. Il n'a aucune responsabilité. Il ne doit plus se battre et n'a plus de sentiments jouissifs (à part en prenant le soma).

Un personnage est différent et est nommé Le Sauvage. Il vient des hommes, né d'un père et d'une mère et comme tous ceux de son "espèce", ils sont retranchés dans des réserves que l'on peut visiter le temps d'un week-end. Il sera emmené dans le monde du bonheur et se révoltera après en avoir eu assez de s'exposer aux autres comme un animal de cirque et d'avoir la nausée devant ces gens aux mêmes visages. Inconcevable ! et ridicule ! Il sera bien entendu rejeté.

Ah, j'oubliais ! Interdiction de se retrouver seul ou de chercher la solitude. A quoi sert-elle ? Et à qui profiterait-elle ? Evidemment, il n'y a pas lieu de puiser dans le passé, ni dans les livres. Ne plus devoir réfléchir !!! Ce serait le bonheur, non ?
Non ?
Cela paraît inconcevable ? Loin ?

Et pourtant...
Conditionnés dès le plus jeune âge pour notre futur métier. Mon fils, tu seras médecin ! Ma fille, tu seras avocate ! Croyez-moi, ça existe encore. J'ai connu un patron comme ça, avec ses enfants. Il leur interdisait même de cotoyer les fils d'ouvriers, à l'école.
Bébés parfaits sortis de tubes de verre, pour lesquels on choisira les particularités d'un géniteur, on n'en est plus loin.
Les activités ludiques qui nous sont proposées, on les compte à la pelle et dans tous les domaines. Réfléchissez déjà à celles autour des jeux sportifs et pour ceux qui n'en ont pas les moyens, des découvertes de la nature. Et les émissions TV de divertissements, elles sont toujours bien présentes !
Jeter les vieux objets, vêtements; même si on ne le veut pas, on a les deux pieds dans la société de consommation !
La pilule bonheur. Elle se présente aujourd'hui de manières fort nombreuses.
La solitude. Et le plaisir de se retrouver seul. Qui promotionne cela ? Qui de nous crie sur les toits "J'aime me retrouver seul, car je ne le suis jamais avec un livre!"
Et la réflexion. Quand on vous dit "tu n'es pas payé pour réfléchir !".
On en est pas loin de ce meilleur des mondes...

Mais, soyez rassurés. Tout cela ne m'empêche pas de rester positive. Car telle est ma nature :-)
En tout cas, merci à ceux qui ont été au bout de cette critique.
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Dans ce livre visionnaire écrit dès 1932, Aldous Huxley imagine une société qui utiliserait la génétique et le clonage pour le conditionnement et le contrôle des individus.

Dans cette société future, tous les enfants sont conçus dans des éprouvettes. Ils sont génétiquement conditionnés pour appartenir à l'une des 5 catégories de population. de la plus intelligente à la plus stupide: les Alpha (l'élite), les Bétas (les exécutants), les Gammas (les employés subalternes), les Deltas et les Epsilons (destinés aux travaux pénibles).

Le "meilleur des mondes" décrit aussi ce que serait la dictature parfaite: une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s'évader. Un système d'esclavage où, grâce la consommation et au divertissement, les esclaves "auraient l'amour de leur servitude"...

Ce livre reprend en fait les thèmes chers à Orwell dans 1984 : le totalitarisme, la manipulation des masses en vue de leur contrôle et le "grain de sable" qui fait vasciller la machine, avant de se retrouver broyé par elle... Ce qui est phénoménal ici, c'est le comparatif fait entre une société "civilisée", où la reproduction est exclusivement faite in-vitro, la sexualité n'ayant qu'une fonction récréative ("une personne appartient à toutes"), les notions de maternité et paternité étant qualifiées d'ignominieuses, et où tout sentiment est proscrit, le tout dans le but de fournir un "bonheur parfait"...

Le livre est construit comme une belle histoire : un descriptif presque clinique de la société "civilisée", comme un tour d'horizon, ou une visite dans un musée sociologique, puis à l'occasion d'un voyage d'agrément, le contact brutal avec des individus "autres"... et la volonté de les ramener à la civilisation... une civilisation qui n'est pas la leur, et dont l'insertion finira forcément en tragédie...

Je recommande chaudement cet ouvrage, qui vaut vraiment la peine d'être lu. Je ne suis pas seule à le dire, car cette oeuvre a été reconnue comme un des 100 chefs d'oeuvre de la SF par bon nombre de critiques...

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Voilà un livre dont tout le monde a du entendre parler un jour et dont je reportais la lecture depuis plusieurs décennies…
Pour ma part, c'est plus précisément pendant mes années lycée que j'ai entendu pour la première fois de ce livre et je me rappelle surtout que à l'époque, on faisait surtout le lien avec la fécondation in-vitro qui en était encore à ses débuts….Bref, bien que m'étant juré de lire avec intérêt ce « Meilleur des Mondes », finalement, il faut quand même reconnaître que c'est bien grâce au Challenge BBC que je me suis – enfin- lancée dans cette lecture …
Bon, le début a été plus que poussif, et les 60 premières pages n'ont seulement absolument pas plus intéressée que cela, mais en plus m'ont profondément ennuyée….Et puis, tout à coup, la sauce a pris : A partir du moment où la lectrice ( c'est-à-dire moi ) a enfin pu suivre un des protagoniste de l'histoire , Bernard Marx, j'ai commencé à avoir envie de connaitre la suite de l'histoire, et encore plus particulièrement à partir du moment où il va visiter la « réserve du Nouveau-Mexique » , où horreur ! , les enfants naissent encore de manière naturelle….
Je ne me lancerais pas dans une analyse du contenu de cette oeuvre de Aldous Huxley. Bien des babelionnautes l'ont déjà fait et de manière fort brillante….
Je ne peux cependant que saluer le génie visionnaire de l'auteur, car finalement, je pense que cette lecture m'aurait beaucoup plus marquée à l'époque de sa publication, puisqu'entre temps, bien des avancés technologiques qu'il a avancé sont bien réelles et même rentrées dans notre quotidien…


Challenge Mauvais Genres 2021
Challenge BBC
Challenge ABC 2020/2021
Challenge Multi-Défis 2021
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Que de notre point de vue ce monde est une horreur sans nom : pas de libre-arbitre, pas de liberté individuelle. Les enfants ne naissent plus, ils mûrissent en bocaux et ils sont conditionnés dès le début de leur vie pour être destinés à une classe sociale et à une tâche spécifique.

Mais ce qu'ils ne connaissent pas, peut-il leur manquer ? Non, le conditionnement et le culte d'une personnalité sont là pour que ça n'arrive pas ! Quelques ratés de nourrissement (comme une ruche) alliés à un désir d'individualité mènent à des situations extra-ordinaires mais qui seront vite gommées, oubliées pour ne préserver que la stabilité !

L'histoire et l'écriture ont bien affronté le passage du temps et ce pourrait être un roman contemporain ; réquisitoire contre la pensée universelle et la science qui façonne pour ne profiter qu'aux plus puissants !

Nous n'en sommes pas si loin en fait, les cultures et les sociétés sont nivelées par le bas, les classes dirigeantes creusant de plus en plus le fossé ! Encore un peu de génétique, de manipulation de masses, de conditionnement intellectuel et ça sera tel que l'a écrit Aldous Huxley.

CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020
CHALLENGE BBC 2020
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Dans la famille dystopie, je demande une dictature parfaite !
Parfaitement, une dictature parfaite !
Selon la définition d'Aldous Huxley lui-même : « La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s'évader, un système d'esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l'amour de leur servitude. » C'est tout l'enjeu de ce livre. Flippant la manière dont cela résonne à nos oreilles du XXIème siècle pas vrai ?

Passé le premier chapitre assez rébarbatif sur les méthodes de clonages, nous sommes propulsés dans une société où les hommes sont créés et élevés en batterie, conditionnés, modélisés dès leur plus jeune âge (pour ne pas dire dès leur conception) dans la fonction qui leur a été attribuée ; une société organisée sous forme de castes, des alphas aux epsilons, qui vénèrent la stabilité sociale, « chacun appartient à tous les autres » (si !si !) et Notre Ford bien sûr ! Dans ce monde merveilleux, il n'y a plus ni guerres, ni haine, ni violence, ni religions (ou plutôt, une nouvelle forme a supplanté toutes les autres), il n'y a plus ni amour, ni libre arbitre non plus. Pourquoi faire ? puisque tout est organisé et contrôlé pour que l'homme ne puisse plus être malheureux. Mais ne pas être malheureux signifie-t-il pour autant être heureux ? Ford soit loué !, si l'un d'entre eux a par inadvertance un coup de mou, ou un relent d'agressivité, ma foi, il y a le soma ! une drogue qui a « tous les avantages du Christianisme et de l'alcool : aucun de leurs défauts. » et qui n'est rien de moins qu'un « fragment de ce que nos ancêtres appelaient l'éternité. » C'est pas beau la vie ???

Enfin bref, un monde merveilleux, où tout le monde semble barboter dans le bonheur. Tout le monde ? C'est pourtant principalement à travers le regard de quelques personnes pas si bien adaptées que cela à ce modèle que nous découvrons cette société. Je n'en dirai pas plus, même si mes plus grands griefs sur ce livre vont à l'encontre des personnages. A vous de le découvrir et de le vivre !

Mine de rien, ce livre est écrit avec beaucoup humour et autant de clins d'oeil. Mais son plus grand intérêt est sans doute de nous inciter à réfléchir sur le devenir notre société. L'auteur nous met en garde, entre autre, contre le scientisme, l'eugénisme, la surconsommation, l'économie érigée comme une fin en soi (et non un moyen) et bien évidemment, contre les differentes facettes du conditionnement. Certains des thèmes abordés se sont éloignés (temporairement en tout cas) d'autres sont plus actuels que jamais. Ce qui m'impressionne le plus est que ce livre ait été écrit en 1932. Dans un environnement où les régimes totalitaires étaient en pleine floraison, l'auteur imagine un contre modèle très proche, trop proche, par certains aspects de notre monde actuel. Vraiment impressionnant.

Merci à Nadou38 de m'avoir embarquée dans cette lecture improvisée qui s'est métamorphosée en doublé inattendu, virevoltant entre SF et moyen âge ^^

Je finirai par la citation de Nicolas BERDIAEFF, en épigraphe ou épitaphe de ce livre (question de point du vue!) : « Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu'on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante : comment éviter leur réalisation définitive ?… Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d'éviter les utopies et de retourner à une société non utopique moins « parfaite » et plus libre. »
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Est-il bien pire que le notre, ce meilleur des mondes?
Chose certaine, il permet de répondre à plusieurs problèmes irrésolus actuellement et qui doivent de toute urgence être pris en main.
En effet, la surpopulation et les avancées technologiques mises en marché beaucoup trop hâtivement menacent l'environnement de manière alarmante. de plus, les nouvelles technologies ont un potentiel militaire bien trop effrayant pour être jamais utilisées.
Notre survie en tant qu'espèce va bientôt imposer la mise en place d'une instance mondiale apte à contrôler l'utilisation des ressources de plus en plus limitées de notre planète, exactement du genre ce celle que nous présente Huxley.
D'autre part, l'eugénisme commence déjà à être pratiqué par le biais de la fécondation in vitro et l'usage de drogues et de médicaments est de plus en plus répandu. Reste à atténuer les effets nocifs des drogues et médicaments et à trouver une instance ayant la volonté et la puissance nécessaire pour la mettre en place et nous vivrons bientôt dans le meilleur des mondes.
Une vingtaine d'année après avoir écrit ce livre, Huxley écrivait d'ailleurs qu'il lui semblait « possible que cette horreur s'abatte sur nous dans le délai d'un siècle. du moins, si nous nous nous abstenons d'ici là de nous faire sauter en miettes... » Et honnêtement, je suis de son avis. J'ai bien l'impression que l'humanité se dirige ou bien directement vers cela...ou bien vers sa disparition...
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Sur babelio, vous êtes plus de 37 000 personnes à l'avoir lu. Je me devais donc de le lire.
Et vous êtes plus de 500 personnes à l'avoir critiqué. Je me devais donc de vous rédiger quelques lignes.
Je ne vais rien vous apprendre de nouveau.

À part que j'ai trouvé le récit très intéressant, surtout quand l'on sait qu'il a été écrit en 1930.
J'admire, de ce fait, l'imagination de l'auteur.

J'aimerais vous décrire et vous donnez des tonnes d'émotions pour le déguster.
Mais vous l'avez déjà fait.
Alors, je n'aurais que deux mots :

Bonne lecture !
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