Attention, je vous préviens. Outre la longueur, cette critique comporte pas mal d'interrogations...
Qu'est-ce que l'auteur a voulu nous dépeindre avec son
le Meilleur des Mondes ? Un monde idyllique dans lequel il croyait ou au contraire, un monde plus qu'effrayant dont il percevait les prémices ?
Ce livre a été écrit en 1931 et a connu un succès international. ça, c'est pour la situation dans le temps. Nous sommes en 2019 et nous pouvons nous apercevoir qu'
Aldous Huxley était un visionnaire.
Outre les avancées technologiques qui y paraissent, comme les machines volantes ultra rapides (elles arriverons bientôt), les cinémas insufflant des odeurs (il y a déjà des magasins qu
i les proposent), son monde est décrit comme étant le meilleur. Pourquoi ?
Il n'y a pas cette fameuse recherche du bonheur dont on nous bassine comme quelque chose de vital et d'incontournable pour se sentir bien, parce que le bonheur est présent partout et pour tous. Mais comment ont-ils réussi ?
Les gens sont quadrillés dans des fonctions déterminées avant leur naissance. Ils sortent en éprouvette et sont conditionnés dès leur plus jeune âge, par des expériences forcées et répétitives, pour devenir des êtres parfaits dans le travail qu
i leur a été désigné. Ils ne se plaignent donc jamais et ne ressentent aucune frustration. N'ayant ni père ni mère, la filiation et l'appartenance à une famille sont totalement inexistantes.
Après le travail, des activités ludiques sont mises à leur disposition, ils n'ont que l'embarras du choix. Si par mégarde, un petit sentiment, non, une sensation de gêne, de colère apparaît, vite ! Une pilule, le soma ! qu
i les emmène au septième ciel. Ils ne connaissent pas la maladie ni la vieillesse. N
i les choses usées. On jette. A quoi sert de réparer ? On prend du neuf.
Ce bonheur-là, en voudriez-vous ?
L'homme n'a plus aucune conscience.
Il est un rouage d'une machine bien huilée. Mais qui sert à qui ? Il n'a plus son libre arbitre, n'a plus besoin de faire des choix, ne fait plus d'erreur et n'a donc rien à assumer. Il n'est plus honteux, ni coléreux. Il n'a aucune responsabilité. Il ne doit plus se battre et n'a plus de sentiments jouissifs (à part en prenant le soma).
Un personnage est différent et est nommé
Le Sauvage. Il vient des hommes, né d'un père et d'une mère et comme tous ceux de son "espèce", ils sont retranchés dans des réserves que l'on peut visiter le temps d'un week-end. Il sera emmené dans le monde du bonheur et se révoltera après en avoir eu assez de s'exposer aux autres comme un animal de cirque et d'avoir la nausée devant ces gens aux mêmes visages. Inconcevable ! et ridicule ! Il sera bien entendu rejeté.
Ah, j'oubliais ! Interdiction de se retrouver seul ou de chercher la solitude. A quoi sert-elle ? Et à qui profiterait-elle ? Evidemment, il n'y a pas lieu de puiser dans le passé, ni dans les livres. Ne plus devoir réfléchir !!! Ce serait le bonheur, non ?
Non ?
Cela paraît inconcevable ? Loin ?
Et pourtant...
Conditionnés dès le plus jeune âge pour notre futur métier. Mon fils, tu seras médecin ! Ma fille, tu seras avocate ! Croyez-moi, ça existe encore. J'ai connu un patron comme ça, avec ses enfants. Il leur interdisait même de cotoyer les fils d'ouvriers, à l'école.
Bébés parfaits sortis de tubes de verre, pour lesquels on choisira les particularités d'un géniteur, on n'en est plus loin.
Les activités ludiques qui nous sont proposées, on les compte à la pelle et dans tous les domaines. Réfléchissez déjà à celles autour des jeux sportifs et pour ceux qui n'en ont pas les moyens, des découvertes de la nature. Et les émissions TV de divertissements, elles sont toujours bien présentes !
Jeter les vieux objets, vêtements; même si on ne le veut pas, on a les deux pieds dans la société de consommation !
La pilule bonheur. Elle se présente aujourd'hui de manières fort nombreuses.
La solitude. Et le plaisir de se retrouver seul. Qui promotionne cela ? Qui de nous crie sur les toits "J'aime me retrouver seul, car je ne le suis jamais avec un livre!"
Et la réflexion. Quand on vous dit "tu n'es pas payé pour réfléchir !".
On en est pas loin de ce meilleur des mondes...
Mais, soyez rassurés. Tout cela ne m'empêche pas de rester positive. Car telle est ma nature :-)
En tout cas, merci à ceux qui ont été au bout de cette critique.