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Critique de Foxfire


Le début du livre nous présente deux hommes travaillant dans le milieu du cinéma essayer de retrouver l'auteur d'un scénario reçu dans les studios. Arrivés à destination, ils apprennent que l'auteur est décédé et finalement décident de nous offrir à la lecture ce scénario.
Le scénario (qui ne ressemble d'ailleurs pas tout à fait à un scénario, plus écrit, plus littéraire et moins dialogué) dépeint un monde post-apocalyptique dans lequel seule la Nouvelle-Zélande semble avoir été épargnée. Une expédition scientifique néo-zélandaise explore ce qui reste de l'Amérique. Un membre de l'expédition, le professeur Poole, tombe aux mains d'une horde de survivants. Il découvre alors une société barbare et ignorante.

L'auteur livre une dystopie réussie. Tous les maux d'un futur effrayant sont réunis : tyrannie, malformations congénitales (la peur de la bombe atomique est très forte à l'époque où le livre a été écrit et cela se ressent), mépris de la culture (scène de la destruction des livres)...
Mais l'aspect que j'ai trouvé le plus intéressant est l'évocation du fanatisme religieux de cette communauté. A ce titre, l'inversion des valeurs (la religion en vigueur est un culte satanique) est un parti-pris ironique, amusant et finalement malin. Il décrit notamment tous les moyens utilisés par le pouvoir religieux pour entretenir le fanatisme de ses ouailles et ainsi conserver son pouvoir : rationalisation de la foi (les membres du clergé n'ont de cesse d'argumenter afin de prouver qu'il est logique de croire et illogique de ne pas croire), politique de la terreur, maintien du peuple dans l'ignorance... Dans le contexte de ce fanatisme, les femmes sont particulièrement visées. Elles sont appelées "vases" (dans le sens de destinées à contenir un enfant) et sont accusées de par leur nature même d' attiser le désir des hommes. D'ailleurs, le thème de la sexualité est un autre aspect important de cette société. La sexualité est à la fois tabou (les rapports intimes ne sont autorisés que 2 semaines par an et hors cette période les femmes portent, sur leurs seins et leur sexe, des caches sur lesquels sont inscrits le mot "non") et à la fois débridée (la période des 2 semaines où les rapports sexuels sont autorisés est une orgie continue). En fait, dans cette société, la sexualité est réduite à sa dimension reproductrice, la sexualité amoureuse est interdite. Peut-être aussi Huxley a-t'il un rapport complexe et paradoxal à la sexualité, mélange d'attirance et de répulsion (mais ne connaissant pas encore l'auteur, c'est le 1er que je lis, je ne vais pas faire de conjectures en ce sens).

Le livre met un certain temps à démarrer. le prologue était à mon avis inutile et le récit aurait gagné à s'en passer et à entrer directement dans le coeur du sujet. Autre bémol sur la forme, je ne suis pas convaincue par le choix de la forme scénaristique (heureusement atténuée par l'aspect littéraire des interventions du "récitant", par l'abondance de descriptions et par le peu de dialogues). Mais j'aurais tout de même préféré que le livre soit écrit sous la forme d'un roman classique.
Malgré ces petits bémols sur la forme, la richesse et la pertinence du propos font de cette oeuvre un très bon livre.
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