Qui n'a pas rêvé d'être un commerçant du Moyen-Age parcourant mers et chemins en quête d'épices et d'étoffes rares et chers ? Il existe aujourd'hui peu d'aventures économique offrant à la fois une si grande prise de risques avec un enrichissement et une renommée assurés... en cas de succès ! Car lorsqu'on parle d'épices, on parle de pouvoir.
Les épices sont au coeur d'une saga du capitalisme qui voit s'affronter entre elles les grandes villes marchandes : Venise, Gênes, Lisbonne, Anvers, Amsterdam, Malacca ou Ceylan. La quête donne lieu à des aventures individuelles, à la création de Bourses et de Compagnies. Si les voyageurs solitaires existent, le voyage des marchands et des produits de luxe est organisé. de plus, voie terrestre et voie maritime sont soumises aux aléas des guerres. le choix d'un chemin peut dépendre moins de considérations géographiques que de la somme des taxes à payer, souvent doubles pour le non musulman que pour le croyant.
C'est tout cela que racontent Edith et François-Bernard Huyghes dans un récit abordable. Ils n'ont pas voulu rassembler ici une masse indigeste et exhaustive d'informations. Ils nous font vivre l'épopée commerciale en l'abordant bien entendu sous l'angle historique, mais sans oublier les anecdotes, les profils exceptionnels de ces aventuriers tous à la fois commerçants, géographes, et parfois militaires. Ils nous font voyager avec Sindbad et Marco Polo, vibrer avec Eustache Delafosse, contrebandier flamand, Alphonse l'Africain ou le prêtre Jean, pour finir avec la création des premières grandes compagnies. Il faut lire ce livre comme un roman d'aventures.
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Un récit intéressant, pas toujours très palpitant, mais très instructif. le processus de mise en place du phénomène des grandes explorations au XVème et XVIème siècle et très bien décrit. Intéressantes aussi les explications données au fait que ce sont les Portugais, et non les Chinois ou les Arabes qui se sont lancés dans de vastes explorations couvertes de succès, alors que les navigateurs des autres contrées bénéficiaient depuis longtemps des innovations techniques qui ont été fort utiles aux voyageurs lusitaniens. Bref un livre à lire si la genèse de la découverte du monde par les européens vous intéresse. Les épices ne sont qu'un prétexte à ce récit historique détaillé.
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Très intéressant petit livre, agréable à lire, qui mêle harmonieusement les analyses des enjeux et du contexte avec la vivante narration des aventures de ces marins génois, portugais, hollandais et autres qui se sont rués au-delà des mers avec une audace soutenue par la fièvre des épices qui s'était emparée de l'Europe à la fin du Moyen-Age.
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Excellente analyse, géopolitique avant l'heure, montrant comment, au-delà des connaissances techniques, les représentations mentales autant que les intérêts économiques et politiques ont décidés de choix ont eu des conséquences toujours actuelles.
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La mission de Païva et Covilha est préparée avec la plus grande discrétion, comme tous les voyages des Portugais qui érigent le secret en vertu nationale. (...) Les voici à Barcelone, à Naples, puis à Rhodes où, sur les conseils des chevaliers de Saint-Jean, ils se déguisent en marchands arabes. Ils pénètrent en terre d'Islam : Alexandrie, Le Caire, Aden, où ils se séparent.
Si l'on privait Venise des épices, "ce serait le lait et la nourriture qui viendraient à manquer à un nourrisson" écrit en 1501 dans son journal le banquier Girolamo Priuli.