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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

De ce livre foisonnant, érudit, citant entre autres (entre milliers d'autres)Isidore de Séville et Saint Augustin, racontant notre Moyen Age avec ardeur et passion, nous régalant de l'explication du Couronnement de la Vierge de Fran Angelico au Louvre, et, surtout, écrit de façon éperdument enthousiaste, sublimement lyrique, épanouie, de ce livre, donc, je vais essayer, en me sentant toute petite, de communiquer ma lecture.
Dans la Cathédrale, le héros de Huysmans se demande : suis-je plus heureux qu'avant ma conversion ? et la réponse est donnée par le foisonnement des symboles présentés dans les cathédrales, et en particulier dans Notre-Dame de Chartres, cette « blonde aux yeux bleus. ».Selon Durtal, critique d'art comme son auteur Joris-Karl Huysmans, descendant de peintres hollandais et lui- même critique d'art, Chartres est la seule cathédrale à avoir gardé une âme, la cathédrale de Paris étant, après tous ses remaniements, devenue froide. (Elle a eu un coup de chaud par la suite, mais c'était imprévisible).
Chartres a été romane, art venant d'Asie, comme l'attestent ses vierges noires et sa crypte perse. Durtal se demande pourquoi les hommes ont voulu par l'arc ogival construire toujours plus haut ? Il prend exemple de la forêt de Jumièges, et l'hypothèse est que l'art gothique est une manière de copier les cimes des arbres qui se rejoignent. Cependant en voyant les plans de la cathédrale il pense au corps du Christ, et aussi à un vaisseau. Les symboles se multiplient pour expliquer un art aussi complexe que le gothique.
Que sont les symboles ? ils concernent les chiffres, les couleurs, les pierres, et chacun au Moyen Age tant décrié et que Huysmans veut réhabiliter ( avec la foi qu'il vient de découvrir) en comprenait le sens . « Ce que les illettrés ne peuvent saisir par l'écriture doit leur être enseigné par les peintures ».
1. les nombres : il y a généralement trois portails, en l'honneur de la Sainte trinité, sauf, exception sans explication, la cathédrale de Bourges, avec 5 portails et 5 nefs (la main ?) et la cathédrale d'Anvers, avec 7 nefs ( 7 dons du Paraclet ?) Chaque chiffre est porteur, depuis le 1 , Dieu unique, le 2 les deux natures du fils, les deux testaments, et selon Saint Grégoire le Grand, les double enseignement de l'amour de Dieu et du prochain, le 3, somme des hypostases et des vertus théologales …..jusqu'au 10 , 11, 12, chaque chiffre trouvant son explication symbolique .
2. les couleurs, en premier le bleu, d'abord évoqué per celui du Couronnement de la Vierge de Fra Angelico, du Louvre, tableau étudié par Durtal, ce bleu mâtiné de blanc et qui s'élève, qui s'échelonne à travers l'escalier jusqu'au drapé du ciel bleu de cobalt, certains rouges, dont la robe de Marie Madeleine.

Huysmans note alors les allégories exprimées par les couleurs :
- le blanc : la pureté la virginité, la sagesse.
- le bleu : chasteté, innocence, candeur. »Les bleus de Fra Angelico sont d « une sérénité extraordinaire, d'une candeur inouïe. » Les bleus dits « de Chartre » des vitraux sont eux aussi inoubliables, « d'un bleu splendide de saphir rutilant, extra-lucide », couleur si belle que toutes les autres se mettent en quatre pour la faire valoir.
- le rouge : couleur de la robe de Saint Jean, et de celle de Marie, dans les peintures des Primitifs. : Passion, souffrance et amour.
- le rose : l'amour de la sagesse, et douleur.
- le vert : espoir de la nature régénérée.
- le noir : teinte de l'erreur et du néant
- le brun : synonyme d'agitation, avidité, sécheresse : un peu satanique.
- le gris : couleur de la pénitence, de la cendre.
- le jaune : Souvent assigné, au Moyen Age, à Judas, indice de la paresse, de l'horreur, de la trahison et de l'envie. (Cette haine du jaune nous parle bien évidemment)
Ces qualifications donnent cependant lieu à tergiversations, chaque couleur pouvant être interprétée en plusieurs sens différents.

3. Les pierres, enchâssées dans les parures des vierges, ont chacune une signification, connue du monde moyenâgeux, le diamant (Marilyn) le rubis (Kessel) , les émeraudes, chacune avec un pouvoir spécial de guérison.
Au delà des symboles expliqués longuement, des retours sur l'architecture gothique, de l'affirmation que les peintres primitifs venaient en premier du Nord, de la Hollande, d'Allemagne, puis d'Italie mais pas de France, qui en revanche a été la première et la meilleure à construire les cathédrales, Huysmans catalogue la Renaissance comme le sacre de la « syphilis de la décence » bien que Durtal ait choisi un peintre à la limite extrême du Moyen âge.
Assez moderne, ce livre, si beau dans son lyrisme emporté ( si on évacue le point de vue mystique /ecclésiastique) avec l'étude des couleurs dignes d'un Pastoureau, la numérologie, et la gemmothérapie, sans oublier sa conclusion : Etant donné que la médecine est devenue plus que jamais un leurre, et même un danger, pourquoi ne pas revenir aux panacées mystiques d'antan ?
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Comment ai-je découvert Huysmans, moi qui n'ai pas fait d'études de lettres ? Est-ce par Barbey d'Aurévilly ? Possible, mais je ne me souviens plus. Les auteurs français du XIXème me plaisent. Cet ouvrage est le quatrième de Huysmans que je lis. Avec son personnage Durtal, j'ai tourné un moment autour de sa "cathédrale", un dico à la main et le nez souvent dans le glossaire à la fin du livre, à fouiller profondément dans mes souvenirs des Evangiles, à me dire qu'il va me falloir replonger dans l'Ancien testament... Mais peu importe, au contraire. "A rebours" m'avait donné envie de visiter le musée Gustave Moreau à Paris. "La cathédrale" m'a inexorablement entraîné à revisiter Notre-Dame de Chartres, m'a donné envie de revoir un jour "Le couronnement de la vierge" de Fra Angelico et quelques autres oeuvres de van der Weyden, par exemple. Découverte aussi de Jeanne de Matel, de sainte Mechtilde... Et puis son regard assassin - injuste sûrement - sur l'Art de la Renaissance, sur l'église du Sacré-Coeur... quel délice ! Sans parler de tout le reste, des références à la Bible, des bestiaires du Moyen-Âge... Au-delà de la quête spirituelle de Durtal, coeur du "roman", ce livre est une tornade qui emportera les lecteurs à condition qu'ils soient réceptifs.
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