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Critique de Osmanthe


Cela faisait fort longtemps que je me disais ce Huysmans, il faudrait essayer, il a quand même eu ses heures de gloire aux côtés des Zola, Flaubert et autre Maupassant, mais sa réputation un peu ésotérique me rebutait. Je crois que c'est Houellebecq qui m'a décidé !

Donc, essai avec ce petit ouvrage regroupant deux des textes courts les plus connus de l'auteur.

Dans "Sac au dos", Eugène et son comparse Francis sont conscrits pendant la guerre de 1870.
Tombant rapidement malades, ils vont se trimbaler d'ambulances en hôpitaux et hospices militaires. Gais lurons, ils alternent périodes d'ennui et sorties qui tournent aux frasques. Eugène aime les femmes, et va se faire un peu dorloter par Soeur Angèle qui n'est pas insensible à son charme. le rythme est enlevé, la situation des deux hommes n'est finalement pas si mauvaise, d'où une sensation d'optimisme voire d'insouciance qui se dégage parfois du récit...même si on n'oublie pas de nous signaler les estropiés, et nous rappeler l'ambiance générale, omniprésente, de faim et de crasse. Et nos héros croiseront quand même des soldats revenant du front avec leurs témoignages bouleversants. Et au final, un hommage aux femmes qui font tenir et à l'avènement de la République.

Dans "A vau l'eau", l'auteur semble nous entraîner fatalement et inexorablement vers un drame, avec l'histoire de M.Folentin, petit fonctionnaire sans grade et sans personnalité, qui laisse passer sa vie et s'ennuie dans sa solitude de vieux garçon. Sa principale recherche de plaisir est de trouver de bonnes tables pour manger...malheureusement, il n'est jamais satisfait, allant de gargouilles en bouis-bouis infâmes et malpropres, n'appréciant pas davantage les sorties et spectacles proposés par sa compagnie du moment. Passant par des phases de déprime, il a aussi des phases de lucidité philosophe où il se dit qu'il n'est pas si malheureux...et que finalement ses quelques efforts pour émerger de sa vie monotone et vide ne l'ont pas fait avancer...en concluant ainsi qu'il est préférable de se laisser porter et le temps passer sans rien infléchir, laissant ainsi sa vie partir "A vau l'eau"...
La conclusion est assez étonnante, tant on aurait dit que Folentin courait à sa perte !

Ces deux nouvelles se lisent agréablement. C'est bien écrit, il y a du rythme dans la première, et des réflexions très pertinentes à mon avis sur l'état de la société de son temps et son évolution dans la seconde...On sort à chaque fois avec une impression en demi-teinte, finalement pas si pessimiste, il y a de l'espoir ou de la philosophie, que les personnages trouvent au fond d'eux malgré un environnement assez désespérant.
Peut-être la forme courte (ce sont finalement des nouvelles) ou l'inexpérience encore de l'écrivain (ce sont parmi ses premiers textes) font qu'on ne s'étend pas sur les états d'âme de ces anti-héros.
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