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EAN : 9782809712735
192 pages
Editions Philippe Picquier (05/10/2017)
3.57/5   37 notes
Résumé :
Park Minwoo, directeur d’une grande agence d’architecture, a la satisfaction d’avoir réussi sa vie. Né dans une famille pauvre d'un quartier misérable de Séoul, il s’est arraché à son milieu par ses études, son mariage et sa carrière. Cet homme désormais célèbre et sûr de lui reçoit un jour un message d’une amie d’enfance qui l’a aimé.

Les souvenirs du passé ressurgissent, l’invitant à replonger dans un monde qu’il avait oublié, peut-être renié, et à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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C'est avec le souvenir ému de la lecture de « le vieux jardin » que je me suis tournée vers un autre livre de cet auteur coréen Sok-Yong Hwang. J'hésitais entre Monsieur Han et Au soleil couchant. J'ai finalement choisi ce dernier car son questionnement m'intéressait : Qu'est-ce qui permet de savoir si nous avons, ou pas, réussi notre vie ? Est-ce la réussite matérielle ? L'ascension sociale ? La fondation d'une famille ? L'amour ? de pouvoir assumer une passion malgré, éventuellement, des conditions de vie précaires ? D'avoir un travail en lien avec ses valeurs et ses racines ? Et que signifie d'ailleurs réussir sa vie ? Est-ce une fin en soi ? Réussir, aux yeux de qui ?

Park Minwoo est un homme qui a réussi sa vie, du moins apparemment : assez riche, employé dans une importante firme du bâtiment, marié et père d'une fille qui vit désormais aux États-Unis. Cette réussite est d'autant plus notoire qu'il vient d'une famille aux origines très modestes, ses parents ayant géré un petit commerce de pâte de poissons au sein d'un quartier pauvre, Dalgol, excroissance poussée à flanc de colline non loin de Séoul. Pour autant, peut-il dire qu'il est heureux ? Qu'est-ce qui permet de déterminer, de façon plus générale, si on a bel et bien réussi sa vie ?
C'est un message d'une petite amie de son enfance et de son adolescence, qui l'amène à replonger dans le passé, dans des souvenirs oubliés et à faire le point sur son parcours.

« La mémoire conserve parfois des versions fort différentes d'une même expérience, car avec le temps on oublie des choses ou bien on en garde des récits biaisés par l'état d'âme du moment ».


Les souvenirs ressurgissent alors que les lieux où se sont déroulées ces scènes de la vie passée ont été saccagés, rasés, démolis, reconstruits….par sa propre société étant, en effet, le chef d'orchestre de la reconstruction dans ces quartiers pauvres à coup d'évacuation des habitants qui ne savent souvent plus où aller. Il est, de façon symbolique, l'artisan de la destruction de son propre passé.

« Je vivais douloureusement l'inconfort que ressent, à l'égard du monde familier qu'il a quitté, celui qui est déjà passé dans un autre monde ».

C'est l'occasion pour lui, à l'automne de sa vie, de poser enfin des constats, plutôt amers, sur les choix opérés au cours de sa vie. Même si longtemps il s'est dit avoir eu de la chance d'avoir réussi à s'arracher à des conditions de vie misérable, sa vie n'est-elle pas pathétique ? Il a en effet coupé totalement avec ses racines et son milieu d'origine ; sa famille a éclaté, sa femme étant partie aux États-Unis rejoindre sa fille, il est désormais seul ; l'entreprise dans laquelle il travaille, et où les innombrables réunions, les repas arrosés, les rencontres sur les terrains de golf, les chèques cadeaux, les produits de luxe, sont aussi importants que la construction en tant que telle, est désormais engluée dans un scandale de corruption ; et son métier même consiste à faire table rase du passé alors qu'il devrait être au service de la population qui habite la ville. Des interventions de sa part ont rayé d'un trait ses propres souvenirs. Il est devenu une composante de ce système.

« Je revoyais les visages souriants des gamins dans les venelles étroites et enchevêtrées d'un quartier aux maisons couvertes de toits bas sur la pente d'une colline. Tous ceux qui ont été chassés de ces quartiers, où vivaient-ils à présent, qu'étaient-ils devenus ? Ces petites masures collées les unes aux autres comme des coquillages sur les rochers ont été remplacées par de gigantesques tours d'appartements défiant le ciel ».

Si j'ai trouvé intéressante cette façon de nous dévoiler des pans entiers de la société coréenne, tant urbaine que campagnarde, si la fin du livre m'a touchée car j'ai enfin compris le lien qui unit Park Minwoo et cette jeune fille Jeong Uhee dont on suit en parallèle la vie laborieuse entre petits boulots et réalisation de sa passion en tant que metteuse en scène au théâtre, j'ai trouvé que le livre manquait de rythme au point de m'ennuyer souvent, et de rester simple observatrice.
Seul le dernier tiers du livre a enfin réussi à faire éclore en moi une belle mélancolie, une nostalgie poignante, un sens à ce récit…à me parler enfin, intimement…quand on arrive à s'extirper d'un milieu très modeste, nombreuses sont les personnes à la psychologie complexe, pour ne pas dire compliquée, ballotées que nous sommes entre nos racines qu'il faut sauvegarder et ce nouveau monde conquis de haute lutte où nous nous sentons jamais vraiment à notre place…

« Je suis resté immobile, les yeux dans le vague, en plein milieu de la rue, ne sachant où aller ».
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Au soir de sa vie, Minwoo Park est un homme heureux. Il vit dans un bel appartement, sa fille a réussi en Amérique, il est reconnu, célèbre même en tant qu'architecte et, surtout, il a réussi à s'extirper du bidonville où il a grandi. Il est loin derrière lui le quartier de Dalgol, excroissance poussée à flanc de colline dans la banlieue de Séoul. Grâce à son intelligence, son ambition et un peu de chance, il a fait des études, un beau mariage, une belle carrière, laissant derrière lui la misère de Dalgol et ses habitants. Mais un message tendu par une jeune fille lors d'une de ses conférences le renvoie à son passé. Il émane de Soona, une jeune fille qu'il a aimée naguère et qui l'aimait en retour. Quand il a quitté le quartier, il a laissé derrière lui cet amour de jeunesse. Avec Soona, les souvenirs jaillissent et avec eux les questionnements sur ce qu'il a fait de sa vie. A-t-il renié ses origines ? En fuyant Dalgol, n'a-t-il pas troqué les petits trafics pour des malversations de plus grande envergure ? La solidarité, l'entraide, les amitiés, les relations de bon voisinage dont il se souvient lui jettent au visage sa solitude, ses trahisons, ses renoncements ? Minwoo est-il vraiment l'homme heureux qu'il semble être ?

Chronique douce-amère de la réussite d'un homme qui s'est construite à l'image de son pays. Combien d'amis Minwoo a-t-il laissé derrière lui pour accéder au sommet ? Combien de laissés-pour-compte pour faire de la Corée l'un des quatre dragons asiatiques ?
Minwoo se souvient de la misère, la faim, le froid, des masures qui poussaient comme des champignons tout autour de Séoul. C'était son monde avant qu'il ne devienne un éminent architecte. En se développant, le pays a voulu faire table rase de cette pauvreté crasse. Les gens ont été chassés, leurs logis dévastés par les pelleteuses, leur habitat remplacé par des tours d'immeubles. Où sont-ils allés ? Que sont-ils devenus ? Minwoo n'a jamais cherché à le savoir, il a fermé les yeux sur les gros bras recrutés pour faire dégager les contestataires qui s'accrochaient à leurs maisons. Il a indirectement participé à leur expropriation et s'est perdu dans un système de corruption.
Alternant entre le passé et le présent de Minwoo et le récit de la jeune fille qui lui a remis le message de Soona, Au soleil couchant est un livre plein de nostalgie et de regrets qui met le doigt sur la face cachée de la fulgurante réussite économique de la Corée du sud. Un roman beau et dur à la fois.
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J'ai toujours grand plaisir à lire un livre édité chez Philippe Picquier que (j'apprécie beaucoup ).
J'ai lu déjà deux livres de cet auteur : "Princesse Bari "et " Monsieur Han ".
Cet ouvrage évoque les souvenirs de Paul Minwoo, directeur d'une grande agence d'architecture .
Au soir de sa vie il reçoit un message d'une amie chère d'enfance. .....
Il a la satisfaction, pour sa part, d'avoir réussi , et contribué grandement à la modernisation et à l'urbanisation de son pays, mais à quel prix?
Né dans une famille pauvre: ses parents avaient un petit magasin dédié à la friture de la pâte de poisson au marché de Dalgol, leur condition de vie était misérable....
Grâce à ses talents et à une certaine chance, Paul Minwoo s'est arraché à son monde pour faire des études en devenant le précepteur logé d'un fils de Général.
Satisfait de ses leçons et du chemin qu'il a fait parcourir à son fils, pourtant peu motivé au départ, le Général, haut dignitaire, réussit à le faire rentrer dans une université !
Il échappa à la pauvreté et à la misére qui étaient le lot de tous ces gens entassés sur les collines de Dalgol, miracle !

Un jour, il reçoit un message d'une amie d'enfance qui l'a aimé .

Par ce biais, il replonge dans ce monde oublié, qu'il avait plus ou moins renié !
Il s'interroge longuement sur son métier d'architecte , la corruption dans le milieu immobilier qui contribuait à accentuer les inégalités entre les différents quartiers, les pots de vin , les dessous de table , les méthodes expéditives qui enfreignaient constamment les régles tout en dopant le même marché , les scandales étouffés ......" Nous vivions arc- boutés sur la justice fondée sur le Pouvoir "......

Il revoit comme en rêve , avec douleur, les visages souriants des gamins d'autrefois qui ont été chassés de ces quartiers.
Oú vivaient - ils à présent ?
Les petites masures collées les unes aux autres, conviviales , ce monde chaleureux vivant en harmonie avec les voisins, avait été remplacé par de gigantesques tours inhumaines, sans chaleur , laides, ces tours d'appartement défiant le ciel !
Précarité des jeunes diplômés, systèmes mal adaptés ou aberrants , ce livre doux- amer, violent, âpre, dénonce la corruption qui a construit "en grande partie "le système économique de cette Corée "modernisée" dont il fut "l'un des acteurs ".



Les constructions " architecturales " selon l'auteur , " ne sont que la figure hideuse de la Cupidité Coréenne ".
En parcourant le passé des personnages , on constate que désillusion, amertume , regrets se partagent le roman.

Au final, un ouvrage doux - amer, qui ne remonte pas le moral, mais qui fait réfléchir !
"Un roman traduit du Coréen par Choi Mikyung et Jean - Noël Juttet , par le biais de la fondation Daesan , Seoul."

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Park Minwoo, architecte reconnu et bien établi à Séoul, doit retrouver pour une exposition, deux amis dont l'un, très malade, est condamné à court terme. En préparant cette rencontre, Minwoo se remémore sa carrière. D'un milieu extrêmement pauvre, habitant dans les baraques de fortune adossées aux collines de Séoul, le jeune garçon, à force de persévérance, a réussi à quitter le quartier mais les questionnements et les doutes ne tardent pas à l'envahir quand il reçoit par mail, des nouvelles d'une jeune fille dont il était amoureux alors adolescent. Cette irruption du passé va le plonger dans une introspection et remettre en cause ses choix autant relationnels que professionnels.
Au soleil couchant est un récit d'abord intimiste sur la fin de carrière d'un architecte qui a réussi professionnellement, reconnu et célébré par ses pairs, fier de ses réalisations, mais rapidement, en se plongeant dans son passé, l'homme réalise qu'il a cèdè aux sirènes de la facilité, profitant de l'émergence de la Corée comme acteur économique important, participant au boom immobilier des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, au détriment d'une population expropriée, incapable d'avoir accès à ces nouvelles habitations et qui se sont trouvées reléguées en lointaine périphérie. C'est également une réflexion sur les idéaux de jeunesse que l'on renie, la promiscuité et les arrangements faciles, la corruption que l'on voit mais que l'on ne dénonce pas, une attitude qui, au fil des années, ressurgit, participant d'une introspection tardive.
Sok-yong Hwang permet de comprendre avec le destin de cet architecte, les dérives qui ont affecté la Corée du Sud pendant la période de croissance phénoménale que le pays a connu, qui a favorisé la croissance de certains au détriment des plus nombreux, restés sur la touche et victimes de cette croissance.
Un roman quasi sociologique et instructif.
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Un roman coréen captivant, poignant et mélancolique


Me voilà déjà à mon quatrième livre de l'auteur coréen Hwang Sok-yong cette année et je ne m'en lasse pas, bien au contraire... J'ai trouvé que dans ce roman (un des plus récent de cet auteur, publié en 2015 en Corée), il parvenait à renouveler les thèmes abordés tout en restant fidèle à son écriture et en comblant mes attentes pourtant maintenant fort élevées.


Cette histoire c'est l'histoire de ce que Pierre Bourdieu (et bien d'autres) appellerait un transfuge de classe : un homme d'affaires issu du prolétariat urbain, un gamin d'un quartier pauvre de Séoul qui s'est hissé au rang d'éminent architecte. Mais tout à un prix, et pour se faire, il a peu à peu abandonné ses anciens amis du quartier, négligé sa famille et a fait quelques compromis avec ses principes moraux. Arrivé au soir de sa vie, il reçoit une lettre d'une amie d'enfance. Ce message va convoquer ses souvenirs et le forcer à remettre en cause ses choix. En parallèle du récit de son ascension, on découvre le destin d'une femme peinant à joindre les deux bouts dont on comprendra ensuite le lien qu'elle entretient avec le personnage principal.


J'ai beaucoup aimé ce Au soleil couchant à la teinte sensiblement moins sombre que Monsieur Han ou l'invité du même auteur (même si une certaine amertume mêlée de remords est présente dans le récit du narrateur).


Si l'auteur ne nous parlera pas ici de la guerre de Corée, le contexte historique reste présent en lointain arrière-plan, on devine davantage qu'on ne lit les années de dictature, l'émergence de mouvements contestataires et la répression féroce qui s'abat sur ces derniers. On assiste également à la corruption omniprésente au sein du secteur des travaux publics et à la bétonisation galopante du pays. Sans se faire moralisateur ou jouer avec le pathos, Hwang Sok-yong nous interroge sur le sens, le but de nos existences. le narrateur à qui (sur le papier du moins) tout semble réussir constate qu'il vit, séparé de sa femme dans un appartement qu'il n'aime pas et loin de sa fille, expatriée aux USA et avec laquelle il n'entretient que de relations lointaines. Outre l'histoire coréenne et l'importance que nous accordons au monde professionnel, Hwang nous interroge sur la responsabilité individuelle et la ségrégation entre les différents milieux sociaux.


Le style est, comme toujours, extrêmement prenant et immersif. J'ai pris un très grand plaisir à lire ce roman au point d'être attristé une fois arrivé à sa fin lorsque j'ai dû passer au suivant. Un roman que je vous recommande sans hésitation d'un auteur qui m'impressionne livre après livre.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Quand on se retrouve après plus de vingt ans de séparation, on ne sait pas trop quoi se dire, même entre frères de sang. On parle un peu de sa famille, de sa situation, on pose les mêmes questions à l’autre, on sirote son café, on échange des cartes de visite et on se quitte en se promettant, sans trop insister, de se revoir un jour prochain autour d’un verre. En général, on ne se revoit pas, ou, à la rigueur, on échange quelques coups de fil. Et, si on parvient tout de même à se retrouver autour d’un verre, le dialogue n’avance qu’à tâtons et bien vite la rencontre s’enlise parce qu’on n’a pas grand-chose à se dire. On a chacun ses propres centres d’intérêt, et lorsqu’on n’a plus rien en commun, même au sein de la famille, les rencontres se limitent aux funérailles. Mais si entre Yun et moi, notre relation s’est renouée, c’est parce que moi, je travaillais en tant qu’architecte pour l’agence Hyunsan, et que lui venait d’acquérir la société Yeongnam, une entreprise de construction de taille moyenne.
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Dans cent ans, en effet, quasiment tous ceux qui cohabitent aujourd’hui sur cette terre auront disparu. Le monde sera peuplé de têtes nouvelles. Les architectes, eux, ont une consolation : ils laissent des constructions derrière eux. Mais ce qu’ils laissent, ce peut n’être rien d’autre qu’une figure hideuse de la cupidité.
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Mon père a perdu son emploi de petit fonctionnaire à la mairie de Yeongsan dans les années 1960, période particulièrement mouvementée en Corée. Il aurait reçu un pot-de-vin d'un type qui avait construit un immeuble sans autorisation. De quel cadeau notre famille a-t-elle profité? Nul ne le sait. Vu l'époque, il a dû toucher tout au plus une cartouche de cigarettes. Quand on n'a pas bénéficié d'une éducation normale, qu'on est autodidacte, il ne faut pas s'attendre à un avenir très reluisant.
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"Dans cent ans, en effet, quasiment tous ceux qui cohabitent sur cette terre auront disparu.
Le monde sera peuplé de têtes nouvelles.
Les architectes, eux, auront une consolation: ils laissent des constructions derrière eux.Mais ce qu'ils laissent , ce peut n'être rien d'autre qu'une figure hideuse de la cupidité ....."
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Le plus gros tracas dans une grande ville, c’est le logement. Au début, j’ai expérimenté les goshiwon*, avant de me dégoter, grâce à l’argent économisé en travaillant pour la maison d’édition, une pièce indépendante avec toilettes au rez-de-chaussée d’un immeuble, en fait en demi-sous-sol. Dans cette banlieue de Séoul, je constate que de nombreux jeunes vivent dans les mêmes conditions que moi. Ils se terrent comme de petits mammifères apeurés, encerclés par les fauves de la jungle, constamment maintenus en alerte par un flair développé.

*minuscules chambres occupées à l’origine par les candidats aux concours de la fonction publique, devenues ensuite des logements bon marché pour les étudiants.
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