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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Au soir de sa vie, Minwoo Park est un homme heureux. Il vit dans un bel appartement, sa fille a réussi en Amérique, il est reconnu, célèbre même en tant qu'architecte et, surtout, il a réussi à s'extirper du bidonville où il a grandi. Il est loin derrière lui le quartier de Dalgol, excroissance poussée à flanc de colline dans la banlieue de Séoul. Grâce à son intelligence, son ambition et un peu de chance, il a fait des études, un beau mariage, une belle carrière, laissant derrière lui la misère de Dalgol et ses habitants. Mais un message tendu par une jeune fille lors d'une de ses conférences le renvoie à son passé. Il émane de Soona, une jeune fille qu'il a aimée naguère et qui l'aimait en retour. Quand il a quitté le quartier, il a laissé derrière lui cet amour de jeunesse. Avec Soona, les souvenirs jaillissent et avec eux les questionnements sur ce qu'il a fait de sa vie. A-t-il renié ses origines ? En fuyant Dalgol, n'a-t-il pas troqué les petits trafics pour des malversations de plus grande envergure ? La solidarité, l'entraide, les amitiés, les relations de bon voisinage dont il se souvient lui jettent au visage sa solitude, ses trahisons, ses renoncements ? Minwoo est-il vraiment l'homme heureux qu'il semble être ?

Chronique douce-amère de la réussite d'un homme qui s'est construite à l'image de son pays. Combien d'amis Minwoo a-t-il laissé derrière lui pour accéder au sommet ? Combien de laissés-pour-compte pour faire de la Corée l'un des quatre dragons asiatiques ?
Minwoo se souvient de la misère, la faim, le froid, des masures qui poussaient comme des champignons tout autour de Séoul. C'était son monde avant qu'il ne devienne un éminent architecte. En se développant, le pays a voulu faire table rase de cette pauvreté crasse. Les gens ont été chassés, leurs logis dévastés par les pelleteuses, leur habitat remplacé par des tours d'immeubles. Où sont-ils allés ? Que sont-ils devenus ? Minwoo n'a jamais cherché à le savoir, il a fermé les yeux sur les gros bras recrutés pour faire dégager les contestataires qui s'accrochaient à leurs maisons. Il a indirectement participé à leur expropriation et s'est perdu dans un système de corruption.
Alternant entre le passé et le présent de Minwoo et le récit de la jeune fille qui lui a remis le message de Soona, Au soleil couchant est un livre plein de nostalgie et de regrets qui met le doigt sur la face cachée de la fulgurante réussite économique de la Corée du sud. Un roman beau et dur à la fois.
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Park Minwoo, architecte reconnu et bien établi à Séoul, doit retrouver pour une exposition, deux amis dont l'un, très malade, est condamné à court terme. En préparant cette rencontre, Minwoo se remémore sa carrière. D'un milieu extrêmement pauvre, habitant dans les baraques de fortune adossées aux collines de Séoul, le jeune garçon, à force de persévérance, a réussi à quitter le quartier mais les questionnements et les doutes ne tardent pas à l'envahir quand il reçoit par mail, des nouvelles d'une jeune fille dont il était amoureux alors adolescent. Cette irruption du passé va le plonger dans une introspection et remettre en cause ses choix autant relationnels que professionnels.
Au soleil couchant est un récit d'abord intimiste sur la fin de carrière d'un architecte qui a réussi professionnellement, reconnu et célébré par ses pairs, fier de ses réalisations, mais rapidement, en se plongeant dans son passé, l'homme réalise qu'il a cèdè aux sirènes de la facilité, profitant de l'émergence de la Corée comme acteur économique important, participant au boom immobilier des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, au détriment d'une population expropriée, incapable d'avoir accès à ces nouvelles habitations et qui se sont trouvées reléguées en lointaine périphérie. C'est également une réflexion sur les idéaux de jeunesse que l'on renie, la promiscuité et les arrangements faciles, la corruption que l'on voit mais que l'on ne dénonce pas, une attitude qui, au fil des années, ressurgit, participant d'une introspection tardive.
Sok-yong Hwang permet de comprendre avec le destin de cet architecte, les dérives qui ont affecté la Corée du Sud pendant la période de croissance phénoménale que le pays a connu, qui a favorisé la croissance de certains au détriment des plus nombreux, restés sur la touche et victimes de cette croissance.
Un roman quasi sociologique et instructif.
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Qu'est-ce que réussir sa vie ?
Voilà une question qui résume bien ce court roman coréen.
Est-ce avoir un métier qui nous plaît, être riche, avoir une famille, être entouré d'amis, être resté fidèle à ses envies de jeunesse, avoir atteint un niveau social plus élevé que celui de ses parents ?
Autant de questions que se pose Park Minwoo, directeur d'une grande agence d'architecture qui va se souvenir de sa jeunesse quand une amie d'enfance le recontacte après plus de 40 années sans nouvelle.
J'ai eu du mal à entrer dans le roman car les premiers chapitres mettent tous en scène des personnes différentes sans qu'on comprenne bien qui ils sont et quels sont leur lien avec Park Minwoo.
Le mystère ne s'éclaircit que vers la toute fin et cela a un peu gâché ma lecture.
J'ai toutefois beaucoup aimé cette introspection dans une Corée moderne où la vie de plusieurs personnages est décortiquée et où le héros s'interroge sur le sens profond de notre existence.
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J'ai toujours grand plaisir à lire un livre édité chez Philippe Picquier que (j'apprécie beaucoup ).
J'ai lu déjà deux livres de cet auteur : "Princesse Bari "et " Monsieur Han ".
Cet ouvrage évoque les souvenirs de Paul Minwoo, directeur d'une grande agence d'architecture .
Au soir de sa vie il reçoit un message d'une amie chère d'enfance. .....
Il a la satisfaction, pour sa part, d'avoir réussi , et contribué grandement à la modernisation et à l'urbanisation de son pays, mais à quel prix?
Né dans une famille pauvre: ses parents avaient un petit magasin dédié à la friture de la pâte de poisson au marché de Dalgol, leur condition de vie était misérable....
Grâce à ses talents et à une certaine chance, Paul Minwoo s'est arraché à son monde pour faire des études en devenant le précepteur logé d'un fils de Général.
Satisfait de ses leçons et du chemin qu'il a fait parcourir à son fils, pourtant peu motivé au départ, le Général, haut dignitaire, réussit à le faire rentrer dans une université !
Il échappa à la pauvreté et à la misére qui étaient le lot de tous ces gens entassés sur les collines de Dalgol, miracle !

Un jour, il reçoit un message d'une amie d'enfance qui l'a aimé .

Par ce biais, il replonge dans ce monde oublié, qu'il avait plus ou moins renié !
Il s'interroge longuement sur son métier d'architecte , la corruption dans le milieu immobilier qui contribuait à accentuer les inégalités entre les différents quartiers, les pots de vin , les dessous de table , les méthodes expéditives qui enfreignaient constamment les régles tout en dopant le même marché , les scandales étouffés ......" Nous vivions arc- boutés sur la justice fondée sur le Pouvoir "......

Il revoit comme en rêve , avec douleur, les visages souriants des gamins d'autrefois qui ont été chassés de ces quartiers.
Oú vivaient - ils à présent ?
Les petites masures collées les unes aux autres, conviviales , ce monde chaleureux vivant en harmonie avec les voisins, avait été remplacé par de gigantesques tours inhumaines, sans chaleur , laides, ces tours d'appartement défiant le ciel !
Précarité des jeunes diplômés, systèmes mal adaptés ou aberrants , ce livre doux- amer, violent, âpre, dénonce la corruption qui a construit "en grande partie "le système économique de cette Corée "modernisée" dont il fut "l'un des acteurs ".



Les constructions " architecturales " selon l'auteur , " ne sont que la figure hideuse de la Cupidité Coréenne ".
En parcourant le passé des personnages , on constate que désillusion, amertume , regrets se partagent le roman.

Au final, un ouvrage doux - amer, qui ne remonte pas le moral, mais qui fait réfléchir !
"Un roman traduit du Coréen par Choi Mikyung et Jean - Noël Juttet , par le biais de la fondation Daesan , Seoul."

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Un architecte vieillissant, Park Minwoo, qui a très bien réussi sa carrière, est confronté à ses souvenirs. Des amis atteints de maladies, des problèmes personnels, une solitude qui s'affirme, et surtout son premier amour qui se manifeste, tout cela lui fait revivre les moments de sa jeunesse, dans un quartier et un monde disparu maintenant. Son histoire se mêle à celle de Jeong Uhee, auteur et metteur en scène de théâtre, qui pour pouvoir vivre sa passion, survit de petits boulots. Son histoire à elle, est celle de l'autre Corée, en dehors des chemins de la réussite et de l'argent, celle que Park Minwoo a choisi de quitter pour se construire une place jugée enviable. Mais les compromissions, la cécité volontaire sur le résultat de ses actions ont un coût, pour lui comme les autres.

J'avoue avoir eu du mal jusqu'à présent à entrer véritablement dans l'univers de Hwang Sok-yong. Malgré les appréciations très positives de ses livres, malgré un certain nombre de qualités que je leur trouvais, je n'arrivais pas à adhérer vraiment, à me laisser embarquer dans ses récits. Heureusement, une lecture au musée Guimet d'extraits de ce roman (par ailleurs lauréat du Prix Émile Guimet de littérature asiatique 2018) m'a donnée envie d'essayer encore une fois, et j'ai été sous le charme.

L'auteur entremêle habilement plusieurs fils narratifs qui finissent par se rejoindre, il évoque des personnages dont la route ou le destin se croisent, d'une façon ou d'une autre. Et en arrière fond, une partie de l'histoire de la deuxième moitié du vingtième siècle de la Corée du Sud défile : toutes les transformation du pays et de la société, les crises politiques, et au final un état des lieux qui n'a rien de réjouissant. le livre joue sur plusieurs registres, entre tendresse, douceur, nostalgie, mais aussi noirceur, amertume, tristesse voire désespoir. Tout cela dans une sorte d'esthétique minimaliste, économe de mots, de gestes inutiles, de pathos. Qui n'exclut pas l'émotion, mais qui refuse de la chercher par des effets faciles. Au lecteur d'y placer ses affects, ses révulsions, ses jugements. Mais le texte est suffisamment fort pour qu'il puisse le faire.

Très beau texte, dense et pudique.
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Livre à lire quand on a le moral, et pas qu'un peu. Oui, le jugement est rapide, la lecture aussi, d'une oeuvre emplie de désespérance. L'on peut se demander ce qui se porte bien en Corée du Sud, mis à part la corruption. La réponse est simple : rien. Oh, bien sûr, Park Minwoo est le symbole de la réussite, lui, le fils d'un petit fonctionnaire renvoyé, devenu directeur d'une grande agence, marié, père d'une fille qui vit désormais aux Etats-Unis - sa mère aussi, ce qui montre à quel point son couple n'en est plus vraiment un. Au cours d'une de ses conférences, une jeune femme lui donne un mot qui provient d'une amie d'enfance, de la seule amie d'enfance qu'il avait en fait - tous les autres étaient des garçons.
Bien sûr, "ami" est à prendre au sens lointain.Park Minwoo a rompu tout lien avec son quartier d'origine, lui qui a tout mis en oeuvre pour s'élever, ignorant littéralement ceux avec qui il avait grandi, parce qu'ils n'ont pas voulu, et surtout pas pu faire des études, tant le dénuement était grand, et inimaginable de France, sauf à avoir déjà lu des livres, vus des films parlant ou se déroulant en Corée. Minwoo a peu à peu distendu les liens qui l'unissaient à son quartier, ne refusant pas, cependant, de rendre un ultime service quand on le lui demande. Il a toujours su tirer partie des opportunités qui s'offraient à lui, avec persévérance et en s'interdisant tout état d'âme.
Une seconde voix s'élève, celle de Jeong Uhee. Elle a fait des études, qui ne lui permettent pas de vivre. Aussi, le jour elle écrit, met en scène, éventuellement joue,et la nuit, elle travaille dans une épicerie, ce qui lui permet à peine de vivre puisqu'elle se nourrit des invendus. Elle a un ami, cependant, qui lui présentera sa mère mais elle est tellement débordée par ses travaux qu'elle peine à garder le contact dès lors qu'ils ne travailleront plus ensemble.
Ce qui me frappe est l'incapacité, l'impossibilité qu'ont les personnages à se révolter contre les injustices, nombreuses, tant ces révoltes ne recueillent que peu de résultats. Etre plus méfiant est la seule chose qui change. Quant aux expropriations, elles sont, de notre point de vue occidental, rares et policées. L'unique scène à laquelle nous assistons est marquante, profondément. Elle n'est pas racontée du point de vue de Park Minwoo, lui se questionne peu, finalement, sur le devenir de tous ces gens qui ont été expulsés, parfois pour rien, ou plutôt pour enrichir les promoteurs/spéculateurs.
Ce qui le frappe aussi est la solitude. Elle est fréquente, surtout,elle donne l'impression d'être voulue, choisie, comme une survivance d'un code de l'honneur ou le désarroi face aux difficultés d'une société trop moderne. Même le mariage n'est pas (plus ?) envisageable puisque les jeunes, à moins d'avoir fait de brillantes études, n'ont plus les moyens de vivre ensemble. Je passe également sur la médecine, ou plutôt sur l'absence de médecine : l'on meurt encore de maladies dont on se croit à l'abri en Corée.
La fin du livre me laisse un peu amère. Fin ouverte, oui, mais vers quels horizons ?
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Dans ce livre, on ce retrouve dans une Corée du sud, d'après-guerre, en pleine urbanisation des villes et des quartiers.

Nous suivons deux personnes, un homme qui commence à ce faire vieux je dirais la soixantaine et une femme. L'homme était un de ses enfants des « bidonvilles » de Séoul, à l'époque ou les promoteurs immobiler viraient à tout de bras les habitants de petites maison pour construire de chic complexe d'appartements.

Il à réussi à s'en dortir, c'était son rêve quitter cette pauvreté. Un jour à la fin d'un conférence qu'il tenait, une jeune fille lui donne un papier avec un numéro de téléphone et lui dit que c'est « quelqu'un qui aimerait bien renouer avec lui ».

Au début il n'est pas intrigué, il oublie même et puis finalement un jour il va appeler. À l'autre bout du téléphone c'est Soona son premier amour, qui vivait avec lui dans le quartier de la lune quand il était plus jeune. À eux deux c'était les seuls qui sont allés jusqu'à l'université dans ce quartier pauvre.

Cette rencontre va déclencher chez Minwoo, notre homme, une réflexion, a-t-il réellement réussi sa vie? Est-il heureux? Est-ce que tout ça en valait veaiment la peine?

En parallèle. on a l'histoire de Soona, elle qui avait un avenir radieux en perspective, et qui n'a pas réellement réussi sa vie. On y découvre leur relation amoureuse de l'époque, la vie qu'elle a mené après.

C'est un livre très poignant, sur une période de la Corée douloureuse pour ceux qui ont été déracinés dépossédés de leurs maisons. 🎏
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Un très joli court roman sur la nostalgie amoureuse
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L'auteur coréen, ici autour de son roman nous fait comprendre l'importance de l'habitation dans la vie des gens et les souvenirs qui s'y rapportent. Un petit clin d'oeil aux jardins et à l'herbe à chien ou chiendent qui les envahissent.
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On ne peut rester insensible aux romans de cet auteur coréen, qui nous entraîne au coeur des problématiques actuelles de son pays.
L'auteur oppose la Corée moderne et riche aux banlieues isolées et défigurées.
La corruption dans le monde immobilier a contribué à accentuer les inégalités entre les différents quartiers.
Pour nous intéresser au sort de ces compatriotes les plus pauvres, il a imaginé un roman à deux voix avec un architecte célèbre et une jeune femme qui fait théâtre par passion et vendeuse pour survivre. Deux personnages opposés reliés par leur envie de réussir de leur passion : l'architecte se bat pour sortir de sa condition, faire des études et devenir un grand architecte. Dans son enfance, il vivait dans un quartier très pauvre qui a continué à se dégrader sous la pression immobilière.
Un constat difficile pour cet homme qui a réussi et oublié d'où il venait. Est-ce trop tard ? Comment agir pour retrouver ses racines et s'accepter ?

On peut aussi se demander : quel avenir pour ce pays coupé en deux ?

Un roman qui nous invite à poser un autre regard sur ce pays.
Lien : http://www.despagesetdesiles..
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