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Critique de BenSinfal


C'est la guerre qui entame ce récit. Yu Chun, personnage principal et narrateur du récit, sera envoyé au front au Vietnam. On pourrait donc s'attendre à un grand récit de guerre, où il est question des atrocités et terreurs du combat, du vacarme des armes et de la furie des hommes ! Et bien non. Nous restons définitivement sur le quai, et nous nous laissons porter par un récit à rebours, celui de la jeunesse de Yu Chun. le « fracas terrible » de la guerre sera tenu à distance, jusqu'à la dernière ligne.

En revenant ainsi sur son passé, Chun, cherche ses propres traces, son fantôme comme il le dit lui-même. Et c'est finalement là, dans l'Étoile du chien qui attend son repas, dans l'espace de ce livre, qu'il semble le retrouver enfin. Et la guerre, qui enserre l'oeuvre comme un étau, qui menace toujours, ne parviendra pas à trouver sa place dans la reconstruction de Chun. Il usera même des voix de ses amis, comme pour mieux se distancer, et mieux se comprendre.

Mais cette pluralité des voix ne se contente pas d'éclairer la seule personnalité de Chun. Elle vient aussi mettre en tension toute une génération en quête d'ouverture et de modernité, sous un régime autoritaire et conservateur, encore sous le joug japonais. La Corée des années 60 se dévoile ainsi au fil du récit du quotidien et des aventures du groupe d'amis, avec toutes ses tensions, et ses contradictions.

La révolution est politique mais elle est aussi artistique. Chun et ses amis, nourris par les poésies symbolistes et surréalistes occidentales, et par les modernistes coréens souvent politisés, secouent toutes les pensées traditionnelles tout en maintenant une recherche des « vestiges du passé ». Une quête d'identité donc, autant individuelle que générationnelle, où tous les repères se doivent d'être questionnés.

Dans le récit de cette recherche, Hwang Sok-yong nous délivre des instants de vie captés, comme pris au vol, où viennent se côtoyer un réalisme saisissant et une poésie presque onirique, contemplative. le récit se veut distant, et tout se revêt pourtant d'un léger voile de naïveté. Au lieu d'écrire le mot « étoile », Chun a d'abord choisi de les contempler. Et c'est ce voyage que nous faisons avec lui. Mais cette étoile là-haut ? N'est-ce que Vénus ? Ou est-ce l'Étoile du chien qui attend son repas ? Ce même chien que Chun aperçut un jour, trottinant sans but, traînant une longue laisse derrière lui.
Lien : http://www.blog-alliteration..
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