Citations sur De la nature des interactions amoureuses (22)
Tourner les pages de ce livre suscite des vagues de réminiscences, comme si je feuilletais l'album-souvenir d'une vie antérieure.
Tous les soirs, avant que je parte pour le bureau de l'InfoTech, Alexandra se promène à travers la maison en se débarrassant de son col roulé, de sa jupe mi-longue et de ses collants de bibliothécaire guindée; elle s'allonge alors sur la table de la cuisine, nue et avide. Ses yeux suivent le mouvement de mes mains avec une vivacité d'écureuil pendant que je défais ma ceinture. Dehors, les chasse-neige descendent la rue obstruée par les congères, leurs lames en acier écorchant le bord du trottoir. Alexandra a l'odeur des archives - colle, papier moisi et encre indélébile -, et elle aime le sexe comme un bonhomme de neige aime le froid.
À l'ouest s'étend l'obscurité de la forêt d'Ottawa, encore plus noire que la nuit elle-même. Un frisson me passe dans le dos, car une forêt inconnue est semblable à une contrée exotique, avec ses monarques et ses coutumes, ses lois et ses guerres.
J'ignorais que la solitude pouvait prendre des formes aussi diverses. Pourtant, à la mesure que se prolonge mon séjour, j'apprends à distinguer la solitude impatiente d'un vendredi soir sans visiteurs, la solitude désolante d'un dimanche, quand la neige nous retient à l'intérieur, et celle aride et morne d'un lundi matin dans le Bureau désert. Chacune de ces solitudes possède sa propre saveur douce-amère.
J'ignorais que la solitude pouvait prendre des formes aussi diverses. Pourtant, à mesure que se prolonge mon séjour, j'apprends à distinguer la solitude impatiente d'un vendredi soir sans visiteurs, la solitude désolante d'un dimanche, quand la neige nous retient à l'intérieur, et celle aride et morne d'un lundi matin dans le Bureau désert. Chacune de ces solitudes possède sa propre saveur douce-amère.
Paresse, gloutonnerie, ivresse, impiété : ce sont là des péchés fort répandus parmi les Indiens.
Était-il possible de trouver le bonheur à l’état pur, sans qu’il soit allié au chagrin ? Par moments, la chose semblait possible, mais Henderson était souvent persuadé du contraire. Le bonheur était un jeu à somme nulle: pour que quelqu’un y ait accès, il fallait qu’un autre en soit réduit au désespoir.
Un frisson me passe dans le dos, car une forêt inconnue est semblable à une contrée exotique, avec ses monarques et ses coutumes, ses lois et ses guerres. L’hôte principal d’Ottawa est l’érable à sucre, Acer saccharum, mais même la forêt la plus commune est d’une déconcertante complexité. (À quoi bon, me dis-je quelquefois, faire l’effort d’une classification ? Ces deux arbres sont pareillement des Acer saccharum, mais l’un est courbé tandis que l’autre s’élance vers le ciel. Celui-là est infesté de parasites, et celui-ci est éclatant de santé. Règne, ordre, espèce : comme si un nom alambiqué pouvait rendre compte d’une chose vivante, si simple soit-elle.)
Karl Iagnemma est scientifique, docteur en génie mécanique.
Il s'essaie à la littérature avec ce recueil de nouvelles et c'est une réussite. Il a un style bien à lui, fluide, drôle, parsemé d'éléments scientifiques ou mathématiques.
Ce recueil ne se lit pas, il se dévore ! J'ai adoré particulièrement "Le rêve du phrénologue" (Homme qui essaie de quantifier le degré d'amativité des femmes en fonction de la forme de leur crâne ). "Règne, Ordre, Espèce " a également résonné particulièrement en moi (Gestion forestière et sensibilité au rendez-vous).
Toutes ces nouvelles sont pleines, entières, intéressantes et prenantes. Deux d'entre elles s'inspirent d'ailleurs de faits réels assez consternants.
Ses personnages sont désabusés et ont peu confiance en eux. Leurs réactions sont peu convenues, parfois à côté de la plaque et pourtant tellement humaines.
Ces histoires sont d'une rare intelligence et la connexion au domaine scientifique est tout simplement géniale !
Là, je me suit juré que jamais plus je ne ferais l'amour avec un mathématicien.