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René R. Khawam (Traducteur)
EAN : 9782752903020
224 pages
Phébus (20/09/2007)
4/5   11 notes
Résumé :

Discrètement publiée à Paris en 1858, puis oubliée jusqu'à sa réédition en 1977 dans une nouvelle traduction de René R. Khawam, cette Lettre aux Français de l'émir Abd el-Kader continue de résonner aujourd'hui d'une troublante modernité. Défenseur malchanceux de l'Algérie de 1820, libéré en 1832 par le prince-président Louis Napoléon, Abd el-Kader rédige dans se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Abd el Kader est un personnage. Longtemps décrit comme un paysan chef guerrier qui lutta contre la colonisation française en Algérie, il se révèle dans ce livre comme un homme très éduqué, fin connaisseur du monde et des lettres et un esprit éclairé.

Issu d'une famille aisée, il a reçu une double culture religieuse et littéraire et manie aussi bien Aristote que le Coran. C'est toute paradoxe de cet essai qu'il écrivit en 1858. La date est importante : les Algériens l'avaient mis à la tête de la rébellion contre les Français et il dirigea la lutte de 1832 à 1847. Il fut ensuite détenu en France jusqu'en 1852, malgré les promesses qui lui avaient été faites, puis fut libéré par Napoleon II et put partir en exil en Turquie puis en Syrie.

Ce livre est écrit à la manière orientale et est à l'attention des sociétés savantes en France.

C'est un livre qui date dans nombre de ses analyses, mais en même temps est très contemporain.

Il aborde le sujet de la science et souligne bien l'importance du discernement et de la réflexion. Comme disait Rabelais, science sans conscience n'est que ruine de l'âme. Son approche éthique résonne fortement aujourd'hui, notamment en termes d'éthique du capitalisme.

Il traite ensuite de l'authentification de la science juridique d'origine divine, autrement dit d'avoir une pensée et une éthique au-delà de la simple loi. C'est là où il est très moderne, parce qu'il dissocie bien la science et la religion, la réflexion philosophique et la lecture des textes. Ces derniers servent de cadre éthique mais laisse l'homme libre de sa pensée. Platon et Aristote auraient appréciés.

Il parle ensuite du rôle de l'écriture et de la tradition orale et son approche sort des lieux communs.

Il termine son essai en faisant un tableau de quelques grandes civilisations du bassin méditerranéen et de l'Inde, tout cela pour montrer la richesse et la valeur du monde arabe.

A une époque où l'Europe considérait l'Afrique et le Moyen Orient comme des terres primitives qu'il fallait éduquer pour leur bien, cet auteur montre une richesse en termes de pensée et de réflexion qui en remontre à tous ces donneurs de leçons.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Lorsque Dieu eut honoré les Arabes en la personne de son Envoyé Muhammad, fils de ‘Abdallah – que le salut et la bénédiction de Dieu soient sur lui ! –, alors qu’ils avaient déjà ces belles mœurs et ces qualités illustres, ils se mirent à désirer ardemment un surcroît de vertus et s’élancèrent tous à la fois, cherchant à se dépasser les uns les autres, pour tâcher d’acquérir sciences et connaissances. Ils en gagnèrent davantage encore que n’avaient su faire les anciens Arabes, s’employant à mener à bien les plus grandes réalisations dans la plus courte période de temps possible, édifiant des villes, construisant des ponts sur les cours d’eau, creusant des canaux.
(…)
Les Arabes révélèrent ainsi une étonnante facilité à composer des livres dans toutes sortes de sciences. Personne, à vrai dire, n’a jamais écrit autant qu’eux. A tel point qu’on cite un auteur qui n’aurait pas laissé moins de trois milles ouvrages sur différents sujets scientifiques(1). De même raconte-t-on que la bibliothèque officielle de l’Égypte, sous la dynastie des Ubaydites(2), dépassa deux millions six cent mille ouvrages – dont certains en deux ou trois cents volumes, comme par exemple les célèbres Commentaires d’al-Râzi, et tant d’autres livres.

L’Empire arabe atteignit en fait un sommet qu’aucune nation n’avait encore approché avant lui, depuis Adam jusqu’à nos jours. Puis la décadence commença son œuvre, et Dieu modifia les relations qui existaient entre les Arabes et les autres nations, dans le mesure où ils avaient eux-même changé ce qui se trouvait en eux. Toute chose qui atteint ses limites finit ainsi d’elle-même.

Lorsqu’une chose est parvenue à complétude,
commence la décadence.
Dès que l’on dit : c’est parfait,
prends garde,
l’anéantissement est tout proche.

(1) La bibliographie de quantité d’auteurs arabes – non des moindres – compte en effet fréquemment plusieurs centaines de titres : les ouvrages en question étaient en fait le plus souvent dictés à des secrétaires qui notaient le texte à la volée – d’où la saveur étrangement « parlée » de tant de chefs-d’œuvre de cette littérature.

(2) Ce sont les Fâtimides, qui régnèrent en Égypte de 969 à 1171. (pp. 172-174)
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Le résumé de l’éditeur affiché ici comporte des erreurs de dates. L’Emir Abdelkader a commencé la résistance en Algérie en 1832. Après 15 ans de guerre il cessa le combat et fut emprisonné en France. Il fut libéré par Napoléon III en 1852.
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