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EAN : 9782916316208
160 pages
Iqra (01/09/2006)
5/5   5 notes
Résumé :
Ibn 'Arabî séjourna deux années à La Mecque où il se rendit, pour la première fois, en 1201 (598 h) et y composa son oeuvre maîtresse « al-Futûhât al-makkiyya » qui comprend plusieurs milliers de pages et dont le titre complet peut être traduit par « Le Livre des révélations de La Mecque concernant la connaissance des secrets du Roi et du Royaume », D'où est tiré le livre al-Wasâyâ (Le livre des conseils) duquel nous avons choisi et traduit quarante recommandations ... >Voir plus
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Tu dois t’acquitter du plus exigible parmi les Droits de Dieu, à savoir ceci : Ne rien associer à Dieu parmi ce qui relève de l’associationnisme subtil, c'est-à-dire le fait de compter sur les causes instaurées, de se fier à elles avec le cœur et d’en être rassuré, à savoir que le cœur devienne tranquille et apaisé devant ces causes. Car cela relève des pires dommages religieux chez le croyant. D’ailleurs, c’est ce qu’atteste, par mode d’allusion, la Parole de Dieu – qu’Il soit exalté- : « La plupart d’entre eux n’ajoutent pas foi en Dieu sans Lui donner des associés » (Coran, 12/106), c’est-à-dire – mais Dieu est Le Plus Savant-, que c’est là l’associationnisme subtil qui accompagne la foi en l’existence de Dieu.

Et la déficience dans la croyance en l’unicité de Dieu se rapporte aux Actes, non à la divinité, car c’est cela le polythéisme manifeste qui s’oppose à la foi dans l’unicité de Dieu, au niveau de la divinité, non pas à la fois en l’existence de Dieu. Il est rapporté dans le Hadith authentique que l’Envoyé de Dieu a dit : « Savez-vous quel est le Droit de Dieu sur les serviteurs ? Le Droit de Dieu sur les serviteurs c’est qu’ils L’adorent et ne Lui associent rien (shay’an) ». Il a usé du vocable shay’ qui est un terme indéfini et englobe ainsi le polythéisme manifeste et le polythéisme subtil. Ensuite il a dit : « Savez-vous quel est leur droit sur Dieu s’ils font cela ? C’est qu’Il ne les châtie pas ». Aussi, porte ton attention sur l’expression : « C’est qu’Il ne les châtie pas ». En effet, lorsqu’ils n’associent rien à Dieu, tout ce qui traverse leur esprit comme idées se rapporte à Dieu dans la mesure où ils ne se tournent que vers Dieu. Et lorsqu’ils font preuve de polythéisme envers Dieu, que ce soit du polythéisme qui est le contraire de la foi de l’Islam ou du polythéisme subtil qui consiste à lorgner les causes habituelles, Dieu les a déjà punis en les laissant compter sur ces causes contingentes.

Ainsi, lorsque ces causes existent, ils souffrent de l’éventualité de leur disparition et de leur déficience, et, lorsqu’ils perdent, ils souffrent de leur disparition. Autrement dit, ils ne cessent d’être malmenés, que ce soit avec l’existence des causes ou avec leur disparition. C’est que Celui sur Lequel ils s’appuient, à savoir Dieu, est capable d’entreprendre les choses par là où ils ne s’imaginent pas, comme dans cette Parole Divine : « Dieu trouvera une issue à quiconque se garde de Lui et Il pourvoit à sa subsistance par des moyens qu’il n’escomptait pas » (Coran, 65/2-3). C’est ce qu’un poète formule en vers :

A celui qui se garde de Dieu, Il lui trouve,
Comme Il l’a dit, pour son affaire, une issue,
Et le pourvoit sans qu’il ne l’escompte,
Et lui procure, devant la difficulté, une délivrance.

Ainsi, parmi les signes de la réalisation de la piété, c’est que celui qui craint Dieu avec révérence reçoit ses subsistances sans qu’il les escompte, car s’il les reçoit par là où il les escompte, il n’a pas réalisé la crainte révérencielle et n’a pas compté exclusivement sur Dieu, car la signification de la crainte révérencielle, sous certains de ses aspects, c’est d’avoir Dieu comme prémunition contre l’influence des causes et des moyens seconds dans ton cœur en comptant sur eux. Du reste l’homme est le plus averti sur lui-même et il sait intérieurement en qui il a confiance et à qui son âme se fie. Il n’a pas à se dire : Dieu m’a ordonné de travailler pour la famille et m’a imposé d’assurer leurs dépenses, car il est indispensable d’agir sur les moyens par lesquels Dieu assure habituellement les subsistances.

En effet cela ne contredit pas ce que nous avons dit. Car nous t’interdisons seulement de compter sur ces moyens avec ton cœur et de te fier à eux. Nous ne te disons pas : N’agit pas en usant de ces moyens. Du reste je me suis endormi en notant ces indications et en revenant à moi je me suis mis à répéter ces deux vers que je ne connaissais pas auparavant :

Ne compte que sur Dieu
Car Tout est dans la main de Dieu.
Ces moyens seconds ne sont que Ses voiles
Ne sois donc qu’avec Dieu.

Regarde donc en toi-même : Si tu trouves que le coeur se fie à ces moyens, tu dois faire des reproches à ta façon de croire et sache que tu n’es pas comme il faut ; et si tu trouves que ton coeur est calme devant Dieu et qu’il t’est égal que ces moyens seconds existent ou n’existent pas, sache alors que tu es cet homme comme il faut, qui a cru, qui n’a rien associé à Dieu, que tu es rare parmi les rares et que si Dieu te pourvoit par là où tu ne l’escompte pas, c’est une bonne nouvelle de la part de Dieu annonçant que tu fais partie de ceux qui se gardent de Dieu et Le craignent pieusement. Parmi les secrets de ce verset, il y a ceci : Même si Dieu te pourvoit par le moyen habituel qui est à ta disposition et sous ton pouvoir tout en étant pieux et en craignant Dieu, c’est-à dire que tu as recours à Dieu comme rempart et protection parce qu’Il est le Garant, tu es à vrai dire pourvu par là où tu ne l’escomptait pas, car il ne te vient pas à l’idée que Dieu te pourvoit ; or ce que tu as et ce que tu obtiens est nécessaire.

Autrement dit, Il ne t’a pourvu que par là où tu ne l’escomptait pas, même si tu consommes et puises ce qui es dans tes mains.

Sache cela car il a une signification subtile que ne ressentent que ceux qui sont vigilants et attentifs à Dieu et ne cessent de surveiller leur intérieur et leurs coeurs, car la prémunition procède de Dieu et empêche le serviteur d’aboutir aux moyens seconds pour compter sur eux en raison de son appui sur Dieu – qu’Il soit exalté et magnifié. C’est cela le sens de la Parole divine : « Trouvera une issue à quiconque ». Voilà l’issue de la piété et de la crainte révérencielle dans ce verset. Et ceci constitue une recommandation de Dieu pour Son serviteur et une indication pour ce dernier sur ce qu’il est réellement. (recommandation 15)
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Ne prête pas trop attention aux épreuves que Dieu t’impose à travers tes biens ou les êtres qui te sont chers et dis au moment où tu subis de telles épreuves : « Nous sommes à Dieu et Lui nous revenons », ou bien dis ce que Omar Ibn al-Khattab disait : « Je n’ai jamais subi une épreuve sans constater qu’en cette occasion Dieu m’accordait trois bienfaits : Le premier, dans la mesure où elle n’était pas une épreuve touchant ma foi, le deuxième, dans la mesure où cela aurait pu être une épreuve plus terrible et le troisième, c’est que Dieu plaçait cette épreuve comme récompense pour expier nos fautes ».

Sache que le croyant s’expose en ce bas-monde à beaucoup d’épreuves parce que Dieu aime le purifier afin qu’il retourne vers Lui pur et purifié de la souillure des infractions que Dieu décrète à son encontre dans le bas-monde. Ainsi, le croyant ne cesse d’être éprouvé dans l’ensemble de ses états. En effet, il est établi à ce sujet que l’Envoyé de dieu a dit : « Le croyant est semblable à une tige de blé, tantôt le vent la fait plier et tantôt il la redresse et ainsi peut-elle se développer et grandir ». (recommandation 23)
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Tu dois être affectueux et attentif aux serviteurs de Dieu parmi les croyants en répandant les salutations, en offrant la nourriture et en t’activant pour satisfaire leurs besoins. Et sache que les croyants sont dans leur ensemble comme un seul corps, tel un seul homme ; lorsque l’un de ses membres se plaint, tout le corps a la fièvre. Il en va de même du croyant. Lorsque son frère dans la foi subit un malheur, il souffre pour lui comme si il était lui-même touché.

Aussi, lorsque le croyant ne fait pas cela avec les croyants, la fraternité dans la foi entre lui et eux n’est pas établie. En effet, Dieu a instauré la fraternisation entre les croyants comme Il a instauré l’affinité entre les membres du corps de l’homme. D’où l’exemple donné par le Prophète dans le Hadith sûr, à savoir sa parole : « Les croyants sont, dans leur affection, leur bonté et leur compassion les uns pour les autres, semblables au corps : lorsque l’un de ses membres se plaint, l’ensemble du corps tombe dans la fièvre et les veillées ».

Sache aussi que le croyant est une multitude par son frère, et, comme le nom : croyant (al-Mu’min) est l’un des Noms de Dieu – avec ce que cela peut s’ajouter à Ses créatures pour ce qui est de la forme – le rapport est établi. Cela dit, le croyant est le frère du croyant, il ne le livre pas et ne le lâche pas. Et celui qui est croyant en Dieu, Dieu, du fait qu’Il est Mu’min, le confirme dans son acte, sa parole et son état. Et ceci constitue l’infaillibilité.

En effet, du fait qu’Il est Mu’min, Il le confirme à ce sujet. Or Dieu ne confirme que le véridique, car pour Lui, la confirmation du menteur est impossible, dans la mesure où le mensonge Lui est impossible, et la confirmation du menteur est celle du mensonge. Ainsi, celui dont la croyance en Dieu est confirmée, du fait que Dieu est mu’min, nul doute que ce serviteur fait partie des véridiques dans toutes ses affaires avec Dieu parce qu’il croit que Dieu le croit aussi. Fais attention donc à ce que je t’ai indiqué et ce que je t’ai recommandé à propos de la croyance en Dieu, du fait qu’Il est mu’min, et tu en tireras profit.

En effet, je t’indique le chemin qui permet d’obtenir cela. Accroche-toi donc à Dieu car « Ceux qui se saisissent du lien établi seront conduits sur une voie droite » (Coran, 3/101). En effet, Dieu est sur une voie droite qui n’est autre que ce qu’Il a prescrit pour Ses serviteurs. (recommandation 22)
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Adopte l’attitude de Omar Ibn al-Khattab (r) qui disait : « Celui qui nous trompe en Dieu, nous nous laissons tromper par lui ».

Prend donc garde, ô mon frère, en voyant quelqu’un qui volontairement te trompe au Nom de Dieu. En effet, la noblesse de caractère exige que tu te laisses tromper, sans lui faire voir que tu es conscient de sa duperie. Fais même l’idiot jusqu’à ce que l’impression domine chez lui et lui fait croire que sa tromperie a eu son effet sur toi sans qu’il sache que tu es parfaitement averti à ce sujet. Car en adoptant cette attitude, tu t’acquittes convenablement du droit qu’exige la situation dans la mesure où tu n’as traité qu’avec la qualité à travers laquelle il s’est manifesté pour toi.

En effet, l’homme traite les gens en vertu de leurs qualités, non en vertu de leurs essences concrètes. Ne vois-tu pas que, s’il était véridique et non trompeur, tu serais obliger de le traiter selon ce qu’il a manifesté pour toi ? C’est qu’il ne se réjouit que par sa véracité au même titre que le trompeur est réprouvé à cause de sa tromperie et de son hypocrisie. En effet, le trompeur est un hypocrite ; ne le met pas donc à nu dans sa tromperie, fais l’ignorant, épouse la couleur qu’il veut que tu adoptes, faits des invocations en sa faveur et prend-le en miséricorde, dans l’espoir que Dieu lui apporte profit grâce à toi et exauce tes bonnes invocations en sa faveur.

Si tu fais cela, tu seras un vrai croyant. C’est que le croyant est innocent et généreux, parce que la vertu de la croyance et de la foi favorise le traitement de ce qui est manifeste et extérieur, tandis que l’hypocrite est un trompeur et un vilain, c’est-à-dire vilain à l’égard de lui-même dans la mesure où il n’a pas cherché le salut et le bonheur de son âme.

Sois donc un manteau et une chemise pour ton frère croyant, protège son dos et préserve-le dans sa personne, son honneur, sa famille et ses enfants, car tu es son frère scripturaire comme l’atteste le Saint Livre. Qu’il soit le miroir dans lequel tu te vois, et de la même façon que tu élimines toute gène que le miroir dévoile sur ton visage, de même élimine chez ton frère croyant toute gène en lui car l’essence de la chose constitue sa face et sa réalité. (recommandation 31)
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Ô mon frère ! Prends garde à ne pas désirer la supériorité sur cette terre, et cherche l’effacement. Et si Dieu a rehaussé ta parole, Il n’a rehaussé que la vérité ; et s’Il t’accorde l’élévation dans les cœurs des créatures, cela Lui revient –qu’Il soit exalté et magnifié -.

Ce qu’il te faut, c’est la modestie, l’humilité et le fait d’avoir l’air brisé. Car Il t’a créé à partir de la terre et tu ne dois pas te montrer hautain par rapport à elle car c’est ta mère. En effet celui qui se montre hautain envers sa mère lui désobéit. Or la désobéissance aux parents est strictement interdite. Ensuite on a rapporté ceci dans le Hadith : « Il sied à Dieu de ne rien élever parmi les choses du bas-monde sans l’abaisser ». Si tu es toi-même cette chose, attend-toi à ce que Dieu t’abaisse. Et je ne crains pour celui qui a cette qualité, que le fait, que si Dieu – qu’Il soit exalté – l’abaisse, Il le jette en Enfer. Ceci lorsque la chose s’élève d’elle (de cette qualité), non lorsque c’est Dieu qui l’élève, car cela ne dépend plus d’elle. Il reste que le serviteur doit quand même être attentif à Dieu à propos de ce qu’Il lui a accordé comme élévation sur la terre sous forme d’une autorité et d’une préséance qui font qu’il est servi, qu’on se met à son seuil et qu’on l’accompagne avec les honneurs dans ses déplacements. Il ne doit cesser, donc, de regarder sa servitude et son origine, car il est créé dans la faiblesse et d’après une source qualifiée de humble. Et il doit savoir que l’élévation dont il bénéficie ne l’est que pour la fonction et le degré, non pour son essence, car lorsqu’il les quitte, il ne garde rien de cette position et du poids qu’il s’imaginait, car cela passe à celui que Dieu a placé dans cette position. Donc l’élévation est pour la position, non pour soi. Car celui qui veut l’élévation sur la terre veut l’autorité sur elle. Or il faut savoir que l’Envoyé de Dieu a dit sur l’autorité : « Elle sera au Jour de la Résurrection une source de regret et de remord ». Ne sois pas donc parmi les ignorants.

Ce que je te recommande donc, c’est de ne pas désirer l’élévation sur la terre, et si Dieu t’élève, ne demande à Dieu que d’être en toi-même un homme humble, modeste et recueilli. Mais tu n’obtiens cela que si tu arrives à contempler Dieu, car le but des créatures et des grands, c’est d’atteindre la station spirituelle de la contemplation. En effet c’est cela l’existence recherchée. (recommandation 16)
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Vidéo de  Ibn'Arabî
Kahina Bahloul est islamologue et depuis peu, imame. Souleymane Bachir Diagne enseigne la philosophie et s'intéresse de près aux intellectuels musulmans.
Pour elle, le poids de la tradition littéraliste et orthodoxe, l'inflation des lectures normatives, amputent l'islam de sa dimension mystique et bloquent l'accès des femmes au domaine religieux. Pour lui, les mêmes tendances freinent le développement d'une pensée islamique vivante et contextualisée.
Tous deux toutefois, soulignent la richesse intellectuelle de nombreux courants islamiques à travers les époques, du philosophe Averroès et du mystique Ibn Arabi, aux penseurs contemporains Mohamed Iqbal, en passant par les réformateurs du XIXème siècle comme Mohammed Abdu.
L'invité des Matins de France Culture. Comprendre le monde c'est déjà le transformer, l'invité était Kahina BAHLOUL / Souleymane Bachir DIAGNE (07h40 - 08h00 - 19 Avril 2021) Retrouvez tous les invités de Guillaume Erner sur www.franceculture.fr
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