Chaque rite, chaque métier a, en principe, ses propres règles pour établir le nom symbolique de ses compagnons. Ainsi, les menuisiers et serruriers du devoir sont les seuls à conserver leur prénom dans leur nom compagnonnique : Henri le Provençal, Emile le Languedoc, etc.
Un compagnon tailleur de pierre du devoir possède un nom compagnonnique qui donne la primauté à une vertu : La Fidélité de Toulouse, La Franchise de Lyon, La Fraternité de Strasbourg...
Un compagnon boulanger du devoir répondra aux noms de Tourangeau la Franchise, Blois l'Ami du Travail...
Dans tous les cas, l'origine géographique du compagnon est toujours présente dans un nom symbolique. Avec la canne et les couleurs, il constitue l'un des attributs et signes distinctifs essentiels de l'état de compagnon du tour de France.
1228 - [Les Essentiels n° 146, p. 43]
La capacité du compagnonnage à s'adapter et à évoluer explique comment il a pu traverser des siècles d'histoire et exister aujourd'hui encore. L'exemple de la révolution industrielle est très significatif de cette force qui caractérise le compagnonnage en temps de crise. A un moment où ceux qui prédisent une mort prochaine du vieux compagnonnage sont de plus en plus nombreux, une poignée de compagnons charpentiers relèvent en 1889 le défi de l'ingénieur français Gustave Eiffel (1832-1923) : ils dressent dans le ciel de Paris une tour destinée à la postérité. Quelle plus belle réponse pouvait-on apporter aux détracteurs du compagnonnage ? Flèche de cathédrale en fer, la tour Eiffel annonce des jours meilleurs.
1236 - [Les Essentiels n° 146, p. 17]
Inquiète des cérémonies et des rituels qui semblent se dérouler au moment de la réception des nouveaux membres, l’Église catholique commande, durant la première moitié du XVIIe siècle, une série d'enquêtes. Celles-ci sont accompagnées d'une tentative de contre-compagnonnage impulsée par la confrérie du Très-Saint-Sacrement de l'Autel, et notamment par un cordonnier nommé Henri Buch (1593-1666), membre de ladite confrérie. De 1645 à 1655 sont publiés et lus dans chaque église de France des monitoires mettant en garde les jeunes ouvriers désireux de rejoindre l'organisation compagnonnique. Les sociétés compagnonnales sont explicitement accusées de parodier les sacrements, et, partant, de porter atteinte à la foi. Le temps des condamnations approche.
1232 - [Les Essentiels n° 146, p. 12]