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Critique de mfgaultier


Ces cahiers japonais proposés par Igort sont une très belle incursion au pays du soleil levant, qui m'a d'abord ennuyée – un tout petit peu ! le temps de m'habituer au propos – puis assez vite captivée (retournement de situation assez incroyable !).

Le dessinateur Igort, de nationalité italienne, a vécu quelques années au Japon. Il retrace ses souvenirs, surtout professionnels puisqu'il a travaillé avec une maison d'édition de mangas. Parallèlement, il intègre dans son récit ses rencontres avec d'autres créateurs japonais, vivants ou non.

Ces Cahiers Japonais sont donc l'occasion pour lui de tenter de synthétiser ce qu'il a capté de l'esprit du Japon, et d'approcher ce qu'il y cherchait.

A défaut d'attraper son rêve, Igort partage avec le lecteur ses sensations, ses émotions et ses nombreux étonnements face à ce pays.

L'ouvrage s'offre comme une promenade, au gré des découvertes d'Igort, qui se déplace à pied, en métro ou en bus. Il nous invite dans son logement dont les plans dessinés rendent bien compte de l'exiguïté à laquelle il s'accoutume aisément. Déroutante au départ, puisqu'il ne semble pas y avoir de logique rationnelle, la lecture passe ainsi de l'histoire d'Abe Sada, l'inspiratrice et protagoniste du film l'Empire des Sens (très beau récit dans le récit, quasi clos sur lui-même), à la place de la culture des chrysanthèmes au Japon, fleur emblématique du pays. L'auteur évoque aussi les « burakumin », « ces personnes que leur profession mettait au contact du sang ou qui avaient des activités considérées comme dégradantes », dont les descendants sont encore aujourd'hui rejetées. A l'aide de photos, dessins, et même quelques cartes géographiques, Igort retrace l'histoire étonnante de ces gens. Entre-temps, il détaille par ci par là quelques grands noms de l'animation, tel Miyazaki ou encore Takahata, l'auteur du « tombeau des lucioles », sans oublier quelques artistes phares du Japon comme Hokusai…

Ce qui est tout à fait captivant en lisant cette BD, c'est qu'on apprend beaucoup sur le Japon et sa culture fort riche, Igort nous précédant et nous faisant partager son savoir acquis au fil de sa vie. Ce livre donne littéralement envie d'approfondir cette riche culture. Tout comme les Ignorants de Davodeau, qui citait un certain nombre de BD incontournables, Igort nous renvoie vers les mangas de Tanaka San, l'auteur de « Gon », vers les écrits de Tanizaki (l'auteur du célèbre « Éloge de l'ombre »), vers Mishima, dont il retrace en dessins l'existence, vers l'auteur d'haïkus Matsuo Basho (né en 1644)… Évidement, difficile de tous les citer, dommage d'ailleurs qu'à la fin de la BD il n'y ait pas d'index !

Cette BD est une pure merveille, qui convie le lecteur à un voyage immobile mais ô combien instructif. Et les dessins sont très variés : Igort insère et mélange des travaux du passé, imagine quelques planches sur tel ou tel auteur de manga, se représente aussi avec ses connaissances, ajoute des photos, des peintures… L'ouvrage porte bien son nom : les Cahiers Japonais, comme un journal intime de ses découvertes, de ses relations et sensations. Une façon aussi de faire défiler sa vie, mais avec beaucoup de pudeur. Une bande dessinée comme je les aime, pointue mais accessible, pédagogique mais originale, simple mais aussi complexe, en un mot : superbe !
Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
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