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EAN : 9782754835169
168 pages
Futuropolis (23/11/2022)
4.28/5   45 notes
Résumé :
Igort a vécu en Ukraine, la famille de son épouse y vit toujours. Après avoir raconté les racines de ce conflit dans Les Cahiers ukrainiens et Les Cahiers russes, il revient sur ce sujet pour donner une voix à ceux que généralement on entend peu : les gens ordinaires qui vivent et subissent les conséquences d'une guerre insensée et brutale. Un récit écrit en temps réel qui témoigne de l'horreur : une vie sous les bombardements, dans les villes assiégées... et puis l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Toutes les guerres sont affreuses. Oui, nous sommes d'accord. Pour autant, certaines guerres présentent un caractère particulier pour aller au-delà d'une simple vulgarisation accommodante.

L'Ukraine a été envahie par la Russie le 24 février 2022 qui a déployé un tissu de mensonges afin de justifier leurs actes inadmissibles. Ce n'est pas une opération spéciale mais bel et bien une guerre d'invasion afin de soutirer des territoires à un peuple qui s'ouvrait à l'Occident et à la démocratisation. Cette invasion est d'ailleurs considérée comme la plus importante opération militaire d'agression qu'ait connue l'Europe depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, c'est dire !

Il faut dire que la Russie ne nous aime pas. Ils n'aiment pas la démocratie en tant que telle. Poutine l'a d'ailleurs déclaré que ce système n'était pas fait pour les slaves. Ils doivent être dirigés d'une main de fer avec une orientation sur la façon de penser pour ne pas terminer empoisonner ou dans un goulag de nouveau genre en Sibérie.

Il est vrai que l'Ukraine a eu déjà à subir les foudres de Moscou dans le passé et notamment en 1932 et 1933 où Staline provoqua la mort de 3 à 5 millions de gens en les affamant pour leur faire passer leur envie d'indépendance. On n'a pas parler de génocide mais d'un terme assez barbare à savoir l'Holodomor (l'extermination par la faim).

Ce peuple qui avait déjà beaucoup souffert sous l'ère du communisme vient d'être à nouveau frapper par la Russie qui ne pardonne pas les élections de 2019 où Volodymyr Zelensky (ancien acteur comique de TV) l'a emporté avec 73,2% des voix. On a une majorité de ce peuple qui souhaite la démocratie et se tourner vers l'Occident. C'est la perte de la sphère d'influence de la Russie qui n'a pas su les attirer économiquement et idéologiquement. On voit bien que la Russie et l'Ukraine ne sont pas un seul peuple comme l'affirme Poutine dans son essai de Juillet 2021.

A noter et c'est très important, que l'Ukraine avait abandonné l'arsenal nucléaire pour le rendre aux russes en échange d'un respect de son intégrité territoriale. C'était signé dans les accords de Budapest puis réaffirmé 5 ans plus tard dans une charte de sécurité européenne. On voit ce que la Russie a fait de ces traités internationaux en les bafouant par leur acte d'agression.

La BD évoquera également la guerre éclair voulu par Poutine (les soldats n'avaient que trois jours de provision alimentaire). C'était sans compter sur l'orgueil et surtout la défense admirable et le courage de ce peuple qui a dit « non ». Certes, le conflit demeure dans le temps car il s'agit quand même de combattre le plus grand pays de la planète. L'Ukraine a réussi à repousser l'offensive russe mais ces derniers occupent encore une bonne partie du territoire notamment au sud et à l'Est.

Un passage de lecture m'a particulièrement marqué. C'est celle où des enfants ont dû assister à l'exécution publique de leurs parents avant d'être violé par des soldats russes et se retrouver dans un bus en partance pour la Pologne. Les russes ont expliqué qu'ils voulaient laisser un souvenir impérissable de leur grande patrie qui a vu naître une culture prestigieuse des oeuvres de Tolstoï et Dostoïevski. J'avoue avoir eu la nausée. Bien entendu, les détracteurs diront que c'est totalement inventé par de la propagande. Or, il faut lire cette BD pour découvrir les différents témoignages de leurs très nombreuses exactions qui ne semblent faire aucun doute.

Evidemment, le massacre de Boutcha est évoqué. Il restera comme un crime de guerre commis pendant cette invasion au nord de Kiev. On espère que Poutine sera jugée pour ses meurtres en masse et ses exécutions sommaires sans compter le viol et la torture qui ont été recensé par des témoignages accablants sans compter sur les images prises par satellite. Certes, les ukrainiens ne sont pas des anges mais ils sont victimes d'une agression et en tant que tel, c'est à prendre en considération.

La désinformation russe les a fait passer pour des nazis à la solde de l'Occident voulant s'en prendre à la Russie. Il est également dommage que cette désinformation soit relayée sur les réseaux sociaux par des complotistes. La Russie compte encore de nombreux sympathisants en France et dans le monde aussi bien politique que les riches milliardaires voulant dominer la planète. Leur influence sur l'élection présidentielle américaine de Donald Trump en ait un formidable exemple.

Il faut savoir que l'utilisation de plusieurs mots, parmi lesquels « invasion », « guerre », « bombardements de villes » ou « pertes civiles », est durement réprimée par la loi et passible de prison, tandis que les réseaux sociaux sont censurés tout comme l'ensemble des médias locaux. Les journalistes indépendants ont été pourchassé. le chef de la milice Wagner a été vraisemblablement tué. le principal opposant de Poutine est en prison dont il ne ressortira plus après avoir subi une tentative d'empoisonnement.

Cette BD qui porte sur l'invasion de l'Ukraine nous permet d'avoir les idées plus claires après lecture. Certes, il y a un parti pris mais qui s'explique aisément face à l'évidence des mensonges. J'espère que ce pays parviendra à récupérer l'ensemble de son territoire (y compris la Crimée) puis à faire partie de l'OTAN et de l'Europe pour être délivrer à tout jamais du grand mal que représente l'impérialisme de Poutine et de sa clique d'oligarques.

Pour cela, il faudrait continuer à les soutenir en fournissant notamment du matériel militaire, de la nourriture, du matériel médical et d'importantes aides financières. Il s'agirait également de renforcer les sanctions internationales contre la Russie et ses ressortissants soutenant la guerre.

D'autres pourraient penser au contraire, et je le conçois, que l'Ukraine devrait changer son régime politique (comme ce qui s'est passé malheureusement en Tchétchénie après la guerre), devenir un Etat totalement neutre, reconnaître l'appartenance de la Crimée à la Russie et déclarer l'indépendance des deux républiques populaires du Donbass.

Si la Russie gagnait et c'est également une possibilité, qui serait le prochain Etat à subir leur colère dans leurs rêves de revanche pour retrouver la grande URSS et les états frères d'Europe de l'Est ? On pense à la Moldavie (déjà divisé par une région séparatiste russe à savoir la Transnistrie) et aux Etats baltes en tout premier lieu. On ne peut décemment pas le laisser faire comme cela s'est produit dans le passé avec un certain Hitler. C'est le même combat pour la liberté des peuples.

Pour moi, le choix est très vite fait entre une dictature et une démocratie mais cela ne semble pas évident pour tout le monde. Pour rappel, le schéma est le suivant : une dictature attaque une démocratie en menaçant la paix dans le monde. Certains pays méritent plus la défiance que la confiance…

Alors, oui, cette BD qui collecte simplement les faits et témoignages sur l'invasion russe provoque ce type de réflexion personnelle ou collective. Il s'agira de suivre cette guerre qui peut encore réserver des surprises inattendues qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

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Auteur italien marié à une ukrainienne, Igort avait sorti chez Futuropolis en 2010, sa première bande dessinée reportage avec “Les Cahiers Ukrainiens - Mémoires du temps de l'URSS”. Il s'en était suivi une suite sur la Russie et trois tomes sur le Japon. Mais avec les évènements récents en Ukraine, le quotidien italien La Republica l'a incité à écrire une suite sur l'Ukraine. Si le premier tome revenait beaucoup sur les évènements des annés 1930 qui s'apparentent à un génocide, et sur la période soviétique, ce deuxième tome est le témoignage d'une actualité particulièrement brûlante.
Le dessin est ici en retrait, plusieurs témoignages téléphoniques ou épistolaires n'étant juste retranscrits en prose, mais les parties en bandes dessinées sont toujours très justes et efficaces. Si graphiquement il a moins d'impact que le tome de 2010, c'est sans doute que certains propos ne pouvaient être dessinés, c'est de la violence d'aujourd'hui, brute et crue, sans. le récit est objectif, tout peut être sujet à caution, mais le ton ne cherche jamais la surenchère indécente du grand spectacle, c'est juste la vie en Ukraine sous la guerre.
Ce livre n'est pas agréable à lire, vous vous en doutez, certains témoignages, certains mots nous nouent les tripes, mais contrairement au premier tome, dont les faits peuvent toujours être niés, faute de preuves, celui-ci à le statut de mots qui resteront à jamais, de faits posés sur le papier, de témoignages sincères et malheureusement si réels, c'est l'horreur au jour le jour, inacceptable, c'est un récit qui est en train de se dérouler au moment même où il se raconte. C'est le genre de livre qui a le mérite d'avoir été écrit, accusateur et nécessaire.
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C'est un roman graphique éprouvant sur les premiers mois de la guerre en Ukraine. Cette « opération spéciale » qui devait durer trois jours (les soldats n'avaient d'ailleurs dans leurs sacs que trois jours de rations…) s'est rapidement enlisé, enfoncé dans l'horreur des bombardements (celui du théâtre de Marioupol par exemple), des exactions (la ville de Boutcha), des sacrifices de soldats russes jetés comme chair à canon pour avancer de quelques mètres. Et tout ça pour quoi, pour qui ? Un homme qui n'a jamais accepté la chute de l'URSS.

Ce roman graphique est fait de témoignages d'Ukrainiens pris dans la nasse et qui tentent de survivre, de rappel de faits historiques (la famine orchestrée par Staline dans les années 30, le nationaliste controversé Bandera, la guerre du Donbass en 2014) qui nous permettent de saisir ce que vit ce peuple fort et résistant. Les civils sont les cibles privilégiées mais les morts ne font que renforcer l'esprit de résistance. Face à eux, des tueurs impitoyables comme ceux de la 64ème brigade de fusiliers motorisés, stationnés à Boutcha, qui ont éliminé « sans distinction et avec la seule intention punitive » tous ceux et celles qu'ils ont pu trouver avant de fuir la ville. le Kremlin les a décorés puis les a tout de suite renvoyés en première ligne. « de toute évidence, les protagonistes d'une opération gênante peuvent être sacrifiés. Mieux vaut qu'ils disparaissent ». Face à eux, de jeunes soldats endoctrinés projetés dans un pays qu'ils croyaient délivrer, « de quoi ? » leur a rétorqué une vielle dame. A cette question, aucune réponse, car ils n'en avaient pas. Face à eux, des soldats mal commandés, mal rationnés et qui pillent, violent, tuent ou sont tués. L'armée russe ne ramasse pas les corps, ils sont portés disparus pour leurs familles, ainsi ils ne sont pas comptés dans les pertes.

Le texte d'Igort vous prend à la gorge et ses illustrations réalistes resteront dans ma mémoire. Cette guerre est le fait de Poutine que l'auteur interpelle à la fin : « Et maintenant ? Et maintenant, monsieur Poutine, que votre défaite politique est évidente, que vous reste-t-il ? » Un roman graphique à lire et à faire partager.
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Igort, auteur italien nourri à la culture russe marié à une ukrainienne, nous transmet des témoignages des premiers mois de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022 98 jours de guerres, de crimes, d'exactions...

L'invasion des troupes russes (140 000 hommes) commence sur plusieurs fronts. L'Ukraine est attaquée par le nord, l'est, le sud. Une avancée imposante, une guerre à grande échelle qui va bouleverser l'Europe.

Il y a ceux qui croient en une guerre éclair. En trois jours, ils veulent prendre Kiev, remplacer le gouvernement démocratiquement élu (avec 73% des voix) et ramener l'Ukraine dans le giron de la Grande Mère Russie.

"En quelques heures, la vidéo fait le tour du monde. Je connais ces tsiganes", me dit J. "Ma grand-mère a vécu là-bas il y a des années et je me souviens encore où sont leurs maisons. Ils travaillaient pour nous dans les champs en échange de cochons. »Igort montre sans faux semblants la guerre subie par le peuple ukrainien, les civils, les gens ordinaires... Il montre leur peur, leurs malheurs mais aussi leur courage, leur solidarité,leur résistance

Une lecture forte de témoignages directs recueillis par téléphone, appels de parents, proches ou amis, témoignages d'hommes et de femmes assiégés, inquiets, apeurés, désespérés.

Le dessin, d'un réalisme souvent âpre et le recours aux crayons de couleurs ou à l'aquarelle, traduisent une sorte de sidération enfantine. Dans ccet album coup de poing dont on a peut avoir du mal à se remettre devant le coté insoutenable de certains faits racontés, Igort ne fait pas l'impasse sur les dérives de certains nationalismes ukrainiens présents et passés.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Raconter ce qui s'est passé depuis le 24 février 2022 … même sous la forme d'un journal … ce n'est pas simple !
Tout dépend d'où on se place !
Du côté des ukrainiens, c'est une invasion, l'histoire recommence … rappelons nous l'holodomor … la dékoulakisation 1932-1933 … des millions d'ukrainiens moururent !
Du côté du pouvoir russe, c'est l'aide à un pays incapable de se protéger de la nazification !
Du côté de nos sociétés européennes, c'est la stupéfaction … il n'osera pas avait il dit !
Du côté du peuple russe, c'est l'indifférence pour certains, la satisfaction de servir son pays pour d'autres et la peur de mourrir pour les soi disant volontaires !

Un journal qui déroule la chronologie d'un conflit qui va nous raconter au travers de témoignages échappés de la censure, informations saisies au vol par chance, jour après jour, le vécu de ces hommes et femmes qui se retrouvent plongés dans un conflit qui les dépasse.
Un rappel de l'histoire de la région est bienvenu tout le monde ne se rappelle pas toujours de ses leçons d'histoire (1) car il éclaire le contentieux qui oppose l'Ukraine et la Russie.
Une lecture glaçante mais qui nous éclaire sur l'actualité.
Tout ce que je peux souhaiter c'est que la déclaration finale de l'auteur
« Le monde est libre, Monsieur Poutine, quoi que vous et votre cour en pensiez »
Puisse être vrai !!

(1)
L'auteur a aussi écrit un premier cahier ukrainien sorti en 2010 « mémoires de temps de l'URSS » qui remet en tête ce qui a été l'holodomor ou la dékoulakisation de l'Ukraine qui semble fort pertinent de lire au vu de l'actualité sur le front de l'est.
De plus un autre titre de l'auteur m'a interpellé « les cahiers russes : la guerre oubliée du Caucase » où il revient sur les victimes de la guerre en Tchétchénie, victimes qu'il convient aussi de ne pas oublier … une lecture qui me semble nécessaire pour compléter le tableau macabre de ce qui se joue dans cette partie du monde .
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critiques presse (2)
LeMonde
03 mars 2023
C’est bien à la vie quotidienne en temps de guerre que s’intéresse le dessinateur dans ce livre poignant, écrit à partir de conversations téléphoniques.
Lire la critique sur le site : LeMonde
BoDoi
27 février 2023
Comme pour ces précédents ouvrages, ce nouveau Cahier fait entrer Igort au Panthéon des auteurs de bandes dessinées engagés tout en demeurant une œuvre d’utilité publique inconditionnelle. Un titre incontournable de ce début d’année.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Une guerre entre le plus vaste pays du monde, la Russie, puissance nucléaire, mais peu peuplée, et un pays de la taille d'un Etat européen. Un pays 28 fois plus grand que l'autre n'a que 100 millions d'habitants en plus.
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Il y avait de tout jeunes soldats
d'un côté comme de l'autre.
Des soldats qui n'avaient aucune envie
de tuer,ni de mourir .
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L'homme slave n'est pas fait pour la démocratie déclarait à l'unisson Vladimir Poutine.
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L’histoire enseigne qu’on peut emprisonner et tuer des gens, pas des idées. Les idées, en effet, plus on les réprime, plus elles prolifèrent et circulent.
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La marine russe, au prétexte qu’il avait donné sa démission, a refusé de faire rapatrier sa dépouille. Ce n’était plus un soldat. Ni un homme, tout au plus un insecte. Sa famille a organisé une collecte pour les frais du dernier voyage d’Evgenij Myazin.
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Videos de Igort (53) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Igort
Voici les ouvrages qui vous attendront dès le 8 février 2023 en librairie ! de l'actualité la plus chaude avec Igort qui raconte la guerre en Ukraine au jour le jour, à celle anticipée par Jared Muralt dans La Chute, vous passerez par un documentaire passionnant sur les corvidés (les oiseaux noirs, quoi) dans La Femme Corneille, et une fiction française et rurale dans La Meute !
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