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Antoine Volodine (Traducteur)
EAN : 9782879294513
214 pages
Editions de l'Olivier (27/08/2004)
3.63/5   31 notes
Résumé :
À dix-sept ans, Lizka décide de vivre sa vie. Elle quitte sa mère et son village étriqué, mais les choses ne s'arrangent guère. Mais là-bas la vie ne s'avère guère facile. À la suite d'une rixe entre voisins, elle se retrouve en prison où elle tombe amoureuse de Micha... A Micha succéderont Viktor, un fonctionnaire du parti, Arthur, qui l'épouse et la
trompe, Max, qui a perdu son âme et sa jambe à la guerre, et Kostia, un poète qui aime regarder la télévision... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Lizka vit seule avec sa mère dans le village de Lopoukhov où elle étouffe dans une vie monotone.
A Lopoukhov tout ce sait ce qui n'a pas rendu sa vie très facile entre un père qu'elle a peu connu car il a disparu dans des circonstances non élucidées et une mère se retrouvant seule, paumée, sans ressource et n'ayant trouvé comme moyen de subsistance que sa beauté pour se faire entretenir par des hommes riches.
A 17 ans Lizka séduit Pacha un jeune ouvrier timide qui s'en vante ensuite dans tout le bourg où ce n'est que commérages, regards fuyants et allusions la comparant à sa mère.
Ecoeurée elle décide de partir chez sa tante qui habite la ville de G où elle a la possibilité de suivre des cours d'infirmière.
Une tante pas très enchantée de la venue d'une nièce qu'elle ne connaît pas et qui décrète, quand elle la voit, qu'elle ne pourra l'héberger car "elle émet de l'énergie négative qui pourrait nuire à l'aura de son appartement" et l'envoie dans un foyer de travailleurs à proximité de l'école d'infirmières.
Un foyer surpeuplé, elles sont quatre filles dans une chambre, et insalubre où à la suite d'une opération anti-cafards ceux-ci envahissent les chambres ; tous les occupants s'enfuient alors dehors affolés mais profitent vite de l'occasion pour fêter l'évènement à coups d'alcools même frelatés.
Lizka en a vite marre de ce foyer ainsi que de Kikimora (1) une vieille fille aigrie et puritaine, responsable de la chaire de médecine, qui ne supporte pas que Lizka lui tienne tête. Et que dire de Micha, dont elle est tombée amoureuse, qui se révèle être un aventurier, menteur et escroc qui a profité d'elle.
Lizka pleure un peu mais continue à aller de l'avant et quand elle rencontre Viktor, un politicien opportuniste, elle va s'installer chez lui tout en continuant de travailler.
Cela ne dure qu'un temps et d'autres hommes se succéderont qui la décevront tous dans sa recherche du "prince charmant".
Une Lizka attachante, intègre et toujours optimiste dans sa recherche du bonheur malgré ses déboires et avec des amies dont l'affection et la présence l'aident à supporter la vie quotidienne.
Des amies qui, elles aussi, essayent de survivre avec courage et humour, dans cette Russie des années 90 où règnent la pauvreté, la violence et les inégalités sociales avec des hommes qui n'ont pas toujours le beau rôle.
Plus tard on la retrouve vivant dans une autre ville avec kostia un poète un peu pantouflard.
Sera-t-il le dernier homme de Lizka ? il aimerait bien mais elle-même le sait-elle ?
Une histoire écrite par Alexandre IKONNIKOV avec beaucoup d'humanité et de tendresse envers son héroïne.


(1) Personnage de la religion populaire, esprit mauvais qui hante le foyer.
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Lizka a 17 ans et est fermement décidée à vivre sa vie comme elle l'entend. Cette prise en main subite commence forcément par le départ de son village natal, devenu trop petit pour la grande Lizka. Mais là-bas, dans la grande ville, la vie n'est pas aussi facile qu'elle aurait pu croire, aussi belle qu'elle aurait pu rêver. Une rencontre de hasard l'a fait tomber amoureuse de Micha... qui s'avéra un bel escroc... Puis, il y eut Viktor, grand apparatchik voué au parti... Se succéderont encore Arthur, le conducteur de trolleybus... puis Max, héros et blessé de guerre... puis Kostia le poète...

Les rues sont froides, sales et couvertes de boue. Les immeubles sont en état de décrépitude avancée, à la limite de l'insalubrité. Les logements sont étriqués et rares. Les boulots sont peu gratifiants. Malgré tout, il reste la bière, la vodka et l'alcool pour tenir le coup... et aussi l'amitié et l'amour. Car, ce que l'on retient de ce roman, ce sont les aventures de tous ces héros russes sortis de l'ordinaire, qui ont toujours foi en leur destin et qui malgré cette morosité ambiante tentent toujours d'aller de l'avant, d'avancer dans la vie en gardant un brin d'optimiste et de fatalité.

Au final, Lizka s'en sort toujours. Elle a su garder son âme d'enfant qui lui fait oublier rapidement ses mésaventures pour passer à autre chose. Dans toutes les situations, elle garde son envie de vivre, son optimisme et son humour. C'est ce qui fait aussi le charme de ce roman (en plus des formes de Lizka). Alexandre Ikonnikov finira par avouer qu'il aime son héroïne, et que son thème principal d'écriture est en fait l'humain... et la recherche du bonheur. Lizka nous présente sa Russie à travers tous ses hommes. Il y'a de bon côté à vivre dans ce pays, et des moins bons... comme les hommes. L'important est de vivre, et de continuer à vivre en gardant le sourire et aussi l'espoir qu'un jour la Russie retrouvera ses fastes, qu'un jour le monde deviendra meilleur, qu'un jour Lizka trouvera son homme...
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Lizka élevée seule par sa mère Elena Georgievna. Cette dernière sans étude et donc sans un sou, accorde ses faveurs aux hommes riches du coin pour permettre à sa fille et à elle de subvenir à leurs besoins, dans cette URSS pauvre.
Vladimir Ogourtsov, son père est absent. Militaire portée disparut dans l'une des guerres que mène le pays, il n'a pas pu voir sa fille grandir ni lui apporter sa présence et encore moins de quoi l'aider financièrement car sa pension de combattant pour veuve n'est pas accordée.


En grandissant Lizka découvre son corps, son envie de briller, telle une fleur dans cette masse d'arbres qui lui fait de l'ombre. Avoir elle aussi un peu de lumière de soleil. Être aimée, appréciée…
Mais tout autour d'elles les autres filles ont la même envie, et se font de l'ombre les unes aux autres, plutôt que d'être tous amies et vivre en harmonie. Ce qui l'oblige à 17 ans de déménager dans la ville de G. ou habite sa tante, puis à loger dans un foyer communautaire avec trois autres filles, toutes quatre étudiantes, travaillant dans le milieu médical.


Lizka, belle femme et inconsciente des dangers masculins qui peuplent tout autour d'elle tombera sous leur charme… Chacun lui apportera une idée de ce qu'ils sont… Dont le point commun est qu'ils sont tous menteurs, manipulateurs, violents, et alcooliques. Mais dans ce froid et immense pays, la vodka et l'alcool à 90° est courants, voire banals.

Nombreux sont ses échecs en amour, faute de trouver le prince charmant qui peuple ses lectures et qu'elle aimerait voir dans la réalité. Mais hélas, peu d'hommes ont l'air de lire des livres, et encore moins ont envie de s'inspirer d'eux et de se comporter en gentleman.


La vie est pénible dans ce monde d'humains, dans cette pauvreté, et ce système corrompu… Mais il arrive à Lizka de prendre le temps de se poser, de méditer, rêvasser sur ce qui l'entoure et devient resplendissante.



Alexandre Ikonnikov à travers ses personnages nous plonge dans la Russie actuel tant social que politique. La misère et la corruption du pays, n'aide pas le petit peuple et encore moins ne leur donne le moral. L'histoire de Lizka et sa quête du bonheur, mais aussi d'un but dans sa vie, peut-être en chacun de nous, ceci est une assez triste réalité qui nous est propre nous humains.
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Dans la Russie des années 90, Lizka quitte son village pour échapper aux racontars à propos de la vie dissolue de sa mère. A elle la grande ville et la vraie vie ! Une place à l'école d'infirmières, un logement dans un foyer et voilà la belle vie. Mais l'apprentissage de la liberté est douloureux. Cinq hommes se succèderont dans sa vie, lui apportant chacun un peu de bonheur à sa manière et lui permettant de mieux se connaître.

Ecrit comme un conte moderne, ce roman se lit d'une traite. Comme dans son précédent ouvrage "Dernières nouvelles du bourbier", Ikonnikov donne un reflet contrasté de la vie actuelle en Russie. Problèmes sociaux, renouveau politique (on prend les anciens et on recommence !), libération des moeurs, tout y passe dans un véritable tourbillon où l'on se laisse emporter en passant avec jubilation du cynisme au fatalisme et à l'insouciance.
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Lizka est une jeune femme qui vient d'un milieu assez difficile : son histoire familiale n'est pas très glorieuse, entre son père qui a disparu dès son plus jeune âge, sa mère qui se prostitue régulièrement pour subvenir à leurs besoins, et les rumeurs qui court à son sujet, elle ne tient plus. Par chance, une école d'infirmière dans la ville voisine accepte qu'elle vienne suivre les cours. C'est ainsi que, du haut de ses dix-sept ans, Lizka décide d'échapper à cet avenir peu attrayant et de partir vivre sa propre vie.

Même si Lizka est un peu naïve au début, on n'arrive pas à lui en vouloir. Elle ne rêve que du bonheur et pour ça elle va faire trop vite confiance aux hommes qui la séduisent. Mais au fil du temps, elle va apprendre à ses dépens, se forger un caractère et tout faire pour vivre sa vie comme elle l'entend. Ce que j'ai particulièrement aimé, c'est qu'elle n'abandonne jamais. Bien qu'elle va vivre d'affreux moments, elle retombe toujours sur « ses pattes » et continue d'avancer quoi que cela lui en coûte. Elle reste fidèle à elle-même et à ses valeurs.

Bien sûr, on ne peut pas parler de ce livre sans parler des hommes. On en rencontre différents types : des escrocs, des riches politiciens, des ouvriers, des blessés de guerre, des poètes, tant d'hommes si différents et pourtant si proches. Et c'est à travers ces hommes (et l'influence qu'ils auront sur la vie de Lizka) que l'auteur nous présente la Russie et son histoire, sa société, son gouvernement. Plongé dans ce milieu populaire, on y découvre les difficultés de la vie mais aussi les petits moments de bonheur, entre amour et amitié.

Dernier point que j'aimerais aborder est celui de la sexualité. Nous sommes dans les années 90 en Russie et pourtant, malgré les politiques que nous connaissons de ce pays, on voit apparaître une certaine libération sexuelle. Elle est présenté à plusieurs reprises dans le roman avec notamment l'évocation sans grands tabous de l'émancipation sexuelle des femmes, mais également de celle de l'homosexualité. C'est un aspect du livre que j'ai vraiment apprécié et qui contraste vraiment avec les préjugés que nous pouvons avoir sur ce pays.

En bref, un livre assez court, bien traduit, et qui vous donne à voir des êtres humains qui ont foi en leur destin et en la possibilité d'un monde meilleur.
Lien : http://mangeonsleslivres.blo..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La gravité, c'était ce qui convenait au moment d'un accouchement ou quand on désamorçait des mines anti-personnel mais pas quand on écrivait de la poésie. Comme j'étais d'accord avec lui, en pensant aux odieux directeurs littéraires que je connaissais ! Une fois éclusés le cognac et la vodka, nous passâmes à l'alcool à 90°. Bien entendu, il y a des gens qui pourraient nous critiquer et nous inciter à trouver une manière plus utile de passer le temps ; mais parfois la beuverie est indispensable au poète, elle lui permet de se nettoyer l'intérieur de la tête, à sa manière elle agit comme un défragmenteur de disque ; sans elle, tout poème, y compris les siens, lui apparaîtrait comme une manifestation de pur délire. Stepanytch, par exemple, descendit en flammes l'auteur d'une série de vers, l'accusant d'avoir violé toutes les règles de la versification et d'avoir fait preuve d'un amateurisme répugnant. Il se déchaina pendant une heure autour du texte incriminé, accumulant les sarcasmes et les méchancetés, jusqu'à ce que quelqu'un lui dise qu'il s'agissait de l'hymne national.
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p.181.

Lizka se rappelait aussi les parents d’Arthur. Un jour ils lui avaient fait des remarques acerbes parce qu’elle avait heurté une table par inadvertance, ce qui avait produit une petite éraflure sur le parquet de bois tendre. Leur indignation l’avait laissée sans voix. Elle s’était demandé si les objets existaient pour les humains, ou si au contraire les humains étaient esclaves de leurs objets.

Comment pouvait-on vivre au nom d’objets aussi misérables, alors qu’il y avait un ciel, de l’eau, et, là-dessus, des étoiles ! Et comment avait-elle pu rester si longtemps sans comprendre cela ! Lizka tout à coup avait envie de se mettre à crier, de tenir des discours à tous et à toutes. Qu’ils cessent de passer leur temps à uniquement satisfaire leur propre chair, et que, comme elle en ce moment, ils considèrent la vie avec ravissement, avec enthousiasme : le flot de ses pensées débordait en elle, la bouleversait.
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Si les contrats de mariage, qui aujourd’hui commençait à faire une apparition timide, avaient existé plus tôt, Lizka aurait tenu à y inclure une clause importante. Son époux aurait eu pour obligation quotidienne de lui masser le dos - des vertèbres cervicales au coccyx - et de lui embrasser la plante des pieds. Elle n’aurait pas exigé autre chose de son époux. Enfin, si : qu’il ne prononce jamais de mots grossiers. Et qu’il n’y ait pas plus d’un match de foot par mois. Et pas plus d’une soirée bière par semaine ! Et aussi...
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p.66.

Jusque-là, Lizka avait été une lectrice peu acharnée, mais à présent, que ce fût par désœuvrement ou parce qu'elle pensait trouver dans des livres quelques-unes des réponses aux questions qu'elle se posait, elle s'était mise à aimer lire des romans. Romans d'amour, d'aventures, romans historiques, policiers, tous la captivaient, l’entraînaient corps et âme dans un autre monde, un monde fascinant, mais en même temps, aucun ne lui donnait d'instruction pour agir, aucun ne répondait à la question essentielle qui la hantait : comment poursuivre son existence.
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L’automne s’annonça avec brutalité : avec les vents venus du nord arriva la baisse des températures, les arbres furent dépouillés de leurs feuilles jaunies, les rayons du soleil se ternirent, ne perçant plus que rarement l’épaisse couche grise des nuages, et des pluies interminables se déversèrent sur la terre et les passants, tous déjà profondément enfoncés dans la déprime.
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