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Critique de Kirzy


Monumental !!!! Et pas uniquement parce que ce polar est une brique de plus de 1000 pages épaisse comme un Petit Robert !

Ce magnum opus est un récit brûlant des haines raciales qui rongent l'Amérique sudiste ( entre autres ) depuis l'ère des droits civiques, années 1960. Avec une vigueur incroyable, il gratte ses plaies qui suintent toujours, pas prêtes à se refermer.

1964 les Aigles bicéphales, ramification encore plus secrète, brutale et radiale du Ku Klux Klan, enchaîne les meurtres atroces de Noirs impliqués dans le combat pour les droits civiques. 2005, dans l'Etat du Mississippi post-Katrina, Viola Turner, une vieille dame noire est assassinée à Natchez où elle venait de retourner après un exil démarrée justement en 1964.

Le procédé classique consistant à alterner passé / présent prend une ampleur inouïe sous la plume survoltée de Greg Iles pour livrer un récit d'une rare complexité et pourtant parfaitement lisible malgré la multiplication des couches, des personnages, des péripéties, jusqu'à un dénouement clair identifiant les modalités et les raisons du meurtre de Viola. On comprend tout, on ne se perd pas, même si la lecture requiert tout de même une certaine exigence d'attention.

Bien évidemment, le lecteur retrouve dans Brasier noir tout ce qu'il attend sur ce thème mais l'intensité y est décuplée par un ultra-réalisme impressionnant : les crimes racistes des Aigles bicéphales font suffoquer, les «  méchants » sont grandioses, les personnages en croisade comme le journaliste Henry inoubliables.

Mais ce qui fait de ce roman-fleuve un roman exceptionnel, c'est sa strate tragédie grecque familiale, c'est elle qui touche, qui fait palpiter, vibrer, c'est elle qui incarne. La question de l'héritage est au coeur : héritage de la violence quand on naît dans une famille de salopards, pères, fils, petit fils, difficiles d'échapper à un atavisme bulldozer.

Surtout, il y a le narrateur, Penn, maire de Natchez, ex-procureur, qui veut sauver son père accusé d'avoir tué Viola Turner, son ancienne infirmière. Il est à l'épreuve du feu, voulant sauver à tout prix son père et découvrant au fil de l'enquête les angles morts de sa vie, tous ses secrets, certains terribles. Il voit vaciller la figure de son père, une version médecin d'Atticus Finch, un des citoyens les plus respectés de la ville de Natchez, qui aurait des connexions avec les Aigles bicéphales et refuse obstinément de parler pour se défendre. Ces dilemmes sont déchirants : son père ou la vérité, quel choix possible pour un homme d'honneur ?

Un roman total et flamboyant emplie de rage et d'émotions, très impressionnant, tout simplement magistral. Et ce n'est que le premier tome d'une trilogie. Je compte bien poursuivre avec l'Arbre aux morts.
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