Les récits de castration et de crucifixions firent remonter les horreurs du Congo belge et du Rwanda. Si désagréables que ces pensées pussent être, une partie pourrie de son esprit avait toujours été avide de jeter un coup d’œil dans l’abysse psychique s’ouvrant sous ces actes pervers.
(Actes noirs, p.271)
Alors que je remonte sur le ponton vers le rivage, je songe à Hannah Arendt, elle avait raison : le mal est d'une banalité incompréhensible. Les existentialistes sont allés plus loin : il est également absurde, à sa manière terrifiante. ( p 280 )
Il y a des destinées bien pires que la mort. La plus banale est de survivre à la mort d'un être aimé.
Ce qui nous définit, c'est la façon dont nous réagissons.
Les tempêtes viendront toujours et les hommes feront toujours mal dans l'ombre d'un autre mot.
Et j'ai appris il y a bien longtemps que si on attend de la justice dans ce monde, il se peut qu'on l'attende encore dans la tombe.
... peu importe ce que la loi mettait en œuvre pour les décourager, les gens continueraient à se droguer, à jouer et à baiser des putes (hommes comme femmes). N'importe quel gouvernement sensé aurait légaliser ces trois pratique des décennies plus tôt et récupéré les criminels. Mais, bienheureusement, les vestiges de la morale religieuse américaine avaient empêché que cela se produise...
Ce soir, la mort et le temps m’ont montré leur véritable visage.
On passe notre vie à franchir laborieusement, aveuglément, les portes de l’abattoir entre le passé et le futur. Chaque seconde est annihilation : la mort de cet instant, la naissance de cet instant. Il n’existe pas d’instant suivant.
Il n’y a que maintenant.
Alors que la vitesse de l’existence paraît très impressionnante quand on la vit, nous nous engouffrons par cette porte comme du bétail qu’on conduit apeuré, obéissant, insensible.
Même quand nous dormons, maintenant devient ensuite aussi inexorablement qu’une rivière usant une pierre.
Les cellules brûlent de l’oxygène, réparent les protéines, meurent et se remplacent dans un enchaînement qui paraît sans fin : pourtant, depuis le ventre de la mère, ces horloges internes ralentissent jusqu’à l’ultime désordre.
Ce n’est qu’à l’ombre de la mort que nous sentons la véritable vitesse du temps – quand l’adrénaline explose dans notre système, l’éternité devient tangible et tout le reste se brouille, passe à l’arrière-plan. C’est alors, que paradoxalement, les secondes paraissent s’étirer, que l’expérience devient hyperréaliste et que la chair et l’esprit s’unissent dans la lutte afin de continuer de respirer, afin de rester conscient, attentif – flottant sur le courant précipité du temps.
Si nous survivons à la menace, notre épiphanie existentielle s’estompe rapidement, car il nous est impossible de la supporter longtemps. Pourtant quelque part en nous, il reste une ligne de séparation.
Avant et après…
L'age n'a rien à voir là-dedans. Je connais des hommes de quatre-vingt ans encore obsédés par les humiliations de leur jeunesse. Ils ne sauraient pas reconnaître le pardon même s'ils marchaient dedans. Tu dois ouvrir ton coeur pour en laisser sortir la douleur.
...le secret de tout bon romancier, c'est que ,, les mensonges,. qu'on raconte sont plus vrais que n'importe quelle histoire factuelle. ( p. 803)