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Citations sur Une société sans école (56)

L’enseignement fait de l’aliénation la préparation à la vie, séparant ainsi l’éducation de la réalité et le travail de la créativité. Il prépare à l’institutionnalisation aliénatrice de la vie en enseignant le besoin d’être enseigné. Une fois cette leçon apprise, l’homme ne trouve plus le courage de grandir dans l’indépendance, il ne trouve plus d’enrichissement dans ses rapports avec autrui, il se ferme aux surprises qu’offre l’existence lorsqu’elle n’est pas prédéterminée par la définition institutionnelle.
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Je me souvins alors de l'attitude de Marx face à un projet présenté dans le programme de Gotha. Il s'agissait d'interdire le travail des enfants. Marx protesta, disant que l'éducation des jeunes ne pouvait se faire que dans le travail. Si l'on considère que le fruit le plus important du labeur de l'homme, c'est l'éducation qu'il en reçoit et la possibilité qu'il y trouve de participer à l'éducation d'autrui, alors l'aliénation de la société moderne dans une perspective pédagogique est encore pire que l'aliénation économique.
Page 48
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Prisonnier de l'idéologie scolaire, l'être humain renonce à la responsabilité de sa propre croissance et, par cette abdication, l'école le conduit à une sorte de suicide intellectuel.

Tel que relevé pour : https://filsdelapensee.ch/
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Pour qu'un homme puisse grandir, ce dont il a besoin c'est du libre accès aux choses, aux lieux, aux méthodes, aux événements, aux documents. Il a besoin de voir, de toucher, de manipuler, je dirais volontiers de saisir tout ce qui l'entoure dans un milieu qui ne soit pas dépourvu de sens.
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La plupart des nations (...) se précipitent dans l'ère du développement économique et de la consommation concurentielle. Ils commencent à connaître, par conséquent, la pauvreté modernisée. Leurs citoyens ont appris à penser comme des riches, tandis qu'ils vivent comme des pauvres.
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Tout mouvement de libération de l'homme ne saurait plus passer maintenant que par une déscolarisation.
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Sans y réfléchir, nous avons accepté l’idée qu’il existe des « enfants », et nous décidons qu’ils doivent aller à l’école, qu’ils sont soumis à nos directives, qu’ils n’ont pas de revenus personnels et ne peuvent en avoir. Nous attendons d’eux qu’ils restent à leur place et se conduisent en « enfants ». Il nous arrive, d’ailleurs, de nous souvenir avec nostalgie ou amertume, du temps où nous étions enfants, nous aussi. Il nous faut donc considérer avec tolérance, sinon envie, leur conduite « enfantine ». L’espèce humaine, selon nous, est celle qui a la lourde responsabilité et le privilège de s’occuper de ses petits. Nous oublions, ce faisant, que l’idée que nous nous faisons de l’enfance n’est apparue que récemment en Europe occidentale, et qu’elle est encore plus récente dans les deux Amériques(1).

L’enfance, que nous distinguons de la petite enfance, de l’adolescence ou de la jeunesse, n’apparaît pas en tant que notion distincte au cours du développement historique de la plupart des civilisations. Au cours de l’ère chrétienne, on semble souvent ne pas avoir eu une vision exacte des proportions du corps de l’enfant. Voyons, par exemple, ces représentations d’adulte miniature dans les bras de leur mère. Les « enfants » apparurent en Europe à la même époque que la montre de gousset et le prêteur d’argent chrétien. Vêtements d’enfant, jeux d’enfant, protection légale de l’enfance, voilà des choses que ne concevaient autrefois ni les pauvres, ni les riches. Ces idées commencèrent d’apparaître avec le développement de la bourgeoisie. Garçons et filles du tiers état et de la noblesse s’habillaient tous de la même façon que leurs parents, jouaient aux mêmes jeux, et les fils pouvaient, comme leur père, être décapités ou pendus haut et court ! La bourgeoisie découvrit l’ « enfance », et tout allait changer. Seules, quelques Églises continuèrent de respecter quelque temps encore la dignité et la maturité des enfants. Jusqu’au deuxième concile du Vatican, on continuait d’enseigner qu’un chrétien accède au discernement moral et à la liberté dès l’âge de sept ans, et qu’ensuite certains péchés l’exposent à la damnation éternelle. De nos jours, les parents veulent épargner à leurs enfants la sévérité d’une telle doctrine, et la catéchèse de l’Église aujourd’hui reflète ce sentiment.

(1) Dans son ouvrage l’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, Seuil, 1973, Philippe Ariès établit un parallèle entre le développement du capitalisme moderne et celui de la conception de l’enfance. (pp. 53-54)
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L'école prétend séparer le savoir en matières distinctes, puis de ces blocs préfabriqués bâtir, conformément à un programme donné, enfin mesurer le résultat par quelque mètre-étalon universel. Les hommes qui s'en remettent à une unité de mesure définie par d'autres pour juger de leur développement personnel, ne savent bientôt plus que passer sous la toise. Il n'est plus nécessaire de les mettre à une place assignée, ils s'y glissent d'eux-mêmes, ils se font tout petits dans la niche où leur dressage les a conduits. Au reste, ils n'imaginent plus qu'ils puissent en aller autrement pour leurs semblables : tout doit trouver sa juste place, toute chose et tout être s'assembler sans heurts.
Une fois rabaissés à cette taille médiocre, comment pourraient-ils saisir l'expérience non mesurable ? Elle leur glisse entre les doigts. Ce qui ne peut se mesurer, d'ailleurs, ils ne s'y intéressent pas, ou ils y voient une menace. Inutile maintenant de les dépouiller de leur possibilités créatrices, ils ont retenus la leçons, ils ont désappris à faire ou à être eux-mêmes; ils n'accordent plus de valeur qu'a ce qui est fabriqué ou le sera.
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Je connais un homme qui a vécu cette peur, cette réprobation de la société face à des possibilités nouvelles d'éducation, je veux parler de Paulo Freire. Il s'aperçut qu'il suffit d'une quarantaine d'heures pour que la plupart des analphabètes commencent à savoir lire et écrire, à condition que les mots qu'ils déchiffrent en premier aient pour eux une résonance profonde, j'entends qu'ils les fassent réflechir sur les problèmes de leur vie immédiate (constatons également que ces mots expriment le plus souvent une réalité politique) (...) Freire organise des réunions le soir où l'on parle de ces mots clefs, où il les fait apparaître sur un tableau noir et chacun de s'apercevoir que le vocable ne résonne plus, mmais qu'il est encore là présent devant eux, comme siles lettres permettaient de saisir la réalité et de la faire apparaître en tant que problème qu'il convient de résoudre. J'ai assisté moi-même à de telles séances, au cour desquelles on sentait se préciser chez les participants une conscience sociale qui les pousse à une action politique, en même temps qu'ils apprennent à lire. C'est commme s'ils prenaient la réalité en charge, à mesure qu'ils la déchiffrent et l'écrivent.
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Aucune société, assurément, n’a continué de vivre sans avoir recours à un code rituel ou à un mythe, mais la nôtre est la première à qui il faille une initiation aussi interminable, abêtissante et coûteuse. Notre civilisation contemporaine est encore la première à juger nécessaire de fonder sa croyance sur la raison et de donner à ce rite initiatique fondamental le nom d’ « éducation ».
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