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Citations sur Pourquoi l'amour fait mal (21)

Parce que la souffrance est l'irruption de l'irrationnel dans la vie quotidienne, elle exige une explication rationnelle.
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Quand la souffrance ne peut être expliquée, nous souffrons doublement : de la souffrance que nous ressentons, et de notre incapacité à lui conférer une signification.
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En fait peu de nos contemporains ont été épargnés par les souffrances que les relations intimes provoquent. Ces souffrances prennent plusieurs forment : accumuler les déconvenues dans la quête du prince charmant ou de la belle princesse; se lancer dans des recherches internet sisyphéennes; renter seul chez soi après une tournée des bars, une soirée ou un rendez-vous arrangé... Les souffrances ne s'évanouissent pas pour autant lorsqu'une relation s'instaure, prenant la forme de l'ennui, de l'angoisse ou de la colère, de disputes et de conflits douloureux, et aboutissent à la déconfiture, au doute sur soi-même, à la dépression engendrée par les ruptures ou les divorces. Et ce ne sont là que quelques exemples qui montrent combien la quête amoureuse est devenue une expérience douloureuse. Si la sociologue pouvait entendre les voix des hommes et des femmes recherchant l'amour, elle entendrait une litanie, puissante et interminable, de plaintes et de gémissements.
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Pourtant, comme je tente de le montrer, la liberté sexuelle est similaire à la liberté économique en ce qu'elle organise, encadre et légitime les inégalités.
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Aimer un autre, c'est aimer le bien en lui, et à travers lui.
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Les vies familiales modernes sont prévisibles à l’extrême, et leur prévisibilité est agencée par un vaste ensemble d’institutions organisant la vie quotidienne : les livraisons à domicile (nourriture, journaux, shopping sur catalogue) ; la télévision et ses programmes à heures fixes ; la sociabilité, pour l’essentiel planifiée à l’avance ; le loisir standardisé et les heures de repos. (…) la « sécurité » est mise en œuvre à la fois psychiquement et sociologiquement comme un effet secondaire de la rationalisation de la vie quotidienne. Cette vie quotidienne rationalisée est souvent propice à la désillusion, car elle est continuellement comparée à des modèles et à des idéaux d’intensité émotionnelle très différents qui font que les gens évaluent négativement leur mode de vie. Les recherches menées sur la question montrent en effet qu’ils ont bien plus de chances de percevoir négativement leur propre expérience quotidienne quand ils l’envisagent au prisme des images véhiculées par les médias. Les recherches consacrées à l’impact des images médiatiques sur la façon dont les gens perçoivent leur corps montrent que des images de corps parfaits ont un effet négatif sur l’estime et sur l’image de soi. Elles laissent en effet penser à la fois que les autres peuvent s’y conformer plus facilement et qu’ils les considèrent comme importantes. (…) Il est tout aussi possible que l’insatisfaction induite par ce mécanisme alimente une désillusion chronique. (p.344)
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S’il existe une histoire de la liberté, alors nous pouvons dire que nous sommes passés de la lutte pour la liberté à la difficulté de choisir, et même au droit de ne pas choisir. (p. 181)
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L'amour est un flux ininterrompu de signes et de signaux censés renforcer la valeur du moi.
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Introduction : Les malheurs de l’amour
« Mais le bonheur est chose rare : pour chaque expérience amoureuse réussie, pour chaque brève période d’enrichissement, il y a dix amours qui blessent et les dépressions qui les suivent sont plus longues encore – elles ont souvent pour conséquence la destruction de l’individu, ou du moins elles suscitent en lui un cynisme émotionnel qui rend tout nouvel amour difficile ou impossible. Pourquoi en serait-il ainsi si tout cela n’était inhérent au processus même de l’amour ? » Shulamit FIRESTONE, La Dialectique du sexe (1970)
Peu de nos contemporains ont été épargnés par les souffrances que les relations intimes provoquent. Que la psychanalyse et la psychothérapie en aient eu l’intention ou non, elle ont fourni un formidable arsenal de techniques qui ont fait de nous les responsables intarissables, mais indéniables, de nos déboires amoureux. La croyance profondément enracinée que nos malheurs sont le fruit direct de notre histoire psychique, que la parole et le savoir sur soi ont des vertus curatives et que l’identification des motifs et des sources de nos déboires aide à les surmonter a porté à son apogée l’industrie du self-help. Les souffrances de l’amour sont aujourd’hui seulement attribuées à l’individu, à son histoire privée, et à ses capacités à se façonner lui-même.
Précisément parce que nous vivons à une époque où l’idée de responsabilité individuelle règne en maître, la vocation de la sociologie reste essentielle. Il est désormais urgent d’affirmer que les échecs de nos vies privées ne sont pas – ou pas seulement- le résultat de psychés défaillantes, mais que les vicissitudes et les malheurs de nos vies amoureuses sont le produit de nos institutions.

Contrairement à une mythologie populaire, avancent les féministes, l’amour n’est pas source de transcendance, de bonheur et d’accomplissement de soi. L’amour romantique est plutôt l’une des principales causes de la division entre les hommes et les femmes, tout autant que l’une des pratiques culturelles à travers lesquelles on impose aux femmes d’accepter (et d’ « aimer ») leur soumission aux hommes. Car les hommes et les femmes, lorsqu’ils sont amoureux, sont la proie de divisions profondes qui caractérisent leurs identités respectives : ainsi que le relève très justement Simone de Beauvoir, même dans l’amour, les hommes conservent leur souveraineté, tandis que les femmes aspirent à s’abandonner. Dans son livre controversé, La Dialectique du sexe, Shulamit Firestone allait un peu plus loin encore en affirmant que l’origine du pouvoir social et de la puissance des hommes est l’amour que les femmes leur ont donné et continuent de leur donner, suggérant par là que l’amour est le ciment au moyen duquel a été construit l’édifice de la domination masculine.
En juxtaposant l’idéal amoureux romantique et l’institution du mariage, les institutions politiques modernes inscrivent les contradictions sociales au cœur de nos aspirations.
La sociologie doit impérativement explorer les émotions qui reflètent la vulnérabilité du moi dans les conditions de la modernité tardive. L’amour est de ces émotions. La souffrance amoureuse n’est pas secondaire. Les expériences de l’abandon et de l’amour non réciproque sont aussi cruciales pour notre propre récit de vie que d’autres formes d’humiliation sociale. La souffrance psychique a deux caractéristiques cardinales, comme l’a suggéré Schopenhauer, la souffrance découle du fait que nous vivons à travers « le souvenir et l’attente ». La souffrance fait l’objet d’une médiation par l’imagination : ces images et idéaux qui composent nos souvenirs, nos attentes et nos désirs.
Un certain nombre d’éléments donnent sa spécificité à la souffrance amoureuse moderne : la dérégulation du marché matrimonial (chapitre I), la transformation de l’architecture du choix amoureux (chapitre II), l’importance écrasante de l’amour dans la constitution de l’estime de soi sociale (chapitre III), la rationalisation de la passion (chapitre IV), ainsi que les manières par lesquelles se déploie l’imagination amoureuse (chapitre V). Le malheur amoureux comme le bonheur amoureux ont une forme moderne que ce livre veut élucider.
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l’égalité engendre une angoisse sociale, car elle crée de l’incertitude sur les règles d’interaction, ce qui réduit la spontanéité qui était historiquement le fruit des identités denses et des règles ritualisées. (p. 307)
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