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Critique de Oliv


Chaque année, l'association ImaJn'ère publie une anthologie de nouvelles dans le cadre du festival qu'elle organise à Angers. Ayant eu la chance de voir l'un de mes textes retenu pour figurer au sommaire, j'ai enfin pu découvrir ceux qui ont été proposés par mes quatorze petits camarades. Antiquité + SFFF : voilà un cocktail qui a tout pour me plaire... Qu'en est-il au final ? Voici mes impressions de lecture sur chacun des textes.

*La maison des vignes*
Une très bonne entrée en matière avec une nouvelle au style impeccable, une écriture parfaitement maîtrisée qui ne surprendra pas ceux qui ont déjà eu affaire à l'auteur. Voilà un excellent exemple de ce que doit être un texte relevant du genre fantastique : on ne sait sur quel pied danser, s'il faut pencher pour une explication rationnelle (hallucination, folie...) ou d'ordre surnaturel.

*Rivages*
Le début m'a agréablement surpris et a tout de suite su capter mon attention. Il faut dire que la guerre de Troie, je suis bon client ! En revanche j'ai peu à peu décroché en voyant venir de loin l'exercice de la nouvelle à chute... Chute qui, en outre, m'a déçu. À l'inverse du texte précédent qui laisse au lecteur la possibilité de choisir entre une explication rationnelle ou irrationnelle, ici l'auteur impose sa solution, à peine plus satisfaisante qu'un "en fait tout ceci n'était qu'un rêve !" Je retiendrais toutefois la première moitié, qui m'a bien plu.

*Deux fois vainqueur traverser l'Achéron*
Quand j'ai vu qu'il s'agissait d'un texte en vers, j'ai cru ne pas pouvoir le lire, étant généralement allergique à cette forme d'écriture. J'ai donc été plutôt étonné de ne pas détester ce texte, qui doit être le plus authentiquement antique de cette anthologie, car proche de ce que pouvaient déclamer les aèdes et autres rhapsodes. Un exercice intéressant, donc.

*Ponce, Pilate, ponce !*
Voici la nouvelle la plus ostensiblement humoristique de cette anthologie. Comme souvent avec ce type de texte, il y a à boire et à manger, et si je n'ai pas forcément goûté toutes les outrances de l'auteur, j'ai plusieurs fois souri à certaines saillies bien trouvées et passé un bon moment de lecture, ce qui est bien l'essentiel.

*Le tombeau de Calypso*
J'ai bien aimé l'écriture de ce texte, qui bénéficie de l'un des styles les plus littéraires de cette anthologie. J'aurais également bien aimé croire à cette histoire de naufragé... Mais là où "Rivages" donne trop d'explications et n'offre qu'une seule solution au lecteur, cette nouvelle-là pèche par excès inverse : je n'ai décelé aucune piste, aucune indice permettant de donner du sens à cette aventure... Si bien que l'ensemble me paraît au bout du compte un peu vain, malgré une jolie plume.

*Chez Lucius, Dieux, Lares et Génies*
Cet empire romain uchronique m'a rappelé le "Roma Aeterna" de Silverberg, ce qui pour moi est un très bon point. Le ton adopté est original et plaisant, et l'idée à la base du texte (une boutique vendant des dieux) est magnifique. J'ai été un peu moins emballé par le déroulement du récit en lui-même. La fin, notamment, m'a paru assez peu satisfaisante. Ce texte a malgré tout suffisamment de qualités pour faire partie des très bons moments offerts par cette anthologie.

*Ahêli ou la mémoire enfouie*
Je suis assez partagé sur cette nouvelle, qui me semble avoir un énorme potentiel (ne serait-ce que par son sujet : la civilisation harappéenne) mais qui me laisse un sentiment d'inachevé / inabouti. Il s'agit du texte le plus court de cette anthologie, alors que l'histoire racontée aurait certainement mérité plus de développements pour donner sa pleine mesure.
(Chipotage historique : le Pakistan est un état créé en 1947, la mention de "frontière du Pakistan" en 1920 est donc anachronique.)

*Quid Novi Medice ?*
Le seul texte que je n'ai pas du tout aimé dans cette anthologie. Pour tout dire, j'ai rapidement été amené à le lire en diagonale. L'élément qui m'a éjecté du récit avant même d'avoir pu y entrer est la multiplication des notes de bas de page, qu'il s'agisse d'ajouts plus ou moins humoristiques ou de précisions strictement historiques. À ma connaissance, seul Terry Pratchett arrive à rendre acceptable l'emploi de notes de bas de page dans un texte littéraire. Je le regrette d'autant plus que l'élément central de cette nouvelle (une équipe de super-héros antiques, si ma lecture en diagonale ne m'a pas trompé) avait tout pour me parler.

*Carthage !*
La transposition d'un fait historique dans un univers de space opéra militariste est le genre de délire qui me botte bien en ce moment. J'ai donc pris plaisir à la lecture de cette nouvelle... Même si le duel entre les deux protagonistes principaux aurait peut-être gagné à être raccourci pour que l'ensemble soit plus percutant, car au final, hormis ce "choc de titans" il ne se passe pas grand-chose tout au long de ces vingt pages.

*Boadicée*
Une nouvelle agréable, à défaut d'être vraiment mémorable. L'auteur nous offre une belle évocation du monde celtique au premier siècle de notre ère. En revanche la conclusion m'a laissé perplexe, au point de ne pas être certain d'avoir saisi les tenants et aboutissants de cette nouvelle : comment et pourquoi le narrateur se retrouve-t-il transporté à la veille de la bataille de Gergovie, soit un siècle avant Boadicée ?

*Discorde*
Cette réécriture toute personnelle du mythe du jugement de Pâris (qui débouchera sur la guerre de Troie et léguera à la langue française la fameuse pomme de discorde) m'a beaucoup plu. L'auteur ne cherche pas à en faire des tonnes, mais l'humour omniprésent a parfaitement fonctionné sur moi.

*Une histoire Tauride*
L'une des nouvelles les plus longues de l'anthologie, pourtant on ne s'y ennuie pas un seul instant. Il ne faut pas se laisser abuser par le calembour du titre qui peut faire croire à une pochade. Malgré des chats qui parlent, le président Poutine en kimono et une intrigue tournant autour du "Conan" de John Milius, les turbines de l'imagination et de la réflexion fonctionnent à plein chez l'auteur comme chez le lecteur. Cette histoire d'énigme archéologique aux implications vertigineuses pourrait, à mon sens, être développée par son auteur pour servir de base à un roman.

*L'Immortel et l’Assassin*
En parcourant l'anthologie avant de la lire pour de bon, j'avais tout spécialement noté cette nouvelle dont le cadre m'attirait plus que tout autre. J'ai au final été un peu déçu. Il m'a manqué certaines choses pour me croire transporté dans la Chine du Premier Empereur. J'ai bien compris que le but de l'auteur était de transposer certains éléments de Star Wars dans un contexte antique... Sauf que je dois être le seul geek de l'univers à n'avoir jamais vu un seul des sept films de la série, si bien que je suis certainement passé à côté de pas mal de références. Et au vu du titre de la nouvelle et de son contexte historique, il y a sans doute également des références à "L'empereur et l'assassin"... film que je n'ai pas encore vu non plus.

*Faisabilité et intérêt zootechniques de la métamorphose de masse*
Je salue le talent de l'auteur, qui a su parfaitement reprendre les codes du rapport technique ou de la "littérature" administrative, le tout saupoudré d'un humour discret et de bon aloi. Mais la force de ce texte est aussi sa faiblesse : par définition, le style ici pastiché est à la limite du lisible... Cette nouvelle d'une originalité indiscutable constitue toutefois une parfaite conclusion à cette anthologie.

Au final, "Antiqu'idées" ne renferme pour moi aucun véritable coup de cœur, mais hormis une seule nouvelle que je n'ai pas réussi à lire pour des raisons très particulières, toutes m'ont plu d'une manière ou d'une autre. C'est une anthologie qui m'a semblé très homogène dans la qualité des textes : la moyenne générale y est supérieure à d'autres publications du même genre où l'excellent côtoie le médiocre. Enfin, pour ne rien gâcher, de jolies illustrations intérieures viennent agrémenter l'ensemble après chaque texte. Une lecture hautement recommandable, donc ! L'amateur d'histoire et de mythologies antiques aurait tort de passer à côté.
À l'année prochaine, peut-être, avec la thématique de l'eau...
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