Ainsi, découvre-t-elle, pour faire revenir l'enfance, il a suffi que l'un d'entre nous meure.
Lui a lu au commissariat les procès-verbaux des auditions de garde à vue des SDF : ces abrutis ont ouvert le crâne de leur " pote " à coups de bouteille pour voir ce qu'il y avait dedans. " Rien que du vent et des voix ", murmure Bianca.
[p47]
Oui, au détour de conversations, il avait constaté qu'on renvoyait soudain certains à l'origine de leur nom ou à la couleur de leur peau. Qu'ils ne prétendent pas exprimer un avis personnel, ils parlaient au nom de leur communauté.On les faisait taire ainsi facilement.
[p45]
" Bianca, bientôt je ne parlerai plus... écoute! Pour avancer dans cette vie, élis une personne qui n'aura peur ni des regards ni des mots. Ou marche seule. Sois libre!"
Il faut reconnaître qu'ils ont presque réussi à se perdre. Le territoire originel est trop ancien, l'emplacement des trous d'eau et des sables mouvants, presque effacé. Et aujourd'hui ces retrouvailles forcées au bord d'une tombe.
Bianca note sur son bloc la phrase qui lui est venue: la machine qui lave et sèche le mieux le sang et les larmes? C'est le coeur humain!