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Critique de croquemiette


Quel singulier roman ! C'est le premier que je lis de Joseph Incardona, mais sans doute pas le dernier.
Cap sur Genève, entre 1989 et 1990, dans le monde de la finance.
Le fric est roi et tombe à flots pour tout ce petit monde de banquiers et d'investisseurs en tout genre. L'argent s'étale dans les maisons, dans les bureaux et se planquent sur des comptes en Suisse et ailleurs, la législation financière de l'époque étant bien plus légère que celle d'aujourd'hui.
Dès le début, on est fixé par l'auteur. Ce livre est une histoire d'amour. Aldo, prof de tennis, séduit les femmes d'hommes d'affaire et leur soutire de l'argent. C'est qu'il est très beau... Cette fois-ci, ça tombe sur Odile, qui reste lucide mais malgré tout tombe amoureuse (le terme est approprié) du gigolo. Elle comprend bien qu'il veut du fric et lui propose de transporter une mallette pleine de billets, en échange d'une rémunération importante pour lui, petit prof.
Svetlana travaille pour une banque d'affaire et tente de faire ses preuves dans ce milieu. Elle est amenée elle aussi à transporter les fameuses mallettes et rencontre Aldo de cette manière. Entre les deux, c'est le coup de foudre et c'est là que l'histoire d'amour débute. Les deux sont fusionnels. Mais ils veulent devenir riches et imaginent un plan très ingénieux (vraiment ?) pour le devenir autant que leur entourage, pour faire partie des grands.
On suit plusieurs personnages, d'un chapitre à l'autre, qui tous auront un rôle à jouer dans cette grande machinerie qu'est ce roman. Ça avance doucement mais sûrement, et on sent bien que tout est très bien huilé, l'intrigue se dévoilant tout doucement sous nos yeux.
Plus que l'histoire, c'est l'écriture qui m'a charmée et cet univers incroyable, impitoyable même, à la Dallas. Je n'ai pas tout saisi des magouilles financières, mais ce n'est pas bien grave. Joseph Incardona a beaucoup d'humour, une plume extrêmement vive et un style unique. Il nous apostrophe sans lourdeur, se permet des digressions et des remarques sur ces personnages qu'il traite avec sympathie. Je me suis beaucoup amusée et j'ai tourné les pages avec hâte. Malgré un texte long, les chapitres très courts et l'écriture de l'auteur rendent la lecture fluide.
J'ai senti un léger essoufflement sur les cinquante dernières pages. La troisième partie m'a moins plu et j'ai trouvé que la fin était précipitée. C'est sans doute un parti pris, illustrant la précipitation des sentiments de nos deux héros, mais je suis restée un peu frustrée.
La soustraction des possibles aborde des thèmes très intéressants, comme la corruption et le blanchiment d'argent, le pouvoir, les tractations dans les hautes sphères, la place de Svetlana (et des femmes) dans le monde de la finance, la traite des femmes dans les pays de l'Est et la prostitution...
Au final, l'argent va à l'argent, ou bien ce sont les plus riches qui s'arrangent pour le rester ou l'être davantage encore.
Ce roman a pu me rappeler mort d'un roi du tango de Jérôme Charyn et le bûcher des vanités, exceptionnel roman de Tom Wolfe.
Je me souviendrai de ce roman !
Sélection Prix Cezam 2021.


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