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Les enquêtes d'Erlendur Sveinsson tome 7 sur 14

Éric Boury (Traducteur)
EAN : 9782757803172
346 pages
Points (11/01/2007)
  Existe en édition audio
4.03/5   3029 notes
Résumé :
Prix Clé de verre du roman noir scandinave 2003
Gold Dagger Award 2005 - Crime Writers' Association of Great Britain
Grand prix des lectrices de Elle 2007

Dans une banlieue de Rekjavick, un bébé mâchouille un objet étrange... Un os humain ! Enterré sur cette colline depuis un demi-siècle, le squelette mystérieux livre peu d'indices au commissaire Erlendur. L'enquête remonte jusqu'à la famille qui vivait là pendant la Seconde Guerre mondi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (323) Voir plus Ajouter une critique
4,03

sur 3029 notes
Moyenne de 4 / 5 , 248 votes , 60 critiques...Tout est dit !
Si le systeme de notation Babelio avait été plus pointu , j'aurais pu me fendre d'un 4.728 . Mais apres 3 h de vaines tentatives à essayer de cliquer sur 1/3 , 1/4 d'étoiles dans l'espoir d'affiner mon jugement , les faits sont là Arnaldur , je ne pourrais qu'attribuer un quatre étoiles , les cinq étant exclusivement réservées à la collection Harlequin...

La Femme en Vert semble avoir été bardé de récompenses ! Prix des lectrices de ELLE en 2007 ; Prix Clé de verre 2003 du roman noir scandinave ( à ne jamais remettre à un parkinsonien ! ) ; Prix CWA Gold Dagger 2005 . Excusez du peu...N'ayant pas de prix à décerner , je me contenterai d'applaudir et des deux mains encore , ce qui est toujours plus pratique . Assurément le meilleur Indridason lu à ce jour !

L'enquete : Toti fete ses huit ans . Sa petite soeur , elle , semble s'amuser avec un cadeau atypique mais oh combien original : un os humain ( Noel approche , pensez-y ) . Une fois le squelette localisé , revoila l'infatigable Erlendur , assisté de sa fine équipe , en charge d'identifier la macabre découverte . Un supposé meurtre datant de pres de 60 ans !
Indridason n'est pas Barbara Cartland ! le rose semble lui etre tout à fait étranger , ce qui est vraiment dommageable , car il nous prive , du coup , de dialogues incroyablement touchants et gravés à vie dans la mémoire collective :
- As-tu du souçi qui te cause du tracas Anna Gram ?
-Nan , laisse-moi Anna Lphabeth , j'ai seulement des problemes...
Merci Barbara...

Son truc , à Indridason , c'est le sociétal ! le racisme , l'homosexualité , la violence sexuelle...Et le moins que l'on puisse dire , c'est qu'il tape souvent juste ! Là ou ça fait mal ! Il a l'art d'éveiller les consciences aux pires travers , aux pires penchants inavouables commis par l'Homme , maillon supreme de la chaine de l'évolution . Dans cette enquete , l'auteur va prendre un malin plaisir à nous balader d'une époque à une autre , sorte de yo-yo temporel entre un passé à élucider et un présent qui n'a peut-etre plus d'avenir pour Eva Lind , la fille d'Erlendur , découverte par son pere inanimée et promise par le médecin à une mort quasi-certaine . Erlendur pourrait alors perdre du meme coup et sa fille , et son titre de grand-pere . Eva etant alors prégnante au moment des faits . Leurs rapports furent toujours houleux et c'est dans ces conditions extremes qu'Erlendur va se dévoiler comme jamais , offrant ainsi à sa fille ( et au lecteur ) une confession ou la maladresse n'a d'égale que l'amour qu'il lui porte . Touchant .
Comme bien souvent , c'est le boulot qui permet à tout un chacun de tenir lorsque la vie vous envoie vacherie sur vacherie .
Et Erlendur s'y livrera à corps perdu . Son obsession , découvrir l'identité de ce cadavre d'apres-guerre . Une fois de plus , Indridason nous perdra avec délectation . C'est à un incroyable jeu de piste auquel l'auteur nous convie . Il nous en donne cependant les clés . Deux hypothese s'offrent à nous et nous paraissent aussi plausibles l'une que l'autre à tour de role . L'on croit deviner ce qui semble etre comme une évidence et un nouveau personnage , un nouveau fait vient instaurer le doute et faire voler en éclat ce qui apparaissait trois pages plus tot comme la résolution indubitable d'une enquete rondement menée . L'une de ces pistes conduit à une famille qui aurait habité les environs au moment du drame. Une femme . Un homme ( encore que..) . Trois enfants dont la petite derniere handicapée . Et c'est avec douleur et compassion que l'on va supporter cette femme en passe de perdre son humanité sous les coups journaliers de son mari et presque résignée à son sort peu enviable . Indridason dépeint crument la violence conjugale au quotidien . L'assassinat de l'ame . Un plaidoyer grandiose sur la condition de femme battue !
Indridason signe là un polar douloureux et sans concessions . Une Islande d'apres-guerre magistralement évoquée . Un grand polar tout simplement !

A tous ceux qui pretent la moindre signification aux couleurs , La Femme en Vert n'engendre pas de grands espoirs , elle les matérialise !!
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Un bébé qui mâchouille et bavouille pour se faire les dents… C'est mignon comme tout… Surtout quand on se rend compte que ce qui lui sert pour faire les dents ressemble à un os… humain… une côté fêlée… Un os remonté à la surface dans le terrain d'à-côté suite aux travaux de construction d'une nouvelle résidence. Reykjavik est en pleine expansion, qui aurait cru que la ville se serait étendue sur ces terres sauvages… Erlendur doit se rendre sur place, plus préoccupé par le sort de sa fille, retrouvée dans une piaule à drogués. Et si j'appelais un archéologue pour qu'il m'en dise plus sur ces ossements ? Fatale erreur. Il ne sait pas comment travaillent ces archéologues, avec pince à épiler et petit pinceau pour nettoyer la terre. A ce rythme-là, je vais avoir le temps de finir mon pack de bières, et de voir des trolls danser autour de moi. Une cuvée des trolls, l'esprit un peu islandais.

Pendant ce temps, Erlendur réfléchit, à sa fille et à ces groseilliers sauvages sur la parcelle d'à-côté. Est-ce qu'il y a vraiment des groseilliers sauvages qui poussent sur la lande islandaise ? La réponse à l'énigme doit se trouver là. Quelqu'un a une recette de confiture de groseilles ? C'est que les travaux des archéologues ont à peine démarré, et je sens qu'il va en falloir des jours et des jours, d'attente. Peut-être que je devrais aller acheter une bouteille de vodka ?

Je me souviens d'avoir vu aussi traîner une femme dans un long manteau vert, « la femme en vert », un peu tordue aussi. Il faudrait la retrouver, surtout ne la lâche pas, elle doit avoir des trucs à nous dire.

J'ai replongé en terre islandaise pour revivre l'une des premières enquêtes de Erlendur. J'en apprends un peu plus sur lui, sa fuite et sa fille et son frère, obsession que j'ai suivi dans les épisodes futurs. Je prends le pouls des étoiles nordiques, la nuit qui tombe ou reste tombée pendant des heures, des heures que les archéologues tentent de dépoussiérer un tas d'os. Des os qui datent probablement de la guerre. Arnaldur Indridason aime bien faire revivre le passé de son île. Mais à qui appartiennent donc ces os ? À des militaires anglais, ou américains ? À une femme islandaise ? L'enquête sera longue et lente, mais haletante, prendre son temps, une pelle aurait quand même accéléré le rythme plutôt qu'un pinceau. Et puis dans cette affaire, sans dévoiler le crime, ou la passion du crime, les violences conjugales sont au centre de ce corps. Sombre centre que la lune n'éclaire pas, une femme qui n'est plus une femme… Triste aussi, et rageant. La colère, la peur. L'indignation surtout. Mais comme il s'agit d'un roman noir, cette ballade (pas si bucolique) islandaise est bien noire, comme la nuit, comme le café, comme la stout…
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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La femme en vert m'a scotchée, mise au tapis, laissée pantoise. Elle m'a mise ipon sans préavis! Jusqu'à ce jour c'est l'ouvrage d'Indridason qui a ma préférence.
Ce qui m'a touchée c'est sans aucun doute l'histoire de cette femme ayant vécu l'horreur de la violence conjugale. Cette tragédie vient s'imbriquer dans l'enquête d'Erlendur, notre policier de la criminelle de Reykjavik.
Tout débute avec la découverte d'un os humain qui se retrouve entre les mains d'une petite fille qui se l'est appropriée pour se faire les dents!
De fil en aiguille cet os les mène en banlieue de la capitale islandaise et des fouilles commencent pour déterrer un squelette qui pourrait bien être là depuis la deuxième guerre mondiale.
Il va sans dire que même sous la torture je n'en dévoilerai pas plus sur cette intrigue, qui se déroule avec une précision et une progression digne des plus grands thrillers.
Après cette lecture, je ne regarderai plus mes groseillers de la même façon...
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Analdur, Erlendur, Sigudur… Dur, dur, d'apprendre l'islandais…

Dans la famille scandinave, après la déferlante suédoise des Larsson, Lackberg ou autres Olsen, les romans d'Indriðason nous parviennent du ciel islandais comme des effusions de lave des volcans enneigés ou bien encore comme des bulles d'eau des bouillonnants geysers au milieu des terres gelées. Des textes soufflant le chaud et le froid que l'on prend en pleine figure et qui laissent une marque indélébile au final…

Pensant depuis toujours d'Indriðason était une femme comme Camilla Lakberg, j'ai eu un choc en voyant la photo d'un homme en quatrième de couverture. Vous comprenez, dans le cadre de la loi égalité homme- femmes, je voulais réduire mon taux de lecture atrocement masculin par la découverte de « La femme en vert » et je me retrouve, à l'insu de mon plein gré, ne faire qu'aggraver mon cas avec ce roman d'Arnaldur Indriðason.

Pas facile à prononcer cet auteur. Je ne vous parle même pas des personnages principaux de cet ouvrage, les trois policiers de la criminelle aux prénoms en ur et org, dont il m'a fallu un temps fou pour les distinguer. C'est ainsi qu'ils font irruption dès le début du livre : Erlendur le commissaire, Sigudur Oli un adjoint qui ne souhaite surtout pas ressembler à son chef et Elinborg, une des rares femmes inspecteurs, ou plutôt inspectrices.

Tout ce joli monde enquête sur la découverte d'ossements humains retrouvés sur la colline de Grafarholt non loin de la capitale Reykjavick. A l'aide d'archéologue et de géologue, ils vont découvrir que le corps date de la période de la seconde guerre mondiale mais qu'il nécessite d'être entièrement et méticuleusement sorti de terre pour connaitre son sexe et délivrer ses autres secrets.

Intrigué par les groseilliers donnant encore des fruits aujourd'hui, Erlendur découvre, après quelques recherches cadastrales, qu'une maison existait auparavant sur les lieux du cadavre découvert.

A partir de cette situation énigmatique, Arnaldur Indriðason va articuler son roman entre l'enquête policière actuelle et la vie dans les années 40 de la famille habitant dans cette maison reposant sur cette colline islandaise. le jeu de ping-pong entre présent et passé durera miraculeusement jusqu'à la toute fin du roman pour nous délivrer le mystère de la femme en vert.

Je parle de petit miracle car l'auteur délivre par petites touches subtiles un récit parfaitement construit et captivant de bout en bout. A travers le drame familial d'Erlendur d'une part et le calvaire enduré par cette famille de Grafarholt durant la seconde guerre mondiale d'autre part, Indriðason réussit à nous embarquer dans son univers totalement inhumain et pourtant très touchant.

La lecture des conditions de vie d'une femme battue et de ses enfants reste toujours aussi atroce et insoutenable comme j'avais pu le lire dans "Jamais sans ma fille" de Betty Mahmoody qui racontait les dix-huit mois de calvaire qu'elle vécut en Iran avant de réussir à s'en échapper avec sa fille.

Au final, je vous encourage à deux cent pourcent à vous jeter sur ce magnifique roman de « La femme en vert » qui vous fera cogiter, frissonner, hurler et pour les plus émotifs verser quelques larmes … Pour vous dire, j'ai succombé dès la fin de l'ouvrage à un achat compulsif de « La cité des jarres » du même auteur . Décidément, dur, dur de résister à l'islandais très en vogue en ce moment, Arnaldur Indriðason
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"La muraille de lave" m'a permis, il y a peu, de découvrir l'univers d'Indridason.
Plusieurs lecteurs fidèles du romancier islandais regrettent l'absence dans ce polar du commissaire Erlendur, l'envie était forte de faire la connaissance de ce personnage emblématique.

Dans "La femme en vert" l'équipe d'Erlendur est fort heureusement au complet.
La découverte d'un squelette vieux de 70 ans dans les fondations d'une maison en construction de la banlieue de Reykjavík nécessite non seulement les compétences des meilleurs enquêteurs mais aussi l'aide d'archéologues dont le travail de fourmis s'éternise.

Avec beaucoup d'habileté, Indridason remonte le temps et glisse à l'intérieur de chaque chapitre l'histoire effrayante d'une famille ayant vécu dans les années 40 à l'endroit même où se déroulent les fouilles. Avec une cruauté inouïe un père terrorise sa femme et leurs trois enfants. Les passages à tabac de la pauvre maman, sous les yeux horrifiés d'une petite fille handicapée et de ses deux demi-frères, sont insoutenables.

En parallèle, sont dévoilés les rapports compliqués entre Erlendur et sa fille aujourd'hui jeune adulte. Eva Lind est dans un coma profond à l'hôpital suite à la perte de son bébé mort-né alors qu'elle se trouvait dans un square sous l'emprise de la drogue. Suivant les conseils des médecins, Erlendur vient à son chevet et lui parle chaque jour.

A mi-chemin du roman, le lecteur peu habitué à rencontrer autant de personnages en souffrance se dira que le pire est sans doute passé et croisera les doigts pour une seconde partie moins glauque. L'abandon du bouquin n'est d'ailleurs plus envisageable et équivaudrait, à ce stade, à une non-assistance à personnes en danger.

Tout en gardant à l'esprit qu'avec Indridason le creux de la vague peut atteindre des profondeurs abyssales, ce polar devrait captiver les lecteurs les plus endurcis.
Je comprends mieux maintenant l'attachement des uns et des autres au personnage d'Erlendur. Malgré un parcours de vie marqué depuis l'enfance d'évènements familiaux tragiques, c'est un homme d'une grande humanité.
J'aurais grand plaisir à suivre dans quelques temps une autre de ses enquêtes.
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Citations et extraits (120) Voir plus Ajouter une citation
- … Je voulais vous demander… je crois que j’étais en train de vous poser une question sur les violences conjugales.
- Voilà un mot bien édulcoré pour décrire l’assassinat d’une âme. Un terme politiquement correct à l’usage des gens qui ne savent pas ce qui se cache derrière. Vous savez ce que c’est, de vivre constamment dans la terreur ?
Erlendur ne répondait pas.
- De vivre dans la haine chaque jour sans que cela ne s’arrange jamais, quoi qu’on fasse, et on ne peut d’ailleurs rien faire pour arranger ce genre de chose, jusqu’à ce qu’on perde toute volonté et qu’on passe son temps à attendre et espérer que la prochaine raclée ne sera pas aussi violente et douloureuse que la dernière.
Erlendur ne savait pas quoi dire.
- Petit à petit, les coups se résument à du pur sadisme parce que le seul pouvoir que l’homme violent détienne au monde, c’est celui qu’il exerce sur cette unique femme qui est son épouse, mais ce pouvoir n’a aucune limite puisque l’homme sait que la femme ne peut rien faire face à lui. Elle est totalement impuissante et complètement dépendante de lui parce qu’il ne se contente pas de la torturer avec la haine et la colère qu’il éprouve pour elle mais il la torture également avec la haine qu’il éprouve pour ses enfants en lui faisant clairement comprendre qu’il leur fera du mal si jamais elle essayait de se libérer de son emprise. Et pourtant toute cette violence physique, toute cette souffrance et ces coups, ces os cassés, ces blessures, ces bleus, ces yeux au beurre noir, ces lèvres fendues, tout cela n’est rien comparé aux tortures que l’âme endure. Une terreur constante, absolument constante, qui jamais ne faiblit.
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- On a honte d’être la victime de ce genre d’homme, on se referme sur soi dans une solitude absolue dont on interdit l’accès à tous, et même à ses enfants, car on ne veut pas que quiconque vienne y mettre les pieds, surtout pas ses propres enfants. Et alors, on se retrouve là à se préparer à la nouvelle attaque qui viendra sans prévenir, plein de haine contre quelque chose d’incompréhensible et tout à coup la vie se résume à attendre cette prochaine attaque, quand viendra-t-elle, avec quelle violence, pour quelle raison, comment je pourrais l’éviter ? Plus j’en fais pour lui faire plaisir, plus il est ignoble avec moi. Plus je montre de la passivité et de la peur, plus il me hait. Et si je lui oppose la moindre résistance, alors, voilà qu’il se retrouve avec une raison de me battre à mort. Il n’y a aucune manière de se comporter qui lui convienne. Aucune. Jusqu’à ce que la seule chose qu’on ait dans la tête, c’est que cela s’arrête, peu importe comment. Seulement que ça s’arrête.
Un silence de mort régnait dans la maison.
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Petit à petit, les coups se résument à du pur sadisme parce que le seul pouvoir que l'homme violent détienne au monde, c'est celui qu'il exerce sur cette unique femme qui est son épouse, mais ce pouvoir n'a aucune limite puisque l'homme sait que la femme ne peut rien faire face à lui. Elle est totalement impuissante et complètement dépendante de lui parce qu'il ne se contente pas de la menacer elle, il ne se contente pas de la torturer avec la haine et la colère qu'il éprouve pour elle, mais la torture également avec la haine qu'il éprouve pour ses enfants en lui faisant clairement comprendre qu'il leur fera du mal si jamais elle essayait de se libérer de son emprise. Et pourtant, toute cette violence physique, toute cette souffrance et ces coups, ces os cassés, ces blessures, ces bleus, ces yeux au beurre noir, ces lèvres fendues, tout cela n'est rien comparé aux tortures que l'âme endure. Une terreur constante, absolument constante, qui jamais ne faiblit. Les premières années, quand elle montre encore quelques signes de vie, elle essaie de chercher de l'aide, elle essaie de s'enfuir, mais il la retrouve et lui murmure qu'il a l'intention de tuer sa petite fille et d'aller l'enterrer dans la montagne. Et elle le sait capable de le faire, alors elle abandonne. Elle abandonne et remet sa vie entre les mains de cet homme.
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Il s'introduisit subrepticement dans le cagibi. Une faible clarté provenant de la rue passait par une petite fenêtre ; il enjamba les deux enfants couchés sur le matelas, se baissa vers elle jusqu'à ce que leurs deux visages se touchent presque et la secoua légèrement. Elle dormait d'un sommeil de plomb, il la secoua à nouveau, un peu plus fort, jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux et il afficha un sourire quand il discerna une authentique frayeur dans le regard de la femme. Elle s'apprêtait à hurler à l'aide mais il lui mit la main devant la bouche.

- Tu t'imaginais sérieusement que tu allais réussir ? demanda-t-il, menaçant.

Elle levait les yeux vers lui fixement.

- Tu croyais sérieusement que était aussi simple que ça ?

Elle secoua lentement la tête.

- Tu sais ce que je meurs d'envie de faire en ce moment ? siffla-t-il en serrant les dents. J'ai envie d'emmener ta gamine dans la montagne, de la tuer et de l'enterrer où personne n'ira la trouver, ensuite je raconterai qu'elle a dû ramper jusqu'à la mer, la pauvre petite. Et tu sais quoi ? C'est exactement ce que je vais faire, tout de suite. Si tu pousses le moindre cri, je tuerai aussi le gamin. Je dirai qu'il a suivi sa soeur dans la mer.

Elle jeta un regard de côté en direction des deux enfants et émit un gémissement à peine perceptible, cela le fit sourire. Il enleva la main de la bouche de la femme.

- Je ne recommencerai plus jamais, soupira-t-elle. Jamais. Je ne le ferai plus jamais. Pardonne-moi. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. Pardonne-moi. Je suis cinglée. Je sais bien. Je suis folle. Ne t'en prends pas aux enfants. Frappe-moi. Frappe-moi. Frappe-moi. Aussi fort que tu peux. Frappe-moi de toutes tes forces. Nous pouvons même sortir si tu veux.
Le désespoir de la femme l'emplissait de dégoût.

- Si c'est ce que tu veux, répondit-il. Puisque c'est ça que tu veux. Alors, c'est ce qu'on va faire.

Il fit semblant d'étendre le bras en direction de Mikkelina, endormie à côté de Simon, mais elle le retint, folle de terreur.

- Regarde, dit-elle en commençant à se frapper le visage. Regarde, elle s'arrachait les cheveux. Regarde.

Elle se redressa et se lança en arrière pour atterrir sur le haut du lit en fer et, que cela ait été son intention ou non, elle s'y assomma avant de retomber aux pieds de l'homme, inconsciente.
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Il pensait à ces enfants qui ne connaissent jamais vraiment leurs parents. Qui ne parviennent jamais à savoir qui ils sont en réalité. Ces enfants qui faisaient irruption dans la vie de leurs parents quand celle-ci était déjà à moitié écoulée et qu’ils ne savaient rien d’eux. Qu’ils ne voyaient en eux rien d’autre que la figure du père, de la mère, celle de l’autorité ou encore la figure tutélaire. Et ne découvraient jamais le secret qu’ils conservaient ensemble ou chacun de leur coté, ce qui avait pour conséquence de rendre les parents aussi étrangers à leurs enfants que tous les autres gens croisés sur leur chemin. Il pensait à la façon dont les parents maintenaient parfois leurs enfants à distance jusqu’à ce que leurs relations se résument à des comportements convenus et polis, minées par le mensonge né de l’expérience commune bien plus que construites sur un amour authentique.
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Extrait du livre audio « le Roi et l'Horloger » d'Arnaldur Indridason, traduit par Éric Boury, lu par Jérémy Bardeau. Parution numérique le 15 mars et CD le 12 avril 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/le-roi-et-lhorloger-9791035413408/
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Un soir glacial de janvier, un petit garçon asiatique de 12 ans qui rentrait de son école est assassiné au pied d’un immeuble de la banlieue de Reykjavik.

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