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Trilogie des Ombres (Indridason) tome 1 sur 4
EAN : 9791022605410
352 pages
Editions Métailié (02/02/2017)
  Existe en édition audio
3.39/5   664 notes
Résumé :
Un représentant de commerce est retrouvé dans un petit appartement de Reykjavik, tué d’une balle de Colt et le front marqué d’un “SS” en lettres de sang. Rapidement les soupçons portent sur les soldats étrangers qui grouillent dans la ville en cet été 1941.
Deux jeunes gens sont chargés des investigations : Flovent, le seul enquêteur de la police criminelle d’Islande, ex-stagiaire à Scotland Yard, et Thorson, l’Islandais né au Canada, désigné comme enquêteur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (154) Voir plus Ajouter une critique
3,39

sur 664 notes
Reykjavik  été 1941: les troupes américaines déferlent sur la capitale, consécutivement aux troupes  britanniques présentes depuis le 10 mai 1940.
Suite à l'extension du IIIème Reich, avec l'occupation allemande du Danemark le 9 avril 1940, les Anglais alertés occupent l'Islande pour contrer un éventuel projet d'implantation des nazis sur la terre de leurs soi-disant glorieux ancêtres Vikings. 
Avec Dans l'ombre, premier volet d'une trilogie, Arnaldur Indridason nous fait découvrir le chaos que provoque l'arrivée de tous ces soldats étrangers dans son pays et les répercussions qu'elle entraîne dans la société civile et l'économie de l'île.
Dans ce tumulte, les débordements ne cessent d'augmenter: les baraquements où sont confinés les troupes d'occupation se vident le soir pour se déverser dans les dancings de la ville, l'hôtel Island ne désemplit pas, on y vient écouter du jazz, boire un coup, danser, courtiser et plus si affinités.
Ces bouleversements auxquels sont confrontés la population se résume en un seul mot: la situation.
Ce terme recouvre la période et les réalités nouvelles de la société islandaise: l'occupation des troupes britanniques puis américaines de 1940 à 1945 et les relations entretenues entres les filles du pays et les soldats étrangers.
Les jeunes femmes attirées comme les hommes par la perspective d'une vie meilleure affluent vers Reykjavik car s'ouvre à elles des voies nouvelles : les blanchisseries se multiplient (en effet les uniformes de tous ces soldats doivent être nettoyés et préparés) … une Brigade de Protection des mineurs est mise en place pour éviter que les plus jeunes ne servent de chair fraîche aux soldats.

Voilà le décor planté, une île chamboulée par la présence de contingents militaires et les échos de la seconde guerre mondiale.

La découverte du cadavre d'un simple représentant assassiné chez lui sème la panique. En effet sur la scène de crime de nombreux indices sont relevés : l'arme tout d'abord, un Colt américain, puis un signe barbouillé sur le front du cadavre, une croix gammée, et enfin une capsule de cyanure cachée dans la poignée de la valise de la victime…
Ces indices soulèvent de nombreuses questions : règlement de comptes, espionnage, infiltration nazie.

Dans le doute, la Brigade criminelle islandaise n'étant composée que d'un seul homme, l'inspecteur Flovent, les autorités militaires lui adjoignent une aide, l'enquêteur Thorson, un américain d'origine islandaise, « un islandais de l'Ouest ».
Ensemble ils vont devoir prendre en compte ces informations extra-ordinaires et les trier afin de se sortir de ce qui paraît être un vrai panier de crabes au fur et à mesure des investigations et des interrogatoires rythmant l'enquête. Car n'oublions pas, l'inspecteur Flovent débute dans le métier même si il a été formé à Scotland Yard et son acolyte Thorson a du s' improviser enquêteur !

Un premier volet que j'ai beaucoup apprécié : on y retrouve la patte de l'auteur, son style propre, une écriture toute en finesse, sa subtilité pour évoquer la différence, la précarité, et dessiner des portraits de personnages biens travaillés qu'il soit masculin ou  féminin.

Indridason se fait un plaisir à balader le lecteur dans les méandres de l'histoire et les visages multiples de l'Islande du temps de la situation avec une intrigue qui permet de noyer le lecteur grâce à de nombreuses diversions.
La fièvre de la capitale contre l'immuabilité des travaux à la campagne avec le temps la fenaison dans les fermes.
Le temps des folies en ville et celui des traditions dans les fjords reculés.
Les déambulations de Flovent dans Reykjavik qu'il connaît comme sa poche avec l'histoire de ses quartiers, et de ses principaux bâtiments.
Les visites de Thorson dans les fjords éloignés qui lui permettent de s'imprégner et de se réapproprier l'âme islandaise.
 Et bien sûr la promesse d'une émancipation pour les femmes..

Un vrai régal.
Inconditionnelle d'Indridason, j'ai hâte de savourer le second volet pour retrouver ce nouveau binôme fraîchement entré dans le métier et encore si peu expérimenté.
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Je vous préviens de suite , je ne serai pas objectif : j'adore Indridason . Bon , ça c'est fait mais je sens poindre votre question : pourquoi ? Je m'en doutais et j'ai préparé ma réponse. Ben , Parce que. Oui , bonne réponse mais ...D'abord parce qu' Indridason , son enquête, il sait la mener de main de maître, du début à la fin , nous balader comme " des bleus " . Tout est logique , taillé au scalpel et la fin coule de source sans qu'on ne l'ait forcément prévue . Et même si on l'a prévue ( vantards...) , il faut avouer qu'elle a " de la gueule " . Ensuite , c'est tout de même pas mal écrit et traduit , non ? Ça " gigote" pas forcément dans tous les coins , y'a pas un cadavre toutes les trois pages , mais , franchement, on ne ressent jamais le moindre ennui , au contraire , et là , c'est tout de même fort . Ça cherche, ça questionne , ça déduit, ça se trompe, ça avance , ça recule ...bref , ça vit . Bon , je vous entends . Où ça se passe ? Ben , en Islande . Quand ? En 1941 . La guerre ? Ben oui . Il y a les anglais , les américains stationnés là pour " contrer " les nazis et ...un peu plus loin , les espions travaillant pour ces mêmes nazis .Pour les femmes perdues , isolées, abandonnées dans des terres hostiles , le rêve d'un avenir meilleur , parfois une illusion , souvent un mirage . Ça s'appelle " la Situation " ..Pour les troupes alliées...je vous laisse deviner, l'" offrande " , des hommes quoi !!! Et puis , des " agents spéciaux " . Des rancoeurs .Des jalousies . Des espoirs . La vie .Le roman est très documenté et s'insère avec finesse et modestie dans une période historique floue .Un roman politico - fiction - historique . Oui , oui , rien que ça ! Est- ce qu'il y a des héros ? Ben , oui , je vous l'ai dit c'est une fiction .Le premier , c'est Flovent , le seul inspecteur ( si , si ) d'Islande . En même . temps , en Islande , des crimes , y'en n'a pas ou trés peu donc , le poste , il n'est pas forcément glorieux ....Alors , quand y'a un crime , un , c'est pas top mais c'est tout de même l'opportunité de se faire connaître ...Le second , c'est un américain d'origine islandaise , Thorson , un gars de l'Ouest, un militaire , tiens , tiens .....une belle équipe en devenir puisque ce roman est le premier d'une trilogie dont je ne manquerai pas de vous rendre compte puisque , pour moi , c'est évident, je ne lâcherai pas " le morceau "! Mais je suis certain que , vous aussi ...et là , hein , vous n'aurez plus aucun regard pour moi qui aurai été votre " premier guide " ....Ah , l'ingratitude ...Pas grave... surtout si vous aimez !!
Ah , oui , j'oubliais : un mort avec la marque " ss " écrite sur le front avec ...son sang , , une balle , une capsule de cyanure ... Vous avez quatre heures . Pour écrire une fiction ...ou la lire . Moi ? Je l'ai lue et je ne regrette rien , " non , rien de rien " ......Mais , franchement , je ne l'aurais pas écrite...Trop fort , Arnaldur .
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Chez nous, les livres circulent, au point qu'ils mettent plusieurs mois (minimum) à nous revenir, le temps qu'ils fassent le tour de tout le monde, et plus ça va plus le réseau s'élargit. C'est ainsi que me parviennent parfois des livres qui appartiennent à des personnes que je ne connais même pas, comme c'est le cas avec les trois livres de cette série (et si j'ai bien compris, ils sont à la soeur, que je ne connais pas donc, de la voisine, que je ne connais que de vue pour l'avoir aperçue dans son jardin, de la compagne de mon père). Alors me voilà partie dans le premier volet d'une trilogie écrite par "le maître du polar islandais" (c'est pas moi qui le dis, c'est écrit sur la première de couverture), Arnaldur Indridason, que je n'avais encore jamais lu.

Nous sommes en 1941 en Islande, à Reykjavik plus précisément, sous l'Occupation alliée. Un homme est retrouvé mort d'une balle dans la tête, une croix gammée tracée sur son front avec son propre sang. L'arme du crime étant américaine, Flovent, inspecteur à la Criminelle, va devoir faire équipe avec Thorson de la police militaire. L'enquête s'avère houleuse, puisque peut-être mêlée au Troisième Reich...

Houleuse également parce qu'il faut bien dire que les personnes que les deux enquêteurs vont être amenés à interroger sont loin d'être coopératives. Ils ont beau poser encore et toujours les mêmes questions, peu de réponses leur parviennent. Ils ont pas l'air très sympathiques les Islandais ! Ils se braquent, se taisent et t'envoient sur les roses pour un oui ou pour un non. Tiens, j'aurais dû compter le nombre de "je ne sais rien", "je ne vous répondrai pas", "ça ne vous regarde pas" ou "sortez d'ici"... À questions répétitives, réponses répétitives. Les dialogues sonnent faux, pas naturels pour un sou. C'est pour moi le principal défaut de cette intrigue pourtant pas inintéressante.

Mais ce n'est malheureusement pas le seul. La psychologie des personnages n'est pas convaincante non plus : les deux enquêteurs sont un peu "fadasses" (et leur manie de poser trente-six questions en même temps légèrement agaçante). Et en plus, même en n'obtenant jamais les réponses à toutes ces questions, on finit par comprendre l'essentiel du mic-mac malgré tout. La fin n'est donc pas vraiment une surprise. Côté suspense, c'est donc pas tip-top non plus...

Mais mais mais il y a quand même du positif. À commencer par le style de l'auteur, très dynamique, descriptif sans être rébarbatif. Les chapitres courts nous permettent à la fois de suivre les enquêteurs tantôt ensemble, tantôt séparément. On lit avec entrain et jamais à reculons malgré les bémols susnommés qui pourraient justement nous amener à freiner.

Côté contexte historique, rien à y redire non plus. Il se dégage une atmosphère sombre où l'on perçoit bien la situation particulière de l'Islande pendant la Seconde Guerre mondiale, qui n'est pas comparable avec celle des autres pays européens. Et malgré le manque de suspense, l'intrigue n'est pas inintéressante non plus comme je le dis plus haut, grâce aux sujets abordés comme l'Occupation britannique et américaine, le (contre-)espionnage ou encore le nazisme qui se mêlent plutôt bien à l'enquête.

Comme vous pouvez le constater, je ressors de cette lecture plutôt mitigée, mais pas sans être totalement déçue non plus. Je n'ai pas passé un désagréable moment mais j'en attendais plus sans aucun doute. Et j'attends mieux du second tome.
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Nous sommes en Islande, à Reykjavik, en été 1941. Un homme vient d'être retrouvé mort dans un appartement, le crâne explosé par une balle de gros calibre qui tendrait à faire penser à une arme appartenant aux militaires. Sur le front de la victime une croix gammée tracée avec le sang de la victime. Il s'agit de l'appartement de Felix Lunden donc dans un premier temps on pense qu'il s'agit de la victime.

L'enquête est menée par un policier islandais : Flovent auquel l'armée va adjoindre Thorson, un jeune homme de leur camp, un Islandais de l'Ouest, ainsi qu'on surnomme les personnes dont les parents islandais ont émigré au Canada ou aux USA par exemple qui parle très bien la langue même s'il parle bizarrement selon l'avis des gens du coin !

En fait, ce n'est pas aussi simple, le corps n'est pas celui de Felix mais d'un autre homme, représentant commercial comme lui, que sa compagne, Vera, avait quitté en son absence pour ouvrir une blanchisserie avec l'aide d'un militaire.

Ce roman, nous entraine, dans ce pays occupé d'abord par les Anglais, qui sont en train de laisser la place aux Américains, pour éviter que l'Allemagne nazie l'envahisse. Il y a peu de militants pronazis, ils ont été plus ou moins neutralisés, arrêtés et certains envoyés en Grande-Bretagne, mais certains sont encore là, tels Rudolf Lunden le père de Felix, médecin ayant tenté des expériences médicales pour prouver l'origine génétique de la délinquance et autrefois il a utilisé son fils pour arriver à ses fins, l'obligeant à devenir amis avec des élèves issus de milieu pauvre, avec alcoolisme, violences, emprisonnements…

On voyage ainsi dans les méandres des théories nazies fumeuses sur la pureté de la race, le déterminisme génétique de la délinquance, car ils pensaient au départ que les Islandais étaient des descendants des Vikings, donc des surhommes, alors que l'enquête ouvre d'autres possibilités, avec ces femmes qui tentaient à tout prix d'avoir une meilleure vie en se trouvant un compagnon anglais ou américain et si possible de l'épouser, dans ce qu'on appelait « la situation », occupation par les troupes anglaises puis américaines.

L'enquête est passionnante, car l'auteur nous promène au gré des pistes, des indices, sur les pas tantôt du policier Flovent, tantôt dans ceux de Thorson, alors que l'armée a tellement peur d'être reconnue responsable, qu'elle veut garder la mainmise sur ladite enquête.

J'ai retrouvé avec plaisir la plume d'Arnaldur Indridason dans ce premier tome passionnant de la « trilogie de l'ombre » et ce pays fascinant dont chaque livre de l'auteur me fait découvrir un pan de l'Histoire, trilogie que je vais bien-sûr continuer à découvrir, délaissant pour quelques temps le commissaire Erlendur, héros fétiche de l'auteur que j'ai découvert avec « La femme en vert » que j'ai beaucoup aimé et que depuis je suis régulièrement.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Reykjavík en Island. C'est le début de la seconde guerre mondiale, les allemands ont été priés de rentrer dans leur patrie, les militaires britanniques se sont installés dans le pays, très vite suivis et remplacés par les américains.

Chez les policiers locaux, la section de la police criminelle est réduite à un seul inspecteur, Flovent. Celui-ci est confronté pour la première fois au meurtre d'un représentant de commerce, Eyvindur Ragnarsson, assassiné au domicile d'un autre représentant, Félix Lunden.

A première vue, beaucoup d'éléments accusent Félix de ce meurtre.
L'arme du crime étant un pistolet de l'armée, la police militaire met également sur le coup l'un de ses enquêteurs : Thorson.

Ce couple atypique travaillera de concert pour essayer de résoudre cette énigme, en suivant plusieurs pistes, du simple assassinat par jalousie, au meurtre pour espionnage, car Félix se livrait manifestement à des opérations pour le compte des allemands, en passant par une affaire de vengeance liée au père de Félix, ancien médecin proche des nazis.

A mon avis :
Mais que c'est laborieux !

On suit l'enquête en même temps que nos deux inspecteurs, y compris dans leurs fausses interprétations, y compris dans leurs fausses pistes, y compris dans leurs échecs... le pire étant ces interrogatoires durant lesquels le suspect reste tout simplement muet mais qui s'éternisent sans raison (enfin, il y en a surement une, mais elle m'échappe).
Si cela rend les personnages et l'action sans doute plus vraisemblables, pour le lecteur cela s'approche du supplice.

Celui-ci est accompagné sur les chemins des différentes pistes suivies par les enquêteurs, de façon égale, si bien qu'on a rapidement la certitude que plusieurs sont sans issue et qu'une seule est digne d'intérêt.
Et au travers de ce questionnement, c'est la plus évidente qui sera la bonne.

Autant dire que le suspens n'est pas haletant, même si l'action (hormis les séquences ennuyeuses dont j'ai parlé plus haut) est malgré tout de bonne qualité.

La lecture est également assez aisée et on s'habitue rapidement aux prénoms d'origine islandaise hors du commun.

S'agissant du premier opus d'une série de trois (la trilogie des ombres), bien reçus par la critique de manière générale, on pourra s'intéresser au second volet (la femme de l'ombre), juste histoire de voir si l'action et le suspens s'améliorent, ou bien s'il s'agit d'un défaut constant.


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critiques presse (3)
LaPresse
28 mars 2017
À la fois polar historique et roman d'enquête, Dans l'ombre est une lecture captivante aux multiples rebondissements.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
27 mars 2017
Un captivant thriller qui nous plonge dans les eaux troubles de l’occupation islandaise.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Actualitte
21 mars 2017
Éblouissant. Une fois encore.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Ils passèrent un moment à parler du temps. Ils avaient eu un bel été dans la région et les paysans avaient engrangé du foin en abondance. Depuis plusieurs jours, tous passaient leurs journées aux champs, il n'y avait de place pour rien d'autre. Elle lui demanda de lui parler de Reykjavik, et plus précisément de ce que tout le monde appelait la situation. Elle l'interrogea sur ces femmes qui fréquentaient les soldats. Ce n'était pas trop voyant? Ca se passait comment, exactement? Les autorités allaient enfin se décider à prendre des mesures? Thorson s'efforça de lui expliquer qu'en effet, certaines Islandaises fréquentaient des militaires, mais la plupart du temps tout se passait bien. Bien sûr, il y avait quelques débordements. On avait créé une brigade de surveillance des mineurs chargée de veiller sur les filles encore trop jeunes. La vieille femme avait plus d'une fois interrompu Thorson par des "Eh bien, dis donc!" Elle avait entendu dire que c'était le chaos et que ça ne risquait pas de s'arranger maintenant que les Américains déferlaient sur le pays.
Puis elle avait repris un peu de tabac. La vieille pipe posée dans le cendrier à côté d'elle devait aussi lui appartenir. Elle avait perdu presque toutes ses dents et un léger sifflement se faisait entendre chaque fois qu'elle parlait. Ses longs cheveux gris retenus en deux tresses, le visage aussi ridé qu'un sac en papier chiffonné, les doigts déformés, le dos voûté, elle portait la marque des travaux manuels qui avaient constitué son lot quotidien.
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Le soir, ils discutaient ou écoutaient la radio. Flovent savait qu'il appréciait ces moments. Son père avait perdu la moitié de la famille qu'il avait fondée quand la grippe espagnole avait emporté son épouse et sa fille. Lui et FLovent les avait pleurées en silence. Après ça son père n'avait pas recherché de nouvelle compagne.
Cet homme appartenait à la dernière génération d'Islandais capables de se satisfaire de peu, de traverser les guerres, les crises économiques, et de voir les leurs succomber à des épidémies sans jamais se plaindre.
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Le Sudin contourna soigneusement les frégates et les torpilleurs avant d’accoster au port de Reykjavik. Quelques instants plus tard, les passagers descendirent du ferry. Titubants, certains étaient très soulagés de retrouver la terre ferme. Pendant qu’ils traversaient le golfe de Faxafloi, le vent avait subitement forci et avait tourné au sud-ouest, il s’était mis à pleuvoir et, après une navigation plutôt calme, le bateau avait beaucoup tangué. La plupart des passagers étaient restés à l’abri dans les cabines exiguës à l’air saturé d’humidité du fait de leurs vêtements mouillés. Quelques-uns, parmi lesquels Eyvindur, avaient souffert du mal de mer sur la dernière partie du trajet.

Monté à bord à Isafjördur en traînant ses deux valises éculées, il avait dormi presque tout le voyage, éreinté après sa tournée. Les bagages contenaient du cirage Meltonian et du vernis Poliflor, ainsi que des échantillons de faïence qu’il avait essayé de vendre dans les villages, les fermes et hameaux des fjords de l’Ouest : assiettes, tasses et couverts fabriqués en Hollande, que le grossiste avait importés en Islande juste avant que la guerre n’éclate.
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« Flovent et Thorson s’approchèrent pour mieux voir. Le médecin avait raison. Même si le trait était grossier et maladroit, en l’examinant à la lumière crue du laboratoire, on distinguait clairement la croix gammée dessinée sur le cadavre. »
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Flovent passa un long moment avec le couple avant de redescendre chez Felix Lunden. On avait enlevé le corps pour le transférer à la morgue de l'Hôpital national. Le médecin de district et le photographe étaient repartis, mais un policier en uniforme montait la garde. Flovent était le seul membre de la Criminelle de Reykjavik. Ses autres collègues avaient été affectés à des tâches plus urgentes dès le début de la guerre. Il craignait de devoir en rappeler certains pour qu'ils puissent l'aider dans son enquête, laquelle promettait d'être longue et complexe.
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Extrait du livre audio « le Roi et l'Horloger » d'Arnaldur Indridason, traduit par Éric Boury, lu par Jérémy Bardeau. Parution numérique le 15 mars et CD le 12 avril 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/le-roi-et-lhorloger-9791035413408/
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