L'auteur, originaire de la petite ville du Nord de Fourmies, nous raconte un épisode tragique de son histoire : les policiers ont tiré sur des ouvriers et des ouvrières en grève, le 1er mai 1891 ( deuxième anniversaire de cette journée dédiée à la fête du travail, désormais traditionnelle), et ont provoqué neuf morts.
L'auteur raconte cette journée, cette unique journée ; ressuscitant le cadre quotidien de cette journée à la fois ordinaire dans ses petits actes et particulière car de grève et de fête.
Scénario et dessin transmettent bien la communauté ouvrière et villageoise, l'engagement politique de certain.es, la lutte des classes dont la théorie battait son plein, les bourgeois qui se pavanent, les représentants de l'ordre, dont la masse noie les décideurs et les responsables : chaque groupe sa petite vie et ses rapports de force, comme la comédie de la vie, jusqu'à ce que ça bascule en tragédie baignant dans un sang injustement versé.
J'ai trouvé les quidam attachants et leur destin révoltant, l'ambiance complètement fin XIXème grâce aux costumes et aux décors, l'ambiance empreinte de tension inextricable par les couleurs uniquement rouge, noir et blanc - le tout avec un petit air de
Tardi dans la série le cri du peuple, autant pour le dessin que pour les couleurs et la thématique.
Un récit qui a une bonne place dans la tradition littéraire des révoltes populaires à l'ère du monde qui se capitalise et s'industrialise, les Fantine, les Gavroche, les Lantier et autres Jacques Vingtras.
Un récit qui sonne des échos amers avec aujourd'hui à divers degrés.
Un bel hommage de l'auteur à ses racines et à sa terre.