Neil éteignit la télé, prit son téléphone et rafraîchit une nouvelle fois la page web du journal. C’était en ligne. Il copia le lien et tweeta : « Ma nécrologie de Clio Campbell. Formidable amie, et plus formidable chanteuse encore. »
Puis il googla son nom. Allez savoir pourquoi, tout un tas de jeunes femmes semblaient parler d’elle et relayer des vidéos de « Rise up » sur YouTube. Personne d’autre n’avait encore publié de nécro, ils avaient donc au moins une longueur d’avance là-dessus.
Formidable.
Il se demanda comment se traduirait ce mot-là à chaque occurrence.
C’était une chanteuse dont je me rappelle vaguement avoir été fan dans les années 90, elle a chanté une fois à une cérémonie où j’étais invité.
Je l’ai rencontrée trois fois en dix ans et j’ai jamais eu grand-chose à lui dire.
Elle avait une voix magnifique et c’était une fieffée emmerdeuse.
C’était une force de la nature, exaspérante, impulsive, totalement dénuée d’humour, qui changeait d’avis toutes les cinq minutes, ne faisait jamais ce qu’elle avait dit, qui vous prenait et vous jetait si et quand elle avait besoin de vous. Et putain, qu’est-ce que je l’aimais.
Il avait crié cette dernière phrase, se rendit-il compte. Son appartement resta silencieux en réponse. Devant sa fenêtre, les voitures qui passaient klaxonnèrent leur approbation.
Et puis il se retrouva à quatre pattes, à fouiller dans la boîte de CD qu’il conservait dans son placard. Le voilà. The Northern Lass, dédicacé au marqueur noir autour de son visage, les lettres s’emmêlant dans ses cheveux.
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