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Critique de VincentGloeckler


Elle est morte, Clio Campbell, suicidée dans l'appartement d'une amie, qui l'avait accueillie quelques jours plus tôt, en janvier 2018. Elle est morte, Clio Campbell, à 51 ans, et ce qui n'aurait pu être qu'un fait-divers sans grand relief, agite bientôt les esprits et les discussions dans le cercle de ses connaissances, et, beaucoup plus largement, dans la presse et sur les réseaux sociaux, révélant à quel point son existence aux multiples facettes pouvaient provoquer d'interprétations contradictoires, ses frasques et ses prises de position susciter amour ou haine, tristesse ou colère. le roman de Kirstin Innes remonte ainsi le cours de cette vie, mélangeant les temps autant que les points de vue, en évoquant les événements sans grand respect de la chronologie et à travers les regards de ceux qui l'ont connue, à Glasgow, Brixton ou sur l'île de Skye, père, mère, oncle, compagnons de squat ou de concert, amants ou camarades de manifs, journalistes et critiques.
Le lecteur se laisse prendre très vite au jeu de ce kaléidoscope, en mouvement permanent, et aux charmes de cette « reine d'un jour » aux cheveux flamboyants, devenue combattante pour l'éternité. Si, en effet, la gloire musicale de Clio a été aussi retentissante que brève, quand elle s'est illustrée en offrant, à ceux qui, en 1990, luttaient contre la poll tax (un impôt très inégalitaire créé par Margaret Thatcher) « Rise up », un véritable hymne fédérateur, si la suite de sa carrière musicale sur les chemins du folk écossais a rencontré beaucoup moins de succès populaire et le mépris sarcastique des critiques, la chanteuse s'est montrée une militante acharnée, montant au front pour de multiples causes, de la lutte contre l'implantation d'un MacDo à Brixton aux référendums pour l'indépendance de l'Ecosse ou contre le Brexit, en passant par les manifestations altermondialistes lors du G8 à Gênes. Au-delà de son seul personnage, à travers aussi les parcours contrastés de ses proches, c'est plus de quarante ans d'histoire politique, sociale et culturelle de la Grande-Bretagne ultra-libérale qui se trouvent ainsi dépeints, dans l'élan d'un récit qui fait souvent penser aux films de Ken Loach, et qui réserve, jusqu'à la fin, son lot de surprises… Un très beau portrait de femme libre, cette « Reine d'un jour », qui, après celui de l'héroïne de « Poids plume » de Mick Kitson l'an dernier, trouvera la meilleure place dans l'excellent catalogue écossais des Editions Métailié !
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