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Critique de pompimpon


Avec le Loup bleu, titre ô combien poétique, Yasushi Inoue nous entraîne dans les steppes d'Asie Centrale, à la suite du grand, du très grand Gengis-khan. C'est un nom mythique, qui évoque les espaces infinis, le goût de la conquête, et finalement une histoire que l'on connaît fort mal.

Pour sortir de l'ombre celui qui fut Temüjin avant de devenir Gengis-khan, Inoue a eu peu de sources écrites. Il s'est appuyé sur "L'Histoire secrète des Mongols", chronique qui aurait été composée en 1240, soit treize ans après la disparition de Gengis-khan, ce qui constitue un témoignage précieux. Mais pour le reste, il a imaginé ce qui était vraisemblable.

Pour ce faire, sa plume est documentaire et descriptive. S'il y a quelques passages assez agréables, l'auteur nous tient à distance de tout emportement vis-à-vis de ses personnages. Nous les voyons vivre, se battre, se déchirer, mais restons très extérieurs au récit.

Et pourtant... Cette soif de pouvoir, ce rêve de conquête, cette volonté d'asseoir la puissance des Mongols sur toutes les tribus des steppes et bien au delà, au tournant d'un XIIIe siècle asiatique qui nous est pratiquement inconnu, Gengis-khan les a bien nourris d'une blessure intime, qui revient au fil de l'ouvrage comme un ressac.

Sa filiation n'est pas sûre. Il n'est peut-être pas Mongol, nirum, enfant de la lumière. Il n'est peut-être pas le descendant des mythiques Loup bleu et Biche blanche.

Et même s'il choisit de l'être, et même s'il le devient davantage que tout autre, ce doute le taraude et le pousse à accomplir une destinée flamboyante et brutale.

Des trahisons auxquelles il a été confronté dès son plus jeune âge à la multitude de campagnes menées pour arracher puis préserver son pouvoir, nous le suivons pourtant avec cette distance maintenue par l'auteur, jusque dans les descriptions des batailles et du sort des vaincus, massacrés pour éradiquer toute vélléité de reconquête, et de leurs femmes, violées afin qu'elles donnent naissance à de "vrais petits Mongols" comme lui ( le viol comme arme de guerre n'est pas une trouvaille malfaisante du XXe siècle...).

C'est ce qui m'aura manqué, un souffle épique à la mesure du personnage... Mais peut-être Yasushi Inoue a-t-il estimé que Gengis-khan, à l'origine d'une dynastie qui va faire briller la culture mongole dans toute l'Asie, n'avait pas besoin de ça. Pourquoi nous le rendre proche, humain ? A lui seul, son nom n'évoque-t-il déjà pas des temps légendaires, nourris de récits extraordinaires ?
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