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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pendant que je me contente de faire bouillir de l'eau calcaire et à demi-javellisée pour infuser mon genmaicha dans un mug d'une propreté pas très nette, d'autres font tourner les bols, choisissent des spatules en bois précieux, regardent une calligraphie en respirant l'odeur sauvage d'un bouquet de fleurs.

Je suis si loin de la cérémonie du thé qu'il me faudrait sentir la présence d'un maître de thé à mes côtés. Maître Rikyû m'entends-tu ? Si tu pouvais m'accepter comme disciple. Découvrir la voie du thé, voilà ce que je te propose ce soir. Oublie bières et sakés et ne garde que la spiritualité et le cérémonial de cette soirée.

Parce que la voie du thé comme celle du samouraï ne s'improvise pas. Alors oui, je te vois sceptique à te demander ce qu'il y a d'intéressant à énumérer les bols, les spatules ou les vases présents dans la salle. Trouver un nom poétique ou saugrenu empli de malice à ce bol-ci, à cette spatule-là, à ce pot nacré. de savoir que la calligraphie sur le mur a été peinte par un grand maître ne semble guère t'émouvoir tout comme son message : « le néant n'anéantit rien, c'est la mort qui abolit tout ». Et pourtant, ce court roman offre une plongée dans le cérémonial japonais d'une autre époque, celle où les samouraïs échafaudaient des plans de bataille autour d'une tasse de thé.

Effectivement, il faut être plutôt du genre passionné pour l'orientalisme, pour le zen ou le bouddhisme afin d'apprécier à sa juste valeur ce roman de Yasushi Inoué. Il n'est donc pas à la portée du premier venu respirer l'air frais des cryptomerias et le parfum d'un thé vert légèrement fouetté. le maître de thé par conséquent se respecte.

Assis dans cette salle, je les observe, ces maîtres, ces samouraïs, ces respectables et respectés. Il y a tant à découvrir de leur manière et de leur esprit. Tant à apprendre d'un tel acte, d'un tel partage, d'une telle convivialité que cela est un honneur d'assister à une cérémonie, tout comme c'est un honneur de lire ce roman inspiré par un vrai maître de thé. Tout est vrai ou presque. Tout est beau ou presque. Tout est chiant ou presque. Non, pour ce dernier point, tout dépend de ta passion pour le Japon et cette période séculaire. Moi, j'y ai trouvé mon compte, mon bonheur et un peu mon apprentissage. Comme une envie de simplicité, de plénitude et de sérénité pendant quelques pages.

Maître Rikyû s'est donc donné la mort. La voie du thé n'est pas très éloignée de la voie du samouraï. Les questions d'honneur et de vertu y sont omniprésentes. Mais alors pourquoi ce seppuku. Peu de temps après le seppuku celui de Sôji et avant celui de Oribe. Est-ce une nouvelle voie qui consiste de se donner la mort plutôt que de perpétuer la tradition jusqu'à trop tard. Savoir raccrocher la spatule en bois avant d'en abuser. Des années après, l'un de ces disciples continue d'en chercher la raison et de ne pas croire toutes les rumeurs qui sont véhiculées sur son maître dans les différentes maisons de thé. Mais j'aurais tendance à dire, peu importe les rumeurs, peu importe les raisons, Maître Rikyû est toujours à ses côtés pour insuffler de son esprit et de sa vision de la vie et de la voie à chaque cérémonie.

La ceinture de mon kimono s'est défaite, le shôji coulisse, une geisha pénètre délicatement et sans bruit…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Cet ouvrage décrit la philosophie des Maîtres et Hommes de thé au XVIe siècle, au Japon.
Les personnages de ce roman de Yasushi Inoué ont existé. le Grand Maître de thé, Rikyū est né en 1522 et mort en 1591 en se faisant hara-kiri. L'auteur Yasushi Inoué est né en 1907 et décédé en 1991. le narrateur éclaire son lecteur sur le déroulement et l'esprit des cérémonies du thé.
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Ce récit atypique nous plonge dans le Japon féodal, à la charnière des XVIe et XVIIe siècles, une époque soumise à de perpétuelles luttes entre clans rivaux. Monsieur Rikyū est sans conteste le plus illustre Grand Maître de thé de son temps. Il fut aussi la principale figure du développement de la cérémonie du thé au Japon. Il parfait l'art de préparer et de servir le thé « simple et sain » au service de l'homme le plus puissant du pays, le Taïkō Hideyoshi. Sen no Rikyū a réellement existé, tout comme Hideyoshi qui fut l'un des trois unificateurs du Japon de la période Sengoku. Toute l'intrigue du roman vise à comprendre les raisons de la mort de Rikyū, qui reçut l'ordre du Taïko Hideyoshi de se faire seppuku, autrement dit le suicide rituel (hara-kiri en langue orale).

C'est à partir de ce contexte historique que l'auteur construit la trame de son récit, prenant la forme d'un journal fictif qui aurait été rédigé par Honkakubō, « homme de thé » et ancien élève de Rikyū. Ces « Cahiers posthumes du moine Honkakubō » retracent ainsi trente ans d'enquête et de réflexion visant à faire la lumière sur la disgrâce de Monsieur Rikyū. N'imaginez nul rythme haletant ni enquête trépidante dans ce roman. Sur la base de ses souvenirs, d'échanges réels ou de conversations imaginaires avec des hommes de thé ayant connu Rikyū, Honkakubō élabore diverses théories sur la mort de son ancien maître. Cette enquête prend la forme d'une véritable quête initiatique qui permet d'explorer la nature profonde de l'art du thé. À une époque où cet art était élevé au niveau de rituel majeur pour la vie sociale, politique ou guerrière, où toutes les étapes de la cérémonie du thé étaient codifiées et archivées sous la forme de comptes rendus, où les ustensiles les plus précieux recevaient même des noms, on peut imaginer jusqu'à quelle extrémité les plus grands maîtres de thé ont consenti à aller pour donner un sens à leur art et à leur vie.

« le néant n'anéantit rien ; c'est la mort qui abolit tout. »
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Un livre ou plutôt un journal imaginaire, constitué de 6 chapitres intéressants, mais pas toujours faciles d'accès.
Le narrateur, Honkakubô, vieux moine, s'interroge sur le suicide en 1591, par seppuku, de son maître de thé, Rikyû.
Le plus grand maître de thé de son temps, a reçu cet ordre de son employeur. Pourquoi ?
Au fil des années, le vieux moine va chercher des réponses auprès de disciples et maîtres.
Un beau roman initiatique, étrange, dépaysant qui nous fait découvrir la cérémonie du thé en cheminant avec délicatesse et douceur, entre bols et spatules.
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Je cherchais un intermède entre deux romans plus consistants et voici que le maître de thé se présente à moi. Il possède deux qualités recherchées : un auteur japonais et moins de deux cents pages. Wouah, tout est dans tout! J'adore aussi le thé et j'essaie de moins boire de vin, donc…

Ce roman consiste à une transcription du journal d'un monsieur Honkakubô entre les années 1582-1622. Ce journal étant une invention de l'auteur mais construit avec de vrais personnages qui ont réellement existé dont Soeki Rikyu (1522-1591). Ce Grand Maître de thé finit sa vie en se faisant hara-kiri à la demande de son seigneur et protecteur le Taïko Toyotomi. Alors, le disciple essaie de comprendre cette mort inhabituelle pour un sage philosophe qui promulgue l'éthique du thé.
Le roman se lit comme une enquête policière « soft » alors que l'on sait que le personnage principal est mort par seppuku. Quelles sont les raisons de ce suicide? Pourquoi Rikyu n'a-t-il pas demandé pardon au seigneur Toyotomi pour avoir la vie sauve? Toutes ces réponses nous seront parsemées au fil du récit avec une finale peu enlevante.

« …le temps avale, repousse et efface tout. »
Le temps est important dans ce récit. le temps et les Daimyôs, nobles, citadins, guerriers, samouraïs qui sont énumérés. Il y en a beaucoup, cette lecture est exigeante mais l'hommage est ultime. N'oublions pas que ces personnes ont existé!
La mort aussi prend sa place, celle qui est noble, la mort désirée.
« Le néant n'anéantît rien, c'est la mort qui abolit tout. »

La place du rituel est primordiale. Celle de la cérémonie du thé a valeur de recherche intrinsèque, de préparation à la guerre ou fin de vie programmée. Et comme tout roman japonais qui se respecte, l'onirisme est présent et une grande sagesse de vie.
« J'avais résolu de jeter, un à un, les objets superflus. Mais on a beau jeter, à la fin, il reste soi-même… »

Je ne crois pas avoir tout compris de ce livre, loin de là. Je place cette lecture dans ma besace de vie et je mûris lentement. Comme premier effet, un tas de nouveaux thés dans mon armoire, et un ralentissement du geste lors de la préparation.
L'âme à la vague, je me remémore le Japon et ma rencontre avec la cérémonie du thé. C'est bon et chaud…
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Le maître du thé de Yasushi Inoué, est un roman avec un fondement historique, au Japon au XVI siècle. le narrateur est Honkakubô, moine qui cherche à comprendre les raisons du bannissement de son maître Rikyù (aussi appelé Soeki), ancien samouraï devenu moine et "Maître du thé" par Hideyoshi également un guerrier, son mécène, devenu Taïko, sorte de ministre, conseiller de l'empereur. Suite à cette condamnation le Maître du thé s'est suicidé à la façon des samouraïs. C'est une enquête qui nous met en relation avec d'autres personnages historiques, enquête qui nous renseigne sur les codes éthiques voire mystiques de ces guerriers mais aussi un éloge du maître. La cérémonie du thé à cette époque est assimilable à une forme d'office religieux, une sorte d'éloge de la lenteur puisque cette cérémonie dure plusieurs heures avec des objets si précieux qu'ils sont dénommés telle une personne ou un Dieu. Souvent cette cérémonie du thé est un recueillement, une recherche de paix, de sérénité avant d'aller massacrer ou se faire massacrer à la guerre. J'ai été frappé par des comportements presque à l'opposé l'un de l'autre: une grande retenue dans les émotions et les propos comme si chaque mot était murement évalué avant d'être livré et à l'opposé une dureté, une froideur des personnages qui aujourd'hui seraient qualifiés de cruels. Incontestablement ce roman nous livre une peinture sociétale de cette caste au Japon à cette époque. Si je devais synthétiser le trait commun qui illustre l'art de vivre à cette époque au Japon : les codes et les règles l'emportent sur le coeur, l'humanité. Loin de moi, un jugement négatif, cette période a eu le mérite d'unifier le Japon, comme nos guerres internes sur notre territoire pour constituer la France.
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Le journal imaginaire de l'élève du Grand Maître de thé Rikyu (1522-1591) plonge le lecteur dans un monde de délicatesse, d'harmonie et de civilité, de moines bouddhistes, de samouraïs et de shoguns, dans lequel le choix d'une calligraphie ou d'un bol pour une cérémonie a une signification particulière qu'il faut savoir décrypter. Un court roman dense et contemplatif, parfois complexe en raison du nombre de personnages et d'éléments historiques et culturels méconnus, mais à l'élégance extrême.
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Avant toute critique de cet ouvrage remarquable, un conseil que j'aurais aimé trouver ici avant de le lire.
Allez consulter la page wikipédia consacrée à la cérémonie du thé pour en comprendre la teneur et la signification.

Je vous passerai le résumé d'une intrigue qui au fond n'en est pas vraiment une, la liste des protagonistes aux noms japonais que nous retenons mal.
Si effectivement, le livre parle beaucoup de la cérémonie du thé, son sujet me semble tout autre.
Car ces maîtres de cérémonie qui se suicident sur ordre du pouvoir m'ont moi fait immédiatement penser à un autre philosophe, grec celui-là, qui absorba la cigüe : Socrate, bien sûr.

Et il s'agit peut-être ici, sous couvert d'un récit historique revisité, de tenter de comprendre ces rapports entre pouvoir et philosophie, entre intemporalité et relativité.
Avec une intense subtilité Yasushi Sinoue va s'attacher à tenter d'analyser pourquoi trois maîtres de cérémonie ont choisi le suicide plutôt que la soumission.
Un officiant peut-il, même s'il est au service du pouvoir, annihiler tout ce en quoi il croit dans la seule fin de sa survie physique ? Alors qu'immuable, il sert le thé à ces samouraïs qui vont s'entre-tuer, ne représente-t-il pas justement une sagesse impassible face aux agitations de son temps.
Dans un Japon médiéval extrêmement ritualisé, hiérarchisé, qu'elle était la place de la créativité, de l'innovation, de l'honneur ? Entrer dans la tradition et dans l'histoire n'implique-t-il pas le sacrifice de son égo porté au service de l'art ?
Autant de questions auxquelles ce roman répond avec intelligence et délicatesse.
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Au début du XVIIème siècle au Japon,

Honkakubô, moine du temple Mii-Déra, se fait interpeler par un vieux moine de quatre-vingt-trois ans, Tôyôbô. Ce dernier s'inquiète de voir cet ancien élève du grand Maître Rikyû, se terrer dans une vieille masure depuis plus de six ans.
Dans la salle de thé où tous deux prennent place, les souvenirs reviennent et font ressurgir des interrogations sur le décès de Rikyû. Sa mort par hara-kiri laisse planer un mystère car elle fut demandée par Hideyoshi, un grand seigneur et protecteur du Maître de thé.
Honkakubô commença son apprentissage à trente et un ans et apprit la cérémonie du thé. Il se remémore le service et l'honneur qui lui était accordé de suivre les préceptes de Maître Rikyû. Si aujourd'hui il vit en réclusion comme un ermite, c'est peut-être pour être plus proche de Rikyû, ou simplement par peur. Obsédé par cette mort, il le retrouve dans ses méditations et ses rêves, et cherche la signification d'un songe étrange… Il avait voulu escorter son mentor sur le sentier de Kyoto, un chemin désolé, pierreux, qui le conduisait vers l'exil et la mort. D'un regard, Rikyû l'en avait dissuadé, il devait le laisser cheminer seul vers « l'autre monde ».

Pourquoi s'est-il suicidé ? La question le taraude depuis son entretien avec le bonze Tôyôbô. Sortant de sa léthargie, il commence à rencontrer des Maîtres comme… Kôsetsusaï Okano qui lui confie la copie d'un manuscrit « Les principes de la Voie du Thé » écrit par Sôji Yamanoue, le premier élève de Rikyû… Oribe Furuta, qui a pris la succession de Rikyû… et s'efforce à comprendre.
Cette quête se mènera sur plusieurs années, sur une vie. Lui qui n'avait pas terminé son apprentissage, s'appliquera à acquérir la science, l'art, la philosophie de la Voie du Thé, et percevra l'essence suprême, dévoilée dans une vision… « wabisuki-jôjû, chanoyu-kanyô » « Il faut toujours garder en son coeur l'esprit du thé, simple et sain, même en dormant. »

.
Servir le thé est une cérémonie, une danse, un combat, une prière. Les bols sont des calices précieux en grès émaillé, dont les courbes demandent la perfection… L'enquête sur la mort de Rikyû n'est pas le sujet principal de cette lecture. J'ai lu cette nouvelle comme un conte ou une poésie. L'histoire se dépouille de toute pesanteur en nous livrant l'exploration d'un monde particulier… la Voie du Thé. Plus qu'une science ou un art de vivre, elle est une religion. D'un décor épuré, les images défilent. Je les imagine dans une dominante de bruns, d'ocres et d'orangés, des teintes de thé. On tire les cloisons et se découpent des ombres aux gestuelles harmonieuses, simples, spirituelles.
Maître Rikyû a vécu. Il était le spécialiste de la cérémonie du thé. Comme le raconte le journal de Honkakubô à travers l'écriture de Yasushi Inoué, il s'est vraiment suicidé à la demande de Hideyoshi.
Il est difficile d'expliquer le ressenti de cette lecture, mais je tiens à souligner dans ce billet, que les sentiments alternent… j'ai perçu la sagesse bouddhiste et ses principes, mais aussi de la violence. Je la sentais latente. Derrière la modestie et l'effacement, il y a beaucoup d'honneur et de fierté.

Dorénavant, j'essaierai de servir le thé avec l'esprit. « Préparer le thé, laisser faire le destin et ne pas tenter d'y échapper ».
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Mr Rikyu était maître de thé. Il a dû se faire hara kiri à la demande du Taïko.
Honkakubo, son élève et disciple se retire de la voie du thé et vit en ermite, dans la pensée et l'esprit de son maître. Mais pourquoi Rikyu s'est-il donné la mort si le Taïko était revenu sur sa sentence? Il va tenter de le découvrir et cela lui prendra plus de 20 ans.
Un roman sur le souvenir, l'honneur, la façon de suivre son chemin, la fidélité. Très philosophique et jamais ennuyeux.
Le temps est maître de tout, la méditation aussi.
J'ai bloqué au début puis je me suis immergée dans les pensées de Honkakubo, magnifique personnage.
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