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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sen no Rikyu a ouvert la voie du thé à travers un rituel qui mène à l'absolu. Comme tous les arts au Japon. Tout a du sens. Tout est perfection. Qu'est ce que Hideyoshi aurait bien pu y comprendre ? (Même si la guerre avec le sabre est aussi un art.)
Inoué, pour son dernier roman, retrace magnifiquement les derniers jours de ce maître. Il suffit juste de se laisser porter. de savoir se défaire de nos habitudes occidentales où tout n'est qu'empressement et raisonnement. Il ne faut pas réfléchir, juste ressentir.
Chaque mot de ce roman traduit une attitude, une pensée.
Je ne peux me défaire de l'image du dernier film de Toshiro Mifune qui incarne Rikyu. Aussi profond que le livre.
Un court roman qu'il faut prendre le temps de lire, savoir laisser défiler les images de ce Japon révolu. Ici et maintenant.
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Honkakubô Ibun
Traduction : Oku Tadahiro & Anna Guérineau

ISBN : 9782253933243


Longue nouvelle de près de cent-soixante pages, "Le Maître de Thé" est un texte éminemment japonais. Ceux qui ne s'intéressent guère ou pas du tout à la civilisation nippone la trouveront morne, sinistre, pédante, ennuyeuse. Les autres la liront avec plus ou moins de plaisir, selon leur niveau d'investissement dans tout ce qui concerne cette culture raffinée et souvent aussi insaisissable que le papillon se posant sur les pétales d'une fleur de cerisier.

Nos connaissances personnelles en cette matière ne sont pas, hélas ! suffisamment approfondies pour nous avoir permis de goûter ce texte dans toute sa plénitude. Elles ont cependant suffi à nous guider sans trop de soucis dans ses méandres et ses sous-entendus, ici nombreux pour un Occidental.

Nul ne l'ignore, la cérémonie du thé est un rituel important au Japon et ce pour ainsi dire depuis l'apparition du thé dans ce pays, vers le IXème siècle de notre Ere. Bien entendu, il ne s'agit pas d'une simple dégustation et nombreux sont les facteurs qui entrent en jeu, depuis le choix des ustensiles utilisés - auxquels on donne un nom choisi lentement après mûre réflexion - jusqu'au rouleau de calligraphie accroché dans le tokonoma - une petite alcôve prévue à cet effet - le kimono porté par l'officiant et par ses hôtes, les dimensions et l'ambiance de la pièce réservée à la cérémonie et jusqu'aux gestes accomplis. Encore ne sont-ce là que quelques détails parmi d'autres.

La cérémonie du thé est d'inspiration bouddhiste zen. La simplicité est donc au coeur de sa conception mais une simplicité qui débouche sur une méditation intellectuelle très complexe. La pratiquent les "amateurs éclairés" qui ne seront jamais rien d'autre - mais c'est déjà beaucoup - et les "Maîtres." Tous néanmoins ont emprunté "la Voie du Thé" et il arrivait, pour les guerriers, que celle-ci finît par entrer en conflit avec "la Voie du Samouraï." "La Voie du Thé" n'est réservée à personne en particulier : les représentants de toutes les catégories sociales, de la plus riche à la plus pauvre, ont loisir de l'emprunter - les étrangers aussi d'ailleurs à la seule condition qu'ils aiment le thé et le respectent. (Inoue ne parle pas des femmes dans sa nouvelle, dont l'action se situe entre le XVIème et le XVIIème siècles. de nos jours, une seule femme, Mme Yu Hui Tseng, est reconnue comme "maître de thé" - et non "maîtresse". Comme son nom l'indique, elle est chinoise.)

La "Voie du Thé" permet non seulement de se trouver soi-même mais encore d'aller bien au-delà. Malheureusement, et c'est là le thème de la nouvelle d'Inoue, elle s'est trop souvent confondue, dans le Japon féodal, avec celle du Pouvoir. C'est ainsi que son héros, Maître Rikyû, et les deux maîtres qui lui succèdent auprès du Taiko Hideyoshi, ancien ministre du Shôgun, doivent se plier à la volonté de leur suzerain et, pour utiliser une expression un peu triviale mais très évocatrice, brosser celui-ci dans le sens du poil. Exercice difficile et même périlleux, ainsi que le prouvent la fin de ces trois hommes : un seppuku ordonné par le Taiko pour des raisons qui, en tous cas en ce qui concerne Maître Rikyû, demeurent encore inconnues.

Le suicide inexpliqué de Maître Rikyû est l'axe sur lequel s'articule la nouvelle. Son ancien assistant, Honkakubô, qui s'est retiré du monde à son décès, ne cesse de s'interroger sur l'affaire. Et il n'est pas le seul. Moines, marchands ou seigneurs, voire grands seigneurs comme Uraku Oda, tout le monde se demande pourquoi Maître Rikyû, préféra l'atroce seppuku aux excuses que le Taiko avait pourtant accepté de recevoir. Peu à peu, sans en avoir l'air, dans le style simple et même plat qui lui est propre, Inoue ramène au grand jour les liens existant entre "la Voie du Thé" et le Pouvoir en place, ces liens qui, à la longue et s'il n'y prend garde, finissent par engluer l'homme de Thé, surtout quand il est maître, dans une toile susceptible de les corrompre, lui et sa démarche intellectuelle et métaphysique.

Une nouvelle austère et introvertie, qui incite le lecteur à voir plus loin que les apparences, sur un fond historique - nombre de personnages, dont Rikyû, ont réellement existé - reconstitué avec un soin minutieux. A ne réserver qu'aux inconditionnels de ce maître de la nouvelle japonaise que fut Inoue Yasushi.
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En 1591, alors que le Japon sort de plus d'un siècle de luttes entre les grands seigneurs féodaux, Rikyu, maître de la cérémonie du thé attaché au Taïko Toyotomi Hideyoshi, le gouverneur du pays, a reçu de ce dernier l'ordre de se suicider. Il obéit et, comme le veut la règle, se fait hara-kiri. Pendant les trente années qui suivent cette mort, le moine Honkakubo, disciple du maître, s'interroge : pourquoi Rikyu n'a-t-il pas demandé à Hideyoshi un pardon qu'il aurait sans doute obtenu ? Dans le journal qu'il tient de temps à autre, le vieil homme évoque ainsi ses quelques rencontres avec de grands maîtres de la cérémonie du thé, tour à tour protégés et rejetés par le pouvoir. Il se souvient des jours passés auprès de Rikyu et continue de lui parler par-delà la mort. C'est dans un long entretien imaginaire avec son maître qu'il découvre la clé de l'énigme.
Toute la philosophie nippone, sur la mort, la cérémonie du thé, les liens entre maître et disciple, apparait dans ce court livre. C'est parfois difficile pour un esprit occidental mais j'ai été charmé par la beauté du style. C'est zen, très lent, esthétique et poétique mais pas ennuyeux. La cérémonie du thé est une philosophie de vie qui lie toute un destin. Les sentiments sont intenses, masqués sous le vernis des conventions. Ce qui m'a semble très déconcertant, ce sont les discours et les actions à double sens de la sphère politique nippone du Taigo: Inoue sait parfaitement les décrire et les expliquer mais peu de choses sont explicitement dites, tout est suggéré.
Moi, qui adore le thé, j'ai découvert une nouvelle vision de cette boisson des dieux, qui peut être considérer comme une fin en soi!!! Sa place dans la tradition nippone prend tout son sens à travers ce livre.

Lien : http://toshoedwige.blogspot...
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A l'aube du XVIIe siècle, le Taïko Hideyoshi - deuxième des trois grands unificateurs du Japon - ordonne à son maître de thé Rikyu de se donner la mort. Ce qu'il fait, sans demander grâce, sans animosité, et sans que personne ne comprenne jamais cette sentence soudaine.
A partir de ce mystère, Yasushi Inoué imagine les pérégrinations, les rêves et les rencontres du disciple de Rikyu, Honkakubo, durant la trentaine d'années pendant laquelle ce dernier survit à son maître bien-aimé. Tout cela à travers les délicates effluves du véritable personnage principal de l'ouvrage : le thé.

Une petite mise en garde, tout d'abord : la quatrième de couverture vend extrêmement mal le livre et risque d'engendrer quelques déceptions ! Non, il ne s'agit pas d'un livre-enquête et Honkakubo ne tente pas d'élucider le mystère du suicide de Rikyu - il dit lui-même dans le dernier tiers du roman qu'il n'a jamais cherché à faire la lumière sur cette affaire. Ne vous fiez donc pas à ce résumé fait pour appâter le chaland.

En vérité, ce petit livre est une longue et délicate méditation sur le thé, sur le temps et sur la mort. Dans ce Japon ancestral, terriblement suranné et aérien, sévissent d'incessantes batailles et nombre des personnages jalonnant le récit sont samouraïs ou anciens samouraïs. le Chanoyu, l'art de servir le thé, est d'ailleurs considéré comme un art martial au Japon, au même titre que le kendo, le judo ou la calligraphie.
Malgré l'apparente pesanteur de ce propos, le Maître de thé est incroyablement zen, reposant, paisible, dépaysant. le lecteur est transporté dans un espace nouveau, parfaitement calme et blanc et il apprend, petit à petit, le déroulement d'une cérémonie du thé. Il y rencontre les étranges personnages majeurs de cette tradition. Tout comme un bol de thé précieux et brûlant, il se boit mais par petites gorgées, lentement, et dans une concentration parfaite. Quelques dizaines de pages par ci, par là, sans dévoration, afin de saisir tous les arômes, toutes les subtilités et l'essence même des choses dites.

Même si certaines affinités spirituelles et gustatives sont probablement nécessaires pour apprécier un tel livre, sa lecture fut pour moi un coup de coeur parfait et immédiat comme cela faisait longtemps. N'hésitez pas à tenter votre chance avec ce petit ovni oriental, le voyage pourrait vous plaire aussi !




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