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EAN : 9782070362363
150 pages
Gallimard (26/10/1972)
3.67/5   3070 notes
Résumé :
« Tout le monde la connaît. Peu peuvent l'expliquer. C'est ce que fait à merveille Emmanuel Jacquart, éditeur du Théâtre de Ionesco dans la Bibliothèque de la Pléiade. Il commence par retracer l'historique, la genèse de la pièce, à partir de " L'anglais sans peine " de la méthode Assimil. Les répliques se sont naturellement assemblées, et l'ensemble a produit ce que l'auteur appelle une " anti-pièce " une vraie parodie de pièce, sans ambition idéologique particulièr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (143) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 3070 notes
Ah, là ! il n'y est pas allé de main morte l'ami Gégène car voici une pièce classée au patrimoine mondial de l'Ionesco.
Je vous accorde que si on la lit comme ça, à brûle-pourpoint, sans mise en garde particulière, faut reconnaître que ça remue quand même pas mal le tartre dans la bouilloire ! C'est complètement barré, complètement déjanté, sans queue ni tête, bas de plafond au rez-de-chaussée sans ascenseur ou roue de chausson sous aspirateur.
Mais il suffit juste de dire que Ionesco eut l'idée de la pièce en transpirant comme un malade (je ne sais pas si l'on a le droit d'écrire qu'Eugène sue ?) pour apprendre l'anglais dans une méthode Assimil (de l'époque, précisons) et d'un coup tout s'éclaire.
La pièce devait d'ailleurs s'appeler à l'origine L'Anglais Sans Peine, mais, le site officiel du Théâtre de la Huchette nous apprend que c'est en réalité le lapsus de l'acteur devant dire « …qui avait pris pour femme une institutrice blonde », qui s'est trompé et a dit à la place « …qui avait pris pour femme une cantatrice chauve », lequel lapsus donna à l'auteur l'idée de ce titre singulier.
Des phrases sans cohérence les unes avec les autres, mises les unes à la suite des autres de façon artificielle dans une illusion de dialogue, pas d'erreur, vous êtes bien dans la méthode Assimil.
Tout le talent de Ionesco était de prendre suffisamment de recul pour les rendre drolatiques et montrer toute l'absurdité de certaines de nos actions quotidiennes.
Par exemple, sortez de son contexte les répétitions d'entraînement de certains gestes ou de certaines phrases qu'on souhaite faire par la suite en public pour les trouver instantanément drôles, car décalées (c'est ce que fait tout le temps Mr Bean dans ses sketches).
Le texte d'ailleurs n'est pas sans rappeler les messages codés de Radio Londres durant la Seconde Guerre Mondiale, messages à double entente qui, eux aussi, pouvaient être tordants, n'eût été le contexte.
L'entraînement à une langue, comme le reste, sorti de son contexte peut être réellement comique.
Ici, certaines répliques sont vraiment drôles. D'autres le sont un peu moins et je vous avoue que j'aime plutôt bien ce type de pièce mais, mais, mais... à toute PETITE dose, sans quoi, je me lasse très vite de la mécanique de l'absurde.
Quant à la puissance philosophique dégagée par cette pièce ? J'en vois qui élaborent de grandes théories, chaque dialogue avec sa signification, tout ce que Ionesco a voulu dénoncer, l'incommensurabilité psychologico-structurelle à la maïeutique transcendantale de notre prosaïque idiosyncrasie virtuelle hypothético-déductive contemporaine et sans compter... euh... hep ! les gars... Oh hé ! Et si on arrêtait la branlette intellectuelle ?
Il devait bien se marrer Ionesco en voyant ce qu'on faisait dire à cette pièce. Ça me rappelle le conte Les Habits Neufs de L'Empereur d'Andersen. Pour pas avoir l'air trop con, chacun y va de son interprétation et de sa surenchère de sens. de tout ce SENS contenu dans l'ABSURDE...
Ouaip, je veux bien, si vous le dites mais j'ai quand même tendance à croire qu'il s'est bien fendu la poire en écrivant ça et que tout le reste, c'est ce que les commentateurs ont bien voulu mettre dedans.
Cet avis n'engage cependant que moi et ne signifie pas grand-chose. Encore un truc absurde dans la Cantatrice Chauve, alors, chauve qui peut !
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J'ai assisté il y a longtemps à une représentation de cette pièce d'Eugene Ionesco et en ai gardé un excellent souvenir.
Des années plus tard, j'en relis le texte, l'effet comique est toujours présent mais s'y ajoute un certain sentiment d'angoisse…

Je revois en pensée nombre de soirées où, comme dans la pièce, s'instaurent non des dialogues mais bien des “duologues” : chacun veut parler à tout prix sans véritablement répondre à ce qui vient d'être dit par l'autre. Parfois ce sont des moments de silence qui perturbent l'assemblée et bien que l'on ait rien à dire d'intéressant, ce silence doit être rempli au plus vite quitte à l'être par des banalités…
Cette vision de notre société s'impose davantage à la lecture que lors d'une représentation. Les personnages y apparaissent comme des robots mal conçus ne débitant que des maximes absurdes ou faisant preuve d'une condescendance évidente vis-à-vis de Mary, la bonne.

Ionesco sous-titre La Cantatrice chauve d'anti-piece, elle garde néanmoins toutes les apparences d'une pièce de théâtre classique mais avec des différences notables : les personnages sont sans profondeur, ne débitent que des clichés et à la fin ne prononcent que des onomatopées, le langage explose. Aux personnages principaux, les couples Smith et Martin, vont s'adjoindre Mary, la bonne et le Capitaine des pompiers, ils ne sont pas présents tout au long du spectacle mais ils arrivent à supplanter en importance les deux ménages.
Enfin, la pièce tourne en boucle, elle n'a pas de fin, elle se poursuit alors que le rideau se ferme.

Mon expérience de lecture n'est pas identique à celle de spectateur, je l'ai souligné déjà, elle m'a apporté quelque chose de plus affirmé mais aussi par contre, lors de la dernière scène, une difficulté à ressentir, à vivre la cacophonie finale, évidemment plus marquante au théâtre !




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Ma première visite chez Ionesco!
Voilà ce que c'est, d'avoir arrêté ses études à Bac moins deux.
On traîne, on remet, mais on finit par arriver à La cantatrice chauve, puis à La leçon puisque cette dernière suit la première. Il y a donc une certaine logique dans ce théâtre de l'absurde. Un, puis deux... À noter que cela aurait pu être deux puis un. Va savoir. Mais cela m'aurait contraint à commencer la lecture du volume à plus de sa moitié en y mettant un marque-page supplémentaire! Trop complexe pour Horusfonck.
Donc, Horusfonck (c'est moi) le traîne-lattes des chefs-d'oeuvre de la littérature entame, poursuit et achève la lecture de son premier volume des écrits d'Eugène Ionesco. Rien que ça.
Alors, j'ai bien apprécié et je ne m'en étonne pas puisque je ne suis jamais si bien servi que par moi-même en personne. Jusque-là, rien d'absurde.
Je lirai donc d'autres oeuvres de Ionesco.
D'avoir lu, avec gourmandise, Courteline et Cami, me permet d'en retrouver quelques traces dans les deux pièces de Ionesco... Absurde, me rétorquera-t-on? Eh, pas tant, répondrai-je en évoquant Les Boulingrins et Drames de la vie courante.
Il faut bien se raccrocher à quelque-chose, absurde ou non ?
Passons.
Ionesco va plus loin dans l'absurde et la réjouissance qu'il (l'absurde) peut procurer au lecteur/spectateur/critique/prof/élève/pompier/poissonnier et que sais-je encore qui ouvre les vannes de sa perception et laisse ses yeux briller. Sans queue ni tête mais avec tête-à-queue garanti ou non mais pas que.
Je répète : J'ai bien apprécié.
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Cela fait quelques jours que je tourne autour de ces deux pièces de théâtre sans trop savoir comment en démarrer la chronique. Et puis ce matin, samedi 14 novembre 2015, je me suis réveillée au son de la radio et des infos du jour. La Belgique a battu l'Italie 3-1 en match amical à Bruxelles. A Paris, des bombes ont explosé aux abords du Stade de France. Des gens qui allaient au spectacle ont été tués. Quelqu'un s'assied à une terrasse et se prend une balle. J'comprends pas.
Le théâtre de Ionesco, c'est un peu ça : des répliques improbables, sans lien entre elles, enchaînées les unes après les autres. Absurde. Un défi à la compréhension. Je fais l'impasse sur « la Cantatrice chauve », dont je n'ai pas compris le message, à supposer qu'il y en ait un. J'en retiens seulement que ce texte m'a fait rire, et je vous dirais bien que cette pièce doit être vue plutôt que lue, mais j'aurais bien trop peur de vous envoyer à la mort en vous invitant au théâtre. « La leçon » est une pièce plus inquiétante : une jeune étudiante stupide prend sa leçon auprès d'un vieux professeur imbu de sa personne et qui, sous l'apparence d'un intellectuel de haut vol, masque à peine un pervers expert ès fumisteries. Ca finit mal, puisque l'un des deux assassine l'autre.
Difficile d'établir un parallèle avec les attentats de Paris, et ce n'est pas le but, sauf que, comme dans « La leçon », l'incompréhension, la bêtise et l'intolérance, bref, la connerie humaine, ont le pouvoir de provoquer des carnages. Et là, je repense aux caricatures de Mahomet : « c'est dur d'être aimé par des cons ». Sauf que, pardon, mais il ne s'agit pas (il ne peut pas s'agir!) d'amour, mais plutôt de rage. De la rage qui a germé dans le crâne de ces ravagés du cerveau, à la faveur d'interprétations totalement dévoyées du Coran. Parbleu, mais quel mot ne comprennent-ils pas dans la phrase « Ne tuez pas la personne humaine, car Allah l'a déclarée sacrée » (Coran, VI, 151) ? Ils se justifient (comment osent-ils même justifier leurs actes, ces barbares ?) en disant qu'ils vengent les victimes syriennes ou irakiennes des bombardements français. M'enfin, c'est moi à qui on ne dit jamais rien, ou bien le Talion n'est plus seulement une « loi » juive, émanant d'un peuple ennemi juré ? J'comprends rien. Et ils croient sérieusement, ces dingues, que c'est en nous massacrant dans une salle de concert ou à une table de restaurant qu'ils vont arranger leurs affaires? Incultes frustrés... Et qu'ils vont empêcher les survivants de continuer à vivre libres (je ne dis même pas « heureux », juste « libres ») ? Aberrant. Bande de tueurs haineux décérébrés, quand je pense que vous êtes sans doute ravis d'être morts en martyrs de je-ne-sais-quelle cause... Vous seriez ridicules si ce n'était pas aussi tragique.
Le rapport avec Ionesco, Messieurs les excités de l'arme lourde, à supposer que vous ayez jamais entendu ce nom ? Aucun. Ou plutôt si : je n'ai rien contre l'absurde, moi, quand il me fait rire et ne blesse personne. Autant dire que je ne suis pas près d' « apprécier » votre sens de la « mise en scène ».
En bref : touchez pas à la liberté, p... de b... de m...
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Jamais je n'aurais cru prendre intérêt à la conversation d'un couple anglais –tout ce qu'il y a de plus banal par ailleurs- lorsque ceux-ci se contentent d'évoquer leur dernier dîner de poisson-patates… Et pourtant, dans la Cantatrice chauve, ce sujet devient passionnant –non seulement celui-ci d'ailleurs, mais d'autres tout aussi rébarbatifs : l'évocation de la famille Watson, le fonctionnement des sonnettes d'entrée, ou la répartition démographique des incendies dans la ville de Londres.

Anodins à première vue, chacun de ces sujets de conversation ne tarde pas à prendre la tangente et à s'éloigner des voies rationnelles de la communication. Si, pour entretenir une discussion, il s'agissait de suivre une constante telle celle que l'on fixe à 9,81N pour la gravité, alors elle serait totalement anéantie dans la Cantatrice chauve.

La politesse est abolie. Plus aucun personnage ne fait d'effort pour s'intéresser aux racontars incessants des autres. Ceux-ci ne s'en formalisent pas : tellement abrutis par l'égocentrisme qui les pousse à parler sans que cela n'intéresse personne, ils ne se rendent pas compte qu'on ne les écoute pas.

La logique est abolie. Sitôt un fait posé, une affirmation prononcée, le contraire surgit et annule ce qui semblait pourtant être une évidence, en tout cas une certitude. Dans la Cantatrice chauve, on ne peut jamais être sûr de rien, et surtout pas de la sincérité des personnages. Pourtant, aucun vice n'est à déceler derrière les contradictions sans fin qui émaillent des propos. Elles se font plutôt le reflet de l'absurdité de la vie, que l'on essaie habituellement de dissimuler derrière l'apparente logique d'un discours construit. Après tout, est-il vraiment plus ridicule que tous les membres d'une famille s'appellent Bobby Watson, plutôt que l'un s'appelle Bobby, l'autre Roger, l'autre Brigitte, etc. ? Non, mais le premier fait n'a rien de commun et prouve à quel point les habitudes viennent nous rassurer dans un monde qui serait proche du chaos sans cela. Cette absurdité exprime également l'inconstance des personnages qui cherchent une fois à se définir par le biais de telle opinion, de telle position sociale, puis une fois par telles autres, pour finalement n'être définis par rien, puisque tout peut les définir.

La pudeur est abolie. Pas totalement, mais on sent que nous ne sommes jamais loin de l'instant où les couples finiront par se mêler et ou les gestes et les comportements dépasseront les limites de la bienséance. Encore une fois, Ionesco nous amène à nous interroger sur la légitimité d'un monde fondé uniquement sur des règles éphémères et dont la justification nous échappe souvent.

On pourrait trouver cette pièce totalement idiote et s'interroger sur son sens –mais ce serait avoir mal lu la Cantatrice chauve. En effet, la pièce met à mal toute notion de valeurs et ridiculise cette prétention qu'ont les hommes de vouloir donner du sens à ce qui n'en a pas. Aucun personnage n'est comique dans cette pièce : c'est la condition humaine qui l'est, sa terreur du vide qui la pousse à déployer toutes sortes de ruses pour se justifier d'être.


Alors que la démonstration aurait pu se perdre dans de longs paragraphes, Ionesco parvient à utiliser la forme très appropriée du théâtre pour nous transmettre cette réalité fondamentale et, ce qui n'est pas négligeable, il parvient à le faire avec toute la légèreté et la finesse d'esprit qui siéent à la comédie. Volonté d'ajouter que, même si tout ce à quoi nous accordons de l'importance n'en a pas véritablement, rien ne sert de nous en formaliser, et mieux vaut prendre cette réalité avec légèreté et décontraction. de toute façon, le contraire ne résoudrait en rien l'absurdité du monde que l'on retrouve toute condensée dans la Cantatrice chauve

- La leçon -

Les personnages sont universels : l'élève, le professeur. Sans difficulté, le lecteur pourra s'identifier à l'un ou à l'autre. Votre préférence se portera-t-elle plutôt sur la figure de l'élève, jeune fille modèle, sûre d'elle et brillante ? Ou plutôt sur la figure du professeur, doux et prudent à la manière de ceux qui n'ont pas confiance en eux et qui cherchent coûte que coûte à se faire apprécier des autres ?
Ne réfléchissez pas longtemps au choix que vous allez faire : de toute façon, les rôles s'inverseront vite et l'élève deviendra de plus en plus piteuse, ignorante, écrasée par le totalitarisme d'un professeur qui pense pouvoir étaler son tyrannisme à mesure qu'il révèle son savoir. La possession de connaissance lui donne-t-elle le droit de s'imposer de cette façon ?

On pourrait débusquer, derrière la pièce de la Leçon, une réflexion sur le lien entre culture et barbarie. Avec Ionesco, les enjeux ne sont heureusement jamais annoncés aussi abruptement, d'autant plus qu'au spectateur, les connaissances du professeur sembleront totalement erronées. Se succède en effet une litanie d'affirmations fumeuses et délirantes concernant les fondamentaux des maths, des langues ou de la prononciation. La logique perd sa suprématie au profit des jeux de mots et des confusions engendrées par l'ambiguïté du langage. L'élève reçoit cet enseignement saugrenu sans broncher, avec une crédulité qui ressemble fort à celle qui pouvait être la nôtre lorsque nous partagions encore sa position. de cette façon, Ionesco parvient à remettre en question les acquis fondamentaux de nos connaissances. Comment pouvons-nous être sûrs que deux et deux font quatre, si ce n'est qu'un homme l'a dit une fois et que personne n'a encore réussi à le démentir, par manque de preuve contraire ?

Là où la comédie cesse de nous faire rire, c'est lorsque le professeur justifie sa violence destructrice par le fait qu'il est le représentant du savoir. Mais que vaut cette légitimité si ce savoir qui le caractérise n'a aucune valeur ?

Ionesco réussit une nouvelle fois à ébranler nos certitudes en nous partageant entre le rire et la stupéfaction. Il laisse désemparé et nous remue en nous confrontant à des personnages aussi perdus et dérisoires que nous.
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Citations et extraits (154) Voir plus Ajouter une citation
Intérieur bourgeois anglais, avec des fauteuils anglais. Soirée anglaise. M. Smith, Anglais, dans son fauteuil et ses pantoufles anglais, fume sa pipe anglaise et lit un journal anglais, près d'un feu anglais. Il a des lunettes anglaises, une petite moustache grise, anglaise. A côté de lui, dans un autre fauteuil anglais, Mme Smith, Anglaise, raccommode des chaussettes anglaises. Un long moment de silence anglais. La pendule anglaise frappe dix-sept coups anglais.

Mme SMITH
Tiens, il est neuf heures. Nous avons mangé de la soupe, du poisson, des pommes de terre au lard, de la salade anglaise. Les enfants ont bu de l'eau anglaise. Nous avons bien mangé, ce soir. C'est parce que nous habitons dans les environs de Londres et que notre nom est Smith.

M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.

Mme SMITH
Les pommes de terre sont très bonnes avec le lard, l'huile de la salade n'était pas rance. L'huile de l'épicier du coin est de bien meilleure qualité que l'huile de l'épicier d'en face, elle est même meilleure que l'huile de l'épicier du bas de la côte. Mais je ne veux pas dire que leur huile à eux soit mauvaise.

M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.

Mme SMITH
Pourtant, c'est toujours l'huile de l'épicier du coin qui est la meilleure...

M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.

Mme SMITH
Mary a bien cuit les pommes de terre, cette fois-ci. La dernière fois elle ne les avait pas bien fait cuire. Je ne les aime que lorsqu'elles sont bien cuites.

M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.

(La cantatrice chauve)
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M. SMITH : Elle est encore jeune. Elle peut très bien se remarier. Le deuil lui va si bien.
Mme SMITH : Mais qui prendra soin des enfants ? Tu sais bien qu'ils ont un garçon et une fille. Comment s'appellent-ils ?
M. SMITH : Bobby et Bobby comme leurs parents. L'oncle de Bobby Watson, le vieux Bobby Watson est riche et il aime le garçon. Il pourrait très bien se charger de l'éducation de Bobby.
Mme SMITH : Ce serait naturel. Et la tante de Bobby Watson, la vieille Bobby Watson pourrait très bien, à son tour, se charger de l'éducation de Bobby Watson, la fille de Bobby Watson. Comme ça, la maman de Bobby Watson, Bobby, pourrait se remarier. Elle a quelqu'un en vue ?
M. SMITH : Oui, un cousin de Bobby Watson.
Mme SMITH : Qui ? Bobby Watson ?
M. SMITH : De quel Bobby Watson parles-tu ?
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Intérieur bourgeois anglais, avec des fauteuils anglais. Soirée anglaise. M. Smith, Anglais, dans son fauteuil et ses pantoufles anglais, fume sa pipe anglaise et lit un journal anglais, près d'un feu anglais. Il a des lunettes anglaises, une petite moustache grise anglaise. À côté de lui, dans un autre fauteuil anglais, Mme Smith, Anglaise, raccommode des chaussettes anglaises. Un long moment de silence anglais. La pendule anglaise frappe dix-sept coups anglais.
Mme SMITH : Tiens, il est neuf heures. Nous avons mangé de la soupe, du poisson, des pommes de terre au lard, de la salade anglaise. Les enfants ont bu de l'eau anglaise. Nous avons bien mangé, ce soir. C'est parce que nous habitons dans les environs de Londres et que notre nom est Smith.
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M. Smith
Tiens, on sonne.

Mme Smith
il doit y avoir quelqu'un. je vais voir. ( Elle va voir. Elle ouvre et revient.) Personne.
Elle se rassoit.
M. Martin
je vais vous donner un autre exemple...
Sonnette.
M. Smith
Teins, on sone.

Mme Smith
ça doit être quelqu'un. Je vais voir. (Elle va voir. Elle ouvre et revient.) Personne.

M.Martin, qui a oublier où il en est.
Euh !...

Mme Martin
Tu disait que tu allais donner un autre exemple.

M.Martin
Ah oui...

M.Smith
Tiens, on sonne.

Mme Smith
je ne vais plus ouvrir.

M.Smith
oui, mais il doit y avoir quelqu'un !

Mme Smith
La première fois, il n'y avait personne. La deuxième fois, non plus. pourquoi crois-tu qu'il y aura quelqu'un maintenant ?

M.Smith
Parce qu'on a sonné !

Mme Martin
Ce n'est pas une raison.

M.Martin
Comment ? Quand on entend sonner à la porte c'est qu'il y a quelqu'un à la porte, qui somme qu'on lui ouvre la porte.

Mme Martin
Pas toujours. Vous avez vu tout à l'heure !

M. Martin
La plupart du temps, si.

M. Smith
moi, quand je vais chez quelqu'un, je sonne pour entrer. je pense que tout le monde fait pareil et que chaque fois qu'on sonne c'est qu'il y a quelqu'un.

Mme Smith
Cela est vrai en théorie. Mais dans la réalité les chose se passent autrement. tu as bien vu tout à l'heure.

Mme Martin
Votre femme a raison.

M.Martin
oh vous les femmes, vous vous défendez toujours l'une l'autre

Mme Smith
Et bie, je vais aller voir. tu ne diras pas que je suis entêtée, mais tu verras qu'il n'y aura personne !
( Elle va voir. Elle ouvre la porte et la referme.)
Tu vois, il n'y a personne.
Elle revient à sa place.
Mme Smith
Ah ! Ces hommes qui veulent toujours avoir raison et qui ont toujours tord !

On entend de nouveau sonner.

M. Smith
Tiens, on sonne. Il doit y avoir quelqu'un.





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M. SMITH : Tiens, c'est écrit que Bobby Watson est mort.
MME SMITH : Mon Dieu, le pauvre, quand est-ce qu'il est mort ?
M. SMITH : Pourquoi prends-tu cet air étonné ? Tu le savais bien. Il est mort il y a deux ans. tu te rappelles, on a été à son enterrement, il y a un an et demi.
MME SMITH : Bien sûr que je me rappelle. Je me suis rappelé tout de suite, mais je ne comprends pas pourquoi toi-même tu as été si étonné de voir ça sur le journal.
M. SMITH : Ça n'y est pas sur le journal. Il y a déjà trois ans qu'on a parlé de son décès. Je m'en suis souvenu par associations d'idées !
MME SMITH : Dommage ! Il était si bien conservé.
M. SMITH : C'était le plus joli cadavre de Grande-Bretagne ! Il ne paraissait pas son âge. Pauvre Bobby, il y avait quatre ans qu'il était mort et il était encore chaud. Un véritable cadavre vivant. Et comme il était gai !
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FACE-À-FACE CRITIQUE Pour son cinquième long métrage, Valeria Bruni Tedeschi opte à nouveau pour l'autofiction, en romançant ses années d'apprentissage à l'école des Amandiers de Nanterre, dans les années 1980.
L'école des Amandiers, dirigée par Patrice Chéreau, est dans les années 80 un rêve pour beaucoup de jeunes comédiens. Décrite comme un « anti-Conservatoire », elle voit défiler dans ses rangs Agnès Jaoui, Vincent Perez, Marianne Denicourt, Éva Ionesco, et donc Valeria Bruni Tedeschi.
La réalisatrice conte les souvenirs de sa promotion en les romançant. Louis Garrel, en Patrice Chéreau, et Nadia Tereszkiewicz, en Valeria Bruni Tedeschi, sont bluffants. Les Amandiers est un film de troupe dans lequel la réalisatrice parvient à dépeindre les années sida mais aussi les amours et amitiés d'une bande de vingtenaires qui découvrent le théâtre et y mettent toute leur énergie.
#amandiers #valeriabrunitedeschi #theatre
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