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Critique de Darkcook


Le théâtre me manquait, moi qui en étais un boulimique, et depuis le temps qu'il me fallait découvrir cet autre maître de l'absurde, après Beckett... Je me suis attaqué apparemment à une de ses pièces les plus accessibles, après être tombé sur un extrait sympathique cette année. Quelle joie, en tant que professeur à mon tour, que cette petite fable cinglée!!

Dès le départ, on est désarçonné. Ionesco a un style bien à lui, différent de la noirceur et du minimalisme beckettiens. Une didascalie interminable nous apprend dès le début la tournure que va prendre la pièce! Si l'on peut certes y voir, à raison, une critique et une parodie de l'enseignement docte et pontifiant, tout le rapport de l'apprentissage est ridiculisé : L'Élève elle-même multiplie instantanément des milliards en quintillions en ayant appris par cœur toutes les possibilités (!!!) mais ne sait pas effectuer des soustractions de maternelle basées sur la logique la plus élémentaire, et vise un "doctorat total" ! (apparemment un héritage de Jarry, qu'il faut à tout prix que je lise aussi) L'absurde grossit toujours plus dans les délires linguistiques du Professeur, sur la base du néo-Espagnol, et qui enchaîne les énormités, les non-sens, et l'anti-pédagogie totale en s'enfonçant dans les digressions et détails les plus saugrenus, jusque dans des débilités sans queue ni tête (les délires sur les liaisons, le défaut de prononciation du "F"...).

Sans qu'on s'y attende, la fin révèle qu'on est en fait chez Sweeney Todd! L'Élève n'était qu'une parmi tant d'autre et tout va recommencer... Réflexion intéressante que cette outrance absolue du rapport de domination dans la transmission d'un savoir.

Je me serai bien amusé en dévorant cette pièce en une après-midi, et vraiment, le théâtre m'avait manqué. Je vais continuer, et certainement avec un autre Ionesco dans le lot.
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