AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070364015
178 pages
Gallimard (20/06/1973)
  Existe en édition audio
3.71/5   468 notes
Résumé :
LE VIEUX : Il y avait un sentier qui conduisait à une petite place; au milieu, une église de village... Où était ce village ? Tu te rappelles ?

LA VIEILLE : Non, mon chou, je ne sais plus.

LE VIEUX : Comment y arrivait-on ? Où est la route ? Ce lieu s'appelait, je crois, Paris...

LA VIEILLE : Ça n'a jamais existé, Paris, mon petit.

LE VIEUX : Cette ville a existé puisqu'elle s'est effondrée.. C'était l... >Voir plus
Que lire après Les ChaisesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 468 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
Un couple de vieux (94 et 95 ans) s'affairent pour préparer la salle qui doit accueillir le public pour assister à une conférence, les chaises sont disposées, leur nombre ne cessera de croître, jusqu'à saturer l'espace scénique. Le couple, complice au début s'échange des attentions de tendresse, des petits mots, des surnoms d'affection. Arrivent les premières personnes qui resteront invisibles mais avec lesquelles vont se construire des dialogues des relations qui vont révéler la vacuité de la relation et faire exploser le couple.
Les Chaises c'est une pièce terrible, une "farce tragique" comme le définit
Eugène Ionesco qui met en lumière le vide de ce couple qui dès le départ semble uni mais qui très vite va se révéler presque artificiel, dès l'arrivée de l'amour de jeunesse de l'homme toute la relation construite avec sa femme va exploser, celle-ci va de son côté réagir comme un petite fille coquette et capricieuse.
Au fur et à mesure que se remplit la salle de public et de chaise, le vide intérieur du couple grandit jusqu'à la souffrance ultime qui le fera disparaître.
J'ai énormément apprécié cette pièce de Eugène Ionesco, une première lecture de son théâtre (je n'avais vu qu'une pièce au théâtre : La leçon) qui m'a donné envie de poursuivre ma découverte de cet auteur surréaliste.
Commenter  J’apprécie          354
Un vieil homme et une vielle femme attendent un public. Pourtant ils en ont un, devant la scène, dès le lever du rideau qui rougeoie. Mais ils ne s'en aperçoivent pas, car ils ont la vue qui baissoie. Puisque ces âmes soeurs (ou ânes-soeurs ?) ne voient rien venir, ils ont confiance en la bonne conclusion de la pièce et de leur existence proche de s'achever, car ils ont quand même plus de 90 balais. Et à peu près le même nombre de chaises. Comme une église en attente de ses fidèles.

Cependant le couple est uni par un amour, une foi, qui porte quasi-uniquement sur eux, sur les vieux et non pas sur Dieu. Un amour non seulement aveugle mais aussi sourd aux incohérences sur lesquelles il se fonde, quand le duo cherche à retracer des éléments de la biographie et de la carrière du vieux, et plus particulièrement de sa paternité qui a mal tourné, sans que l'on sache bien comment. C'est dire si elle est reniée. Dans ce discours d'aveugles et de sourds, on est proche du non-sens, mais plutôt au sens anatomique de l'expression. Car en l'absence de leurs sens, cela fait sens pour les vieux de ne percevoir que ce en quoi ils croient et d'ignorer ce en quoi ils ne croient plus, puisqu'ils se détachent des rappels et dénégations que le réel pourrait manifester.

Ils semblent croire aux fantômes, car ils se mettent à accueillir un public invisible. Et peut-être, allez savoir, que les fantômes existent bel et bien dans cet univers isolé et désolé, de nature post-apocalyptique à en croire quelques remarques sibyllines de nos deux séniles en scène.

Le public immatériel redonne aux vieux plein de force et d'énergie, entrecoupées d'abattement dès que la discussion achoppe et que le rythme des arrivées et des présentations fait mine de se ralentir. Il faut toujours plus de chaises, des invités toujours plus prestigieux. Ce public-fantôme est un public compulsif pour les vieux, qui se convulsent pour le faire exister et satisfaire leur désir d'être écoutés avant la fin. Les chaises prolifèrent comme les champignons atomiques qui pourraient s'être épanouis sur ce monde, et le mouvement s'accélère en un rythme affolé. Mais ce mouvement des chaises ne sert que lui-même. Il constitue une fin en soi, sans que les vieux daignent se l'avouer. Et il annonce la fin.

Faute de fils, les vieux n'ont pour progéniture que ce public et le « message universel » que le vieux leur destine. Son langage en héritage. Mais même cette paternité là, le vieux ne l'assume pas jusqu'au bout. Car il confie l'énonciation du message à un autre, l'Orateur, sans même oser rester l'écouter. Il s'avère donc bien plus lâche que le héros d'Eraserhead de David Lynch, qui, lui, avait au moins le courage d'affronter son rejeton apocalyptique. Les chaises et la promesse du langage du vieux ne servent que de paravent pour maintenir une vie artificielle dans un monde que la vie a quasiment déserté. Les vieux fuient le réel, ils fuient la vie. Ne symbolisent-ils donc pas le langage tel que le concevait Ionesco ? À moins que leur exécuteur testamentaire l'Orateur, mutation du poète maudit, ait percé le mystère du langage de ce nouveau testament pour nous révéler à quoi il rime, tel Saint Jean le Révélateur ? Sa parole oraculaire sonnera en tout cas le retour au réel et la fin du monde, ultime Apocalypse en forme de fermeture du rideau.
Commenter  J’apprécie          2511
De retour chez Ionesco, auteur que j'aime toujours plus à chaque pièce que je lis de lui... Cette pièce-ci m'attirait, dans sa renommée quelque peu éclipsée par La Cantatrice chauve et Rhinocéros et je dois dire avoir été assez surpris : J'ai toujours trouvé Ionesco plus drôle, plus fou, plus coloré, moins austère et terriblement tragique que Beckett, et j'ai toujours Beckett pour point de référence, de par ma découverte du théâtre de l'absurde grâce à lui. Et bien je dois dire que j'ai d'entrée de jeu trouvé Les Chaises de Ionesco comme la plus beckettienne de ses pièces, du moins parmi celles que je connais.

Sa présentation comme "farce tragique" annonçait la couleur : Seuls deux personnages principaux sont présents quasiment tout du long, le Vieux et La Vieille, et semblent placés sur une trajectoire proche de celle de Vladimir et Estragon d'En Attendant Godot ou d'Hamm et Clov de Fin de partie : le Vieux et La Vieille paraissent se donner la réplique pour combler le silence et passer le temps, avec des répliques récurrentes et leitmotifs entraînant à la fois le comique de répétition et l'illustration de cet ameublement verbal du silence. La Vieille semble toujours reprocher au Vieux ce qu'il aurait pu être mais ne sera pas, le Vieux attend un certain Orateur qui doit leur rendre visite afin de l'aider à délivrer son message au monde, message que le Vieux ne parviendra jamais à formuler, mais que l'on perçoit tout du long comme la finalité, le seul point d'arrivée de son existence. Comme chez Beckett, il leur faut à tout prix donner un horizon au néant. On retrouve tout de même le mélange d'humour (notamment le gag récurrent sur le statut du Vieux maréchal des logis-chef/concierge, les professions imaginaires énumérées par la Vieille en homéotéleutes, et l'absence totale de limites dans l'inattendu et l'absurde propres à Ionesco) mais la pièce n'a cessé de me replonger dans mes lectures et études adolescentes de Fin de partie ! le dehors, seulement décrit comme entouré d'eau, participe de l'écho à Fin de partie sur le plan de la représentation apocalyptique d'un monde où il ne semble y avoir plus rien que ces deux malheureux personnages.

Le Vieux et La Vieille ne s'arrêtent pas là dans leur mécanisme, on connaît Ionesco et son théâtre fou : Ils attendent des invités, représentés par les fameuses chaises du titre, présentes sur scène. Viendront alors une succession de personnages imaginaires (ou pas ? L'ambiguïté est maintenue) qu'ils n'auront de cesse d'accueillir, dans un jeu à deux où ils auront l'air d'inventer leurs amis imaginaires en direct ensemble, leurs conversations... Tous ces invités que nous ne voyons jamais viennent assister au fameux discours du Vieux aidé par l'Orateur dans lequel il doit délivrer son fameux message ! le comique visuel et scénique est présent, avec les Vieux parlant sans cesse à ces chaises vides, et surtout, la Vieille allant sans cesse chercher des chaises supplémentaires pour rien, traversant les multiples portes de la scène avec la cohérence spatiale d'un personnage de cartoon ! Ce public et ces chaises sont évidemment un miroir scénique troublant avec la salle de théâtre... On retrouve les didascalies très détaillées et élaborées chères à l'auteur, qui seront même parfois contradictoires et désamorcées par une note de bas de page ! J'avais l'impression d'être à la fois dans Fin de partie et dans The Father avec Anthony Hopkins (et donc, dans le Père de Florian Zeller). La tension entre le comique absurde et le tragique est perpétuellement là, mais c'est sans doute une des pièces de Ionesco les plus sombres avec le roi se meurt. Je dois dire m'être particulièrement attaché au Vieux, sans cesse dans le regret de ce qu'il aurait pu être, s'égarant sempiternellement dans le verbiage de l'annonce à venir de son fameux message qu'il n'explicitera jamais, cherchant désespérément sa place dans l'humanité, croyant qu'il doit à tout prix éructer cette parole performative pour ainsi avoir été quelqu'un.

Ionesco, comme d'habitude, pousse son système jusqu'à ses limites : Les Vieux se retrouvent évidemment submergés par l'accumulation de leurs invités/spectateurs imaginaires ou pas, perdant le fil de qui est là, avec le background qu'ils se sont imposés... Ou se retrouvant bel et bien inondés par l'humanité venue assister au fameux discours capital du Vieux et de l'Orateur, c'est laissé à notre interprétation ! Ionesco pousse le curseur jusqu'au bout dans une fin qui est une sorte d'anti-En attendant Godot, mais en conservant toujours l'équilibre tragique et comique avec le loufoque des derniers arrivants. Je me rends compte en écrivant tout ceci que Les Chaises précède les pièces les plus connues de Beckett, et pourtant, les similitudes sont bel et bien là, avec évidemment les caractéristiques propres à la fantaisie verbale et scénique débridée de Ionesco.

J'ai vraiment adoré, même si Rhinocéros reste ma pièce préférée de cet auteur complètement déjanté mais si pertinent, on peut difficilement faire plus dingue que Rhinocéros. Comme d'habitude, j'ai encore du mal à quitter la pièce, ses vieux et ses chaises, et je ne sais pas du tout ce que je vais lire ensuite...
Commenter  J’apprécie          120
Relecture audio de la fantaisie délirante de Ionesco. La démesure de l'invisible qui impose un dédale de chaises est toujours aussi stupéfiant. Certes, le noeud du sujet sur l'âge a tendance à "dater" le propos (dans tous les sens du terme), néanmoins l'universalité de la situation est saisissante grâce à sa grandiloquence absurde. À la fin de sa vie, un homme veut révéler aux gens, ce qu'il sait sur le monde et qui va très certainement le sauver ! Sa femme l'assiste, le valorise, le cajole, joue la mère, l'enfant... La farce est ahurissante tant le propos théâtral (surtout en audio, je trouve) aide à se faire les images mentales. On les voit, les chaises accumulées, les conversations entre personnes absentes, les coups de sonnettes, les coups de stress et la démesure de la représentation en société (et théâtrale également). le moment où la vieille joue les séductrices est inattendu et tellement juste. Ils rejouent le fil de leur vie, le tout pour le tout, le va-tout avant le grand saut. La scénographie proposée par l'auteur est dans un sens obsolète et constitue néanmoins la clé de voûte du dispositif théâtral dans une complexité inextricable, implacable et imparable. du grand art.
Commenter  J’apprécie          183
On dirait « le Roi se meurt »… mais ici, ce sont deux petits vieux esseulés qui discutent et se chamaillent une dernière fois avant de se retirer. C'est moins désespéré, plus attendrissant et réconfortant. le tragique se réduit au comique puis disparaît… Les gens et les histoires s'estompent… Il ne reste plus que le dernier lien qui rattache ces deux pauvres vieux l'un à l'autre. Un lien comme un autre, qui aurait pu être n'importe quel autre après tout, car on s'habitue à tout et tout est égal.
Commenter  J’apprécie          190

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
LE VIEUX
Asseyez-vous, asseyez-vous, les dames avec les dames, les messieurs avec les messieurs, ou le contraire, si vous voulez... Nous n'avons pas de chaises plus belles... c'est plutôt improvisé... excusez... prenez celle du milieu... voulez-vous un stylo?... téléphonez à Maillot, vous aurez Monique... Claude c'est providence... Je n'ai pas la radio... Je reçois tous les journaux... ça dépend d'un tas de choses; j'admire ces logis, mais je n'ai pas de personnel... il faut faire des économies... pas d'interview, je vous en prie, pour le moment... après, on verra... vous allez avoir tout de suite une place assise... mais qu'est-ce qu'elle fait?... (La Vieille apparaît par la porte n° 8 avec une chaise.) Plus vite, Sémiramis...

LA VIEILLE
Je fais de mon mieux... Qui sont-ils tous ces gens-là?

LE VIEUX
Je t'expliquerai plus tard.

LA VIEILLE
Et celle-là? celle-là, mon chou?

LE VIEUX
Ne t'en fais pas... (Au Colonel.) Mon Colonel, le journalisme est un métier qui ressemble à celui du guerrier... (A la Vieille.) Occupe-toi un peu des dames, ma chérie... (On sonne. Le Vieux se précipite vers la porte n° 8.) Attendez, un instant... (A la Vieille.) Des chaises!

LA VIEILLE
Messieurs, Mesdames, excusez-moi...

Elle sortira par la porte n° 3, reviendra par la porte n° 2; le Vieux va ouvrir la porte cachée n° 9 et disparaît au moment où la Vieille réapparaît par la porte n° 3.

LE VIEUX, caché.
Entrez... entrez... entrez... entrez... (Il réapparaît, traînant derrière lui une quantité de personnes invisibles dont un tout petit enfant qu'il tient par la main.) On ne vient pas avec des petits enfants à une conférence scientifique... il va s'ennuyer le pauvre petit... s'il se met à crier ou à pisser sur les robes des dames, cela va en faire du joli! (Il les conduit au milieu de la scène. La Vieille arrive avec deux chaises.) Je vous présente ma femme. Sémiramis, ce sont leurs enfants.

LA VIEILLE
Messieurs, mesdames... oh! qu'ils sont gentils!

LE VIEUX
Celui-là c'est le plus petit.

LA VIEILLE
Qu'il est mignon... mignon... mignon!

LE VIEUX
Pas assez de chaises.

LA VIEILLE
Ah! la la la la...

(Les chaises)
Commenter  J’apprécie          60
Deux vieux, âgés de 94 et 95 ans, vivent isolés dans une maison située sur une île battue par les flots. Pour égayer leur solitude et leur amour désuet, ils remâchent inlassablement les mêmes histoires. Mais le vieil homme, auteur et penseur, détient un message universel qu'il souhaite révéler à l’humanité. Il a réuni pour ce grand jour d'éminentes personnalités du monde entier. Un orateur professionnel aura la charge de traduire ses pensées. Les invités, invisibles pour le spectateur, arrivent tels des fantômes et prennent place sur des chaises qui envahissent peu à peu l'espace jusqu'à le saturer. Le couple se retire et laisse soin à l'orateur d'éclairer l'humanité. Mais, comble de l'ironie, l'orateur est en fait sourd-muet.

Quelques instants, les Vieux restent figés sur leur chaise. Puis on entend de nouveau sonner.

LE VIEUX, avec une nervosité qui ira grandissant : On vient. Du monde. Encore du monde.

LA VIEILLE : Il m'avait bien semblé entendre des barques…

LE VIEUX : Je vais ouvrir. Va chercher des chaises. Excuses-moi, Messieurs, Mesdames. Il va vers la porte n°7.

LA VIEILLE, aux personnages invisibles qui sont déjà là : Levez-vous, s'il vous plaît, un instant. L’Orateur doit bientôt venir. Il faut préparer la salle pour la conférence. (La Vieille arrange les chaises, les dossiers tournés vers la salle.) Donne-moi un coup de main. Merci.

LE VIEUX, il ouvre la porte n°7 : Bonjour, Mesdames, bonjour, Messieurs. Donnez-vous la peine d'entrer.

Les trois ou quatre personnes invisibles qui arrivent sont très grandes et le Vieux doit se hausser sur la pointe des pieds pour serrer leur main.

La Vieille, après avoir placé les chaises comme il est dit ci-dessus, va à la suite du Vieux.

LE VIEUX faisant les présentations : Ma femme… Monsieur… Madame… ma femme… Monsieur… Madame… ma femme…

LA VIEILLE : Qui sont tous ces gens-là, mon chou ?

LE VIEUX à la Vieille : Va chercher des chaises, chérie.
Commenter  J’apprécie          60
Le rideau se lève. Demi-obscurité. Le Vieux est penché à la fenêtre de gauche, monté sur l'escabeau. La Vieille allume la lampe à gaz. Lumière verte. Elle va tirer le Vieux par la manche.

LA VIEILLE
Allons, mon chou, ferme la fenêtre, ça sent mauvais l'eau qui croupit et puis il entre des moustiques.

LE VIEUX
Laisse-moi tranquille!

LA VIEILLE
Allons, allons, mon chou, viens t'asseoir. Ne te penche pas, tu pourrais tomber dans l'eau. Tu sais ce qui est arrivé à François 1er. Faut faire attention.

LE VIEUX
Encore des exemples historiques! Ma crotte, je suis fatigué de l'histoire française. Je veux voir; les barques sur l'eau font des taches au soleil.

LA VIEILLE
Tu ne peux pas les voir, il n'y a pas de soleil, c'est la nuit, mon chou.

LE VIEUX
Il en reste l'ombre.

Il se penche très fort.

LA VIEILLE, elle le tire de toutes ses forces.
Ah!... tu me fais peur, mon chou... viens t'asseoir, tu ne les verras pas venir. C'est pas la peine. Il fait nuit...

Le Vieux se laisse traîner à regret.

LE VIEUX
Je voulais voir, j'aime tellement voir l'eau.

LA VIEILLE
Comment peux-tu, mon chou?... Ca me donne le vertige. Ah! cette maison, cette île, je ne peux m'y habituer. Tout entourée d'eau... de l'eau sous les fenêtres, jusqu'à l'horizon...

La Vieille et le Vieux, la Vieille traînant le Vieux, se dirigent vers les deux chaises au devant de la scène; le Vieux s'assoit tout naturellement sur les genoux de la Vieille.

(Les chaises)
Commenter  J’apprécie          80
Pendant la querelle des trois docteurs, Ionesco se retire légèrement, semble vouloir se faire oublier, puis, sur la pointe des pieds tentera de s'enfuir vers la porte.

BARTHOLOMEUS I
Messieurs, je vous l'affirme, l'obscur est clair comme le mensonge est vérité...

BARTHOLOMEUS II
Plutôt comme le vérité est mensonge!

BARTHOLOMEUS III
Pas exactement dans la même mesure!

BARTHOLOMEUS II
Si, exactement dans la même mesure!

BARTHOLOMEUS III
Pas tout à fait.

BARTHOLOMEUS I
Si.

BARTHOLOMEUS II
Mon cher Bartholoméus...

BARTHOLOMEUS III
Non...

BARTHOLOMEUS I
Si.

BARTHOLOMEUS III
Non.

BARTHOLOMEUS I
Si.

BARTHOLOMEUS II
Si et non.

BARTHOLOMEUS III
Non.

BARTHOLOMEUS I
Si.

BARTHOLOMEUS II
Non et si.

BARTHOLOMEUS III
NON.

BARTHOLOMEUS II
Mon cher Batholoméus, il y a une petite nuance...

BARTHOLOMEUS I
Je suis contre les nuances

BARTHOLOMEUS III
Moi aussi je suis contre les nuances.

(L'impromptu de l'Alma ou le caméléon du berger)
Commenter  J’apprécie          120
Isolés dans une tour sur laquelle pèse une nuit constante et que les eaux menacent, deux vieillards attendent les invités devant qui ils vont s'expliquer leurs échecs.
Ils n'ont négligé personne, l'Empereur lui-même sera présent.
Dans une sorte de délire qui s'accélère, ils voient entrer une foule imaginaire de plus en plus nombreuse à qui ils demandent de patienter jusqu'à l'arrivée de l'orateur chargé de lire leur message destiné au salut de l'Univers.
Peu à peu les chaises vides qui matérialisent l'absence de leurs visiteurs, ces chaises qu'ils ont accumulées dans d'incessants va-et-vient, les séparent.
A l'arrivée de l'orateur, ils se précipitent chacun de leur côté par la fenêtre.
Mais ce dernier fait comprendre par geste à l'assistance invisible qu'il est sourd et muet....
(extrait de "Visages du Théâtre contemporain" de Sylviane Bonnerot, essai paru en 1971 aux éditions "Masson et Cie")
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Eugène Ionesco (103) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eugène Ionesco
FACE-À-FACE CRITIQUE Pour son cinquième long métrage, Valeria Bruni Tedeschi opte à nouveau pour l'autofiction, en romançant ses années d'apprentissage à l'école des Amandiers de Nanterre, dans les années 1980.
L'école des Amandiers, dirigée par Patrice Chéreau, est dans les années 80 un rêve pour beaucoup de jeunes comédiens. Décrite comme un « anti-Conservatoire », elle voit défiler dans ses rangs Agnès Jaoui, Vincent Perez, Marianne Denicourt, Éva Ionesco, et donc Valeria Bruni Tedeschi.
La réalisatrice conte les souvenirs de sa promotion en les romançant. Louis Garrel, en Patrice Chéreau, et Nadia Tereszkiewicz, en Valeria Bruni Tedeschi, sont bluffants. Les Amandiers est un film de troupe dans lequel la réalisatrice parvient à dépeindre les années sida mais aussi les amours et amitiés d'une bande de vingtenaires qui découvrent le théâtre et y mettent toute leur énergie.
#amandiers #valeriabrunitedeschi #theatre
Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤24Vincent Perez18¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux ! Facebook : https://www.facebook.com/Telerama Instagram : https://www.instagram.com/telerama Twitter : https://twitter.com/Telerama
+ Lire la suite
Dans la catégorie : Littérature dramatiqueVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues romanes. Littéraure française>Littérature dramatique (842)
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (2615) Voir plus



Quiz Voir plus

Eugène Ionesco

Eugen Ionescu, alias Eugène Ionesco, est né à Slatina (Roumanie) en ...

1899
1909
1919

12 questions
56 lecteurs ont répondu
Thème : Eugène IonescoCréer un quiz sur ce livre

{* *}