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Lorsqu'une masse critique vous fait le privilége de vous offrir un livre aussi puissant que celui de Washington Irving , Astoria , vous ne pouvez que vous montrer reconnaissant . Un grand merci donc , à Babelio et aux éditions Libretto qui m'ont permis de découvrir un ouvrage marquant de la découverte et l'exploitation de nouveaux horizons , le Nord Ouest américain, par une population européenne en mal d'enrichissement sur des terres encore mal exploitées et conservées par des " sauvages " ignorants mais très vite initiés aux " lois " du commerce . Et là , comme toujours , les plus audacieux s'aventurent avec plus ou moins de réussite .C'est cette épopée qui nous est contée là avec une sincérité louable .Car il ne faut pas s'y tromper , il ne s'agit pas d'un roman mais d'un reportage qui , s'appuyant sur des notes prises " sur le vif " , nous permettra de vivre plus une vraie aventure qu'une fiction .Et c'est là que ce livre devient particulièrement intéressant car c'est un vrai témoignage, un récit authentique relaté par un regard , un regard qui n'a rien de neutre, certes , mais ne semble pas avoir de prétention particuliére non plus . Une grande et belle épopée , l'histoire des exploitants d'une richesse autre que celle de l'or , celle des exploitants de fourrures . Trappeurs et négociants se rejoignent à travers une activité économique lucrative , sur des territoires qui délivrent peu à peu des intérêts plus qu'économique .Le nouveau monde . Un monde à s'approprier.
Incontestablement un super document pour des gens qui s'intéressent à ce sujet et à cette époque , plus hermétique et complexe pour ceux qui attendent une fiction" remuante", alerte....une fiction contemporaine .
Le récit est très bien documenté et écrit mais avec " ce je ne sais quoi de vieillot " .Une certaine neutralité, un certain recul , des faits , rien que des faits , c'est assez " lisse " et rappellera à chacun d'entre nous certaines lectures un peu fastidieuses de notre adolescence, avec ces très belles descriptions ...à analyser .
Un bon récit historique , donc , mais pas forcément de nature à exalter le lecteur .
La couverture , superbe , à mon sens , suggère une intrigue qui n'est pas au rendez - vous . Il n'est pas forcément toujours opportun de vouloir remettre au goût du jour et dans le circuit économique, des oeuvres qui ont " fait leur temps " et peuvent plus servir les intérêts de spécialistes que ceux de lecteurs - lambda comme moi . Monsieur Irving sert la cause des historiens , c'est une certitude et nous devons lui être reconnaissants pour ce témoignage de premier plan . Les spécialistes le reconnaissent comme un grand écrivain. Nul ne contestera cet avis .Comme nombre d 'entre nous , ses écrits ont tout simplement ....vieilli ...C'est loin d'être une tare......Et si quelqu'un parle un jour de nous comme on parle si bien de ce livre , alors ce ne sera pas si mal......Bon, on passe et on profite ....aujourd'hui , c'est comme ça , demain , c'est une autre histoire.....
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Je remercie chaleureusement les éditions Libretto ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance.

C'est en 1834, que l'homme d'affaires et célèbre financier John Jacob Astor propose à Washington Irving d'écrire l'histoire d'Astoria. Irving est alors tout juste rentré aux États-Unis, auréolé, des deux côtés de l'Atlantique, du statut de plus grand écrivain américain de son époque. le livre d'Irving « Astoria« sera publié en octobre 1836 et il connaîtra un immense succès public et critique dès sa sortie. « Astoria » c'est l'histoire d'une expédition pensée et financée par John Jacob Astor entre 1810 et 1813, d'où le nom donné aux membres de l'expédition qui sont appelés les « Astoriens ». Astor détenait la moitié des parts de la Pacific Fur Company mais également de l'American Fur Company, compagnies spécialisées dans le commerce des fourrures. Astor souhaitait trouver dans la région du fleuve Columbia des zones de chasse pour alimenter ses commerces en fourrures. Deux groupes participèrent à l'expédition D Astor. le premier devait rejoindre par la terre l'embouchure du fleuve Columbia alors que le second groupe devait s'y rendre par la mer. le premier groupe devait explorer l'intérieur des terres tandis que le second avait pour but de commencer la construction d'un fort près de l'embouchure du fleuve. Avant l'or, la forêt fût une source de commerce de la fourrure qui faisait vivre tout un peuple de trappeurs (franco-canadiens pour la plupart), de chasseurs, de négociants. L'essor de la collecte euro-américaine de peaux de castor et de bison conduit à de nombreux mariages de trappeurs et de traiteurs, souvent de langue française parmi les Sioux. Jusqu'aux années 1840, les relations entre Blancs et Indiens des Plaines sont, dans l'ensemble, pacifiques, en dépit de quelques accrochages qui ne manquent pas d'être narré dans « Astoria » avec le soucis du détail et une puissance d'évocation qui en font un témoignage de première main sur cette histoire. C'est ce rêve déçu, d'instaurer un Empire des Fourrures de l'autre côté des Rocheuses avec Astoria pour capitale, qui nous est raconté avec talent par Washington Irving. L'échec d'Astoria rejoint la légende, celles de ces hommes qui partirent au péril de leur vie tenter l'aventure, peu après la célèbre expédition Lewis et Clark. Les membres de ces deux expéditions connurent la faim, la rudesse de ces paysages, la souffrance sur les rapides de la Columbia, le froid et la solitude des montagnes, les relations parfois tendues avec les peuples Indiens.. L'expédition terrestre permit d'explorer le Wyoming et de découvrir le South Pass, un passage permettant de franchir les Rocheuses plus facilement. On considère « Astoria » comme le chef d'oeuvre de Washington Irving, un roman entre récit de voyage, d'aventure avec le soucis d'un réalisme nouveau pour l'époque, et les légendes de l'Ouest sauvage. Si le style d'écriture est par bien des aspects un peu suranné, le souffle épique de ces aventures ne manque pas de nous apprendre des éléments sur la vie de ces trappeurs, des Indiens qu'ils rencontrent sur leur périple. le récit est enlevé il peut être vu comme un excellent moyen d'appréhender les mentalités d'alors surtout du côté des hommes blancs car le regard porté sur les Indiens est lui, le fruit des préjugés sur eux, notamment de leur prétendue sauvagerie et de leur goût pour la rapine. Il faut bien évidemment remettre dans le contexte des idées de cette période de l'histoire des États-Unis, certains passages qui aujourd'hui heurtent nos sensibilités. Malgré ces quelques réserves, je trouve pour ma part que c'est une riche idée que celle des éditions Libretto de republier ce roman témoin de son époque. Irving y décrit la dégradation des relations entre les tribus indiennes et les populations blanches des États-Unis. Récit crépusculaire d'un rêve évanoui, d'un monde qui n'est déjà plus au moment où Irving publie son roman, histoire aussi d'une lutte tragique qui débouchera sur cinquante ans de guerre dans les plaines. Je ne peux que vous inviter à découvrir ce texte témoin important d'une époque.

Lien : https://thedude524.com/2020/..
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Qui n'a jamais rêvé de grands voyages ? Je me souviens, petit garçon, d'avoir passé des heures formidables et mémorables devant des cartes routières obligeamment offertes par l'office du tourisme canadien. Je m'imaginais alors, au guidon d'une moto, rutilante ou défraîchie peu importe, partir sur les routes et les chemins dans un interminable et merveilleux périple qui me conduirait de Québec à Vancouver. Je n'avais ni moto, ni permis, ni argent mais à quoi servirait donc l'imagination ? Certains rêvent leur vie d'autres vivent leurs rêves. Ce fut assurément le cas de John Jacob Astor, le patriarche de la dynastie des Astor, né en Allemagne dans la petite ville de Walldorf et dont la mémoire fut honorée par celui de ses descendants qui, avant de périr à bord du Titanic, fonda le… Waldorff-Astoria, hôtel emblématique de New York.
C'est l'histoire de la fondation d'Astoria, à l'autre bout du continent en Oregon, que raconte ce livre écrit en 1836 par Washington Irving et qui a été qualifié de « premier western de l'histoire ». On y suit deux expéditions, l'une terrestre qui va tenter de relier les Grands Lacs canadiens à la Côte Pacifique, l'autre maritime visant la même destination depuis New York. le but : fonder un comptoir à l'embouchure de la Columbia river afin de pouvoir vendre en Chine les peaux et fourrures récoltées sur l'ensemble du continent pour en rapporter thé, tissus, vases ou bijoux. A travers les fleuves qu'on remonte (Missouri) ou ceux qu'on descend (Snake, Columbia ou Yellow Stone) calmement parfois, furieusement souvent, les Grandes Plaines qu'on arpente, les collines où la vue embrasse des centaines de kilomètres, les Montagnes rocheuses qu'on doit franchir, en été ou au début de l'hiver sous la neige, c'est toute la somptuosité de l'Ouest qui défile. L'Ouest presque désert, peuplé de bisons, d'antilopes, d'élans, de castors, de chevaux sauvages, d'ours. D'Indiens aussi, certains hostiles (Sioux), d'autres très hostiles (Pieds-Noirs), d'autres amicaux et avides de commercer (Aricaras, Chinooks, Omahas), ou simplement suffisamment empathiques pour ne pas laisser mourir de faim un voyageur égaré. A ce propos, il est toujours intéressant de vérifier, par un récit de l'époque de ces premières expéditions, que le manichéisme qui sévira dans les heures de gloire du western hollywoodien (les gentils pionniers attaqués par les méchants Indiens et sauvés par l'arrivée de la cavalerie) auquel succédera le manichéisme inverse (des brutes sanguinaires prêtes à tout pour faire fortune et massacrant de gentils Indiens pacifiques et communiant avec la nature pour leur voler leurs terres) doit être nuancé. Les hommes sont les hommes et, quelle que soit leur couleur de peau et leurs croyances, dès qu'ils sont en position de force ils en abusent au détriment de leurs voisins, de leurs familiers ou de tous ceux qui entravent leurs appétits. L'histoire est aussi vieille que le monde et Hunt, dans une lettre adressée à son patron Astor, se montre assez clair sur les exactions que les tribus indiennes avaient l'habitude de pratiquer les unes vis-à-vis des autres avant l'irruption massive des colons dont beaucoup ne conduisirent pas mieux. D'autres passages éclairent comment, au fil de l'arrivée des Blancs, la situation relativement apaisée des premiers temps put assez vite mal tourner sans réelle préméditation.
C'est également l'occasion de mesurer combien, en l'espace de deux siècles, nous avons perdu les capacités physiques et mentales de nos ancêtres. Celles qui leur permettaient de supporter ce que nous ne serions plus capables d'affronter : la faim, la soif, la souffrance, le désespoir né de l'isolement. Et à cet égard, la description du caractère des Coureurs des bois, issus du Québec peuplé de colons français, pourra sembler aussi éloignée que possible de l'humeur actuelle de notre pays : « Il est peu d'adversités qui puissent comprimer l'esprit jovial que les Voyageurs canadiens ont hérité des Français… Il n'y a pas d'hommes plus soumis à leurs chefs, plus capables de supporter la fatigue, plus joyeusement résignés dans les privations. Ils ne sont jamais si heureux que pendant le cours des plus rudes randonnées où ils s'épuisent à remonter les rivières, à traverser les lacs, campant la nuit sur leurs bords, bivouaquant en plein air et bavardant autour de leurs feux. Ce sont d'habiles et vigoureux bateliers, prêts à ramer sans murmure du matin jusqu'au soir. Celui qui gouverne le bateau chante souvent une vieille chanson française terminée par un refrain qu'ils répètent tous ensemble, en marquant la mesure avec leurs rames. Si de temps en temps ils se laissent abattre et diminuent leurs efforts, il n'y a qu'à entonner une chanson de ce genre pour les remettre en bonne humeur et en pleine activité. Les rivières du Canada retentissent sans cesse de ces couplets français, transmis de bouche en bouche et de père en fils depuis les premiers jours de la colonie. Par une chaude et belle soirée d'été, rien n'est plus gracieux que de voir un bateau glisser sur le sein tranquille des lacs, les rames marquant la cadence de ces vieux refrains ; »
Souvenons-nous que s'il existe aujourd'hui à Québec une université qui se nomme Laval, c'est parce que certains des fondateurs de la ville (magnifique, courrons-y) avaient quelque lien avec le chef-lieu de la Mayenne. de Cadillac à Detroit en passant par Des Moines ou Sault Sainte Marie, toute la région des Grands Lacs porte l'empreinte des descendants de certains de nos aïeux.
Ne cherchez pas de personnages de roman dans ce récit. Ils sont tous très romanesques, mais il aurait fallu les prendre un par un pour consacrer un roman à chacun. le propos de l'écrivain n'est pas là, il se contente de rendre compte de ces deux extraordinaires expéditions, ce qui doit suffire au plaisir de lecture à condition de savoir ce qu'on va lire : un récit de voyage et seulement un récit de voyage. Celui-ci est de grande qualité et, pour qui a eu, par une nuit claire et avec le ventre plein, la chance de contempler les étoiles, allongé sur l'herbe grasse de la Grande Plaine, pour qui a regardé les saumons de la Snake river remonter le courant dans des sauts ahurissants ou qui a admiré les chutes de la Yellowstone river, c'est une irrésistible invitation à repartir vers l'Ouest et à saluer à l'Est nos accueillants cousins québécois et leur « esprit jovial » que vante Irving tout au long de son récit.
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Je remercie Babelio pour m'avoir permis la lecture de ce roman du grand auteur américain Washington Irving dans le cadre de l'opération Masse critique.

Ayant particulièrement apprécié la plume de cet écrivain dans les contes de l'Alhambra, étant en outre particulièrement intéressé par tout ce qui a trait à la conquête de l'ouest et à, disons, « l'esprit trappeur », je ne pouvais que m'engouffrer avec intérêt dans cette lecture.

Et de fait, Astoria s'avère être une juste description de cette phase toute particulière de la conquête de l'Amérique, celle des territoires encore à découvrir, à découvrir et surtout à posséder.

Passé le temps de la lutte pour l'indépendance, les américains, nouveau peuple conquérant d'un espace immense, se sont employés à marquer cette terre de leur empreinte, en prenant peu à peu le pas sur les anciens ordonnateurs de l'histoire, français et anglais, au travers de rivalités incessantes.

Dans ce temps de l'histoire, qui précède celui de la ruée vers l'or, chaque partie tenta de poser ses propres jalons sur les routes du commerce roi de l'époque, celui de la pelleterie, qui draina avec lui tout un essor commercial, qui assura une dynamique, un « transport » des hommes et des biens, auquel participèrent, initialement, les premiers habitants des lieux, ces fabuleux peuples indiens qu'Irving nous décrit au fil des pages, avec autant de détails que de clichés, dans le ton de l'époque, mais sans mépris.

Et c'est un intérêt particulier de ce livre que de nous montrer la figure de l'indien non pas comme celle de « l'homme rouge » étant en lutte pour survivre à « l'homme blanc », qui va le supplanter, mais de nous la décrire dans le temps -qui ne durera pas – de la découverte de l'autre, de son apprentissage, oscillant continuellement entre confiance et défiance.

Bref, le temps de l'histoire où le Crow, le Sioux, le Pied-Noir, étaient appréciés pour ce qu'ils étaient: des guerriers intrépides, des cavaliers émérites, des commerçants avisés et des voleurs habiles, qui faisaient preuve autant de sagesse que de « sauvagerie ».

Irving ancre son récit sur la narration des expéditions commerciales qui devaient permettre à J.J. Astor, illustration parfaite de l'Eastman, de fonder une ville, sa ville, qu'il imagina faire sortir de terre en lançant sur les cours d'eau sauvages de la Columbia toute cette foultitude humaine des premiers temps de l'Amérique, Voyageurs et autres trappeurs, véritables chantres du mythe de l'esprit pionnier.

Las, cette histoire restera celle d'un échec, Astoria ne connaîtra pas l'essor rêvé, et restera un maillon de cette chaîne blanche, qui traversa l'Amérique de la première partie du XIXème siècle, celle des Forts et des Comptoirs.

Je ne cacherais pas que la lecture d'Astoria peut parfois apparaître quelque peu fastidieuse. Son intérêt peut pâtir des trop longues descriptions inhérentes à la narration des expéditions. L'aspect « journal de campagne » pourra décourager certains.

Cela étant, la dernière page tournée impose sa conclusion, qui est aussi une leçon. Astoria est le récit d'un échec, un grand échec même, mais qui, in fine, a sans doute plus d'importance que certaines petites victoires de l'histoire de la fondation de l'Amérique.

La faillite d'Astoria s'inscrit dans le concept même du mythe du Rêve américain. Pour que certains réussissent, il faut que d'autres échouent.

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J'avoue n'avoir jamais entendu parler de Washington Irving (1783-1859) avant la lecture d'Astoria. Qui sait qu'il est l'auteur de « La légende de Sleepy Hollow », la nouvelle dont s'inspira le cinéaste Tim Burton pour La Légende du cavalier sans tête (Sleepy Hollow) ? En effet, celui qui est considéré comme le premier homme de lettres américain est peu connu en France malgré une oeuvre abondante.
Astoria n'est pas un roman, mais une sorte d'épopée dont le coeur est l'expédition menée par Wilson Price Hunt pour rejoindre depuis Saint-Louis, à la confluence du Mississipi et du Missouri, le comptoir commercial d'Astoria, fondé sur la côte Pacifique par son commanditaire et associé, John Jacob Astor, un négociant en peaux. Hunt qui est un homme sans aucune expérience de la Prairie, mais choisi pour ses solides compétences commerciales, quitte au printemps 1811 les villages indiens Aricaras, sur le Missouri, dans le Dakota du Sud, avec soixante-cinq personnes dont un pisteur métis Pierre Dorion et trois trappeurs-guides. Dix personnes périront en route, et après de multiples péripéties, cinquante-cinq rejoindront en groupes séparés la factorerie d'Astoria, à l'embouchure du fleuve Columbia, dans l'actuel Orégon, au début de 1812.
Ce récit m'a intéressée pour deux raisons. La première concerne la représentation que se font les hommes blancs des « Sauvages » et qui est différente de celle qu'auront plus tard les pionniers. La plume d'Irving est rarement méprisante à l'égard des Naturels. Les coureurs des bois, les trappeurs, les trafiquants de peaux ont des contacts fréquents avec les Indiens, ils ne sont pas véritablement en concurrence sur ces espaces immenses et, surtout, ce ne sont pas des sédentaires qui cherchent à s'accaparer des territoires. Se manifeste donc, parfois, une solidarité entre Blancs et Indiens en raison des échanges, des unions, de la dureté des conditions d'existence. le second intérêt d'Astoria concerne la description des contrées de l'Ouest. Il y a des pages magnifiques pour décrire la prairie ou les contreforts des Rocheuses. Pourtant, Irving n'y a jamais mis les pieds puisqu'il rédige son récit à partir d'archives et de témoignages.
Mathias Énard confie dans sa chronique du Monde des Livres du 6 mars 2020 : « malgré tous les efforts du traducteur il faudrait être assis sur une chaise de fakir, cloutée, pour ne pas piquer du nez sur les aventures de Mr Hunt. » Son avis suscite chez moi deux remarques. La traduction de P.N. Grolier est, en effet, remarquable et date de… 1843, sauf erreur de ma part. Quant au côté soporifique de la lecture, je conseillerais à M. Énard – s'il me l'autorise – d'ouvrir de temps à autre Astoria, de piquer au hasard un passage, et de le savourer à la manière d'une fenêtre qu'on ouvre brusquement pour prendre une grande bouffée de l'air du large.

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Astoria, c'est l'incroyable périple des marchands de fourrures à travers l'Amérique et le Canada raconté, en 1836, par le grand historien des Etats-Unis Washington IRVING.
Sur l'initiative du visionnaire et richissime John ASTOR, deux expéditions tentent de rallier un futur grand port de la fourrure, Astoria, établi à l'embouchure de la Colombia, où vont converger, d'un côté les pelleteries du Canada et de l'autre celles du Nord-Ouest des Etats-Unis, permettant ainsi de développer le commerce de la fourrure vers la Chine.
La première expédition passe par le Pacifique avec le voilier le Tonquin et la seconde suit les traces de Lewis et Clark, remontant le Missouri et la Colombia en bateaux à rames et traversant les Montagnes Rocheuses. Une épopée riche en découvertes qui nous en apprend beaucoup sur la vie des trappeurs, des indiens et sur la navigation fluviale et maritime de l'époque.
Ce récit contient à lui tout seul, toutes les aventures des pionniers de l'Amérique du 19ème siècle et dix romans suffiraient à peine à raconter toutes les péripéties qu'il dépeint.
L'auteur est extrêmement précis sur tous les détails concernant les modes de chasse et de trappe, les origines et les rôles des protagonistes, les relations avec les différentes tribus indiennes, ainsi que le fonctionnement des échanges commerciaux, le tout ponctué par une description colorée et parfumée des lieux traversés.
C'est l'histoire de la pelleterie que nous offre Washington IRVING en nous faisant découvrir, avec Astoria, l'influence de ce commerce lucratif sur les débuts de l'économie des Etats-Unis d'Amérique.
Merci à Babelio et aux Editions Libretto pour cet essai historique passionnant, reçu lors d'une Masse Critique privilégiée.
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Merci à Babelio et aux éditions Libretto pour l'envoi de ce livre.

C'est un livre intéressant d'un grand auteur américain, Washington Irving, qui retrace l'histoire de John Jacob Astor qui fera fortune grâce au commerce de fourrures. Ce livre est surtout consacré aux expéditions visant notamment à l'installation de comptoirs dans des zones à la nature sauvage et occupées par différentes tribus indiennes.

Sur le plan historique, c'est très soigné, bien documenté et donc très intéressant en tout cas pour moi qui ne connaissait pas grand chose au développement de la traite des fourrures. L'écriture, il faut le souligner, est de grande qualité.

Pour autant la lecture a été un peu laborieuse. La faute à une narration pas vraiment "romanesque", si ce n'est quelques passages un peu plus palpitants que d'autres voir même carrément épiques comme l'histoire du capitaine et de son bateau, mais au-delà de ces quelques passages c'est assez contemplatif comme lecture. Certes les descriptions de paysages sont magnifiques, les découvertes des tribus indiennes enrichissantes, la concurrence des compagnies et les us et coutumes de l'époque...bref, tout ça est intéressant mais cela aurait mérité une histoire un peu plus vivante !

Ceci dit, cela n'est que mon ressenti personnel et je pense que je ferai l'effort de relire ce livre plus tard car j'ai un peu accéléré sur la fin. Ce n'était peut-être pas le genre de lecture auquel je m'attendais.
Il n'en reste pas moins que c'est un livre historique intéressant et de grande qualité mais avec une narration un peu trop clinique et distante qui ne permet pas de réellement plonger dans l'aventure.
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Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions Libretto pour leur confiance et le partage de cet ouvrage. Férue de littérature et d'Histoire américaine, bercée depuis toujours par les récits de pionniers et de trappeurs, je sentais qu'Astoria était fait pour moi. En effet, c'est une réelle une invitation au voyage, une immersion dans l'aventure. Portée par des mots forts, j'ai embarqué pour l'expédition, partie moi aussi à la découverte du nouveau continent, de ses espaces aussi vastes qu'hostiles. Au travers de cette histoire d'aventure, on découvre une vraie cartographie imagée de l'Amérique : de ses montagnes rudes aux côtes du Pacifique en passant par les plaines interminables. A cheval entre le récit de voyage et le western, Astoria offre un aperçu de l'Amérique au stade embryonnaire, avant la ruée vers l'or, avant la conquête de l'Ouest : L'Amérique des forêts, de la fourrure et des premiers commerces inhérents. Un bijou qu'il me tarde de relire.
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Lorsque j'ai lu la présentation de ce roman, les mots qui ont accroché mon regard ont été "western", "conquête d'un nouveau monde", "montagnes glacées".
J'ai donc débuté ma lecture des étoiles plein les yeux, m'attendant à une épopée romanesque, même si basée sur une histoire réelle.

Mais, malgré le style classique de Washington Irving, style que j'affectionne particulièrement, le récit ne m'a pas emportée. Pas un seul dialogue n'émaille les 483 pages de texte, et même si les (més)aventures ne manquent pas, je n'ai pas trouvé le rythme nécessaire à entretenir mon intérêt.

Cependant, si l'on replace ce récit dans son contexte, c'est un texte très bien écrit et qui présente un réel intérêt historique. Je m'attendais sûrement à une touche plus romanesque, ce qui explique ma déception.
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En ces temps de confinements, de réclusion forcée, un livre qui promet chevauchées et grands espaces est toujours le bienvenu... Un grand merci à Babelio et les éditions Libretto pour m'avoir envoyé Astoria de Washington Irving.

J'étais partagé avant d'entamer ma lecture. Je ne suis guère fan de Western, je n'ai jamais réellement adhéré à cette prote d'entrée du mainstream hollywoodien. cette fascination du colt à la hanche et des esprits libres de tout étatisme mortifère. J'en fais sûrement une lecture trop politique mais j'ai toujours préféré les indiens... En outre, le western est pour moi un des domaines réservé du septième art, je n'ai presque pas lu de livre sur ce genre. Mais j'avais adoré le cavalier sans tête de Irving et l'adaptation réjouissante qu'en a faite Tim Burton.

J'ai donc commencé ma lecture et première constatation, ce livre est une commande, financé et voulu par Jacob Astor, richissime homme d'affaire américain qui voulait fonder une ville (qui existe toujours, modestement) centrée sur le commerce de la fourrure. Ce n'est pas un roman. C'est un récit de voyage, forcément biaisé, il ne faut pas déplaire à son mécène. Ce livre est donc une exaltation mesurée, sincère, du capitalisme naissant. Mesurée car Irving nous épargne les envolées lyriques sur le destin manifeste d'une nation élue. ce recueil s'apparente plus à une captation au jour le jour d'une entreprise américaine. Les Indiens y sont décrits d'une manière étrangement neutre, des partenaires commerciaux qui comprennent très vite comment le nouveau monde doit tourner.

Le souci est que décidément le western n'est pas mon truc (à part Jeremiah Johnson et Impitoyable...) et que ce livre manque parfois de ressorts romanesque, de tension pour que l'on le dévore goulûment. La lecture s'avère parfois laborieuse mais laisse aussi songeuse sur l'esprit d'une époque. On s'amuse parfois également à chercher une vérité plus crue derrière le lissage sur commande de Washington Irving.

Non, vraiment, j'en reste à mon cavalier sans tête...
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