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sur 5386 notes
« Puis je voulus un enfant, sans être, pour autant, obligée de partager mon corps ni ma vie, écrivit l'infirmière Jenny.
Cela aussi me rendit, sexuellement parlant, suspecte. »

C'est ainsi que fut conçu Garp, fils du soldat mourant Garp et écrivain à l'instar de sa mère avec qui la relation fusionnelle inévitable laisse cependant un peu de place pour quelques petites amies, un mariage avec Helen et des enfants.

Pourquoi ais-je aimé, contrairement à Jonathan Coe et Jonathan Franzen?
J'aime l'imaginaire de Irving, sa capacité à nous surprendre, à alterner des thèmes graves avec un humour qui l'est tout autant, ses personnages (Seigneur! cette Jillsy Sloper!) et sa manière simple de nous l'écrire ce qui rend son récit assez crédible (L'idiot que je suis a même cherché sur Google l'existence des Ellen-Jamesiennes;-).
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Je ne m'attendais pas à cette vision du monde selon Garp, en ouvrant ce best-seller de 1978. le ton, certes plein d'humour, de John Irving, n'a rien à voir avec le film que j'avais vu quelques années auparavant, mettant en scène Robin Williams et Glenn Close dans un cadre tout aussi loufoque mais beaucoup trop léger.

La vie de John Irving, en revanche, traverse ce roman de manière évidente, depuis la conception de Garp, pratiquant comme lui la lutte gréco-romaine et mis au monde presque sans père par une mère d'exception, jusqu'aux succès d'un écrivain qui doute. L'environnement universitaire américain, les contrastes entre les villes progressistes et les campagnes reculées de Nouvelle -Angleterre, ou de Vienne dans la vieille Europe, sont aussi clairement ancrés dans le réel.

Bien qu'on puisse en effet trouver une tentative d'enchantement du réel par le roman et l'humour, bien que Garp puisse suscite l'affection par sa lutte d'enfant, puis de père de famille, pour exister autrement que dans la lutte contre autrui et contre soi, le film évoqué plus haut est pour moi clairement à contre-sens du livre.

Le monde de Garp n'a rien à voir avec Forrest Gump, et ne lasse aucune chance à son héros d'échapper à son destin, si ce n'est celui de l'accepter, aves les souffrances absurdes qu'il transporte : John Irving se situe résolument dans un veine tragicomique. le rire au vitriol se noie souvent dans les larmes et l'horreur du "crapaud du ressac" qui vient détruire les vies... c'est un livre violent, amer, concupiscent, profond et morbide.

Comme l'écrit Garp dans ses propres romans -romans dans le roman-, les ellen-jamessiennes à la langue coupée, les scènes de viols, d'accident de voiture et de membres arrachés sont là pour rappeler combien la réalité peut parfois rattraper la fiction... c'est d'ailleurs à force de vivre que Garp abandonnera la fiction et reprendra le flambeau du réel légué par sa mère, avant de mourir à son tour tragiquement dans la force de l'âge.

Socialement, le monde de Garp dénonce toute forme d'intolérance, renvoyant dos à dos les excès des féministes comme ceux du machisme ambiant, et l'on peut donc comprendre le succès de ce roman dans les années 80. John Irving y décrit crûment et largement le comportement de prédateur sexuel des mâles, que son héros lui-même devra combattre toute sa vie. Il y combat toutes formes de préjugés, au nom d'une condition humaine que l'amour seul permet de supporter.

Ainsi, une gravité angoissée sourd à chaque instant, cachée sous le burlesque parfois outrancier, laissant le lecteur dans un sentiment de malaise... malgré les apartés romanesques du héros qui ne mènent nulle part, et ne font que répéter le réel en le grimant, si ce n'est à des questions sans réponses.

Le héros et sa mère tiennent le lecteur en haleine. Le fil de leur destin se dévide imperturbablement, tandis que l'on cherche avidement et vainement dans la prochaine péripétie une suite logique, une raison d'être... qui ne vient jamais...

Bref , un roman à ne pas lire dans un moment de déprime, et avec beaucoup de second degré ; un roman plus compliqué que le laisse croire le film, un bon roman, révélateur d'une époque, d'une certaine Amérique, du mouvement de la beat generation, qui qui me rappelle à ma lecture inachevée d'Henri Miller, et au projet de m'attaquer à Jack Kerouac.

Cette découverte de John Irving ne restera pas dans mes préférés, manquant parfois de nuances, jouant d'un savant mélange d'intellectualisme et de crudité qui n'est pas de mon goût. J'en ai aimé le cynisme chaotique, mais pas les longues digressions autocentrées sur le statut de l'écrivain célèbre. J'en suis sorti groggy comme après un match de lutte gréco-romaine, écrasé par le poids d'un adversaire implacable et ruisselant de sueur, plus mort que vif... je n'ai pas aimé l'expérience, mais elle n'en fut pas moins édifiante...


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Jenny ne voit pas d'un très bon oeil la vie qu'on lui prépare : l'envoyer à l'université dans l'espoir qu'elle trouve un bon mari et... et c'est tout. Contre l'avis de ses parents, elle choisit de faire des études d'infirmière, pour le côté pratique du métier. Pendant la guerre, elle se « sert » d'un soldat sur le point de trépasser pour faire un enfant, Garp, qu'elle élèvera seule. Toute sa vie s'organisera autour de celle de Garp : elle acceptera un poste dans une école pour pouvoir y inscrire l'enfant plus tard, elle suivra elle-même les cours pour choisir les plus intéressants plus tard et l'aider dans les matières.

Quand Garp manifeste son désir d'être écrivain, elle s'attellera aussitôt à écrire son propre livre, basé sur sa vie, « Sexuellement suspecte », qui remportera un grand succès et fera d'elle, un peu contre son gré, une icône du féminisme. Rôle qu'elle assumera en accueillant les femmes qui ont besoin de son aide, même les plus extrémistes comme les Ellenjamesiennes qui se tranchent la langue pour protester contre les violences faites aux femmes.

Quant à Garp, après une nouvelle prometteuse, c'est un peu la panne sèche. le temps que l'inspiration revienne, il devient homme au foyer, s'occupe du ménage, de la cuisine et des enfants. Son couple traverse quelques orages à cause des infidélités.

Comme dans tous les livres d'Irving que j'ai ouvert jusqu'à présent, j'ai beaucoup aimé le côté réaliste mêlé de quelques scènes totalement loufoques. Toutefois, même si le livre fourmille de thèmes, j'en attendais un peu plus au vu des commentaires. Peut-être les thèmes abordés (insémination artificielle, mère célibataire, féminisme) ont un peu vieillis et surprennent moins aujourd'hui ? J'ai eu aussi beaucoup de mal avec les romans dans le roman. À part la première nouvelle, j'ai passé tous les écrits de Garp, je n'arrive pas à changer totalement d'univers en cours de route.

Bonne lecture, mais je n'ai pa s trouvé le chef-d'oeuvre auquel je m'attendais.
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The World According Garp
Traduction : Maurice Rambaud

Qui ne connaît pas « le Monde Selon Garp » de John Irving ? (En tous les cas, moi, je l'ai longtemps ignoré ...)

Pour ceux qui ne l'ont pas encore lu et que j'envie, il s'agit d'un roman qui, par son ampleur et la série de « types » qu'il met en scène, évoque irrésistiblement un auteur comme Charles Dickens ou encore Thackeray. Mais, chez Irving, les bons sentiments, quand ils existent, sont toujours menacés par ce que le benjamin de la famille Garp avait l'habitude d'appeler « le Crapaud du Ressac. » C'est le Crapaud de l'Angoisse et aussi celui de la Mort qui, tôt ou tard, vient réclamer son dû.

Pourtant, on rit et l'on sourit beaucoup chez John Irving qui se fait ici une joie de renvoyer dos à dos tous les extrêmistes, que ceux-ci soient féministes ou machissimes. Sa peinture à la fois aiguë et burlesque des milieux féministes réjouira aussi bien les femmes que les hommes. Les anti-féministes sont, quant à eux, irrécupérables et si dangereux que l'un d'entre eux finit par assassiner la mère de Garp, l'intrépide Jenny Fields, laquelle, après la parution de son ouvrage autobiographique,

« Sexuellement Suspecte » - beau titre, n'est-ce pas ? - avait été revendiquée comme emblème par le mouvement féministe américain. le sel de la chose, c'est que Jenny ne se sentit jamais féministe dans l'âme. Simplement, elle cherchait à "aider ceux qui en ont besoin."

Il est révélateur de constater que, si Irving accorde repentance et réhabilitation à la féministe complètement exaltée qui abat ensuite le fils de Jenny, il n'offre en revanche aucun salut à l'assassin de Jenny. Pire : il le fait descendre immédiatement par son propre beau-frère.

« le Monde selon Garp », c'est aussi, imbriquée dans le roman, la première nouvelle vendue par le héros. Intitulée « La Pension Grillparzer » - Garp et sa mère se trouvaient à Vienne quand elle fut rédigée – elle apparaît comme un condensé de tout ce qui fait le charme et la profondeur du roman : humour, sens de l'absurde, compassion envers autrui, férocité pourtant, hantise de la mort aussi …

C'est encore la fantastique figure de Roberta Muldoon, ex-Robert Muldoon, ex-ailier des « Eagles » de New-York et qui, s'étant toujours sentie femme au plus profond de lui-même, choisit un jour de franchir le grand pas et de changer de sexe. Je n'en dirai rien d'autre : lisez et vous verrez bien.

C'est un enchaînement de situations et de personnages accompli avec une rare maîtrise. C'est un moment de grâce absolue dans la littérature du XXème siècle. C'est aussi une analyse précise de l'art d'écrire. Mais là où cela nous change agréablement de bien des sottises lues ici et là, elle est faite en toute humilité par un écrivain qui sait ce dont il parle et qui n'a que dégoût pour le snobisme sous toutes ses formes.

En bref, "Le Monde Selon Garp" est un grand roman. Lisez-le. ;o)
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C'est bien la première fois que je cherche mes mots pour d'écrire le livre.
Je l'ai dévoré, il m'a envoûté. Pourtant l'histoire est si imprévisible. Je crois que c'est ça qui m'a submergé. Tout ce cahot inattendu.
Ce roman est l'amour, le féminisme et la haine des différences.
Un hymne à la vie. Et quelle vie !

Un écrivain dont j'ai lu tant d'éloge, et je comprends pourquoi.
Merci à chacun d'entre vous, grâce à vos critiques, de m'avoir fait découvrir un tel roman. J'en ressors émerveillé…

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Ce livre a ouvert des portes dans le mur de mon adolescence. J'y ai découvert que l'isolement de cette période et sa sensibilité exacerbée pouvaient être un lot commun, comme la famille Garp en était la preuve éclatante. Les mots d'Irving m'ont servi de carburant pour allumer des feux. de détresse et de signalement.

Je ne retrouve pas "le monde" comme je pensais l'avoir quitté. Les décennies l'éclairent sous un autre angle désormais et mettent à jour des récifs que ma jeune et frêle barque n'avait pas soupçonnés et encore moins redoutés. On ne craint que ce que l'on connaît déjà un peu ou ce que l'on pressent derrière la porte.

Le crapaud du ressac avait bondi entre mes jambes pour plonger dans l'eau, dans un coassement qui me laissa alors indifférent : "Garp ! Garp ! Garp !".

Comme dans nos livres d'enfants, ces méli-mélos où l'on pouvait interchanger chaussures, pantalons et hauts des personnages, Irving remet en jeu des thèmes, des lieux, des objets que l'on cherche dans tous ses romans, comme un fil presque ludique. Vienne, les prostituées, les problèmes zobologiques, les ours bien sûr, les pensions de famille, la lutte, le cirque, les campus universitaires, les transsexuels, les mutilations, l'assignation sexuelle.

Cet identique mis en scène dans des circonstances et des intrigues différentes nous donne l'illusion de la familiarité. On se sent toujours un peu chez soi dans un roman de John Irving.

La concupiscence est bien le moteur de ce roman, avec ses sonorités torves qui détruit autant qu'elle ne bâtit. le désir, le déséquilibre qu'elle crée fait avancer l'intrigue et peut-être même la créativité de Garp. Mais l'instabilité n'est pas anodine. le rire franc dilate la gorge pour mieux laisser le drame étrangler tout cela dans un hoquet brusque.

Elle fait tomber lourdement, et toucher les épaules sur le sol. Les blessures en attestent. On perd des bouts de soi-même, amputés, retranchés. Klaxons du fatum, avertissements funestes. Car bientôt d'autres membres manqueront. Des trous dans les photos de famille. Des visages floutés. le crapaud du ressac a le goût du sans.

Le remède pour nous ? Incurables ?

L'écriture ? Où se situe sa source ? Pourquoi et comment écrit-on ? C'est un effort on le sent bien quand Garp esquive et "fait du bricolage" pour ne pas se mettre devant sa machine à écrire. Comme une discipline sportive, l'écrivain doit sortir de sa zone de confort, s'éreinter. L'imagination est à ce prix. Travailler ce muscle sans relâche, pour le galber, l'hyperstrophier. Dans la douleur. Creuser des mines dans la page livide.

Ou alors, on tombe dans l'ornière de l'autofiction, de la biografrite qui s'auto-consomme, qui absorbe la vie, la famille, les amis pour en tirer son jus littéraire. Ce filon du réel est dangereux car il peut venir saper l'écosytème intime de l'écrivain. On y vient puiser des histoires, des traits de caractère, piller des tombes mais la ressource n'est pas inépuisable et la mémoire a ses failles.

Et l'écrit vient modifier à son tour le vécu, qui vient alimenter le récit à son tour, dans une ronde hallucinée, ouroboros qui finira par tout cannibaliser. Tragiquement.

Sur tout ça, le monde de l'édition vient rajouter un peu d'huile sur le feu, car le drame fait vendre. Moral ou pas.

Eléments biographiques de Garp, imagination, réalité, rêves, écrits, tout se brouille et perd ses limites. Mais existent-elles vraiment ?

Car écrire, et Irving le souligne ici, n'est pas anodin. C'est jouer une musique qui vient mettre en branle les atomes du vivant pour en tirer une mélodie dont on ne sait jamais ce qu'en retiendront les lecteurs...ballade sentimentale, marche funèbre, brûlot politique ?

Ce n'est pas pour rien que des pans entiers des livres de Garp se retrouvent enchâssés dans le roman comme des incantations, La pension Grillparzer, Procrastination, Vigilance, le second souffle du coucou, le monde selon Bensenhaver. Tous agissent à divers niveaux dans la vie de Garp, ne serait-ce qu'en négatif.

Il est d'ailleurs étonnant de voir Garp inventer des ours monocyclistes, des hommes marchant sur les mains, des diseurs de rêve quand il est entouré de personnages incroyables comme Roberta Muldoon, ex-ailier des Eagles de Philadelphie qui mériterait un livre à elle seule.

42 ans après sa parution, certains thèmes sont toujours d'actualité : féminismes, droit des femmes à disposer de leurs corps, violences sexuelles, assignation sexuelle, activisme, on en est encore là. Les questions restent sans réponse et le militantisme et ses formes divisent et font toujours autant débat.

Un de mes regrets est que le personnage de Garp père n'ait pas été plus utilisé. J'avais vraiment envie d'en savoir plus sur ce servant de "ball turret". Qu'est-ce qui motive un homme à volontairement choisir ce poste impossible collé au ventre d'un bombardier, dans une bulle de verre hérissée de deux canons de mitrailleuse ? Seul dans les airs à la merci du moindre shrapnel ?

Lorsque Garp fils se lance dans la controverse Ellen Jamesienne, tirant à boulets rouges sur ce groupuscule depuis sa machine à écrire, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à son père. Mitrailleur esseulé dans son cocon de verre, à la merci des balles perdues. Un mot de trop ou un tir de trop. C'est toujours un excès.

Une relecture agréable et nostalgique.
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Le monde selon Garp ! je sors de cette lecture abasourdie même si je me suis inquiétée par moment d'un plaisir de lecture en dents de scie mais au final quel roman magistral !.
Difficile de résumer un récit aussi foisonnant où se mèlent la vie de notre héros écrivain et les textes qu'il écrit. Elevé par sa mère Jennie Fields, infirmière qui voulait un enfant mais pas de mari, Garp fait ses études à Stering School où sa mère est en charge de l'infirmerie.Etudes terminées, sa mère et lui décident de quitter le campus direction l'Europe. Ils s'installent à Vienne et y restent quelques mois. Jennie Fields a pris la décision de rédiger ses mémoires Une fois publiées , elle deviendra très vite l'égérie du mouvement féministe aux USA
Quant à Garp toujours très proche de sa mère , marié à la ravissante Hélène, père de famille il écrit . Si sa mère dénonce un monde de concupiscence, lui essaye d'y résister et cherche à éviter à ses enfants tous les obstacles possibles .
A travers ses écrits Garp aspire à transformer le monde qui l'entoure en un lieu magique , en un monde sûr et sans dangers .
John Irving nous livre ici un roman d'une richesse exceptionnelle, la cohorte de ses personnages , les différents sujets abordés l'analyse pointue de notre monde environnant et de ses habitants rappellent sans forfanterie les plus grands auteurs du 19 ème .
merci au club de lecture pour cette découverte.


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Je relis Garp un peu plus de 30 ans après et je me souviens que ce fut une grosse claque : avec la découverte de la lecture compulsive, la rencontre d'une littérature puissante qui ouvre des horizons, transforme, fait grandir. Pour le jeune homme que j'étais, c'était une forme de roman d'apprentissage, une piste pour devenir un homme qui ne se juge pas supérieur en raison de ce que le hasard sa naissance a fait de lui, respectueux des femmes, des différences.

La magie fonctionne toujours, et si le roman a évidemment un peu vieilli, en fait pas tant que ça. Voilà ce qu'en disait John Irving en 2018 :

"En 1972-1975, quand j'ai commencé l'écriture du Monde selon Garp, je craignais que son sujet, la haine de la différence et des minorités sexuelles, ne soit dépassé avant que je ne l'aie terminé. C'était inconcevable pour moi que cette violence, si stupide, perdure. A sa sortie, en 1978, je pensais avoir écrit un roman comique et en colère, un livre féministe et une ode à ce mouvement, à la fois exaltée et grimée. Mais, surtout, je le croyais daté. J'avais tort ! Garp est toujours pertinent et ce n'est pas une bonne nouvelle. On devrait avoir honte que cette intolérance persiste."
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On dit souvent que, dans la poésie classique, ce sont des contraintes de la rime et de la scansion que naissent la beauté et l'originalité du texte. Irving s'est donné à lui même des contraintes, des passages obligés dans ces romans, genre totalement libre par ailleurs. Il y aura toujours un ours, des lutteurs, un écrivain, la question de la parentalité, trop presente et/ou absente. Ces contraintes sont également des rendez-vous clins d'oeil avec le lecteur. Je n'en suis qu'à mon deuxième roman de l'auteur mais suis déjà dans l'attente de ces passages obligés. Et l'originalité et la surprise restent totalement présentes. J'ai beaucoup aimé ici les oeuvres dans l'oeuvren qui permettent d'impliquer totalement le lecteur dans l'histoire, la gestion tout en subtilité du deuil et de la mort, et aussi comme souvent chez Irving, le traitement sans clichés, sans intolérance mais sans concession des questions les plus polémique et les plus centrales de notre temps (féminisme, identité sexuelle) Une réussite que ce monde qu'Irving recréé pour nous et ses personnages, et qu'il veut comme Garp à l'image et à la hauteur des souvenirs de ses lecteurs.
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Voilà un livre que j'avais hâte de découvrir et mon sentiment après lecture est assez mitigé. Peut être la déception est-elle à la hauteur de l'enthousiasme avec lequel j'ai commencé à lire les premiers chapitres ?
Tout commence ainsi : Jenny Fields a décidé très jeune, qu'elle ne remplirai pas le contrat tacite qui lie toute femme à sa famille puis à la société : Être épouse et mère et passer sa vie sous la c(r)oupe d'un homme, avec pour seul horizon, des enfants, un foyer... et un mari à combler.
Ambitieuse ? Révoltée ? En tout cas, bien déterminée à tenir les rênes de sa propre vie !
Elle veut un enfant, l'obtient d'une façon peu orthodoxe, mais non moins originale (sic), organise sa vie, la planifie pour offrir à cet enfant la meilleure éducation possible.
S. T. Garp, donc, suis la route que lui a tracée sa mère qui deviendra, contre son gré, une icône du féminisme et passera tout le reste de sa vie à aider celles qui en ont besoin...
S. T. Garp a décidé qu'il serait écrivain. Soutenu par Jenny, il mettra tout en oeuvre pour réaliser son ambition.
Je ne rentre pas plus dans le détail, tant ce roman foisonne de personnages, de situations cocasses ou tragiques, faisant échos à de grands mouvements sociaux, idéologiques, émancipateurs de notre monde : notamment l'émergence de l'émancipation des femmes, du féminisme et de la mise en lumière de la transsexualité.
Alors que dire ? J'ai dévoré certains passages, admiré toute cette galerie de personnages auxquels on s'attache et qui nous embarquent dans les méandres de leurs vies. On aime leurs particularités et on n'a pas vraiment envie de les lâcher. Avec John Irving, aucun personnage n'est secondaire, je trouve. Seule fera la différence les « affinités » du lecteur : Pour moi Roberta, Jenny et Ellen, et pour vous ?
J'ai aimé découvrir le parcours de Garp, déterminé à se faire une place dans le monde clos et élitiste des écrivains, apprécié cet homme, qui prend en charge ses enfants et reste au foyer pour concilier ses deux obsessions : l'écriture et l'éducation, la protection de ses enfants. Être là pour contrer «le Crapaud du Ressac»...
On a beau tout planifié, mettre toutes les chances de son côté, la vie nous rappelle que nous n'avons pas toujours toutes les cartes en main, et que nous n'avons pas tous, un bon jeu !
Alors, qu'est ce qui explique ce sentiment mitigé ?
J'ai peiné, et c'est peu dire, sur les extraits des oeuvres de Garp, qui coupent notre récit. Et avec mauvaise conscience, car je trouve que ce procédé de la part d'Irving est génial. Nous inclure dans l'évolution de l'écriture de son héros. Parler des oeuvres d'un écrivain, somme toute fictif, et nous les donner à lire...
Admirative, je suis dans la théorie, mais enlisée dans la lecture, je me suis trouvée.
Une lecture en dents de scie donc, qui n'a pas généré toute l'euphorie escomptée. Mais une lecture que je ne regrette pas !

Ah, si j'avais aimé lire les 3 oeuvres de Monsieur Garp, quelle lecture fulgurante cela aurait été, « le Monde selon Garp » de Monsieur Irving ! ! !
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