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Marie-Pierre Bay (Traducteur)
EAN : 9782070388936
251 pages
Gallimard (25/05/1994)
4/5   62 notes
Résumé :
Il y a ici les éléments qui ont fait de Singer un des écrivains-phares du XXe siècle : le décor, des petits villages juifs au siècle dernier, et les personnages, ces hommes et ces femmes « à l'existence banale, presque médiocre parfois, mais soudain illuminée du dedans par toutes les magies de l'esprit », pour reprendre la célèbre formule de Jean d'Ormesson.
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Un monde disparu (pas perdu)

Il y a d'excellentes présentations de l'auteur, prix Nobel de littérature 1978, et des 11 nouvelles de ce recueil, dont l'éponyme qui a révélé IB Singer au grand public (Gimpel le naïf) — et parmi mes ami·e·s babélio je signale la recension de Laveze.

Je me limiterai donc à citer un commentaire de Jazzman après que j'avais publié une citation : « Je suis toujours contente de m'apercevoir que d'autres lisent Isaac Bashevis Singer. Il a permis au Yiddishland continuer à exister. »

Sans l'arrière-plan historique à nos lectures présentes, la disparition d'un monde qui n'existe plus que dans la mémoire et la littérature, le charme de ces nouvelles serait peut-être identique mais la force n'en serait d'évidence pas la même.

Chaque histoire raconte une humanité faillible aux prises avec ses démons, souvent narrateurs des méchantes blagues qu'ils réservent aux petites gens, et à l'implacable fatalité dont il n'est même pas sûr qu'elle est à voir avec un Dieu lointain et silencieux (« De toutes les bénédictions accordées à l'homme, la plus grande réside dans le fait que la face de Dieu lui est dissimulée à jamais »), un Dieu qu'il faut bien aimer, et surtout honorer, sinon où irait donc l'humanité, dans quel désespoir ?

« Si vous ne pouvez pas "être" un bon Juif, comportez-vous "comme" si vous en étiez un, parce que, à force, vous le deviendrez. Si vous jouez un rôle, vous êtes le personnage [...] Si vous n'êtes pas heureux, comportez-vous comme si vous l'étiez. le bonheur viendra plus tard. Il en est de même pour la foi. Si vous êtes désespéré, faites comme si vous croyiez. La foi viendra après. »

Je pense aussi à la fin remarquable du Nazi et le barbier que j'ai précédemment « critiqué ».
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En 1978, quand Isaac Bashevis Singer a obtenu le prix Nobel, on pouvait lire dans la presse que le jury avait sans doute voulu récompenser le probable dernier auteur en yiddish, langue moribonde. Et certains sous-entendaient que les qualités littéraires de l'oeuvre n'auraient pas suffi à lui valoir cet honneur. J'avais voulu en savoir plus, avais emprunté et lu un livre... dont il ne m'est resté aucun souvenir, ce qui hélas parle plus de ma mémoire que de ce livre.
Grâce au challenge Nobel relancé par Meps, j'ai sauté sur un exemplaire bradé de Gimpel le naïf, et j'en suis très heureux.
Les onze nouvelles de ce recueil mettent scène des juifs vivant dans de petits villages d'Europe de l'Est, en majorité polonais, en majorité fort religieux et souvent fort pauvres : celui qui peut manger de la viande quand il le veut est considéré comme riche. le livre serait déjà intéressant d'un point de vue documentaire, pour décrire les conditions de vie de ces communautés. Par exemple, leur sentiment d'appartenance à un groupe à part, ayant peu de contacts avec les chrétiens n'était pas évident pour moi.
Mais j'ai surtout aimé l'imagination et l'humour de Singer, dès les premières lignes. Je ne souhaite pas entrer dans le débat sur l'existence ou non d'un humour typiquement juif, mais celui que l'auteur utilise dans ses descriptions et prête à ses personnages m'a paru vif, entraînant et plein de tendresse. Quant à l'imagination, elle m'a bluffé. La création de diablotins retors, par exemple, justifie absolument qu'on se précipite sur ce livre, et qu'on en garde un souvenir ému et amusé. Isaac Bashevis Singer est un grand bonhomme que je regrette d'avoir oublié si longtemps.
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Gimpel le naïf est un recueil de 11 nouvelles écrites par I.B.Singer entre 1947 et 1957, aux États-Unis où il a émigré en 1935. Une seule d'entre elles a été écrite en Pologne.
Celle qui donne le titre au livre l'a rendu célèbre en 53.
Ces textes présentent une grande homogénéité. Forme, fond, personnages et thématiques sont proches. Ils se déroulent en Pologne dans les shtetls où vivaient les communautés juives.
Ce sont des petits contes, drôlatiques, grotesques, fantastiques pour certains, qui mettent souvent en scène des hommes et des femmes en prise avec des problèmes de mariage, divorce ou adultère.
Son père, rabbin hassidique, conseillait les couples confrontés à des questions matrimoniales et les situations observées par le jeune Isaac ont dû être une grande source d'inspiration.
Nous rencontrons également des rabbins qui se posent de nombreuses questions métaphysiques, tiraillés par le doute, enclins à faire le bien mais susceptibles d'emprunter de curieux chemins.
Les temps sont durs dans les shtetls, les épidémies et les famines font rage, les familles sont décimées, les enfants meurent en grand nombre, les villages vivent repliés sur eux, sans contact avec les autres groupes religieux. Pour faire face à ces périls, et sortir du cadre strict des coutumes et traditions ancestrales qui rythment toute la vie, les protagonistes semblent mûs par une sorte d'urgence qui les poussent à vivre intensément, à commettre des actes répréhensibles, quitte ensuite à se morfondre, pétris de culpabilité. Ce sont des marionnettes, manipulées par des puissances occultes, diaboliques souvent.
Je me demande parfois les raisons qui me font me sentir si bien dans les textes de cet auteur. Il a un don unique pour raconter des histoires et pour plonger les lecteurs dans un concentré d'humanité, dans un bain bouillonnant de passions et de désirs. Surgit notamment le thème récurrent de l'homme écartelé entre deux ou trois femmes qui traverse toute son oeuvre.
Je préfère ses grands romans comme La famille
Moskat ou Ombres sur l'Hudson, mais ces récits ont bien du charme.
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Avec beaucoup de tendresse et d'humour, l'auteur dans ce recueil de nouvelles ou plutôt de petits contes, nous fait découvrir les règles et les croyances de la société juive polonaise du début du XXe siècle. Et voilà le démon qui bouleverse la vie d'un couple bien assorti et qui a fêté ses 50 ans de mariage ; un fossoyeur heureux qui ne peut plus vivre avec la peur d'avoir enterré un vivant et devient mendiant ; et encore, un naïf, abusé par tout un village...
Entre la rigidité d'une religion bien codifiée, la notion d'un destin qu'on ne peut changer parce que de tout temps il en a été ainsi et la certitude de l'existence d'êtres maléfiques, l'homme, riche ou pauvre, s'en sort plus ou moins bien ! Ici, il est question de luxure, d'avarice, de méchanceté pure, de jalousie, de gourmandise ; ici, les hommes savants sont sages de religion, les femmes belles sont parfois bien laides et les laides ma foi, souvent poissonnières ; ici, lutins et démons sont omniprésents pour rire de la fragilité morale de l'homme...

« Gimpel le naïf » : la sagesse vient à qui sait attendre ;
« Le Tueur de Femmes » : à méchant homme finalement revient méchante femme !;
« A la lumière des bougies commémoratives » : souvenirs d'un fossoyeur qui a vu un fantôme ;
« Le miroir » : ou quand la vanité mène droit en enfer ;
« Joie » : sans foi l'homme pieux pleure;
« Extrait du journal de quelqu'un qui n'est pas né » : pas né, pas vu, pas pris, mais si vilain ;
« Le viel homme » : il n'y a pas d'âge pour engendrer un fils ;
« Le feu » : et le destin veut que tu sois toujours le mal aimé !;
« Celui qui voit sans être vu » : le démon de minuit frappe sans crier gare... ;
« Un conseil » : à faire semblant d'être bon, on le devient !;
« A la maison des pauvres » : si c'était écrit, c'était écrit et rien ne pouvait changer.
A travers ces récits, je me suis un peu retrouvée au temps de ma grand-mère, où il ne fallait pas croiser un chat noir, où passer sous une échelle était signe d'accident, où le lait renversé avait une signification et où les meilleurs chrétiens n'étaient pas ceux qui allaient tous les jours à messe :-)
Moi qui n'aime pas trop les nouvelles, je me suis régalée de ces tranches de vie tragico-comiques. Un sacré auteur qui mérite bien son Nobel :-)
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GIMPEL LE NAÏF d'ISAAC BASHEVIS SINGER
11 nouvelles dans ce livre dont celle de Gimpel, un brave garçon qui croit tout ce qu'on lui dit, alors il subit les sarcasmes, se voit affublé des pires surnoms et va épouser Elke, vieille et laide qu'on lui dit être vierge!..
Il y a un certain Pelte qui vit à Turbin, laid, avare, méchant, il épousera deux femmes laides qui mourront rapidement puis plus tard, à la surprise générale, il se mariera avec une beauté, Finkl qui périra à la naissance du premier enfant et enfin il vivra avec une marchande de poissons, pire que lui, il trouvera son maître…
Plusieurs mendiants autour de la synagogue racontent comment ils en sont arrivés là, l'un particulièrement qui enterrait les gens et avait la sensation qu'ils n'étaient pas morts…
Quand un démon s‘ennuie il a toujours la possibilité de s'installer dans un miroir pour charmer une jolie femme, Zirel par exemple, et la détourner de son mari à son profit…
Rabbi Banish de Komarov, homme très respecté, voit ses enfants mourir, il s'enferme, ne mange plus, ne boit plus, ne s'occupe plus de ses hassidins. Des mois plus tard il appelle Reb Moshe et lui dit »au début était l'ordure » stupéfaction le Rabbi ne croit plus…
Il y a l'histoire du démon pas né suite à l'onanisme du père qui passe son temps à faire de méchantes farces…
Il a 90 ans, il a survécu à ses enfants et petits-enfants dans une Varsovie où il n'y a plus rien à manger. Il entend dire que de l'autre côté de la frontière, il y a abondance de tout, il part, est recueilli par des hassidins, se mariera aura un fils…
Le cadet n'est pas aimé par son père qui adore son aîné. Excèdé, des années plus tard il décide de brûler leur maison, mais quand il arrive elle brûle déjà…
Écrites en Yiddish à l'origine ces nouvelles nous ramènent au coeur de la Pologne, à Varsovie ou alentours, où Singer aime à croquer ces personnages singuliers dont il est un des derniers à décrire leur mode de vie. Témoignage d'un monde disparu qu'il sait rendre extrêmement vivant. Captivant.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Si vous ne pouvez pas "être" un bon Juif, comportez-vous "comme" si vous en étiez un, parce que, à force, vous le deviendrez. Si vous jouez un rôle, vous êtes le personnage [...] Si vous n'êtes pas heureux, comportez-vous comme si vous l'étiez. Le bonheur viendra plus tard. Il en est de même pour la foi. Si vous êtes désespéré, faites comme si vous croyiez. La foi viendra après.
[Un conseil]
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L'esprit du mal, nous dit-il, ne peut pas être vaincu par notre seule volonté. On sait que le Mauvais n'a pas de substance, il utilise essentiellement le pouvoir des mots. Ne lui prêtez pas votre bouche - c'est ainsi que vous en viendrez à bout. [Un conseil]
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Si on connaissait la vérité, comment pourrait-il y avoir liberté de choix ? Si l'enfer et le ciel apparaissaient au milieu de la place du marché, chacun deviendrait un saint. De toutes les bénédictions accordées à l'homme, la plus grande réside dans le fait que la face de Dieu lui est dissimulée à jamais.
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Moi, l'auteur de ces lignes, j'ai bénéficié d'une bonne fortune qu'on ne rencontre qu'une fois sur dix mille : je ne suis pas né. Mon père, un étudiant de yeshiva, commit le péché d'Onan et à partir de sa semence je fus créé - mi-esprit mi-démon, mi-air mi-ombre, cornu comme un bouc, avec des ailes de chauve-souris, le cerveau d'un lettré et le cœur d'un bandit de grand chemin.
Page 105 Extrait du journal de quelqu'un qui n'est pas né
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- Oh Nathan, nous avons déjà perdu ce monde-ci et j'ai bien bien peur que nous perdions aussi celui à venir."
A quoi il finit par répondre une fois :
- Eh bien, tant pis, mais l'enfer est pour les hommes, après tout, pas pour les chiens..."
[Celui qui voit sans être vu]
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Vidéo de Isaac Bashevis Singer
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