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Marie-Pierre Bay (Traducteur)
EAN : 9782070387335
272 pages
Gallimard (13/05/1993)
4.07/5   110 notes
Résumé :
«Ce soir-là, il plut et le cocher dut remonter la capote du droshky. Max prit Tsirele dans ses bras et l'embrassa. Il la sentait trembler contre lui comme un petit oiseau. Le souffle court, elle le repoussa, le visage cramoisi. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas éprouvé un tel désir pour une femme, un désir clair et violent, comme dans sa jeunesse...»
C'est précisément pour retrouver sa jeunesse que Max Barabander, un ancien truand qui a fait fortune en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Le titre en Yiddish "Shoyn" et en traduction anglaise "Scum" signifiant la lie de la création ou de la société est un court roman paru en 1957 du prix Nobel 1978 Isaac Bashevis Singer (1904-1991).

En 1906, au bout de 23 ans, Max Barabander, 47 ans et muni d'un passeport argentin, rentre dans son pays d'origine, la Pologne, pour s'y trouver une petite amie, maintenant que son épouse Rochelle est devenue totalement frigide après la mort dramatique de leur fils Arturo, à l'âge de 17 ans.

À part le destin de Max, l'auteur nous livre une plongée fascinante dans la vie de tous les jours des "Ostjuden", les Juifs de l'Est, du début du XXe siècle. Nous avons droit aux perruques et papillotes, aux bonnets hassidiques ; sentons le parfum du "gefilte fish" (poisson farci) et des oignons roussis et apprenons en passant maintes sagesses du Talmud et de la Torah.

Singer nous présente également toute une série de personnages pittoresques, tels Mayer-le-Borgne, le roi de la rue Krochmalna, chef de la pègre locale et rabbin des voleurs ; l'immense Shmuel Vakhler, surnommé Smietana (crème aigre), qui tient ses assises dans la taverne locale ; Bernard Shkolnikov, voyant et magicien de qui la fille fait apparaître les morts lors de séances spéciales à 5 roubles et permet à Max de s'entretenir avec son fils Arturo qui, bien que ne parlant l'Espagnol, lui dit, à sa grande surprise, en Polonais "Papa tu me manques".

La quête par Max d'une bien-aimée dans le quartier juif de Varsovie est loin d'être simple. Mais qui sera l'élue ? La révolutionnaire fille du rabbin, Tsirele, qui veut s'échapper du monde clos des Juifs orthodoxes, mais dont la mère, la rebbetzin, se méfie de Max ?
Basha, la pauvre petite rousse, qui veut fuir son existence de bonniche au service d'un couple de vieux qui la traitent en esclave ?
Et qu'en est-il d'Esther la fine boulangère et de la séduisante Reyzl Kork,
la concubine en titre du gros Shmuel précité ?

Rien d'étonnant donc que Max Barabander passe d'un bref moment de joie et de bonheur anticipé à des moments d'affreux désespoir.
Parfois notre homme éprouve aussi des difficultés à comprendre la jeunesse juive varsovienne moderne, qui comme Basha veut bien aller en Argentine et y devenir putain mais refuse de manger quelque chose de lacté après un plat de viande ou de monter dans un "droshky" (taxi tiré par un cheval) le jour du "shabbat".

Peut-être pas le chef-d'oeuvre d'Isaac Bashevis Singer, mais une étude de moeurs remarquable des Juifs orthodoxes vers la fin de l'empire russe des tsars.
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Une tragi-comédie dans le quartier juif de Varsovie en 1906. le personnage principal est attachant, il se cherche, il essaye surtout de se retrouver en revenant aux sources de son adolescence. Ce n'est pas un gentil mais il n'est pas vraiment méchant non plus ; ce n'est pas un croyant mais il est en admiration devant eux ; ce n'est pas un truand mais il fait quand même partie du demi-monde ; ce n'est pas un rêveur mais son rêve va se réaliser...
On sent les odeurs de la rue, on entend les bruits du quartier, on voit les personnages vivre et on découvre un monde particulier, qui vit au rythme de règles édictées il y a plusieurs siècles. Bien écrit, les mots sont choisis, le rythme est fluide et bien construit, les descriptions sont parlantes et l'histoire est amusante, belle et triste à la fois.
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Partir et revenir est la chose la plus difficile qui soit lorsque l'on est juif et de surcroit Polonais. Max après avoir vécu en Amérique du sud revient à Varsovie, il refuse de retourner dans son village natal, par crainte de retrouver les siens, "autant de morts que de vivants" dit-il.
Ses itinéraires sont marqués par les malentendus, il erre dans la ville à la recherche de ce qui n'existe plus, il séduit des filles de rabbin, des femmes qui voient en lui le moyen de fuir la Pologne, mais lui-même ne sait pas s'il veut rester ou fuir, plusieurs fois il se décide à partir mais à chaque fois il en rejette l'idée parce qu'il a cru percevoir dans une rue, un café, dans le regard d'un homme ou d'une femme une étincelle de cette Pologne révolue qu'il est venue chercher.
Si vous visitez Varsovie, refaites, de nuit, les itinéraires de Max dans ces rues de la ville détruite, qui ont été reconstruites à l'identique (Dluga, Senatorska, Zelazna, Krochmalna) et vous retrouverez peut-être cette angoisse qui l'étreint en permanence. Dépêchez-vous de le faire avant que les promoteurs immobiliers ne détruisent ce qui reste encore des vestiges architecturaux du Ghetto.
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Toutes les nouvelles d'Isaac Bashevis Singer sont délectables ! Contes et légendes, anecdotes et souvenirs, lire cet auteur est toujours un plaisir.
Je poste cette critique sur de nombreux ouvrages de Singer, car j'ai les mêmes sensations à la lecture de chacune de ses nouvelles : une impression de nostalgie, de liberté et de rigueur à la fois. Et puis la découverte de la communauté juive d'Europe de l'Est début XXe, sa rigueur, son humour, sa bonté et ses travers. Un dépaysement.
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Max Barabander, juif, quarante-sept ans, après avoir erré de pays en pays et vécu de petits boulots pas très réglos, puis avoir fait fortune en Argentine, décide de revenir à Varsovie pour aller se recueillir sur la tombe de ses parents. Il échoue dans le quartier juif, dans le petit monde de la rue Krochmalna à la recherche des senteurs, accents et coutumes d'antan.
Dans ce microcosme où tout le monde se connaît, Max, peu enclin à la morale, va séduire simultanément la fille du rabbin, la femme d'un parrain de la pègre, Theresa la sorcière et une jeune servante qu'il compte entraîner dans une affaire de proxénétisme.

Que dire si ce n'est que cette histoire ne laissera pas un grand souvenir dans ma mémoire.
Car même si Isaac Bashevis Singer détaille avec éloquence, ironie et pittoresque ce quartier juif de Varsovie où tout le monde se connaît, je m'attendais à une toute autre fin.
J'ai eu l'impression que le temps n'avançait pas. Que l'auteur se perdait dans de minuscules détails de la vie quotidienne. Qu'il pointait du doigt le décalage existant entre la religion traditionnelle et le monde trépidant de la ville. En un mot que Max – et l'auteur - se perdaient dans d'infimes détails, sans nous convier à une issue possible.
Pour moi un livre qui m'a quelque peu ennuyée.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Bien que Max ne fût pas un intellectuel, il avait sa propre philosophie. En quoi les soi-disant honnêtes gens valaient-ils mieux que les prostituées, les voleurs ou les maquereaux ? Les marchands roulaient leurs clients, les épouses trompaient leur mari. N'existait-il pas de livres et des pièces sur des prostituées et des assassins ? Au moins, les membres de la pègre n'essayaient pas de se faire passer pour des saints. Max, de son point de vue, avait des plaintes à formuler contre Dieu. Le monde ne s'était pas créé tout seul, quelqu'un devait bien avoir la responsabilité de cette petite planète - mais qui ? Et qui voulait quoi ? Personne ne se trouvait là quand Dieu avait donné à Moïse les Dix Commandements. Il vaut mieux prendre ce qu'on vous donne. Mais lui, Max, que pouvait-il prendre ?
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« La fille, de toute évidence, tenait de son père, grande, grosse, blonde, ce qu'on aurait appelé une belle plante. Elle avait un rire clair et haut perché. Elle mâchait les deux joues pleines. Dans peu de temps, elle serait pourvue d'un double menton et, au bout de quelques années, grossirait dans toutes les directions comme une pâte en train de lever. »
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...les mauvais plaisants disaient que la Congrégation des Enterrements était la plus "vivante" de toutes les sociétés philanthropiques de Buenos Aires.

(page 195).
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- Tu préfèrerais être en enfer plutôt que continuer à mener ce genre de vie ?
- L'enfer, c'est loin...
- Les livres disent que ça n'existe pas.
- Oh ! Alors ça, c'est une bonne nouvelle...
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En sortant de la rue Dluga, le droshky prit les rues Tlomacka et Rymarska, la place Bankowy, puis après la porte de Fer, les rues Gnoyna et enfin Krochmalna. Il longea une banque immense, avec d'énormes piliers de pierre et une grande cour intérieure. On aurait dit une forteresse.
.......................
Rien n'est plus comme autrefois. Quand je suis arrivé rue Krochmalna, on expédiait des filles dans le monde entier,comme du bétail. On séduisait une fille, et tout de suite elle devenait une prostituée. Celles qui n'étaient plus vierge risquaient les pires ennuis. Aujourd'hui, il y en a qui se vendent et d'autres qui veulent renverser le tzar.
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Videos de Isaac Bashevis Singer (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Isaac Bashevis Singer
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